L’Union Africaine nous a pour l’instant demandé autant d’informations que possible sur l’organisation des milices Interahamwe et de l’ancienne armée rwandaise au Congo ; leurs forces, leurs armes, leurs emplacements. Nous allons leur donner tout ce que nous savons. Nous sommes pour le désarmement des milices à l’Est du Congo. Tout ce qui compte c’est que ces combattants Hutus soient désarmés. Ces milices sont une menace pour le Rwanda, le régime n’est pas en danger mais la population subit des vols, des pillages et des destructions.
L’armée rwandaise avait réduit ces menaces quand elle était présente au Congo entre 1996 et 2002. Nous les aurions anéantis si nous n’avions pas signé le traité de Lusaka en 1999, le premier traité de paix entre les belligérants au Congo, appliqué en 2001. Les milices sont entretenues par l’armée de Kabila, c’est là qu’est la clé. Les soldats de l’Union Africaine peuvent rester aussi longtemps qu’ils le veulent, ils ne viendront pas à bout de ces forces s’ils ne travaillent pas en collaboration avec le gouvernement congolais. Le Congo soutient moins les milices rwandaises, du moins officiellement. Certains membres du gouvernement s’y opposent. D’autres disent cependant qu’ils ne peuvent pas les laisser tomber car elles ont été là quand ils avaient besoin d’aide.
La MONUC [1] ne sert à rien. Elle dit toujours qu’elle n’a pas de mandat pour une démilitarisation forcée, mais elle a un mandat pour protéger la population congolaise ! Elle pourrait donc être plus active et lutter contre les exactions dans le cadre de son mandat actuel. Je mentirais si je disais que j’ai eu l’impression que l’Allemagne est favorable à une intervention plus active. Kerstin Müller [2] comprend qu’il est indispensable de désarmer ces forces, cependant je crois qu’il manque la volonté de traduire ces paroles en actes. C’est très contradictoire, de ne rien faire tout en nous interdisant par la même occasion d’entreprendre quoi que ce soit.

Source
Die Tageszeitung (Allemagne)

« Die Milizen sind eine Bedrohung für Ruanda », par Charles Murigande, Die Tageszeitung, 9 février 2005. Ce texte est adapté d’une interview.

[1mission de l’ONU au Congo

[2ministre adjointe aux Affaires étrangères