L’Académie britannique de Défense publie une étude sur la nouvelle doctrine militaire russe.

Selon son auteur, Steven J. Main, cette doctrine est débattue au sein des forces russes depuis bien plus longtemps qu’elles ne le disent. Elle se caractérise par une analyse réaliste des menaces auxquelles la Fédération de Russie a eu à faire face depuis la dislocation de l’URSS, en 1991, jusqu’à l’attaque de l’Ossétie du Sud, en 2008.

Pour les stratèges russes, la Fédération doit avant tout se prémunir face à la déstabilisation de son environnement. De ce point de vue les actions secrètes US de type « révolution colorée » sont plus dangereuses que les menaces conventionnelles.

La Fédération doit aussi se prémunir des actions indirectes de l’OTAN. Quoi qu’en dise l’Alliance, elle est impliquée dans l’armement et l’encadrement des forces géorgiennes qui ont attaqué et tué la population russe d’Ossétie du Sud. Il s’ensuit que la nouvelle OTAN (pas celle de la Guerre froide) est l’ennemi actuel principal de la Russie.

Vladimir Poutine, durant sa présidence, a favorisé le rapprochement militaro-industriel avec la Chine. Et certains analystes ont préconisé de couper les ponts avec l’Occident pour se tourner vers l’Inde et la Chine. Cependant les problèmes territoriaux avec Pékin ne sont toujours pas résolus. Aussi, certains stratèges considèrent qu’à terme, la guerre avec la Chine est inévitable. Selon eux, ce serait donc Pékin l’ennemi principal à venir.

Contrairement à la perception occidentale, la Russie ne poursuit pas des fantasmes de la Guerre froide, mais est très lucide sur les préjudices que les Etats-Unis lui ont causés ou que la Chine pourrait lui causer. Reste que les forces armées sont profondément désorganisées par les réformes en cours, contraignant Moscou à centrer sa défense sur sa force de dissuasion.

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The Mouse that Roared, or the Bear that Growled ? Russia’s Latest Military Doctrine (February 2010), par Steven J. Main, Defence Academy of the United Kingdom (septembre 2010, 27 p., 1,1 Mo.)