Il y a deux semaines, un ami de l’ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, que je connais depuis les années 70, est venu me voir de sa part pour me passer un message : l’opposition libanaise s’était unie, inspirée qu’elle était par l’exemple du vote irakien et les excès de l’occupation syrienne. M. Hariri et ses amis pariaient sur une victoire aux législatives pour envoyer un message clair aux Syriens. Il n’y a plus d’excuses pour justifier l’occupation syrienne hormis l’impérialisme de Damas et une volonté de siphonner les ressources libanaises. L’envoyé de M. Hariri me disait que si les États-Unis et les médias voulaient vraiment défendre la démocratie, il faudrait qu’ils défendent la plus vieille démocratie arabe de l’emprise syrienne.
Je regrette que tu ne puisses pas lire cette tribune, Rafic.
Il sera difficile de prouver qui a tué M. Hariri mais le gang qui dirige la Syrie a les moyens et le mobile pour assassiner l’homme d’État qui avait soutenu la résolution 1559 avant de démissionner. Comme toujours quand elle est dos au mur, la Syrie s’inspire de ce qu’elle a fait dans la ville de Hama en 1982. C’est un message de la Syrie aux États-Unis, à la France et à l’opposition libanaise : « Si vous voulez jouer ici, vous devrez être prêts à jouer avec les règles de Hama : il n’y a pas de règles dans ce jeu, nous sommes capables de tout, nous avons même rasé une de nos villes ».
En réponse, les Libanais doivent unir toutes leurs communautés et, comme en Irak, exprimer leur volonté démocratique. Comme Hariri, les Libanais doivent avoir le courage de regarder les fascistes en face. Comme à Bagdad, les Libanais doivent montrer aux Syriens un doigt violet.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« ’Hama Rules’ », par Thomas L. Friedman, New York Times, 17 février 2005.