Israel Ziv

Suite à la publication de notre dépêche « Israël vole au secours de son allié Khadafi », la société de mercenaires Global CST et son directeur, le Major général à la retraite Israel Ziv (photo), nous ont fait adresser une lettre comminatoire par le bureau d’avocats Mackrell International (lire ci-dessous).

Global CST ne conteste pas avoir commis des crimes en Amérique latine et en Ossétie du Sud, mais dément toute relation actuelle avec le colonel Khadafi.

Les informations que nous avons publiées ont deux sources : d’une part un journaliste du quotidien israélien Yediot Aharonot, d’autre part le site israélien Inyan Mercazi. Elles sont été largement reprises et développées par des médias audiovisuels comme la chaîne qatarie Al-Jazeera ou la chaîne iranienne en anglais PressTV.

Ces informations attestent qu’Israël utilise ses liens privilégiés avec le colonel Khadafi pour alimenter la guerre civile et ouvrir la voie à une ingérence de l’OTAN en Afrique du Nord.

Dans un entretien à France24, le colonel Khadafi n’a pas caché que les opérations militaires qu’il commande actuellement sont calquées sur celles de Tsahal lors de « Plomb durci ».

Le démenti de Global CST intervient alors que la société vient de faire l’objet d’une enquête approfondie sur son engagement en Guinée et a échappé de justesse à de lourdes sanctions. Elle était accusée d’avoir violé les règles d’exportation d’armement et de formation en alimentant un régime sous sanctions. Elle a, en définitive, écopé d’un simple rappel des « obligations déontologiques » de ses mercenaires.

Un petit rappel s’impose ici : le général Moussa Dadis Camara s’est emparé du pouvoir en Guinée fin 2008. En mai 2009, il a confié la création, l’encadrement, la formation et l’équipement de sa garde présidentielle à Global CST pour 10 millions de dollars par an. Le 28 septembre 2009, ses soldats, encadrés par Global CST, ont tiré à balles réelles sur des opposants réunis au stade de Conakry, tuant au moins 157 personnes. Tandis que le régime de Moussa Dadis Camara était placé au ban des nations, une enquête a été ouverte en Israël sur le rôle de Global CST. La société de mercenariat dirigée par le Major général à la retraite Israel Ziv et l’ancien commandant de la police de Tel Aviv David Tzur a alors bénéficié du soutien inattendu de l’ancien ministre des Affaires étrangères social démocrate Shlomo Ben-Ami, de l’ancien ministre adjoint à la Défense Ephraim Sneh et de l’ancien ambassadeur d’Israël en France Nissim Zvili. Au vu des informations secrètes apportées par ces personnalités, Global CST n’a pas été sanctionné. Selon le quotidien israélien Haaretz, Global CST s’était engagé en Guinée pour soutenir les affaires du trafiquant de diamants Benny Steinmetz, lequel emploie l’ancien Premier ministre Ehud Olmert [1]. De son côté, Global CST et ses excellents avocats ont lancé une campagne de propagande pour faire croire que l’engagement de la firme de mercenariat en Guinée portait sur… le forage de puits pour alimenter des villages en eau potable.

Le gouvernement israélien ne saurait donner d’autorisation officielle à Global CST pour intervenir en Libye alors que le Conseil de sécurité s’oppose à tout soutien militaire étranger au colonel Khadafi. Global CST se trouve donc chargé d’une mission officieuse qui contrevient à la loi israélienne, ce qui explique la vigueur de son démenti. Au demeurant, d’autres groupes israéliens sont présents dans l’autre camp. Dans le même temps, l’ambassadrice des Etats-Unis au Conseil de sécurité a demandé que les mercenaires intervenant en Libye ne puissent pas être poursuivis par la justice internationale. On n’est jamais trop prudent.

Le Major général Israel Ziv, que ses avocats présentent comme une personnalité honorablement connue en Israël, est l’ancien chef des opérations de Tsahal. A ce titre, il joua un rôle central dans les crimes de guerre commis au Liban en 2006 : il supervisa les bombardements qui tuèrent 1 187 civils, provoquèrent le déplacement de plus d’1 million de personnes, et rasèrent plus de 15 000 bâtiments.

Cher Monsieur,

Au nom de l’un de nos clients, le Major Général (réserviste) Israël Ziv et Global CST, nous vous adressons la lettre comminatoire ci-après :

1. Le 5 mars 2011, un article ridicule, faux et diffamatoire a été publié sur le site de Voltair
[N. d. T. Faute dans le texte original] (http://www.voltairenet.org/article168736.html) affirmant prétendument que « Global CST a pour l’instant fourni 50 000 mercenaires africains au régime de Khadafi pour s’opposer aux manifestants anti-gouvernement en Lybie. »

De plus, cet article non fondé et ridicule poursuit en affirmant, parmi d’autres choses, que « Le cabinet de Netanyahou a fait appel à la société israélienne Global CST pour maintenir le régime de Khadafi en place... Le régime de Khadafi paie 2000 $ par jour pour chaque mercenaire. Ces derniers reçoivent 100 $ par jour et le reste revient à Global CST ... »

2. Etant donné le caractère éminemment absurde et outrageant du contenu de cet article, ce dernier ne mérite pas d’être commenté de manière sérieuse et documentée. De plus, pour autant que nous le sachions, les autorités des responsables israéliens ont opposé un démenti intégral au contenu de cet article, ce qui n’en démontre que davantage le caractère erroné et ridicule.

3. Sans déroger de l’aspect général de la présente, il est important de mentionner le fait que cet article, s’il est clairement dénué de tout fondement, émet plusieurs allégations au sujet de personnalités réputées en Israël, et a été d’emblée publié sans recueillir au préalable la réponse de nos clients quant aux accusations formulées contre eux dans ce document, ce qui constitue en soi une atteinte sévère aux pratiques journalistiques acceptées.

4. Il est en outre important de noter que le Major Général (res.) Israël Ziv est un militaire retraité des Forces de défense israéliennes très décoré et apprécié, et n’a absolument aucun lien, directement ou indirectement, avec les événements en Lybie et/ou toutes les autres activités ou événements dont il est fait mention dans cet article.

5. La publication de l’article et de la référence spécifique faite dans ce cadre au nom de notre client a déjà causé, et causera à l’avenir, différents dommages et pertes, tant sur le plan de la réputation que sur le plan économique, à nos clients.

6. Au regard des éléments ci-avant, nous vous enjoignons d’effacer immédiatement, de l’article et/ou tout autre article lié, toute référence à nos clients et de publier dans les 24 heures à compter le l’envoi de cette présente, des excuses claires et manifestes sur votre site, déclarant qu’il n’existe aucun lien, direct ou indirect entre nos clients et les événements ou actions dont il est fait mention dans l’article.

7. Dans l’éventualité où notre demande telle que formulée dans la Section 7 ci-avant ne serait pas satisfaite dans un délai de 24 heures à compter de l’envoi de cette lettre, nous avons reçu de nos clients instruction de mettre en oeuvre tous les moyens et mesures juridiques qui sont à leur disposition dans le cadre de toutes les lois et juridictions applicables.

8. Rien de tout ce qui précède n’est susceptible d’annuler les plaintes et actions de nos clients et/ou ne constitue une admission et/ou un abandon d’une quelconque plainte et/ou une quelconque demande et/ou la renonciation à un quelconque règlement et/ou dédommagement dont ils peuvent jouir, et ils se réservent tous leurs droits sous n’importe quelle juridiction.

Sincères salutations,

Moshe Kahn, Adv.

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[1] « Inside Intel / Bloody business in Africa », par Yossi Melman, Haaretz, 31 décembre 2009.

Video promotionnelle de Global CST, incluant la publicité par le président et le chef d’état-major colombiens.