Dans un entretien au Monde, Bouthaina Shaaban, ministre syrienne des Émigrés, souligne que l’attentat qui a coûté la vie à Rafic Hariri ne touche pas seulement le Liban, il met aussi en péril la Syrie. Il donne un prétexte à ceux qui, à Washington, veulent mettre en œuvre a « théorie des dominos » et faire tomber Damas pour contrôler la région. Aussi demande-t-elle à ce que l’on distingue deux questions : d’un côté les relations syro-libanaises qui doivent être améliorées et, de l’autre, le crime qui doit être élucidé et les menaces expansionnistes qu’il alimente. Cependant, pour les meurtriers ces deux questions sont liées. Mme Shaaban ne manque pas de relever que le retard d’application des accords de Taëf ne concerne pas uniquement le retrait des troupes syriennes, mais aussi l’abandon du système des 17 communautés au profit d’un système national. C’est pourquoi les faucons, qui entendent s’appuyer sur ces communautés pour susciter des conflits internes et embrasser toute la région, bloquent cet aspect des accords.

Le parlementaire palestinien Ziad Abu Amer assure dans le Daily Star que ses compatriotes sont en train de montrer la voie de la démocratie au Proche-Orient. Ce faisant, il prend à son compte la doctrine israélienne selon laquelle la démocratie précédera la paix et admet que la démocratie peut, partiellement, se développer sous occupation militaire étrangère.
Toutefois commentant la conférence qui vient de s’ouvrir à Londres pour la Palestine, Karma Nabulsi, ancienne représentante de l’OLP, observe dans le Guardian le découragement des donateurs. Les fonds destinés au développement de l’Autorité palestinienne ont en définitive servi à maintenir l’occupation israélienne. Le processus d’Oslo ne s’est pas heurté à l’insuffisance de démocratie de l’Autorité palestinienne, mais aux faits du terrain, c’est-à-dire à la réalité de l’occupation militaire.
À ce propos, Yossi Beilin alerte les lecteurs du San Francisco Chronicle sur le cataclysme en préparation en Palestine. La paix s’éloignera plus que jamais à l’issue du retrait unilatéral de Tsahal hors de Gaza si les négociations ne reprennent pas immédiatement. On ne peut en effet qu’être inquiet de la passivité de la communauté internationale en ce moment. Le « retrait » est en fait un échange unilatéral de territoires, une sorte de redéploiement pour garantir une continuité territoriale à Israël et diviser la Palestine. Il débouche sur une position beaucoup plus confortable pour Israël qui permettra au général Sharon de repousser la création d’un État palestinien aux calendes grecques.

Alors que les choix de Condoleezza Rice en matière de « diplomatie publique », c’est-à-dire de communication ou de propagande envers les opinions publiques étrangères, n’est toujours pas connue, Aaron David Miller préconise de relancer cette activité en direction de la jeunesse arabe. Sans contredire la doctrine officielle selon laquelle les Arabes ont déclenché une guerre des civilisations le 11 septembre 2001, il tente d’en relativiser les conclusions dans Dar Al-Hayat en assurant que la majorité des Arabes ne partage pas ce projet. Si l’on doit faire la guerre aux premiers, il est donc possible de communiquer avec les seconds.
Encore faudrait-il éviter de prendre les Arabes pour des sauvages. Le journaliste Ramzy Baoud explique dans Gulf News le crime que les Occidentaux ne pardonnent pas à Tayseer Alouni, le journaliste vedette d’Al-Jazeera à nouveau incarcéré en Espagne. Plus encore que d’avoir révélé les horreurs de la guerre en Afghanistan et en Irak, ce qui lui est reproché est d’avoir incarné un journalisme crédible du tiers-monde. Jusqu’à présent, les intellectuels occidentaux n’éprouvaient que du mépris pour ce que pensent les Arabes. Désormais, ils doivent admettre qu’ils sont aussi capables qu’eux d’analyser et de comprendre. Jadis, on amputait l’esclave nègre qui avait appris à lire, aujourd’hui on embastille le journaliste arabe qui arrive à ce niveau d’excellence.

L’ancien Premier ministre ukrainien Pavel Lazarenko, actuellement détenu à San Francisco dans le cadre d’un détournement de fonds de 114 millions de dollars, affirme dans la Nezavissimaïa Gazeta qu’il est victime d’un coup monté. Des enregistrements audios, réalisés par un garde du corps de l’ancien président Leonid Kuchma, apporteraient la preuve de son innocence et celle de la culpabilité de l’ex-président dans quantité de crimes, y compris des assassinats politiques. À sa demande, le tribunal californien qui doit le juger auditionnera ces bandes que les juridictions ukrainiennes persistent à ignorer. Des propos qui interviennent alors que l’on vient de retrouver la tête du journaliste Guéorgi Gongadzé, que M. Kuchma aurait fait décapiter. Cependant, les adversaires de M. Lazarenko font valoir que le procureur général d’Ukraine a déjà établi que ces enregistrements étaient des faux et que les cris d’innoncence de l’oligarques sont démentis par les sommes saisies sur ses comptes suisses.

Enfin, la sénatrice Ludmila Narusova témoigne dans Die Presse du caractère profondément démocrate de Vladimir Poutine. Elle rappelle que, lors du putsch d’août 1991, il s’engagea immédiatement contre les généraux. Elle considère que ce que l’on qualifie d’autoritarisme n’est qu’un goût prononcé pour la discipline. Au-delà du caractère purement subjectif de ce point de vue, il illustre le désarroi des responsables russes devant l’image que les Européens de l’Ouest ont de leurs dirigeants.
À l’inverse, le commentateur satirique Viktor Shenderovitch dénonce dans Die Welt le retour au totalitarisme. Il appelle non plus à une alternance politique, mais à un changement de régime. Cependant, il ne décrit pas ce que devrait être le nouveau régime, mais indique qui devraient être les nouveaux dirigeants : Vladimir Rykov et Gary Kasparov qui animent avec lui le Comité Free Choice 2008.