Inspirés par l’accord franco-vietnamien du 6 mars 1946, les quatre députés de la colonie française de Madagascar soumettent au gouvernement Ramadier une proposition de décolonisation de l’île, ou règne une forte agitation sociale et nationaliste. Le commissaire à la Sûreté, Marcel Baron, apprend par ses espions qu’une insurrection se prépare : « Laissons faire, ils n’ont que 200 fusils, on en profitera pour leur casser le dos comme on l’a fait en Algérie, à Sétif ». Les députés malgaches font placarder des affiches appelant au calme, la police les arrache. Quand éclate la révolte en 1947, la France envoie 30 000 soldats et met en application les méthodes de guerre psychologique : tortures, exécutions sommaires, regroupements forcés, mais surtout terreur civile. Des suspects sont jetés vivants d’un avion pour terroriser les villageois de leur région.
Accusés de sédition, les députés malgaches du MDRM voient leurs collègues, y compris l’extrême-gauche, voter sans hésiter la levée de leur immunité parlementaire. Ils sont arrêtés sur les marches de l’Assemblée nationale et torturés. La guerre oubliée de Madgascar fera plus de 300 000 victimes.