Notre organisation a toujours promu des méthodes non-violentes, nous luttons contre la tyrannie du régime et l’absence de droit. Nous n’avons rien contre l’état et il n’y a rien d’extrémiste dans le livre écrit par notre leader Akram Yuldashev. Les autorités essayent d’effrayer le monde entier avec ce livre qui n’est qu’un traité philosophique. Nous sommes plusieurs centaines et nous avons une totale confiance mutuelle. Nos activistes sont intègres et c’est pour cela qu’ils ont la confiance de la population.
Nous avons réussi à prospérer dans toutes les entreprises montées, il y a même une époque où nos activistes étaient présentés à la télévision comme des entrepreneurs prospères. Cela n’a pas duré car nos idées ne cadrent pas avec l’idéologie étatique. Nous avons été placés sous surveillance, les autorités ont commencé à fermer nos ateliers sous divers prétextes. Nous ne voulons pas du califat, juste de la justice et la liberté d’entreprendre. Allah est mon témoin, nous ne souhaitions pas ce qui s’est passé à Andijan mais notre résistance passive n’a servi à rien. Nous avons perdu patience quand un groupe d’innocents a été enfermé. Ils ont été jugés à huis clos. Ensuite ils ont tué nos femmes, nos mères, nos enfants, c’est ce qui nous a décidé à prendre les armes. Je ne comprends encore pas ce qui s’est passé, je n’ai pas participé à l’attaque. Les autorités ont elles-mêmes mis le feu à certains bâtiments pour nous accuser et justifier leur intervention. Elles déclarent que ce sont nos hommes qui ont ouvert le feu, mais qui aurait tiré sur sa propre famille venue le supporter ? Quand nos hommes sont sortis avec des otages, ils ont tué tout le monde. Nous pensions qu’ils utiliseraient des canons à eau ou des balles en plastique. Quand les véhicules sont arrivés, les gens ont commencé à leur jeter tout ce qu’ils trouvaient, c’est alors qu’ils ont commencé à tirer. Je pense qu’au moins 1000 personnes ont été tuées.
Je pense que je vais essayer de rejoindre nos hommes qui sont sur la frontière avec le Kirghizistan, nous échafauderons alors un plan. Je ne sais pas encore lequel, je n’ai plus de contacts avec mon organisation. Je ne sais pas ce qui se passe dans le pays car on diffuse des conférences de presse de Karimov en permanence. Nos idées ne sont pas vaincues, elles survivront à tout. Nous avons des hommes dans tout l’Ouzbékistan et à l’étranger.

Source
Turkish Weekly (Turquie)
Le Turkish Weekly est le journal publié par l’ organisation internationale de recherche stratégique basée à Ankara.

« Interview with a Surviving Uzbek Rebel of Akramiya”, par Rustam, Turkish Weekly, 26 mai 2005. Ce texte est adapté d’une interview, l’auteur qui craint pour sa sécurité a utilisé un prénom d’emprunt.