Gerhard Schröder sait que je suis sceptique au sujet de la levée de l’embargo sur les ventes d’armes à la Chine, tout comme les membres de mon parti et de mon groupe. Nous étions pleins d’espoirs après les élections à Taiwan, le rétablissement des liaisons aériennes directes était un signal positif, jusqu’à ces lois il y a peu de temps. Les ministres des Affaires étrangères essayent de trouver un consensus qu’ils n’ont pas encore, la situation des Droits de l’homme est à prendre en compte, la stabilité régionale aussi. La mise en place par l’Union européenne d’un code restrictif sur les exportations d’armes joue aussi un rôle, ainsi que les considérations américaines. Nous devons travailler, le chancelier le sait comme moi, à trouver une entente et pour cela il faut essayer d’aller vers son contradicteur. C’est seulement de cette manière que le scepticisme disparaîtra et que la situation évoluera vraiment.
La mort du président palestinien Yasser Arafat et l’assassinat du Premier ministre libanais Hariri ont été des facteurs décisifs dans le déclenchement de cette vague de liberté au Proche et au Moyen-Orient. Mon cœur penche toujours du côté de la liberté. Je ne souhaitais pas mieux que d’être détrompé après la guerre d’Irak… J’espérais qu’il en serait ainsi, indépendamment de notre réponse à la question « guerre en Irak : oui ou non ? », une fois la décision prise, le succès est la seule option. L’Irak doit parvenir à la démocratie, c’est pour cela qu’il est important que l’Europe et les États-Unis unissent leurs forces. Je n’étais pas et je ne suis pas convaincu par les motivations de cette guerre, je pensais qu’il y avait d’autres priorités. Il y a deux ans, à la conférence sur la sécurité à Munich, les gens ont ri quand j’ai déclaré que nous avons un intérêt commun avec les Américains dans la modernisation et la démocratisation de cette région. Les Européens participent à cet effort en Iran et dans la stabilisation de l’Irak.

Source
Die Zeit (Allemagne)

« Sie können mich ja zum Rücktritt auffordern ! », par Joschka Fischer, Die Zeit, 6 avril 2005. Ce texte est adapté d’une interview dont nous n’avons traité que les parties concernant la Chine et le Moyen-Orient.