En Égypte, Hosni Moubarak a décidé de présenter un amendement à la constitution de son pays pour autoriser plusieurs candidats à concourir à l’élection présidentielle. Il a été adopté par le conseil de la Choura. Jusqu’ici, dans le système politique en vigueur, le chef de l’État n’était pas élu directement : le Parlement choisissait d’abord un candidat unique avant de mettre le soumettre au plébiscite. Cet amendement est vu par beaucoup d’observateurs comme le signe d’un retrait progressif du président égyptien et le début de l’organisation de sa succession. Le président Moubarak joue un rôle capital en l’Égypte car il occupe de nombreuses fonctions en plus de la présidence. Il semble qu’il organise sa succession en répartissant des postes qu’il occupe entre différentes personnalités.
La problématique qui domine toutefois dans la presse occidentale n’est pas tant celle de la passation de pouvoir à venir que le rôle de l’administration Bush et de sa politique de « démocratisation » du « Grand Moyen-Orient » dans ce processus. On se souvient en effet, que certains faucons, autour de George W. Bush, s’étaient montrés particulièrement menaçants vis-à-vis du Caire. Partant de là, c’est également la sincérité de la réforme qui est sujette à caution. Étrangement, le débat dans la presse occidentale sur cette question oppose deux enseignants égyptiens de l’université américaine du Caire, occupant par ailleurs des fonctions politiques.
Dans une interview à Der Spiegel, Rifaat as Said, président du parti d’opposition Tagamu, réfute toute implication de Washington dans cette libéralisation du régime. Au contraire, il voit là l’importance de son parti auprès de celui d’Hosni Moubarak. Il estime, toutefois, qu’il faudra faire attention à ce que cette réforme soit effective et surveiller qui se présentera. Cette interview rencontre un faible écho médiatique comparée à la tribune de Saad Eddin Ibrahim, secrétaire général de l’Egyptian Independent Commission for Electoral Review et expert du cabinet Benador Associates. Ce texte est, en effet, diffusée avec une belle efficacité par Project Syndicate. Ainsi, en une semaine, on le trouve, entre autre, dans le Jerusalem Post, le Daily Star, le Wall Street Journal et le Taipei Times. Pour l’auteur, cette évolution s’inscrit dans une problématique plus large de « libéralisation » du monde arabe et donc dans la « guerre à la tyrannie » de Washington. Il demande toutefois à ce que l’opinion internationale reste attentive pour éviter que cet amendement ne soit un coup d’épée dans l’eau.

Grigory Iavlinsky, président du parti Iabloko, condamne la politique de Vladimir Poutine dans les ex-Républiques soviétiques dans Inopressa. Il reprend à son compte les accusations occidentales contre le président russe et affirme que c’est lui, et non les occidentaux, qui a tenté d’influencer le résultat des élections en Ukraine. Il appelle d’ailleurs ces derniers à intensifier leurs efforts dans les pays entourant la Russie afin de faciliter, plus tard, une prise du pouvoir par ceux qui sont qualifié ici de « libéraux » russes.
L’un des principaux outils des « révolutions » colorées chez les voisins de la Russie est l’OSCE. Cette institution a systématiquement dénoncé les élections ayant donné des résultats favorables aux candidats les plus proches du Kremlin (contre l’avis d’autres organismes internationaux parfois) et fait aujourd’hui l’objet d’une bataille budgétaire entre les États atlantistes et les alliés de la Russie. Le ministre slovène des Affaires étrangères et actuel président de l’OSCE, Dimitrij Rupel, dénonce cette situation dans le Washington Post. Il demande à la Russie d’accepter le budget 2005, aux pays européens et aux États-Unis de tenir compte de l’opposition russe à l’orientation prise par cet organisme et cherche une synthèse consensuelle en appelant à une concentration de l’OSCE sur les questions de sécurité. Comme d’habitude, la guerre au terrorisme est invoquée pour calmer les esprits.

L’ancien député libéral allemand, Burkhard Hirsch, dénonce dans Die Zeit la problématique sur laquelle se base les restrictions des libertés dans son pays au nom, justement, de cette guerre au terrorisme. Il rappelle que le terrorisme n’est pas un phénomène nouveau, même si le 11 septembre a vu un événement de grande ampleur. Pourtant, bien que l’Allemagne soit bien moins exposée qu’elle ne l’a été dans les années 70, on prend prétexte d’une nouveauté du phénomène terroriste pour exiger un renforcement des pouvoirs de l’État allemand. Aussi, désormais, c’est la question même de l’État de droit en Allemagne qui est posée. On note que la presse britannique développe aujourd’hui un débat identique à propos des nouvelles directives anti-terroristes que veut appliquer Tony Blair. On fait remarquer que même au moment de l’attentat contre Margaret Thatcher dans les années 80, on n’avait pas proposé de telles mesures. De même en France, on a vu des défenseurs des libertés s’insurger contre la loi Perben avec des arguments similaires.
Dans chacun de ces cas, et ailleurs en Europe, ces questions sont strictement débattues sur le plan national, comme s’il s’agissait de politique intérieure. À l’occasion de l’adoption de la loi Perben en France, nous avions pourtant expliqué comment ces lois étaient conçues et comment ces nouvelles législations étaient le fruit des négociations de John Ashcroft avec ses homologues européens.

Enfin, héraut de l’indépendance du Kurdistan irakien après avoir été celui de l’éclatement de la Yougoslavie, l’ambassadeur Peter W. Galbraith se montre rassurant dans le Daily Times à propos des relations turco-kurdes. Et notamment, concernant les réactions d’Ankara à l’instauration de l’indépendance de facto des Kurdes irakiens dans la future constitution d’Irak. La Turquie, en réalité, aurait appris à négocier avec les actuels dirigeants kurdes et ne souhaiterait pas que les tensions avec son voisin ne ravivent les velléités d’indépendance de sa propre minorité kurde. Aussi, l’instauration d’un fédéralisme, pourtant prélude à l’indépendance, ne poserait pas de problème. Ce point de vue élude complètement les menaces d’Ankara d’une intervention armée en lien avec le traitement de la minorité turcmène en Irak.