Cheikh Hamad ben Jassim ben Jaber ben Muhammad Al-Thani, Ministre des Affaires étrangères et Premier ministre du Qatar. En 1995, il organisa le coup d’Etat qui renversa le Cheikh Abdullah ben Khalifa al-Thani au profit de son fils, le Cheikh Hamad ben Khalifa Al-Thani. L’actuel souverain étant gravement malade et une querelle de succession s’annonçant, le Premier ministre tente de verrouiller sa position en se rendant indispensable aux Etats-Unis.

Tendance générale

La Ligue arabe d’Amérique pave la voie à la recolonisation de la Syrie
Avant même que n’expire le délai de 15 jours accordé à la direction syrienne pour mettre en œuvre le plan arabe de règlement de la crise, la Ligue arabe a décidé, dans une mesure inattendue, de suspendre la Syrie de toutes ses institutions.
Cette décision était planifiée à l’avance, comme l’ont affirmé les ministres syrien et russe des Affaires étrangères, Walid Moallem et Serguei Lavrov (Voir ci-dessous). D’ailleurs, l’initiateur de ce complot, le Premier ministre qatari, Hamad ben Jassem, n’avait pas pu cacher son irritation lorsque Damas avait accepté le plan arabe, le 1er novembre. La France, les Etats-Unis et la Turquie, qui coordonnent leur action étroitement, ont eu la même attitude négative. Ce plan de règlement avait en fait été mis en place pour qu’il soit refusé par la Syrie. Sentant le piège, Damas l’avait accepté. Mais l’acharnement des Arabes de l’Amérique n’a, semble-t-il, aucune limite. Sans prendre la peine de préserver les formes, ils ont initié une campagne médiatique féroce, avançant tous les jours des bilans fantaisistes de morts en Syrie, pour dénoncer le non-respect par Damas du plan arabe, afin de justifier une réunion urgente. Lors de cette rencontre au Caire, le 12 novembre, l’affaire a été expédiée en un quart de tour. Pas de délibérations, pas de lecture des lettres adressées par les autorités syriennes expliquant les mesures prises (libération de 550 détenus, début du retrait de l’Armée des villes, visas pour 80 journalistes etc…), pas de débat. La décision —contraire aux statuts de la Ligue qui exige l’unanimité moins un vote pour ce type de mesure— de suspendre la Syrie, pays fondateur de la Ligue et dernier Etat arabe à faire face à Israël, a été annoncée.

Une tentative d’internationalisation
Le but de cette décision est d’assurer une couverture arabe à l’internationalisation de la crise, en renvoyant le dossier devant le Conseil de sécurité. Progressivement, des mesures seront prises pour accentuer l’isolement et l’affaiblissement de la Syrie, en prélude d’une intervention militaire, vraisemblablement conduite par la Turquie, membre de l’Otan.
La Syrie a réagi sur le double plan populaire et diplomatique à ce coup de poignard.
Dès les premières heures de dimanche, des millions de personnes ont commencé à se rassembler à Damas et dans les autres grandes villes du pays. De la côte méditerranéenne à l’ouest, jusqu’à la frontière irakienne à l’Est ; de Daraa et Soueida au Sud, à Alep et Raqqa au Nord, les Syriens se sont mobilisés en masse. Les manifestants ont brandi des portraits de Bachar al-Assad et déployé des drapeaux syriens géants, tout en scandant des slogans à la gloire du président et hostiles aux pays du Golfe. Une foule en colère avait attaqué, samedi, l’ambassade d’Arabie saoudite à Damas et les consulats de France et de Turquie à Lattaquié.
Sur le plan politique, la Syrie a annoncé qu’elle était disposée à recevoir, avant le 16 de ce mois, le comité de médiation arabe. Les médiateurs pourraient se fait accompagner d’observateurs militaires et civils et de journalistes pour vérifier les développements sur le terrain. Damas a également réclamé la tenue d’un sommet arabe urgent au niveau des chefs d’Etat, pour examiner la crise syrienne et ses répercussions sur la conjecture arabe.
En faisant preuve d’ouverture, Damas veut prouver à son peuple d’abord et aux autres ensuite, que la Ligue arabe n’est pas motivée par le souci de « protéger les civils », ni de régler la crise via le dialogue, mais par l’exécution des ordres de Washington qui consistent à renvoyer le dossier au Conseil de sécurité. Bien que fortement embarrassés par l’offre syrienne, la Ligue n’avait toujours pas donné de réponse lundi soir. Les Arabes de l’Amérique étaient occupés à préparer une autre réunion ministérielle à Rabat, mercredi, au cours de laquelle ils projettent de donner leur feu vert à la création, par la Turquie, d’une zone tampon, dans le Nord de la Syrie. En d’autres termes, ils prévoient de couvrir l’occupation d’un pays arabe par une puissance régionale non-arabe !
Quoi qu’il en soit, Walid Moallem a assuré que la Syrie défendrait la plus petite parcelle de sa souveraineté.

La Russie campe sur ses positions
La manœuvre de la Ligue arabe, dominée par un petit émirat sous-peuplé ployant sous d’incroyables richesses, était tellement grossière que Serguei Lavrov n’a pas pu s’empêcher, lundi, de la dénoncer en des termes on ne peut plus sévères. Le chef de la diplomatie russe a réaffirmé que son pays refuse toute intervention étrangère en Syrie et s’oppose à la suspension de Damas des instances de la Ligue. Il a accusé l’Occident d’encourager la contestation et les voisins de la Syrie de transférer des armes aux insurgés. L’Iran, l’Irak et le Venezuela ont dénoncé les ingérences américaines dans les affaires syriennes et l’Algérie a annoncé qu’elle ne comptait pas rappeler son ambassadeur.
Et comme si la trahison des Arabes ne suffisait pas, la coalition pro-US du 14-Mars, au Liban, s’investit à fond aux côtés de l’opposition syrienne. L’Armée libanaise a annoncé à plus d’une occasion avoir saisi des armes destinées aux insurgés syriens. La Sureté générale a arrêté à l’aéroport de Beyrouth trois ressortissants syriens avec des listes de matériels réclamés par les groupes armés en Syrie. Ils étaient en route pour un pays du Golfe pour trouver le financement.
Dans les régions frontalières à majorité sunnite, allant du Nord à l’Est du Liban sur une distance de plus de 100 kilomètres, les opposants syriens et leurs familles sont accueillis et logés. Deux députés islamistes proches du Courant du Futur de Saad Hariri, Mouïn Merhebi et Khaled Daher, ont mis en place une importante logistique pour accueillir non seulement les réfugiés mais aussi les blessés. Et depuis quelques jours, le 14-Mars mène campagne pour l’installation d’un camp de réfugiés, comme en Turquie, qui deviendra, très vite une base d’entrainement d’extrémistes. Pourtant, selon les Nations unies, il n’y a au Liban que 3300 réfugiés, logés la plupart chez des proches.
L’encerclement de la Syrie se met en place et « la guerre rampe très vite » vers ce pays, pour reprendre le titre du quotidien arabophone londonien Al-Qods Al-Arabi.
Les conditions actuelles rassemblement à celles d’il y a 20 ans, lorsque la Ligue arabe a fait de même avec l’Irak suite à l’invasion du Koweït.
Mais la Syrie n’est ni la Libye de Moammar Kadhafi, ni l’Irak de Saddam Hussein. Et tous ceux qui complotent contre elles le découvriront… à leurs dépens.

Déclarations et prises de positions

Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah
Extraits d’un discours prononcé le 11 novembre à l’occasion de la Journée du martyr
« Nous nous souvenons comment au début de la confrontation avec l’occupant, le monde se tenait aux côtés d’Israël. Cependant, les combattants ont fait face sans tenir compte des nombreux soutiens de l’ennemi. De même, lors de la guerre de juillet, ni les armes, ni la tactique et les moyens disponibles, ont permis au Liban de réaliser la victoire. Sans ces hommes qui n’ont eu peur de rien et n’ont pas fui le champ de la bataille, le Liban n’aurait pas pu sortir vainqueur de cette agression. Au cas d’absence d’un plan de guerre au niveau de la région, nous excluons que l’ennemi israélien lance une agression contre le Liban. Le Liban n’est plus un pays faible. Il est capable de se défendre, de remporter la victoire. Israël restera incapable de lancer toute nouvelle guerre tant que l’équation armée-résistance-peuple est maintenue. Si un jour Israël mène une nouvelle guerre, ce sera la dernière. Depuis 2006, l’ennemi israélien s’arme, procède à des manœuvres et s’entraîne. A tous ceux qui demandent à notre peuple et à notre Résistance de renoncer à leurs armes, je dis que vous nous demandez de livrer notre dignité à l’ennemi le plus implacable de l’histoire (…). D’ici la fin de l’année, les forces états-uniennes devraient se retirer d’Irak, ce qui constitue une grande défaite pour le projet US. Les Etats-Unis mènent une campagne médiatique pour atténuer l’impact de leur retrait. C’est pourquoi ils cherchent à intimider les pays de la région en parlant d’une guerre. Il est naturel que l’administration Obama cherche à punir les pays qui ont contribué à la défaite de son projet, les pays qui ont fait face à l’occupation de l’Irak et ont soutenu le peuple irakien : la Syrie et l’Iran. Les Etats-Unis cherchent à soumettre l’Iran pour l’entraîner à des négociations directes, ce que Téhéran refuse catégoriquement. Washington doit comprendre qu’une guerre contre l’Iran et la Syrie s’élargira pour englober toute la région. »

Walid Moallem, ministre syrien des Affaires étrangères
« Le leadership syrien voit dans le dialogue et les réformes dans un climat de paix civile la base d’une vie digne à laquelle tous les Syriens aspirent. Et c’est pour cela qu’il traite ouvertement avec tout effort contribuant au lancement du dialogue. L’attitude de la Russie et de la Chine ne changera pas tant que la coopération avec ces deux pays amis se poursuit. Le peuple syrien ne doit pas s’inquiéter d’une éventuelle internationalisation et de la répétition du scénario libyen en Syrie. Il n’y a pas d’escalade dans la crise ; au contraire nous nous orientons vers sa fin. Nous réaffirmons que le comité de médiation arabe est le bienvenu en Syrie, accompagné d’observateurs militaires, civils et de journalistes afin de vérifier que le plan de la Ligue arabe a commencé à être mis en œuvre. Je ne cache pas qu’il y a une crise en Syrie et que les conspirations l’a frappent de toutes parts, car elle paie le prix de la fermeté de ses positions et de la sincérité de son Arabité. Mais la Syrie ne fléchira pas et sortira forte de la crise. La décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie est très dangereuse pour l’action arabe commune dans l’immédiat et à l’avenir. Cette mesure a été planifiée à l’avance. Nous disposons d’une étude juridique qui confirme que la suspension est illégale et contraire à la Charte de la Ligue car elle doit être décidée à l’unanimité de tous les pays membres, à l’exception de l’Etat concerné. La Syrie a ses raisons de croire que les parties qui avaient préparé cette mesure ont été surprises par la mise en œuvre des points du plan d’action arabe par Damas. Une campagne médiatique sans précédent a accompagné cette acceptation, en plus d’une escalade des actes criminels armés sur le terrain. La Syrie avait commencé à retirer les troupes des villes, libéré 553 détenus, autorisé l’entrée de 80 journalistes. Si les Arabes ne réagissent pas positivement à l’appel de la Syrie, cela veut dire qu’ils auront abandonné leur rôle. Les comploteurs contre la Syrie avaient prévu que le mois ramadan verrait la réalisation de leur complot. Cette date a été prolongée jusqu’au 16 de ce mois et la voilà prorogée une nouvelle fois jusqu’à fin 2011, date du retrait des Etats-uniens d’Irak. Mais tous ces plans seront voués à l’échec »

Serguei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères
« La décision de la Ligue arabe de suspendre la Syrie est une faute et une action planifiée à l’avance. Ceux qui ont pris cette décision ont perdu une chance très importante de mettre la situation sur une voie plus transparente. Les pays occidentaux incitent l’opposition syrienne à déstabiliser la Syrie. Je suis vivement déçu par les déclarations du ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, dans lesquelles il avait indiqué que le plan arabe était mort-né. De même, il est inacceptable que Washington appelle les manifestants armés, d’une manière flagrante, à ne pas rendre les armes ni à bénéficier de l’amnistie générale. Les groupes armés exploitent insolemment les manifestations pacifiques afin de provoquer les autorités syriennes. Il existe un trafic d’armes de Turquie, d’Irak et d’autres pays en faveur des extrémistes en Syrie. Je ne crois pas que l’évolution des événements en Syrie exige un examen par le Tribunal pénal international. Les partenaires de la Syrie qui ont une influence sur les différentes forces de l’opposition syrienne doivent assumer leurs responsabilités. »

Michel Aoun, principal leader chrétien libanais
« Saad Hariri peut bien affirmer sur Twitter qu’il sera de retour au Liban, mais que ce retour ne se fera pas comme Premier ministre. Personne ne lui interdit de rentrer (…) J’ai fais part au chef des Forces libanaises Samir Geagea de l’intention des États-Unis de dresser un barrage sunnite à l’avancée de l’Iran dans la région, cette ceinture allant de la Turquie vers la Jordanie et l’Égypte, en passant par la Syrie. Et quand cette ceinture sera parachevée, on en expulsera les chrétiens et l’on y implantera les Palestiniens. Je suis opposé à l’internationalisation de la crise en Syrie. Mais les Etats-uniens se conduisent comme le loup dans la fable de La Fontaine, cherchant n’importe prétexte pour dévorer l’agneau qui trouble son eau. »

Revue de presse

As Safir (Quotidien libanais proche de la majorité, 10 novembre 2011)
Nabil Haitham
Le Courant du Futur réclame que le dialogue national porte exclusivement sur les armes du Hezbollah. Il existe cependant d’autres motifs au refus du parti de Saad Hariri, liés au changement radical dans le paysage politique libanais qui a eu lieu au cours de cette année. Cela s’est traduit par le renversement du gouvernement Hariri. Ce revers se manifestera forcément lors du dialogue où le Courant du Futur se verra en position de faiblesse par rapport à Najib Mikati. Par ailleurs, les positions du patriarche maronite Béchara Raï sur les armes du Hezbollah ont retiré au Courant du Futur la couverture auparavant assurée par le patriarche Sfeir sur cette question.
Dans un tel contexte, le parti de Hariri craint que le dialogue ne serve les intérêts de Najib Mikati et n’augmente son crédit dans la rue sunnite. Le Courant mise sur une chute du régime syrien qui affaiblirait le Hezbollah et lui assurerait le retour en force tant souhaité : Saad Hariri serait ainsi en mesure de fixer ses propres conditions.

As Safir (10 novembre 2011)
Des sources militaires s’étonnent des campagnes de diffamation lancées contre l’Armée libanaise et appellent à maintenir l’institution militaire à l’abri des tiraillements politiques. L’objectif de ces attaques est, selon ces sources, de pousser l’armée à ne plus exercer de contrôle sur les frontières syro-libanaises pour que le chaos y règne comme le souhaitent certains. Les sources précisent que les incidents qui ont eu lieu sur les frontières sont limités et que la partie syrienne a coopéré avec le Liban pour les traiter. Il y a eu une amplification médiatique de ces incidents à des fins politiques. Elles répètent par ailleurs que l’Armée libanaise achète depuis 1990 certains de ses besoins logistiques en Syrie et ils sont transportés au Liban par des camions de l’armée. De même, l’armée répare en Syrie ce matériel acheté. Il n’y a rien de neuf à ce niveau et les accusations évoquant une implication de l’armée dans les évènements en Syrie sont totalement infondées.

Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la majorité, 12 novembre 2011)
Des sources internationales à La Haye et New York assurent que le nœud gordien du financement du TSL par le Liban est en passe d’être tranché. Le Conseil de sécurité n’imposera pas de sanctions au Liban si ce dernier ne verse pas sa contribution au budget du tribunal, du fait qu’il n’existe pas de consensus international à ce propos, mais aussi parce que le Liban continue de coopérer avec le TSL à d’autres niveaux… Par conséquent, les sommes concernées seront débloquées par des pays donateurs dont la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l’Italie, le Canada, l’Allemagne et le Japon, mais elles seront déduites de l’ensemble de l’aide fournie au Liban dans d’autres secteurs.

Al Akhbar (10 novembre 2011)
Ibrahim Al-Amine
L’agression commise au Caire par les partisans de Burhan Ghalioun et Riad el-Chaqfa à l’encontre d’opposants tels que Haitham Manaa, Samir el-Aïta et Hassan Abdel Azim, qui ne font pas partie du Conseil national, propriété de la Société américano-franco-qatarie des révolutions, sont inacceptables. Paris avait déjà empêché des opposants comme Fayez Sara et Michel Kilo de tenir une conférence de presse dans la capitale française —conférence qu’ils ont fini par tenir subrepticement et par la force—. Comment expliquer l’empressement du Département d’Etat US à appeler les éléments syriens armés à ne pas donner suite à l’appel des autorités à se rendre, probablement parce que les Etats-uniens savent désormais qui sont ces éléments et que leur rôle n’est pas encore terminé.
Il faut s’attendre à une escalade politico-diplomatique occidentale à l’encontre de toutes les composantes de l’axe concerné : l’Iran (programme nucléaire), Hamas (dossier de l’Etat palestinien), Hezbollah (TSL et pressions financières sur le Liban) et Syrie (ingérence pour des raisons « humanitaires »).
Les réformes projetées par le président syrien dépassent de loin celles réclamées par les opposants, selon des proches de Bachar el-Assad, qui estiment que la plupart de ces opposants veulent partager le gâteau du pouvoir, sans plus, à moins que les nouveaux révolutionnaires de l’Otan ne promettent au peuple syrien une révolution pour la démocratie et le développement et une résistance quotidienne jusqu’à l’éviction de l’occupant israélien du Golan, avec le concours, naturellement, de la société précitée, gérée par Washington et Paris !

Al Akhbar (09 novembre 2011)
Paris, Osman Tezghart
En annonçant la constitution du Conseil national de soutien à la révolution syrienne (CNSRS), Abdel Halim Khaddam a dérogé au droit de réserve qui lui était imposé par les autorités françaises depuis six ans. Mais ce qui est plus important encore, c’est l’évolution rapide de la position de la France vis-à-vis de la crise syrienne. Car Khaddam n’aurait pas brisé l’embargo sans un feu vert du Quai d’Orsay.
La diplomatie française a un penchant de plus en plus prononcé vers les factions de l’opposition syrienne favorables à la militarisation de la révolte et à l’ingérence extérieure. Les signes avant-coureurs de cette orientation étaient apparus le mois dernier : le Quai d’Orsay a imposé des restrictions à l’opposant Michel Kilo pendant son déplacement à Paris, en interdisant la tenue de sa conférence de presse au Centre d’accueil de la presse étrangère. Cette même semaine, le centre accueillait la semaine de solidarité avec le peuple syrien, organisée par la conférence d’Antalya, favorable à l’ingérence extérieure. Le Quai d’Orsay ne s’est pas arrêté là : le ministre Alain Juppé a fait le déplacement en personne pour assister à un rassemblement organisé par la conférence d’Antalya au théâtre de l’Odéon, deux jours après son entretien officiel avec le président du CNS, Burhan Ghalioun. En revanche, les personnalités opposées à l’ingérence extérieure, tels Michel Kilo et Haitham Manaa, ont été écartées de l’agenda du Quai d’Orsay.

Al Hayat (Quotidien saoudien, 11 novembre 2011)
Selon des sources diplomatiques européennes, la question de l’enlèvement de ressortissants syriens au Liban a été soulevée avec plusieurs hauts dirigeants libanais, dont le président de la République Michel Sleiman et des responsables des services de sécurité. Il leur a été dit que la communauté internationale ne tolère pas ces incidents, qui sont d’ailleurs prohibés par la convention sur la lutte contre la torture. La force juridique de cette convention l’emporte sur toute loi locale et sur toute convention bilatérale, ont ajouté ces sources, qui signalent l’absence de réponses claires de la part des autorités libanaises.

L’Orient-Le Jour (Quotidien francophone libanais proche du 14-Mars, édition du 12 novembre 2011)
L’enquête menée par l’équipe du procureur Daniel Bellemare sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et ses compagnons en 2005 se poursuit. Selon certaines sources bien informées à Paris, citées par l’agence al-Markaziya, les enquêteurs internationaux se sont rendus, la semaine dernière, à Paris pour écouter les témoignages de plusieurs proches de Rafic Hariri. Ils les ont interrogés sur les déplacements et les rendez-vous de ce dernier durant les semaines qui ont précédé son assassinat, dressant une liste des endroits auxquels il s’est rendu durant cette période. Selon les mêmes sources, les enquêteurs ont comparé cette liste à la provenance des appels téléphoniques effectués par des personnes qui auraient été chargées de le surveiller.

L’Orient-Le Jour (10 novembre 2011)
Une source autorisée fait un sort aux rumeurs spéculatives sur des secousses ainsi qu’aux liens entre l’évolution ici et les développements en Syrie. Beaucoup, à droite comme à gauche, estiment que si cela tourne au vinaigre corrosif chez le voisin, les retombées locales, en termes de violence, ne tarderaient pas à se manifester. Ce gradé indique que tout ce bruitage n’est que le produit des tiraillements politiques locaux. Autrement dit, le 14-Mars mise sur l’opposition syrienne et le 8-Mars sur le régime Assad.
Cependant, le 14-Mars craint que des incidents graves ne soient provoqués prochainement dans plus d’une région. Ils disposent, à les en croire, d’informations sur une mobilisation musclée du camp d’en face. Se traduisant notamment, d’après eux, par la distribution d’armes qu’effectuent des fractions du 8-Mars. Surtout dans les régions chrétiennes, aux fins d’y semer la discorde. Une discorde qui ne doit pas opposer les chiites et les sunnites. Car ni l’Iran ni l’Arabie saoudite, qui ont conclu à ce sujet un accord ici même il y a quelques années déjà, ne veulent d’un précédent libanais mettant le feu aux poudres ailleurs. Les opposants relèvent donc que les incitations qui s’intensifient peuvent à tout moment déboucher sur des clashes dans les régions chrétiennes.

Source
New Orient News