Valdas Adamkus a un problème. Le vieux président lituanien est invité à assister le 9 mai à Moscou à la célébration du 60ième anniversaire de la victoire de l’URSS sur Hitler. Seront présents George W. Bush, Tony Blair, Gerhard Schröder, Jacques Chirac,Silvio Berlusconi et les présidents des autres anciennes Républiques soviétiques, mais pour Adamkus, le 9 mai 1945 marque le jour où la Lituanie a troqué Hitler contre Staline et il ne veut pas célébrer cette journée. Toutefois, Vladimir Poutine étant bien décidé à recevoir l’hommage de toutes les anciennes composantes de l’URSS, il a menacé la Lituanie de sanctions économiques concernant son alimentation en gaz et en pétrole si le président ne venait pas.
Le problème des États-Unis dans cette affaire est que cet affrontement est l’expression d’un comportement de la Russie dans l’ex-zone soviétique. Je ne suis pas un nostalgique de la Guerre froide et je pense qu’il faut davantage intégrer la Russie que l’endiguer mais son comportement est inquiétant et l’Occident ne peut plus l’ignorer. La Russie veut conserver son emprise sur les ex-pays soviétique et garder ses troupes dans ces pays malgré ses anciennes promesses de retraits. Elle encourage également les mouvements séparatistes. Dans le même temps, Poutine développe une politique autoritaire en Russie et a fait de la Tchétchénie un refuge pour terroriste avec la guerre.
Le problème est que les États-Unis et l’Union européenne ont donné l’impression que Poutine pouvait faire tout ce qu’il voulait. De plus, Poutine s’est opposé à nous sur l’Irak en coopération avec la France et l’Allemagne ; il se rapproche de la Turquie pour étendre son influence, s’associe à la Chine contre la présence des bases états-uniennes en Asie centrale et veut affaiblir l’OSCE. On ne peut pas rester sans réagir, surtout si Bush était sérieux dans son discours d’investiture. Poutine souhaite que le lendemain du 9 mai ait lieu un sommet Russie-OTAN mais dans ces conditions c’est inconcevable.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« The End of the Romance », par Richard Holbrooke, Washington Post, 16 février 2005.