Jean Ping

1. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du Conseil de paix et de
sécurité de l’Union africaine (CPS‐UA) ont tenu leur 5ème réunion consultative au siège de
l’Union africaine, à Addis Abéba, le 21 mai 2011.

2. Réaffirmant la responsabilité principale du Conseil de sécurité dans le maintien de la
paix et de la sécurité internationales et le mandat du CPS de l’UA en ce qui concerne la
promotion de la paix et de la sécurité en Afrique, ainsi que les dispositions du Chapitre VIII de la
Charte des Nations unies sur le rôle des arrangements régionaux dans le règlement des
différends entre et au sein de leurs Etats membres, et rappelant également les communiqués
de leurs précédentes réunions consultatives qui ont eu lieu entre 2007 et 2010, la réunion a, de
nouveau, examiné les questions d’intérêt commun, en particulier les voies et moyens du
renforcement, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations unies, du partenariat
entre les deux institutions en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité en Afrique.

3. Les membres du Conseil de sécurité et du CPS de l’UA ont évalué leur coopération en
matière de prévention et de règlement des conflits, de maintien et de consolidation de la paix,
y compris le maintien de l’ordre constitutionnel, la promotion des droits de l’homme, de la
démocratie et de l’Etat de droit en Afrique.

4. Les membres du Conseil de sécurité et du CPS de l’UA ont exprimé leur préoccupation
face à la situation des femmes et des enfants dans les situations de conflit et post‐conflits. Ils
ont souligné la nécessité de trouver une solution effective au problème des violences sexuelles
dans les conflits armés, de mener des enquêtes sur les crimes contre les femmes et les enfants
et de s’assurer que leurs auteurs sont traduits en justice. Ils ont, en outre, reconnu le rôle
positif des femmes dans le règlement pacifique des conflits, et souligné la nécessité de
renforcer la participation des femmes dans les efforts de médiation et les processus politiques.

Renforcement des méthodes de travail et de la coopération

5. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA se sont félicités
de la création, le 1er juillet 2010, du Bureau des Nations unies auprès de l’Union africaine, qui
intègre les mandats de l’ancien Bureau de Liaison, de l’Equipe de soutien pour le maintien de la
paix, de l’Equipe de planification pour l’AMISOM, ainsi que les Eléments de soutien du
Mécanisme conjoint de coordination de la MINUAD, comme constituant une étape concrète
dans le renforcement de la coopération entre le Secrétariat des Nations unies et la Commission
de l’Union africaine.

6. Les membres du Conseil de sécurité et du CPS de l’UA ont réitéré la nécessité de
renforcer la prévisibilité, la viabilité et la flexibilité du financement pour les capacités de l’UA en
matière de paix et de sécurité. Ils ont pris note du rapport du Groupe UA/Nations unies
(A/63/666‐S/2008/813), qui constitue une importante contribution aux efforts visant à
renforcer la capacité de l’UA à entreprendre des opérations de maintien de la paix. Ils
attendent avec intérêt les rapports que le Président de la Commission de l’UA et le Secrétaire
général des Nations unies se proposent de soumettre sur leurs visions stratégiques respectives
du partenariat entre l’UA et les Nations unies. Ils sont convenus de la nécessité de mettre en
oeuvre leur accord précédent d’examiner la possibilité d’entreprendre, au cas par cas et de
façon appropriée, des missions conjointes sur le terrain, dans le cadre d’opérations spécifiques
de maintien de la paix, aux fins de renforcer la synergie dans le suivi, l’évaluation des résultats
et la formulation de stratégies de réponse.

7. Les membres du Conseil de sécurité et du CPS de l’UA se sont félicités de la réunion
inaugurale du Groupe de travail conjoint ONU‐UA sur la paix et la sécurité, tenue à New York, le
25 septembre 2010, ainsi que de la deuxième réunion du Groupe, qui a eu lieu à Addis Abéba,
le 4 février 2011. Ils ont encouragé le Groupe de travail à axer son attention sur les questions
stratégiques et sur des situations nationales spécifiques sur le continent africain qui présentent
un intérêt commun pour les deux organisations.

Libye

8. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA ont exprimé
leur profonde préoccupation face à la poursuite de la violence en Libye, et ont réaffirmé leur
attachement à la mise en oeuvre intégrale des résolutions 1970 (2011) et 1973 (2011) du
Conseil de sécurité des Nations unies pour assurer la protection des civils en Libye.

9. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA ont exigé un
cessez‐le‐feu immédiat, et la cessation totale de tous les actes de violence, attaques et
exactions contre les civils, ainsi qu’une solution à la crise qui réponde aux demandes légitimes
du peuple libyen. Ils ont souligné la nécessité pour un tel cessez‐le‐feu d’être crédible et
vérifiable, et ont encouragé l’Union africaine et les Nations unies, ainsi que d’autres parties
prenantes, à ne ménager aucun effort pour atteindre cet objectif.

10. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA ont souligné la
nécessité d’une solution politique au conflit en Libye. A cet égard, et rappelant les dispositions
du paragraphe 2 de la résolution 1973 (2011) du Conseil de sécurité des Nations unies, ils ont
salué les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la Libye, M.
Abdel‐Elah Mohamed Al‐Khatib, ainsi que ceux du Comité ad hoc de haut niveau de l’UA sur la
Libye, dans le cadre de la Feuille de route de l’UA. Ils sont convenus de poursuivre leurs efforts
en appui aux Nations unies et conformément au paragraphe 2 de la résolution 1973 (2011), en
vue de trouver une solution à la crise.

11. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA ont exprimé
leur profonde préoccupation face à la détérioration de la situation humanitaire dans le pays, et
ont appelé au plein respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire et à la
création des conditions nécessaires à l’acheminement de l’aide à toutes les populations
nécessiteuses à travers la Libye. Ils ont souligné la nécessité d’une assistance spécifique aux
travailleurs migrants africains vivant en Libye, y compris ceux qui cherchent à quitter le pays.

Côte d’Ivoire

12. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA ont salué
l’investiture du Président Alassane Dramane Ouattara, qui a eu lieu aujourd’hui, 21 mai 2011, à
Yamoussoukro. Ils ont salué le rôle précieux joué par les Nations unies, l’Union africaine, à
travers le Groupe de haut niveau pour le règlement de la crise en Côte d’Ivoire, et la CEDEAO,
dans le règlement du conflit postélectoral en Côte d’Ivoire. Ils ont appelé à une vigilance, une
coordination et un engagement continus dans le processus de stabilisation et de consolidation
de la paix en Côte d’Ivoire.

13. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA ont souligné
leur volonté d’aider l’Etat ivoirien dans le rétablissement de ses institutions et dans le
parachèvement des aspects pendants du processus de paix, y compris le désarmement, la
démobilisation et la réintégration, la réforme du secteur de la sécurité et d’autres tâches
relatives à la réunification du pays.

14. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA ont réaffirmé
leur plein appui aux efforts des autorités ivoiriennes visant à promouvoir la justice et la
réconciliation, y compris la mise en place prévue d’une Commission dialogue, vérité et
réconciliation. Ils ont, en outre, salué l’engagement du Président Ouattara à mener des
enquêtes sur les allégations de violations des droits de l’homme au cours de la crise
postélectorale.

Soudan

15. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA ont salué la
réussite du référendum organisé au Sud‐Soudan, en janvier 2011, et ont félicité les Parties pour
leur engagement. Ils ont lancé un appel à tous les membres de la communauté internationale à
apporter l’appui nécessaire pour faciliter l’émergence de deux Etats viables vivant côte à côte,
dans la paix et le bon voisinage, et oeuvrant ensemble pour relever les défis qui leur sont
communs. Ils ont exhorté les Parties, sous les auspices du Groupe de mise en oeuvre de haut
niveau de l’Union africaine (AUHIP) et de son Président, Thabo Mbeki, à parvenir à un accord
sur les questions en suspens dans la mise en oeuvre de l’Accord de paix global (CPA), ainsi que
sur les arrangements post‐référendaires, et ont souligné l’importance que revêt le
déroulement, dans les délais prévus et de façon inclusive et crédible, des processus de
consultations populaires, conformément au CPA.

16. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA ont exprimé
leur profonde préoccupation face à la montée de la violence dans la région d’Abyei. Ils ont
appelé les deux Parties à mettre en oeuvre et à respecter les accords de sécurité récemment
conclus et à parvenir d’urgence à un accord sur le statut d’Abyei après l’expiration du CPA. A cet
égard, ils ont rappelé la décision de juillet 2009 de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye,
qui définit les frontières d’Abyei.

17. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA se sont déclarés
préoccupés par la violence et l’insécurité au Darfour. Ils ont souligné l’importance que revêt
une solution inclusive et globale au Darfour, sur la base d’une issue positive des pourparlers de
paix de Doha, et ont appelé le Gouvernement du Soudan et les mouvements armés à oeuvrer à
la création des conditions favorables requises pour le Processus politique au Darfour, y
compris : (i) les droits civils et politiques des participants, afin qu’ils puissent exprimer leurs
vues sans crainte de représailles ; (ii) la liberté d’expression et de réunion, pour permettre des
consultations ouvertes ; (iii) la liberté de mouvement des participants et de la MINUAD ; (iv) la
représentation proportionnelle des Darfouriens ; (v) des garanties contre le harcèlement, les
arrestations arbitraires et les intimidations ; et (vi) la non‐interférence du Gouvernement et des
mouvements armés. Ils ont salué les efforts du Groupe de mise en oeuvre de haut niveau de
l’UA et ceux de l’Opération hybride Union africaine‐Nations unies au Darfour (MINUAD).

Somalie

18. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA ont exprimé
leur grave préoccupation face à l’instabilité persistante en Somalie, qui a conduit à une
multitude de problèmes, y compris une situation humanitaire catastrophique, aggravée par la
sécheresse, des souffrances prolongées pour les populations somaliennes, le terrorisme, les
actes de piraterie et de vol à main armée au large des côtes somaliennes et des prises d’otages,
et ont réaffirmé la nécessité d’une stratégie globale visant à encourager la promotion de la paix
et de la stabilité en Somalie, à travers des efforts concertés de toutes les parties prenantes et
conformément à l’Accord de Djibouti. Ils ont exhorté toutes les parties prenantes somaliennes à
participer à la prochaine réunion consultative qui se tiendra à Mogadiscio, et à jouer un rôle
dans la finalisation des dispositions pour mettre fin à la transition en août 2011. Ils ont appelé
tous les groupes d’opposition à déposer les armes et à se joindre au processus de paix.

19. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA ont salué les
progrès réalisés par la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et les Forces de
sécurité somaliennes dans la consolidation de la sécurité et de la stabilité à Mogadiscio, et ont
reconnu les sacrifices importants consentis par ces forces. Ils ont souligné l’importance que
revêt la mobilisation de ressources prévisibles, pérennes et en temps voulu pour l’AMISOM. Ils
ont appelé la communauté internationale à apporter, d’urgence et sans conditionnalité, des
contributions à l’AMISOM. Ils ont pris note des recommandations, en date du 15 octobre 2010,
du Conseil de paix et de sécurité de l’UA sur la Somalie.

20. Les membres du Conseil de sécurité des Nations unies et du CPS de l’UA ont souligné
l’importance d’une approche globale pour lutter contre la piraterie et ses causes sous‐jacentes,
et à cet égard ont pris note de la demande faite au Secrétaire général de soumettre un rapport
sur la protection des ressources naturelles et des eaux territoriales de la Somalie, ainsi que sur
les allégations de pêche illégale et de déversement des déchets, y compris des substances
toxiques, conformément au paragraphe 7 du dispositif opérationnel de la résolution 1976
(2011).

21. La prochaine réunion consultative aura lieu au Siège des Nations unies, à New York, au
plus tard en juillet 2012.