En surface, la campagne électorale semble souligner la faiblesse du mouvement démocratique en Iran et la futilité de l’élection. Tous les candidats à l’élection ont été approuvés par le conseil des gardiens de la révolution et les démocrates, déçus par Khatami appellent au boycott du vote. Toutefois, il y a des signes encourageants pour l’avenir de la démocratie iranienne. L’élection suggère en effet que les élites au pouvoir ne sont plus unies.
Malgré la sélection des candidats, la campagne voit des positions dures entre les candidats, démontrant que l’élite religieuse monolithique est en train de se craqueler. Bien que certains en Occident, considèrent Rafsandjani comme un pragmatique, c’est un fidèle du régime. Le régime ne se fonde pas sur l’idéologie mais sur le contrôle des ressources et du pouvoir. Cependant, Rafsandjani et son adversaire le plus dangereux, Mostafa Moin, ont tous deux défié la légitimité du pouvoir et ont appelé à une limitation du pouvoir religieux. Les deux hommes ont également promis de se rapprocher des États-Unis, une promesse populaire que seule l’extrême droite ne fait pas.
Il s’agit de développements encourageants, surtout quand on considère que cette élection était censé être un non-évènement. Cette élection n’ira pas jusqu’à une conclusion à la géorgienne ou à l’ukrainienne mais la rupture démocratique est en marche.

Source
International Herald Tribune (France)
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« Cracks in the land of the ayatollahs », par Abbas Milani et Michael McFaul, International Herald Tribune, 17 juin 2005.