À la mi-avril a eu lieu à Tbilissi la dernière rencontre russo-géorgienne concernant la date de retrait des troupes russes. D’après l’ultimatum du parlement géorgien, la Russie doit fixer une date définitive pour le démembrement de ses bases avant le 15 mai, sinon Tbilissi la fixera elle-même. Il y a en ce moment deux bases militaires russes en Géorgie : en Adjarie et à Akhalkhali , en tout 3 000 soldats. Le départ est prévu depuis 1999 et l’accord d’Istanbul. La question de la date est ouverte et litigieuse, la Géorgie accorde trois ans, la Russie en veut onze.
Ce départ est politiquement justifié, la présence militaire russe n’a aucune influence sur la situation interne du pays. Le nouveau gouvernement géorgien a écarté le leader adjar Aslan Abachidze malgré la présence de troupes russes à Batoumi. Economiquement, le départ n’est pas une bonne chose, l’expérience du départ d’Allemagne est encore prégnante. D’après les militaires, ce retrait coûtera 300 millions de dollars. Il y a une autre raison qui fait que la Russie a intérêt à faire durer les négociations sur ces bases. L’attention est détournée de l’Abkhazie et de la présence de son contingent là-bas. Il n’est pas souhaitable pour elle de perdre son influence sur cette république tant qu’elle n’a pas clarifié son statut vis-à-vis de Moscou. Résoudre ce problème est impossible comme le prouve le rejet du projet de loi sur « l’opportunité d’intégrer au sein de la Fédération de Russie un nouveau sujet ». La Russie ne peut pas se permettre de perdre l’Abkhazie, sinon elle perdra encore un accès à la Mer Noire, après Batoumi, Odessa et Sébastopol. Mourmansk au nord et Novorossisk au sud ne sont pas les meilleurs points stratégiques pour des bases navales. Avec les autres pays de la Mer Noire qui s’apprêtent à intégrer l’OTAN, et les ports de la Baltique hors de son contrôle, la Russie se retrouverait pratiquement dans la situation de la Russie d’avant Pierre Ier, sans accès à la mer.

Source
Izvestia (Fédération de Russie)
Quotidien, diffusé à 430 000 exemplaires, fondé en 1917 comme la Pravda.

« РОССИЯ В ГРАНИЦАХ РУСИ ДОПЕТРОВСКОЙ », par Timour Aliev, Izvestia, 21 avril 2005.