Peu importent les motivations de Pékin, la libération de Rebiya Kadeer, une prisonnière politique ouighoure majeure, est une victoire de la liberté sur la tyrannie. Sa libération est la preuve de l’efficacité des campagnes internationales. Elle a été saluée par l’administration Bush, les organisations de défense des Droits de l’homme et les communautés d’exilés ouighours. Toute le monde est heureux qu’elle ait été libérée après six ans d’emprisonnement pour « révélation de secret d’État ». À son arrivée à Washington, elle a déclaré qu’elle poursuivrait son combat.
Mme Kadeer a été longtemps vue positivement par Pékin en raison de son action philanthropique, mais tout a changé quand, en 1996, son mari a quitté la Chine pour partir aux États-Unis et a commencé à critiquer Pékin pour sa politique à l’encontre des ouighours. Elle a été déchue de ses fonctions officielles et on lui a demandé de divorcer, ce qu’elle a refusé. En 1999, elle a été arrêtée alors qu’elle allait rencontrer un membre d’une délégation du congrès états-unien. Elle fut condamnée à 8 ans d’emprisonnement pour « divulgation de secrets d’État à des étrangers », mais lors du procès les pièces à conviction était des coupures de presse accessibles à tous. Cette condamnation était en réalité un avertissement aux Ouighours : peu importe votre richesse ou votre influence, vous pouvez être arrêtés si vous ne servez pas les intérêts de Pékin.
Mme Kadeer a été libérée trois jours avant la visite de Condoleezza Rice en Chine, peut-être dans le cadre d’un accord avec Washington. Cette libération n’est pas la marque d’une changement de politique de la Chine, mais c’est quand même une victoire morale des Ouighours. Nous devons continuer à nous battre pour le droit de notre peuple à la liberté.

Source
Wall Street Journal (États-Unis)

« Uighur’s Release Is a Victory Over Tyranny », par Alim Seytoff, Wall Street Journal, 24 mars 2005.