La tendance générale

La précieuse récolte de Washington : le pétrole et les fonds bloqués

Les États-uniens ont récolté jusqu’à présent des centaines de milliards de dollars en bloquant les comptes et les fonds appartenant aux présidents déchus d’Égypte et de Tunisie, Hosni Moubarak et Zine al-Abidine Ben Ali, au leader libyen Mouammar Kadhafi et à l’État libyen. Il s’agit d’une masse de liquidité alléchante qui vient à point nommé pour les États-Unis et certains de leurs partenaires européens pour subvenir à un besoin pressant des grands pays industrialisés contraints, en cette période de crise, d’émettre des Bons du Trésor pour financer leurs colossales dépenses et relancer leurs économies en récession depuis trois ans. Ces centaines de milliards de dollars désormais disponibles permettent aux pays industrialisés de ne plus supplier la Chine de souscrire aux Bons du Trésor, surtout que Pékin réclame maintenant des dividendes politiques que l’empire états-unien déclinant — qui voit son influence internationale reculer — ne souhaite pas verser. Ces fonds providentiels compensent quelque peu la chute des tyrans égyptien et tunisien qui offraient à Washington des services inestimables pour l’aider à étendre son hégémonie sur le monde arabe.

Les nouveaux pouvoirs postrévolutionnaires trouveront un mal fou à récupérer ces fonds bloqués (il serait plus pertinent de dire volés). L’exemple de l’Irak est encore frais : après l’invasion du pays et le renversement de Saddam Hussein par les États-Unis, non seulement Washington n’a pas rendu les milliards de dollars appartenant à l’Irak bloqués dans les banques US, mais il a présenté à Bagdad de nouvelles factures et, plus grave encore, a mis la main sur le pétrole irakien pour les vingt années à venir.

Les sciences de l’histoire et de l’économie politique expliquent que les guerres sont une occasion pour les empires capitalistes d’éponger une partie des pertes subies lors de leurs aventures impérialistes et des révoltes des peuples soumis.

Bloquer les fonds et essayer d’installer au pouvoir des clones des anciens régimes sont les deux outils utilisés par les États-Unis, en plus de l’intervention militaire directe comme c’est le cas en Libye, sous prétexte de défendre les populations civiles. Alors que le véritable objectif est de contrôler les ressources pétrolières ainsi que les principaux axes maritimes utilisés pour l’acheminer.

La tendance au Liban

Les câbles de Wikileaks sur la guerre de 2006 Une classe dirigeante « collabo »

Les câbles dévoilés par Wikileaks sur des réunions, à la veille, pendant et au lendemain de la guerre de 2006, entre des hommes politiques libanais et des diplomates états-uniens, notamment l’ancien ambassadeur à Beyrouth Jeffrey Feltman, constituent un véritable scandale qui aurait provoqué, dans un pays autre que le Liban, une grave crise politique, nationale et morale.

Les documents ont montré que le peuple libanais est dirigé par une classe politique dont une partie commet sans scrupule la haute trahison, le mensonge éhonté et des actes d’une bassesse inimaginable. Son objectif est de satisfaire coûte que coûte les États-uniens même au prix de centaines de vies libanaises et de la destruction de son propre pays.

Personne au monde ne met plus en doute l’authenticité des câbles de Wikileaks qui sont rédigés par des fonctionnaires US accompagnant les diplomates pendant leurs réunions. Seul au Liban, il existe encore des personnes qui osent démentir le contenu des procès-verbaux. Hormis le leader druze Walid Joumblatt, qui a eu l’honnêteté morale de reconnaitre la véracité des propos qui lui ont été attribués lorsqu’il était l’un des principaux chefs du 14-Mars, aucun autre n’a reconnu les faits ou émis le moindre regret. Aujourd’hui, M. Joumblatt affirme avoir emprunté entre 2005 et 2008 une mauvaise voie, avoir fait de faux paris et contracté des alliances en contradiction avec « toute (son) histoire politique ».

Le chef chrétien Samir Geagea, lui, n’a rien apporté de nouveau car ses positions hostiles à la résistance anti-israélienne sont connues de tous ceux qui, aujourd’hui, s’efforcent de lui redonner une virginité politique alors qu’il est responsable de l’assassinat de centaines de personnes, dont un ancien Premier ministre Rachid Karamé, et un ancien leader chrétien qui risquait de lui faire de l’ombre, Dany Chamoun. Pendant la guerre civile, il a dirigé une milice pro-israélienne et son ambition, ces cinq dernières années, était d’intégrer le Liban à l’axe arabe pro-américain constitué de l’Égypte de Hosni Moubarak, de la Jordanie et de l’Arabie saoudite, afin d’aboutir à un accord avec Israël semblable à celui du 17 mai 1983… qui était mort-né grâce à la résistance des Libanais.

Les câbles ont cependant dévoilé l’étendue de la collaboration des chefs du 14-Mars, en commençant par l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, le chef du gouvernement sortant Saad Hariri, le ministre sortant du Travail, Boutros Harb, l’ancien ministre Marwan Hamadé, dont le souci, voire l’obsession, était que le Hezbollah ne sorte pas vainqueur de la guerre même s’il fallait, pour cela, que les bombardements israéliens se poursuivent pendant dix jours supplémentaires, au prix de centaines de morts et de blessés et de la destruction de milliers d’appartements et de l’infrastructure. Fouad Siniora est allé tellement loin que George Bush en a fait une partie intégrante de la sécurité nationale des États-Unis.

Ces hommes sont des criminels de guerre qui ont collaboré avec l’ennemi et lui ont offert des facilités politiques et un soutien en renseignements afin qu’il commette des massacres contre les civils. Selon les normes européennes et internationales, les chefs du 14-Mars sont passibles de jugement pour haute trahison et collusion avec l’ennemi en temps de guerre.

Les câbles de Wikileaks ont permis de découvrir que certaines personnalités considérées comme proches de la Résistance ont joué un rôle destructeur. C’est notamment le cas du ministre sortant de la Santé, Mohammad Khalifé, qui a attribué des propos au chef du Parlement, Nabih Berry, dans le but de semer la zizanie entre lui et le chef du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, ou entre ce dernier et son principal allié, le leader chrétien Michel Aoun.

Si le parquet libanais ne va pas prendre les mesures nécessaires pour poursuivre ces personnalités pour haute trahison, les familles des 1 300 victimes civiles de la guerre de 2006 devraient actionner la justice. Il est temps de faire le grand nettoyage au sein de la classe politique libanaise qui est non seulement gangrenée par la corruption, mais qui traverse une crise morale sans précédent.

Déclarations et prises de positions

Saad Hariri, Premier ministre sortant
« Nous ferons tout notre possible pour mettre fin à la tutelle des armes sur l’État et le peuple, parce qu’elles affectent l’action de l’État, ainsi que le développement de l’économie et du Liban. Elles menacent aussi les intérêts libanais à l’étranger quand elles deviennent un outil pour exporter la révolution iranienne vers les États arabes et islamiques (…) Le peuple souhaite l’édification de l’État et de toutes ses institutions, et nul ne peut s’opposer à la volonté du peuple, parce que l’utilisation des armes contre ses concitoyens est une cause perdue, et non une cause juste. Nous nous attendons à ce que ce processus soit combattu par ceux qui en seront lésés, mais nous lutterons afin de compléter le processus d’édification de l’État et de la nation. »

Walid Joumblatt, leader druze allié du Hezbollah
« Mon entretien avec le président Bachar al-Assad a été excellent et il était comme à l’accoutumée cordial et franc. L’accent a été mis sur la nécessité de consolider le climat de stabilité au Liban, qui ne saurait échapper aux répercussions des développements dans la région. Il y avait une convergence de vues sur l’importance de l’unité nationale libanaise pour préserver la sécurité et la paix civile, et sur le fait que le meilleur moyen d’y parvenir est d’accélérer la formation du nouveau gouvernement et de transgresser les obstacles qui continuent d’entraver cette formation. Nous sommes aussi convenus de l’importance d’un retour au dialogue politique rationnel et calme comme unique moyen de régler les désaccords politiques actuels, loin des climats tendus et des discours enflammés qui ne peuvent qu’aggraver les divisions et jeter de l’huile sur le feu. »

Michel Aoun, principal leader chrétien, allié du Hezbollah
« Le président de la République paralyse le pouvoir, comme il avait paralysé le gouvernement après avoir refusé le vote au Conseil des ministres sur le dossier des faux témoins. La Constitution ne parle pas d’un gouvernement mono ou bicolore. Il insiste simplement sur la représentation de toutes les communautés et l’article 65 prévoit un quorum des deux tiers et une majorité simple. Il n’existe pas une jurisprudence spécifique à ce sujet. Najib Mikati reste le Premier ministre désigné et il continue de bénéficier de ma confiance. Nous lui avons donné le temps nécessaire et nous attendons encore. Je me base pour mes revendications sur le nombre de membres de mon bloc et sur le pacte national. N’avons-nous pas le droit d’être la majorité et de former un gouvernement ? S’ils ne sont pas eux au pouvoir, ont-ils pour autant le droit de brûler les pneus ? Quels sont les garde-fous légaux dans un pouvoir démocratique ? S’ils veulent adopter les critères de la force et la loi du plus fort, nous sommes prêts à le faire aussi, d’autant qu’ils nous accusent de porter les armes. Concernant les révélations de Wikileaks, les responsables cités dans les câbles ont encouragé l’ennemi contre le Liban. Ils doivent par conséquent être jugés. Pourtant, c’est nous qui sommes accusés, alors que nous nous sommes tenus aux côtés de la résistance. En 2005, nous avions entamé une polémique avec le Hezbollah dans le cadre de la séance de confiance du gouvernement au Parlement. Puis nous avons commencé à discuter et à dialoguer, et enfin, nous avons conclu un accord d’abord secret. J’en ai assumé la responsabilité. On a dit alors que le général Aoun a perdu ses partisans. C’est vrai que les partisans n’étaient pas tous avec moi au début. Mais ils ont été convaincus de ma position après la guerre de 2006 lorsqu’ils ont compris ce qui se passait. »

Cheikh Naïm Kassem, secrétaire-général adjoint du Hezbollah
« Le climat qui prévaut actuellement au Liban est chargé de défis, mais également d’insinuations et de tentatives de brouiller les consciences. Il y a des parties qui s’agitent car elles veulent le pouvoir à tout prix, même s’il faut pour cela franchir tous les interdits. Et c’est là un problème auquel il faut impérativement faire face (…) Les documents publiés par Wikileaks démontrent que certains Libanais font partie intégrante du projet israélien. Ils ont agi d’une certaine manière pendant la guerre de juillet 2006, et en un instant, le Liban est passé d’une position de force à une autre, plus faible. Le Liban pouvait être souverain, il est passé sous la tutelle, il aurait pu imposer ses conditions nationales, mais son patriotisme a été subtilisé ainsi que sa liberté. Alors que nous traversons une période charnière, le Liban se comporte d’ailleurs comme s’il faisait partie intégrante du projet américano-sioniste et non pas dans le respect du projet national et de ses choix internes. La plupart de ceux qui se sont entretenus avec l’ambassadeur des États-Unis d’alors, Jeffrey Feltman, se sont comportés comme des indicateurs, des informateurs. Ils ont donné les informations dont ils disposaient et encouragé l’autre partie à adopter ces informations comme étant des vérités absolues qui les aideraient à faire face au Hezbollah. Les questions posées alors par Feltman leur ont permis de rendre des services au projet américano-sioniste. Au lieu de se montrer unies, ces personnes-là ont préféré changer l’équation populaire en sacrifiant les autres citoyens sur l’autel de la politique internationale (...). Les priorités de la Résistance étaient de libérer le territoire et le protéger, et leurs priorités étaient d’obtenir des gains immédiats quitte à ce que cela aboutisse à la destruction du pays, quitte à ce que la résistance soit mise en échec. »

Communiqué du commandement de l’Armée libanaise
« Des hommes politiques et des analystes essaient d’impliquer l’armée dans les tiraillements politiques en cours, à travers des déclarations et des opinions qui n’ont rien à voir avec la réalité et qui portent atteinte, intentionnellement ou pas, au moral de la troupe et à la dignité de l’institution, réputée pour sa neutralité et pour son rôle fédérateur. L’armée place la sécurité et la liberté des individus en tête de ses priorités et n’hésitera pas à prendre les mesures légales et imminentes contre quiconque attaquerait les militaires, sans exception aucune. Les militaires restent plus que jamais attachés à leur discipline, à leurs missions et à leurs constantes, et ne se laisseront pas influencer par les slogans politiques et sectaires. Ils ont l’habitude des changements politiques dans le pays et ont toujours réussi à dépasser leurs répercussions. »

Presse

As Safir (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 25 mars 2011)
Certains milieux informés assurent que le processus de formation du gouvernement est entré dans sa dernière ligne droite et que le cabinet tant attendu verra le jour avant la fin du mois. Ces milieux se fondent sur les résultats des derniers contacts entrepris par des responsables politiques libanais, en particulier auprès de Damas. Car en dépit de la situation dramatique sévissant en Syrie, la direction syrienne veut garder un œil sur la cuisine gouvernementale libanaise, un domaine qui, on le sait, lui tient beaucoup à cœur.
Ces informations sont d’ailleurs étayées par d’autres sources qui croient avoir décelé une sorte de feu vert en provenance de la capitale syrienne, notamment après le retour à Beyrouth du chef du PSP, Walid Joumblatt, et de son collaborateur Ghazi Aridi, reçus dans la journée par le président Bachar al-Assad. Dès son retour de Damas, Joumblatt a publié un communiqué dans lequel il a assuré qu’au cours de sa rencontre avec le président Assad il a été question de l’importance à accorder à la stabilité au Liban et à l’union nationale pour protéger la sécurité du pays. Selon des sources qui suivent la formation du gouvernement, le président Berry a insisté sur l’importance de la représentativité des sunnites de la nouvelle majorité qui paraît aussi grande que celle des chrétiens au sein du gouvernement. M. Assad a également reçu — séparément — le chef des Marada, Sleiman Frangié, et le député Ali Hassan Khalil, bras droit du président de la Chambre, Nabih Berry. Une telle accélération des contacts avec le chef de l’état syrien peut signifier que quelque chose s’est peut-être débloqué dans le processus en cours.

As Safir (23 mars 2011)
On apprend de sources concordantes que des contacts ont eu lieu entre l’administration états-unienne et le tribunal international au lendemain du renversement de Hariri. Les États-uniens ont à cette occasion tenté d’instrumentaliser l’acte d’accusation au profit de Hariri, pour exercer une pression politique au Liban dont la conséquence directe sera le retour de Hariri à la tête du gouvernement. Selon les mêmes informations, la soumission par Daniel Bellemare de son acte d’accusation au juge de la mise en état Daniel Fransen au mois de janvier dernier était le prélude à une parution imminente de cet acte d’accusation, comme le souhaitaient les États-uniens et certains dirigeants du 14-Mars, qui ont formulé un tel vœu lors de leurs rencontres avec des ambassadeurs occidentaux au Liban. Mais les rebondissements dans le monde arabe, notamment en Égypte, ont déjoué le plan conçu pour faire paraître l’acte d’accusation en prélude au bouleversement des rapports de forces politiques au Liban, en mettant le Hezbollah sur la sellette. En effet, la nouvelle donne régionale a bouleversé les priorités états-uniennes. Les mêmes informations indiquent que certains ambassadeurs occidentaux à Beyrouth se sont discrètement réunis avec des dirigeants du 14-Mars pour leur présenter les priorités à l’heure actuelle : il en ressort que le Liban figure tout en bas de la liste. Par conséquent, l’acte d’accusation pourrait être repoussé de plusieurs mois.
En même temps, l’administration états-unienne convoquait une délégation du TSL composée du greffier Herman Von Hebel et du directeur de la communication Crispin Thorold. C’était quelques jours avant que Bellemare ne présente — inopinément — à Fransen un acte d’accusation modifié qui élargit le cadre des accusations. Une démarche curieuse, voire suspecte. Selon des sources informées, les États-uniens ont souligné que le timing politique de la publication de l’acte d’accusation ne permettrait pas à présent d’atteindre l’objectif voulu. Ces sources en déduisent que les États-Unis ont préféré reporter cette échéance. D’où la démarche de Bellemare le 12 mars, qui a décidé d’élargir le cadre des accusations. Ce qui prendra certainement du temps.

Al Balad (Quotidien libanais indépendant, 24 mars 2011)
Ali Amine
La menace de la résolution 1559 du Conseil de sécurité en été 2004 n’a pas dissuadé le président syrien Bachar al-Assad d’aller de l’avant dans la prorogation du mandat du président de la République d’alors, Emile Lahoud. La Syrie empruntera-t-elle aujourd’hui la même voie en encourageant la formation d’un gouvernement qui soit parfaitement en harmonie avec la politique syrienne, rendu nécessaire par les vents de contestation qui soufflent sur la ville syrienne de Deraa ? Des sources diplomatiques occidentales considèrent qu’il est probable que Damas renforce sa position au Liban en apportant un soutien à ses alliés afin qu’ils forment un gouvernement dont la loyauté sera acquise à la Syrie. Tout semble indiquer que Damas formera un gouvernement présidé par Najib Mikati pour que ce soit un gouvernement syrien en premier lieu, qui traduise les intérêts internes et régionaux de la Syrie.

Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 25 mars 2011)
Le télégramme 06BEIRUT2706 datant du 21 août 2006 de l’ambassade des États-Unis à Beyrouth, dévoilé par Wikileaks, révèle que le Premier ministre sortant Saad Hariri (qui était député à l’époque) a réclamé lors d’un entretien tenu dans son palais de Koraytem avec l’ancien ambassadeur Jeffrey Feltman l’ouverte immédiate des ports et des aéroports libanais. Cependant, Feltman a affirmé que les États-Unis ne seraient en mesure de convaincre les Israéliens de lever le blocus que lorsque le gouvernement libanais aurait renforcé son contrôle sur les passages frontaliers conformément à la résolution internationale 1701. Lors de l’entretien, Hariri a appelé le président de la Chambre, Nabih Berry, pour lui demander indirectement de muter du terminal de fret de l’aéroport les officiers de l’armée libanaise proches du Hezbollah. Lorsque Feltman a critiqué un communiqué récent de soutien à la Résistance publié par le commandant de l’armée de l’époque, Michel Sleiman, Hariri a estimé que l’Armée libanaise est soumise au Hezbollah parce que la communauté internationale l’a laissée dans une situation faible. « Assis dans son bureau et entouré des images de son défunt père, Hariri a jugé nécessaire de déterminer de différentes règles à la donne au Liban-Sud », raconte Feltman dans le même câble. Répondant à la plainte de l’ambassadeur concernant Michel Sleiman, qui annonce que l’armée se déploiera aux côtés de la Résistance, ce qui constitue une acceptation implicite que le Hezbollah devrait rester armé, Hariri a révélé que Sleiman se trouve dans une situation difficile qui l’empêche de dire autrement actuellement. « Tant que l’armée est militairement plus faible que le Hezbollah, elle devra garder une situation qui ne soit menaçante pour elle », a-t-il dit. Il a promis que « lorsque l’armée aura des dents et du moral, elle attaquera le Hezbollah ». Il a dit à Feltman : « Give me a chance, I will f...k Hezbollah ». Feltman a souligné que « Hariri a menti à Berry en lui demandant de muter les officiers chiites, prétendant que c’est là une exigence onusienne ». Hariri a également proposé que les Nations unies imposent des sanctions à la Syrie. « S’il vous plait, aidez le Liban ! Donnez tout au Liban ! Nous avons besoin d’un projet Marshall spécialement pour le Liban », a-t-il dit. Il a expliqué à l’ambassadeur états-unien que « 99 % des armes de contrebande arrivent des frontières syriennes ».

As Siyassa (Quotidien koweitien, 24 Mars)
Les pays du Golfe ont l’intention d’expulser des milliers de Libanais chiites soupçonnés d’être liés au Hezbollah et aux Gardiens de la révolution en Iran. Ces pays ont reçu des rapports des services de renseignement bahreïnis, états-uniens et français, faisant état de l’implication d’activistes libanais chiites dans les récents troubles à Bahreïn et en Arabie saoudite. Des membres du Hezbollah et des Gardiens de la révolution auraient dirigé les protestations, aux côtés de dignitaires chiites, dans la province orientale de l’Arabie saoudite et à Bahreïn. La décision de Bahreïn de suspendre les vols vers l’Iran, l’Irak et le Liban et sa condamnation des récents propos du secrétaire général du Hezbollah a préparé le terrain à l’expulsion de milliers de chiites libanais habitant dans le Golfe. « Aucun Libanais chiite lié ou soupçonné d’être associé au Hezbollah ou aux Pasdarans ne demeurera dans le Golfe », ont affirmé des sources diplomatiques au Koweït, citant des responsables bahreïnis de haut rang. Ces sources ont indiqué que Bahreïn se préparait à déporter 90 Libanais chiites, pour la plupart arrêtés lors des récentes manifestations anti-gouvernementales dans le royaume

La tendance dans le monde arabe

Syrie : le plan de sabotage des réformes du président Bachar al-Assad

Les revendications du peuple syrien pour plus de liberté, de participation à la vie politique et de justice sociale sont légitimes. Le président Bachar al-Assad, conscient des changements intervenus dans le monde arabe, avait annoncé son intention de procéder à des réformes en profondeur pour répondre aux aspirations de la population. Cependant, un plan bien orchestré a été mis en application pour saboter le processus de réformes et plonger la Syrie dans le chaos.

Déjà en l’an 2000, après la libération du Liban-Sud de l’armée israélienne, Bachar al-Assad avait annoncé son intention d’alléger considérablement la présence militaire syrienne au Liban. Et effectivement, celle-ci est passée, en trois ans, de 40 000 hommes à 14 000 hommes. Mais une campagne politique et médiatique avait été organisée à l’époque pour montrer que la décision du président Assad était due aux pressions exercées par les États-Unis et l’Occident. Même scénario en 2005. Après l’assassinat de Rafic Hariri, une vaste campagne a été lancée contre la Syrie alors que le président Assad avait décidé de retirer toute son armée du Liban.

Six ans après, l’histoire se répète. Bachar al-Assad a annoncé d’importantes réformes cinq jours après le début des incidents dans la ville de Deraa, au sud de Damas. Ces réformes comportent la levée de l’état d’urgence, l’élaboration d’une loi sur le multipartisme, d’une loi sur les médias, la libération de centaines de détenus, en plus d’une série de mesures sociales et économiques et de lutte contre la corruption. Pour faire avorter cet ambitieux projet, les agitateurs ont sévi de plus belles dans plusieurs régions du pays : attaques de bâtiments publics, saccages de biens privés, agressions contre des postes militaires dans le but de susciter des réactions violentes et provoquer des réactions en chaines qui plongeraient le pays dans le désordre. Des tentatives de provoquer des heurts à caractère sectaire ont également eu lieu à Lattaquié, cette ville du littoral habitée par des sunnites, des alaouites et des chrétien. Des snipers ont tiré sur tout ce qui bouge samedi, faisant 12 morts, dont dix agents de sécurité. A Deraa, des slogans hostiles au Hezbollah et à l’Iran, accompagné de « témoignages » assurant la présence de membres du Hezbollah pour réprimer les manifestants sont propagées à la vitesse de la lumière par des chaines satellitaires arabes et internationales, ainsi que des sites internet et les réseaux sociaux. Le but de telles rumeurs infondées est de remonter la population sunnite contre les chiites et les alaouites. Les autorités syriennes affirment maintenant disposer d’un grand nombre d’indices et de preuves, dont des aveux de suspects, prouvant l’existence de ce plan. Elles connaissent les noms de ceux qui ont été chargées de l’exécuter et de ceux qui l’ont conçu. Leur but étant de saboter les réformes et de plonger le pays dans le désordre, le chaos et, pourquoi pas, la guerre civile. Car la Syrie a été, ces sept dernières années, le fer de lance de la lutte contre le projet hégémonique états-unien dans l’Orient arabe et le principal soutien des mouvements de résistance libanais, palestinien et irakien. Elle leur sert de terre d’asile, de base arrière, de profondeur stratégique et d’appui logistique. Sans le soutien de Damas, la Résistance irakienne n’aurait pas pu infliger de telles pertes aux États-uniens, la Résistance libanaise n’aurait pas réussi à vaincre Israël et la Résistance palestinienne n’aurait pas réussi à tenir tête à l’armée israélienne, en décembre 2008-janvier 2009. La Syrie est le pays à détruire et Bachar al-Assad l’homme à abattre.

Dans ce plan, le 14-Mars libanais joue un rôle important, aux cotés de l’ancien vice-président Abdel Khaddam, de la Confrérie des Frères musulmans et des groupes de la gauche installés à l’étranger et récupérés par les services de renseignement états-uniens.

Malgré cette campagne de déstabilisation, Bachar al-Assad va poursuivre son plan de réforme. L’état d’urgence va être incessamment levé, un nouveau gouvernement va être nommé et le président va s’adresser à son peuple, dans le courant de la semaine. En parallèle, la libération de détenus se poursuit.

Evénements

Yémen
Les négociations sur une transition de pouvoir au Yémen ont été interrompues et ne devraient pas reprendre dans l’immédiat, a déclaré dimanche un collaborateur du général Ali Mohsen, qui s’est rangé dans le camp des opposants au président Ali Abdallah Saleh. Par ailleurs, de violents accrochages ont opposé dimanche 27 mars l’armée yéménite à des membres présumés d’Al-Qaida qui ont réussi à prendre le contrôle de Jaar, ville de la province d’Abyane (Sud), un bastion du réseau extrémiste. « Il n’y a plus aucune présence des autorités locales à Jaar où les combattants d’Al-Qaida se sont emparés de bâtiments publics, dont une radio régionale, et une caserne située au flanc d’une montagne, à la sortie de la ville », a déclaré un responsable des services de sécurité. Les accrochages ont fait un mort et un blessé grave. Plus tôt dans la journée, des islamistes armés avaient pris le contrôle d’un poste de police et établi cinq points de contrôle à l’entrée de Jaar, avaient indiqué des témoins et une source policière. « Ce sont des membres d’Al-Qaida », a indiqué une source au sein des services de sécurité. Les hommes armés ont appelé « les militaires à déposer les armes pour les laisser partir en paix », dans un tract distribué à Jaar et signé « Vos frères les Moujahidines ». A Batige, 10 km plus loin, une trentaine de membres présumés d’Al-Qaida, armés et cagoulés, ont fait irruption dans une usine de fabrication de munitions, ont indiqué des habitants. Les assaillants ont neutralisé les gardiens, puis ils se sont emparés d’un stock de caisses de munitions qu’ils ont embarquées à bord de plus de quatre véhicules. Un responsable des services de renseignement dans la province d’Abyane s’est contenté d’indiquer que « l’usine de munitions est tombée aux mains d’Al-Qaida. »

Bahreïn
Les forces de sécurité bahreïnies ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre les manifestants anti-gouvernementaux dans plusieurs localités du petit royaume du Golfe, faisant au moins un mort et 50 blessés, selon des militants de l’opposition. Bravant l’interdiction de tout rassemblement public en raison de l’état d’urgence, des milliers de personnes ont manifesté après la grande prière du vendredi dans les localités chiites du pays, Malakiya, Karzakan et plusieurs autres à l’ouest de la capitale Manama. Des manifestations ont aussi eu lieu sur l’île de Sitra, cœur de l’industrie pétrolière du petit archipel, où la population est majoritairement chiite mais la dynastie au pouvoir sunnite. Selon les responsables de l’opposition et militants des droits de l’homme, un septuagénaire est mort étouffé par les gaz l’ayant atteint jusque chez lui, et 50 personnes ont été blessées, la plupart par des balles en caoutchouc. Pendant ce temps, à Genève, la ministre de la Santé par intérim de Bahreïn, Fatima al-Balouchi, a rejeté l’idée d’une commission d’enquête internationale indépendante sur la mort d’au moins 20 personnes dans un mois de contestation, et sur les allégations de tortures infligées aux blessés dans les locaux du principal hôpital public de Manama. Elle a affirmé que les autorités menaient leur propre enquête sur les violences et démenti ces allégations.

Libye
La coalition occidentale a frappé dimanche des zones civiles et militaires à Tripoli, a déclaré un responsable militaire libyen cité par la télévision libyenne. Des témoins ont confirmé à l’AFP qu’« un raid aérien a pris pour cible la route de l’aéroport (10 km du centre de la capitale), et le secteur de Aïn Zara » 14 km à l’est du centre de Tripoli. Selon ces témoins, des tirs intensifs de DCA ont été entendus dans les deux secteurs. Ils n’ont pas pu préciser quelles étaient les positions prises pour cible. Des avions survolaient également Syrte, ville natale du colonel Kadhafi, dimanche soir, entre Tripoli et Benghazi. Un journaliste de l’AFP a entendu peu après 20h deux fortes explosions dans la ville. La défense anti-aérienne n’est pas entrée en action à Syrte, ville natale du colonel Khadafi et prochain objectif de l’insurrection libyenne après deux jours de rapide progression vers l’ouest. Ils sont arrivés dimanche à Oukaïla et ont repris Ras Lanouf. Le terminal pétrolier avait été repris aux insurgés le 12 mars par les forces loyalistes. Les avions de chasse français ont également conduit dimanche des frappes aériennes contre des véhicules blindés libyens et « un important dépôt de munitions » dans les régions de Misrata et Zenten, dans l’ouest du pays, a annoncé à Paris l’état-major des armées. Samedi les villes stratégiques d’Ajdabiya et Brega ont déjà été reprises dans l’est de la Libye, premières victoires majeures depuis le début de l’intervention militaire internationale contre le régime de Kadhafi.

Source
New Orient News