Saad Mohseni et Don Ritter de la Chambre de commerce américano-afghane protestent dans le Washington Times face à la difficulté de faire des affaires en Afghanistan. Non que la législation y soit anti-libérale, mais parce que l’État embryonnaire, les agences internationales et les ONG perturbent le marché naissant en subventionnant toutes sortes d’activités. Il convient donc de cesser ce socialisme et de privatiser le pays. Cependant, trois rédacteurs du rapport de l’ONU sur le développement humain de l’Afghanistan, Shahrbanou Tadjbakhsh, Daud Saba et Omar Zakhilwal, indiquent, dans Le Monde, que la difficulté principale que doivent affronter les Afghans, n’est pas le terrorisme, mais la pauvreté. Or, on ne peut développer un pays qui a été privé d’État pendant vingt ans en lui imposant les règles libérales élaborées pour les États industrialisés. Il faut réévaluer complètement la hiérarchie des besoins et y répondre de manière dirigée.

À la veille d’une audience que lui accorde le Président Bush, le Premier ministre irlandais, Bertie Ahern, rappelle dans le Washington Post qu’on ne peut parvenir à la paix dans l’île qu’en appliquant les accords signés, il y a sept ans, et approuvés par référendums. D’une manière générale, les choses ont avancé positivement et la condition de vie des gens s’est améliorée. Mais, la suite suppose à la fois un peu de souplesse de la part des unionistes et une véritable renonciation de l’IRA aux activités militaires.

Décidément l’Union européenne n’a pas le même sens pour tous : certains y voient un instrument pour prolonger la politique de George Bush au Grand-Moyen Orient, d’autres s’inquiètent au contraire qu’elle soit trop politique, d’autres encore, qui n’ont pas tout compris, déplore d’être tenu à l’écart du jeu.
La députée européenne Emma Bonino plaide dans Le Figaro pour que l’Union européenne s’engage dans le processus bushien de démocratisation du Grand Moyen-Orient. En effet, l’Europe serait une incarnation de la démocratie et le Grand Moyen-Orient serait en marche. Malheureusement l’enthousiasme de Mme Bonino se heurte aux faits : l’Union européenne compte aujourd’hui parmi ses membres un État qui réhabilite le nazisme, la Lettonie ; les élections en Irak occupé sont une farce ; celle en Palestine n’ont eu lieu qu’après que les candidats les plus populaires aient renoncé à se présenter ; enfin, au Liban, la « révolution des cèdres » est conduite par les phalangistes contre les démocrates alliés à la Syrie.
Le très « libéral » Vaclav Klaus, président de la République tchèque, dénonce dans le Frankfürter Allgemeine Zeitung l’évolution de l’Union européenne. Mais c’est pour déplorer qu’elle soit, ou tente d’être, une entité politique. Il préconise au contraire un élargissement sans approfondissement, de manière à en faire une vaste zone de libre-échange, ainsi que le souhaitent les Anglo-Saxons depuis toujours.
Le leader de la Plateforme civique polonaise, Jan Maria Rokita, proteste dans Le Monde contre la minoration de son pays dans les instances européennes. Les voix dont il devait disposer à l’issue du Traité de Nice seront réduites par le Traité constitutionnel. En outre, il est tenu à l’écart des décisions de politique étrangère. Ainsi, au sommet d’hier à Paris, seuls Vladimir V. Poutine, Gerhard Schröder et José-Luis Zapatero ont été invités par Jacques Chirac. On mesure soudain la naïveté du propos : en utilisant à l’achat d’avion de guerre US les crédits qui lui ont été attribués par la Commission européenne pour moderniser son agriculture, la Pologne a perdu toute crédibilité dans l’Union. En outre, en acceptant de gouverner une zone d’occupation en Irak, la Pologne a choisi son camp, celui des Anglo-Saxons. Dès lors, elle n’était pas la bienvenue à un mini-sommet dont le sujet principal était d’harmoniser les positions des quatre face à Washington et à Londres.

Les choses sont d’autant plus confuses que les frontières de l’Union ne sont pas vraiment définies et que l’Europe est instrumentalisée depuis sa création par les Atlantistes contre la Russie.
Dans Gazeta SNG, le nouveau président ukrainien, Viktor Yushchenko, liste dix problèmes que son pays a avec la Russie, notamment en matière d’immigration, sujet à propos duquel il refuse de tenir compte des liens familiaux entre les deux populations. Surtout, il annonce une possible remise en cause des accords signés par son prédécesseur et qui devaient aboutir à un marché commun avec la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan. En effet, il entend pousser son pays dans l’Union européenne et non pas l’engager vers l’Est. Il relève que, d’un point de vue économique, l’Ukraine est un corridor de transit du gaz. Elle tire d’autant plus de profits de ce transit qu’il est important, quel que soient les vendeurs et les acheteurs. En d’autres termes, l’Ukraine pourrait maintenir son niveau de vie en entrant dans l’Union européenne et en cessant tout partenariat avec la Russie.
Le président du Parlement monténégrin, Rnako Krivokapic, déclare dans une interview à Die Presse, qu’il est temps de traduire en droit la séparation de fait de son pays de la Serbie. Évidemment, cette exigence pose des questions en chaîne sur l’avenir des divers micro-États de la région et sur le statut du Kosovo.