2001-2005... Faisons un bilan provisoire de ces quatre années.
Nous avons vu, malgré la menace talibane ou jihadiste, les Afghans et les Irakiens se rendre aux urnes. Dans les territoires palestiniens, c’est la victoire remportée par Ariel Sharon sur la deuxième Intifada et la mort de Yasser Arafat qui a amené au pouvoir Abu Mazen, syndic de faillite ayant pris quelques décisions pragmatiques. En Égypte, le dictateur à vie Moubarak a dû annoncer des propositions certes équivoques et destinées à sauver sa mise, mais qui représentent une ouverture politique. Le régime saoudien a même procédé à l’aimable mascarade d’une pseudo-élection municipale et Khadafi a abandonné son programme d’armes nucléaires même s’il ne s’est pas pour autant rangé des affaires terroristes. Le régime syrien aux abois a pris le risque de s’aliéner son co-parrain, le prince héritier Abdallah d’Arabie saoudite, en faisant assassiner l’ex-légat colonial syrien, l’ex-Premier ministre de nationalité saoudienne Rafic Hariri, ne conservant que son autre parrain, l’Iran. Catastrophique erreur de calcul qui a entraîné une intifada pacifique prometteuse au Liban.
Ces transformations ne sont pas arrivées seules. Ce n’est pas non plus la diplomatie de l’Union européenne attentive aux tyrans, oublieuse des dissidents, ou la diplomatie française si conciliante avec les terroristes. Le syndrome de Stockholm n’a jamais constitué une politique, si ce n’est celle de la capitulation. Comme je le disais il y a deux ans, George W. Bush a révoqué la doctrine stratégique américaine dans la région, la doctrine Eisenhower. Après la bataille d’Afghanistan vint la bataille d’Irak, et viendront d’autres batailles dans la guerre menée contre la terreur arabo-islamique. L’événement auquel nous assistons, c’est, grâce à l’intervention américaine, l’affaiblissement des despotismes et les prodromes d’un réveil de la modération arabe. Pendant ce temps, les diplomates européens et leurs homologues kerryesques misaient toujours sur la pérennité de la "rue arabe", ce peuple manipulé par les pouvoirs en place.
Aujourd’hui, David Ignatius du Washington Post, qui raillait autrefois Bush, se réjouit des développements de sa politique et l’ancien allié des Syriens, Walid Joumblatt qui s’était réjoui des attentats du 11 septembre, affirme que l’élection en Irak a été la chute du mur de Berlin du monde arabe. En Europe aussi on se rend compte de ce qui se passe et un journaliste de radio me demandait tout récemment : « Bush a-t-il eu raison et la France tort ? ».
Reste l’Iran aux visées impérialo-islamistes et nucléaires. Reste Ben Laden, son gang et la vaste nébuleuse des assassins islamistes. Restent les équipes fanions de la terreur, et l’immense gâchis causé par des décennies de décisions délétères prises par les élites arabes. Reste aussi, pour la nouvelle modération arabe, à mener à bien son dessein, à passer d’une révolte pacifique à une reconstruction pluraliste. Reste pour nous à les soutenir efficacement. Rien n’est fini, mais tout commence.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Moyen-Orient : les arbres et la forêt », par Laurent Murawiec, Le Figaro, 9 mars 2005.