Niazov a annoncé la tenue d’élections en 2009, il a aussi annoncé que ce sont des compagnies états-uniennes (Berrington Ltd.) et anglaises (Trinity Commercial Enterprises Ltd.) qui vont construire la ligne de chemins de fer du Karakoum Magistral. Il s’agit d’une tactique d’enrobage appliquée lorsque la pression de l’Occident s’accentue. C’est la même politique que dans la première moitié des années 90. Les relations russo-turkmènes étaient au plus bas, c’est à l’époque que le fameux « blocus gazier » a eu lieu à cause des problèmes de Gazprom. Le Turkmenbachi voulait faire rentrer de grosses compagnies occidentales dans le pays, mais quand les relations avec les acheteurs russes se sont envenimées, elles ont fui. Aujourd’hui, à cause de ce qui s’est passé en Kirghizie, on parle de démocratie et de possibilités d’investissements. On va sans doute recommencer à parler du pipeline transafghan, au grand plaisir des compagnies occidentales. Cependant, si l’Occident accentue sa pression, le Turkménistan se tournera vers la Russie, telle est la politique de Niazov ces dernières années.
La fermeture de médias russophones et l’interdiction de s’abonner à des publications étrangères sont une conséquence de la situation que l’on observe dans le pays depuis 2002. Le pays construit son système médiatique avec ses propres conceptions de la sécurité. Ce rideau de fer à Achkhabad doit être insupportable pour certains, il concerne les journaux, la télévision et Internet. Paradoxalement, le seul journal russophone « Neutre Turkménistan » ressemble à la Pravda de la fin des années 70 pour ce qui est du pluralisme et de l’analyse. Ces fermetures sont dirigées vers la presse occidentale, on en a l’explication dans la presse russe. Le nationalisme est en vogue chez les masses turkmènes. Des voix qui défendent l’exclusivité turkmène et sa supériorité sur les autres ethnies se font entendre. Toutes les minorités, même la russe, ont des droits limités, l’enseignement dans les langues nationales a disparu.
D’un point de vue logique, le blocus informationnel de la Russie est absurde, mais pour un gouvernement se conçoit comme une forteresse assiégée, c’est normal. Il veut localiser les populations européennes critiques envers sa politique et les faire quitter le pays. S’il ne peut s’en séparer, il va les placer dans une réserve, les assimiler progressivement, c’est ce qui se passe actuellement avec l’information.

Source
Strana.ru (Fédération de Russie)
Strana.ru est un site d’information créé en 2000, financé par la Compagnie nationale de radiotélévision russe, site officiel de l’administration présidentielle russe à la fois quotidien, agence de presse et magazine analytique, privilégie l’approche indépendante et subjective de l’événement, articles d’auteurs et d’experts. il fait partie des sites de référence souvent mentionnés par les journaux traditionnels.

« Если Запад усилит давление, "лучшим другом туркмен" окажется Россия », par Andrei Grozin, Strana.ru, 20 avril 2005. Ce texte est adapté d’une interview.