Le lancement du Spoutnik soviétique en 1957 marqua le réveil des Américains : ils ne pouvaient pas compter sur leur supériorité militaire et technologique comme un fait acquis. La Chine fait aujourd’hui le même effet que le Spoutnik soviétique, mais les défis sont différents et les possibilités bien plus positives. Les Spoutniks étaient un défi militaire, tandis que la Chine est un défi multidimensionnel qui peut amener les États-Unis à s’adapter et à progresser en se réformant et en prenant des mesures positives.
L’exemple chinois peut conduire les États-Unis à revoir leur priorité entre les économies, les investissements et la consommation. Nous devons également nous inspirer de la formation technique des jeunes Chinois. L’espérance de vie des Chinois est de 71 ans contre 77 ans aux États-Unis. Pour parvenir à ce résultat, les Chinois dépensent 5,5 % de leur PIB et nous 13,3 %, ce chiffre ne cessant de monter. Cela ne veut pas dire que nous devons arriver au niveau de dépense de soin des Chinois, mais qu’il faut contrôler les dépenses de santé si on veut être compétitifs.
Les Chinois développent leur défense et ont un programme spatial impressionnant. Cela vise à conserver une force de dissuasion nucléaire et à dissuader les États-Unis de s’immiscer dans un conflit entre la Chine continentale et Taïwan. Toutefois, au-delà de Taïwan, la situation de la sécurité en Asie a moins changé du fait de la puissance militaire chinoise que de la dépendance croissante des économies de la région vis-à-vis de la Chine. Les pays de la région, qui sont nos alliés depuis la Seconde Guerre mondiale, cherchent donc à éviter toute friction avec Pékin. C’est également dans ce sens qu’il faut analyser la levée de l’embargo sur les armes en direction de la Chine de l’Union européenne.
La monté en puissance de ce pays est un défi intellectuel et économique, pas militaire. Ce serait un erreur de le comprendre ainsi.

Source
International Herald Tribune (France)
L’International Herald Tribune est une version du New York Times adaptée au public européen. Il travaille directement en partenarait avec Haaretz (Israël), Kathimerini (Grèce), Frankfurter Allgemeine Zeitung (Allemagne), JoongAng Daily (Corée du Sud), Asahi Shimbun (Japon), The Daily Star (Liban) et El País (Espagne). En outre, via sa maison-mère, il travaille indirectement en partenarait avec Le Monde (France).
The Boston Globe (États-Unis)

« The China challenge », par David M. Lampton, Boston Globe, 13 mars 2005.
« Don’t get mad, get cracking », International Herald Tribune, 16 mars 2005.