Par Ghaleb Kandil

La propagande américano-occidentale et les outils de la guerre médiatique contre la Syrie évoquent la possibilité d’obtenir un changement de la position de la Russie sur la crise syrienne grâce à des marchandages proposés par le camp du bellicisme américain dans le but de pousser Moscou à faire preuve de plus de flexibilité. Les tentatives occidentales d’influencer l’attitude de la Russie se poursuivent sans relâche depuis le premier double véto qui a compromis les plans de guerre coloniale contre la Syrie, en octobre dernier. Toutefois, toute ces tentatives ont été vouées à l’échec et la Russie n’a accordé aucune importance aux "assurances" et autres "garanties" fournies par l’Occident concernant la prise en compte de ses intérêts en contrepartie du déverrouillage du Conseil de sécurité en éloignant le spectre du véto.

Le conflit entre la Russie et les Etats-Unis a des causes profondes et ne supporte plus des compromis partiels et incomplets. Depuis des années, Moscou s’efforce de mettre un terme à l’hégémonie unilatérale exercée par les Etats-Unis sur les relations internationales. La crise syrienne a fourni une fenêtre d’opportunité pour aller de l’avant et établir de nouveaux rapports de forces plus équilibrés.

La composition de la force économique russe est semblable à celle des Etats-Unis et dispute aux Américains les marchés mondiaux des armes et de l’énergie. Il est connu que les cartels militaro-énergétiques constituent la colonne vertébrale des intérêts américains dans le monde et dictent les principaux choix diplomatiques de Washington.

Le caractère impérial de la force de la Russie a toujours marqué l’histoire récente et ancienne de ce pays slave, considéré comme le cœur de la chrétienneté orthodoxe. Cela explique les liens géopolitiques entre la Russie et l’Europe de l’Est qui était inclue, de l’époque des Tsars à l’Union soviétique, dans la zone d’influence russe. La Russie renaissante, sous le leadership de Vladimir Poutine, ambitionne de récupérer cette région tombée depuis sous le contrôle des Etats-Unis.

Les ingérences américaines et occidentales dans les affaires internes russes et dans les anciennes Républiques soviétiques, considérées comme la chasse gardée de Moscou, constituent une menace pour la sécurité nationale de la Russie. Ces agissements nécessitent aux yeux de la Russie des ripostes décisives, portées au cœur de l’hégémonie américaine. Cela passe par une confrontation au Moyen-Orient dans le but de limer les ongles des Etats-Unis et de juguler leurs pulsions dominatrices et leurs velléités interventionnistes.

La Syrie occupe une position centrale et décisive dans les nouveaux équilibres. L’alliance syro-russe offre à Moscou un accès aux eaux chaudes de la Méditerranée et empêche que cette mer de devienne un lac atlantiste. Mais ce n’est pas tout. Des experts révèlent l’existence d’un projet américain-européen-israélien, avec la coopération de l’Arabie saoudite, du Qatar et de la Turquie, visant à construire un gazoduc géant pour transporter le gaz et le pétrole vers l’Europe. Ce gazoduc doit traverser la Méditerranée au niveau du Liban et de la Syrie. Un tel projet constituerait un coup fatal pour l’économie russe qui compte beaucoup sur les exportations des hydrocarbures vers l’Europe.

Les stratèges qui planifient ce genre de projet savent pertinemment qu’aussi bien la Résistance au Liban que l’Etat résistant en Syrie, ne permettront jamais la réalisation d’un tel plan "turco-israélo-golfien".

L’exécution de ce projet explique en grande partie la guerre de 2006 et la création de la Finul navale, ainsi que les pressions et complots dirigés contre la Syrie depuis l’invasion de l’Irak, en 2003.

Dans ce contexte, on comprendra que l’affaire syrienne constitue pour la Russie, une question de sécurité nationale. Et pour toutes les raisons précitées, Vladimir Poutine l’a utilisé, à la veille des élections présidentielles, comme exemple pour illustrer la politique étrangère de la Russie, anti-impérialiste et favorable aux forces et pays résistants à l’hégémonie occidentale.

Cette réalité, prouvée ces derniers mois, montre que les rêves de l’hégémonie américaine sur le Moyen-Orient et sur le monde, se brisent, encore une fois, sur le rocher syrien.

La tendance en Syrie

En trois semaines, l’armée a changé la donne

Par Pierre Khalaf

Le double attentat terroriste de Damas et celui d’Alep, ce week-end, ne changeront pas la nouvelle donne sur le terrain. Ces actions barbares, qui ont fait des dizaines de morts et de blessées dans les rangs des civils et des militaires, dénotent le désespoir de ceux qui pensaient que détruire la Syrie et renverser son régime étaient une simple promenade, comme en Libye.

Jusqu’en février, les provinces de Homs, Hama, Idleb, Deraa ainsi que plusieurs localités au nord de Damas échappaient partiellement au contrôle de l’Etat. Afin d’éviter de lourdes pertes dans les rangs des civils, le pouvoir a pris son temps avant d’agir. Le soutien logistique, financier et militaire fourni aux insurgés par l’Arabie saoudite et le Qatar, ainsi par des membres des forces de l’Otan qui opèreraient d’ores et déjà en Syrie dans des missions de reconnaissance et d’entrainement des rebelles, ont finalement convaincus Damas de la nécessité de frapper d’une main de fer.

Le gouvernement a donc lancé une offensive par étapes contre les zones qui échappent à son contrôle, à commencer par la banlieue nord-est de nord de la capitale syriennes. L’armée syrienne a établi un plan en trois étapes baptisé "nettoyage des villes et villages des groupes armés", qui prévoit en premier lieu un assaut militaire dans la province de Damas, puis une offensive dans les villes et les campagnes de Hama et Homs. La troisième étape sera la campagne d’Idleb, récupérée la semaine dernière.

L’importance de l’offensive contre les trois campagnes et l’élimination des hommes armés appartenant à la confrérie des Frères musulmans et aux courants salafistes réside dans leur proximité des frontières libanaise et turque, par ou transitent l’argent et les armes destinés aux rebelles.

Lors de ses réunions avec les commandants militaires, le président syrien a ordonné à l’armée de n’autoriser aucune zone d’influence et de venir à bout des poches contrôlée par les insurgés.

Tout au long des deux premières semaines de février, l’armée déloge sans difficultés, les rebelles de la banlieue de Damas et des villes de Zabadani et Rankous. A Homs, elle encercle les quartiers rebelles et lance des opérations ciblées contre les miliciens de l’Armée syrienne libre. Le lieutenant dissident Abdel Razzak Tlass, chef de la brigade Farouk, est tué. Pendant la deuxième moitié de février, l’armée procède au ratissage de la province de Hama. Elle appelle les civils à quitter les zones contrôlées par les rebelles à Homs, et renforce le siège des quartiers de Jobar, Karm el-Zeitoune, Inchaat et Baba Amr. Le quartier symbolique de Baba Amr tombe aux mains de l’armée. Cet épisode est perçu par plusieurs analystes politiques et militaires comme un "tournant" dans la bataille qui oppose les insurgés au régime, similaire à la bataille de Hama qui a abouti à la déroute des Frères musulmans en 1982. S’ensuit la chute des villes de Rastan et Qousseir aux mains de l’armée gouvernementale, qui ratisse les poches rebelles et procède à l’arrestation de milliers d’insurgés, dont des dizaines d’étranger.

Le 5 mars, l’armée a entamé la troisième étape de son offensive visant à reprendre la province volatile d’Idleb, au nord-est de la Syrie. Plusieurs villes et village longeant la frontière turque, sont aux mains de miliciens islamistes.

La reprise en main de la totalité de la province par l’armée n’est qu’une question de temps. La date du 7 mai, fixée par le président pour la tenue d’élections parlementaire, semble être une échéance pour la reprise de toutes les poches contrôlées par les rebelles. La décision des pétromonarchies du Golfe d’accentuer le soutien militaire des extrémistes fera trainer pendant plusieurs mois la guérilla qui n’aura plus cependant la capacité d’influer sur le cours des événements.

Malgré les moyens colossaux mis en oeuvre par les pays du Golfe et leurs sponsors occidentaux, l’armée reste intacte. Les défections restent limitées à des officiers marginaux. Elle ne donne aucun signe d’essoufflement en n’a pas utilisé sa force de frappe.

Pendant ce temps, l’opposition peine à surmonter ses divergences. Les conflits qui déchirent l’opposition découlent d’une friction entre deux mentalités diamétralement opposées. D’une part, il y a ceux qui réclament une intervention étrangère sans laquelle ils s’estiment incapables de renverser le régime, et de l’autre, il y a ceux qui rejettent toute ingérence étrangère

Toutes les tentatives d’unir les deux coalitions ont échoué... et échoueront.


Déclarations et prises de positions

Sayyed Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah

« 16% des Libanais sont illettrés et 25% au chômage. Pour un pays comme le Liban, c’est énorme ! Dans le monde arabe, 57 millions de personnes sont ignorantes et 20 millions d’autres au chômage. Les pays du Golfe déposent des milliers de milliards de dollars dans les banques américaines. Qu’est-ce qui leur manque alors pour mettre fin à l’ignorance et au chômage ? Le problème est dȗ à l’irresponsabilité des dirigeants arabes. Certains régimes tirent avantage de l’ignorance de leur peuple pour qu’il ne comprenne rien à ce qui se passe autour de lui. Au Liban, Il y a des dossiers importants comme les aliments avariés, les crimes, la Sécurité sociale, le chômage et la drogue dans les écoles, qui doivent être traités ment quelles que soient nos appartenances politiques et religieuses. Pourquoi ne pas coopérer sur les dossiers sur lesquels il y a accord, et dialoguer pour régler les autres questions. Nous ne devons pas paralyser un pays à cause de nos divergences. En cas de désaccord sur certains dossiers, nous en ajournerons l’examen, mais il n’est pas permis de paralyser l’examen de tous les dossiers à cause d’une mésentente sur un ou deux. Par exemple, certains prétendent qu’il n’est pas possible d’édifier un Etat alors que la Résistance maintient ses armes. Mais est-il juste que les dossiers sociaux soient bloqués pour cette raison ? C’est de l’injustice et de l’irréalisme, et cela signifie que les auteurs de cette thèse sont engagés en faveur des Américains et de l’Occident, pour ne pas dire en faveur des Israéliens. Lorsque le 14-Mars dirigeait le gouvernement, le 8-Mars en a fait partie sans détenir la minorité de blocage nous avions coopéré à tous les dossiers soumis parce que notre priorité était la stabilité dans le pays, notamment après le départ des forces syriennes. Mais vous, vous ne prônez la logique de la main tendue que dans des cérémonies alors que sur le terrain, vous avez déclaré, dès le premier jour, la guerre contre ce gouvernement. Reconnaître l’autre, c’est accepter de rester dans un gouvernement composé en majorité de vos adversaires, et non pas d’annoncer régulièrement qu’on pratique la politique de la main tendue. Comment voulez-vous édifier un État ? En éliminant l’autre ? Êtes-vous capables de l’édifier et, pour commencer, êtes-vous capables d’édifier vos propres partis ? Un État est édifié à travers le dialogue et le partenariat et celui qui se croit capable de prendre nos armes par la force, qu’il se présente ! Nous craignons une guerre civile en Syrie et une partition de la région. Nous réitérons notre appel à éviter la confrontation armée et à œuvrer pour une solution politique dont les détails ne concernent que les Syriens. Ce n’est pas à nous, Libanais, de tracer des lignes rouges aux Syriens alors que nous n’arrivons pas à résoudre nos propres problèmes ! »

Michel Aoun, leader chrétien libanais

« Ceux qui ont soutenu Israël dans sa guerre contre le Liban en 2006 sont les mêmes que ceux qui appuient aujourd’hui la guerre contre la Syrie de l’intérieur. Nous devons penser au bon voisinage. Nous ne pouvons pas vivre avec des groupes takfiristes à nos frontières. Nous ne pouvons pas accepter que des gens arrivent au pouvoir au nom de la démocratie et des droits de l’homme, alors qu’en fin de compte il n’y aura ni démocratie ni droit de l’homme. C’est notre sécurité qui est en jeu. Nous ne pouvons pas fermer les yeux et dire que les Frères musulmans gouvernent ! Que voulez-vous, que les takfiristes nous gouvernent dans le Kesrouan ? »

Cheikh Ahmad Al-Assir, cheikh fondamentaliste sunnite libanais

« Un leader ne délaisse pas sa communauté et ne prend pas la fuite. Je dis à Saad Hariri : "Si vous n’êtes pas capable de porter le fardeau de votre communauté, dites-le ouvertement". Fouad Siniora a sollicité un rendez-vous avec moi. Je ne suis pas salafiste même si le salafisme n’est pas une accusation. Les services de sécurité sont une ligne rouge, coûte que coûte. Le phénomène de Fateh al-Islam a considérablement terni l’image de l’Islam. Nous sommes les premiers à en avoir fait les frais. Nous ne porterons jamais les armes même si toutes les communautés au Liban le font un jour. Il existe un projet d’hégémonie sur le pays à caractère sectaire, relevant de la wilayat el-Faqih. Malgr nous tendons la main au parti de la Résistance. Mais il faut savoir que la scène sunnite se sent lésée et insultée dans sa dignité. Nous ne pouvons plus supporter cet affront. Nous avons voulu hausser la voix de manière pacifique (...) La conscience chrétienne ne peut prendre parti pour l’oppresseur. Les craintes du patriarche maronite au sujet des chrétiens syriens à l’avenir sont des soupçons. Nous espérons qu’il reconsidérera la question avec sagesse. »

Samir Geagea, chef des Forces libanaises (pro-américain)

« Michel Aoun mène une bataille de purification ethnique contre les sunnites en Syrie et dans les pays de la région en les présentant comme étant tous extrémistes et terroristes. Au Liban, son but est de suggérer que le Courant du futur est un courant intégriste. Pourtant, les responsables du Futur visitent le Vatican alors que ses alliés modérés en Iran et au sein du Hezbollah ne portent pas la cravate. »


Revue de presse

As Safir (Quotidien libanais proche de la majorité-09 mars 2012)

Imad Marmal

Un an après son accession au pouvoir, le Premier ministre, Najib Mikati, a déçu ses partenaires au sein de la majorité, dont certains ont même la nostalgie de Hariri. Des loyalistes tout comme des opposants sont convaincus que Mikati a opté pour la tergiversation et a manqué à ses engagements, chose qui entacherait sa crédibilité. Cependant, ses partisans considèrent qu’il a le don de gérer la pondération délicate des pouvoirs. En fait, Mikati ne trouve point de difficulté à satisfaire en même temps Riyad, Damas, Washington, Téhéran, le Hezbollah, la rue sunnite, le TSL et la Résistance, une politique dictée par son pragmatisme, qui consiste à assimiler et à contenir les protagonistes au niveau local et régional. Ses proches ajoutent que cette politique lui a permis de dissocier la question des armes du Hezbollah des évènements en cours dans la région, ce qui a contribué au maintien de la stabilité au Liban. La position médiane que le Premier ministre a adoptée vis-à-vis des fervents défenseurs et des détracteurs acharnés du régime syrien au Liban s’inscrit dans cette logique, car il s’agit d’un alignement ayant une dimension régionale. Ses proches poursuivent que Mikati ne poignardera jamais le Hezbollah dans le dos. Par ses tactiques et sa subtilité, il a réussi à briser l’exclusivité de la représentation des sunnites par le Courant du futur. Cependant, il doit savoir comment employer son capital durant les élections législatives, sachant que la bataille électorale sera tributaire du climat régional, non pas seulement des urnes et des ressources financières des deux candidats, en l’occurrence Mikati et Hariri, ainsi que de l’idée que l’Arabie saoudite se fera de l’un et de l’autre.

As Safir (16 mars 2012) Daoud Rammal

Selon une source diplomatique bien informée, les discussions entre l’envoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe en Syrie, Kofi Annan et le président syrien, Bachar Assad étaient axées sur 10 points. Annan n’a pas évoqué avec son interlocuteur la question de la période transitoire ou le départd’Assad ou la possibilité du changement du régime. Assad a fait état de son indifférence quant à l’initiative arabe, et que la Ligne arabe n’existait plus pour lui tant qu’elle ne se pas rétractera de ses décisions et positions. Le président syrien aurait également affirmé qu’il ne donnera pas l’ordre de suspebdre les opérations militaires entreprises par l’armée syrienne avant l’élimination des armes et des personnes armées. Assad aurait en outre affirmé qu’il ne ferme pas les portes du dialogue avec l’opposition de l’intérieur, mais il rejette catégoriquement le dialogue avec l’opposition de l’extérieure, ajoutant qu’il n’accepterait pas d’entamer des négociations sous la pression, et en dehors de l’Etat, car la Syrie n’accepte plus ce qu’elle acceptait il y a quelques mois. Il aurait ajouté que le seul pays où la Syrie accepterait de négocier avec l’opposition est la Russie. Assad aurait conclu qu’il est déterminé à faire aboutir la mission d’Annan et qu’il est prêt à parvenir au règlement de la crise.

As Safir (15 mars 2012) Nabil Haitham

Une source militaire affirme que l’Armée libanaise s’est fixée une nouvelle priorité, soit la sécurité aux frontières syro-libanaises, après la tournure des évènements en Syrie. Cette nouvelle mission a chargé davantage les épaules de

l’institution militaire, déjà épuisée par le contrôle des frontières au Sud du pays, le démantèlement des réseaux d’espionnage israéliens, le maintien de la sécurité intérieure ainsi que celle des camps de réfugiés palestiniens.

Mais les évènements en Syrie ont dévoilé la porosité des frontières syro-libanaises, laquelle donne libre cours aux infiltrations et aux trafics d’armes des deux côtés des frontières. L’armée a dû prendre en charge cette tâche colossale, qui nécessite d’importantes capacités, et a pu par conséquent arrêter des clandestins et déjouer des opérations de trafic d’armes.

Cependant, il y eut des tentatives pour saper la mission de l’armée sur les frontières. Les évènements de Jabal Mohsen et Bab el-Tabbané s’inscrivent dans ce cadre. En effet, ils ont été prémédités en vue de détourner l’attention de l’armée des frontières syro-libanaises et l’occuper dans des mêlées internes. Mais, l’armée a décidé de riposter fermement à tous ceux qui tenteront de lui porter atteinte et est parvenu à garder la situation sous contrôle.

En ce qui concerne la Syrie, la même source militaire a prévu que la solution de la crise syrienne n’est pas pour demain, car il ne s’agit plus d’un conflit syro-syrien, mais il a évolué en un conflit international opposant les Etats-Unis, les Européens et les arabes d’une part à la Russie, à l’Iran et à la Chine de l’autre.

As Safir (14 mars 2012)

Après avoir démantelé un réseau salafiste infiltré dans l’Armée libanaise, les autorités libanaises, les efforts se concentrent maintenant sur l’arrestation du chef de la cellule, appelé Abou Mohammad Toufic Taha, membres des Brigades de Abdallah Azzam, et qui retranché dans le camp des réfugiés palestinien d’Aïn el-Heloué. Selon des sources bien informées Abou Mohammad était déjà mis sous surveillance, car il était recherché par l’Armée libanaise à pour son implication dans plusieurs attentats terroristes dont certains avaient pris pour cible la Finul. Selon les mêmes sources, les réunions se poursuivent et les contacts sont en cours avec Osbat Al-Ansar et les notables du camp Aïn el-Heloué pour obtenir la livraison de Abou Mohammad à l’armée. Dans ce cadre, les notables du camp palestinien ont dénoncé l’attentat que le groupe envisageait de commettre contre l’Armée libanaise ainsi que tout acte terroriste ou attentat qui portera atteinte à l’institution militaire. Parallèlement, le comité de suivi et les factions palestiniennes au sein du camp se sont réunis pour discuter de la livraison de Abou Mohammad et de tout individu qui tentera de saper la sécurité au sein du camp.

As Safir (14 mars 2012) Nabil Haitham

Le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, a reçu une délégation du commandement du mouvement Hamas, présidée par le vice-président de son bureau politique, Moussa Abou Marzouk, en présence de cadres et de responsables des deux parties. Les discussions ont porté sur les développements à Gaza, en Syrie, dans les pays arabes ainsi que les relations entre les « Frères Musulmans », le Hezbollah et l’Iran.

Selon les informations d’As-Safir, sayyed Nasrallah et la délégation du Hamas se sont accordés pour oeuvrer afin de mettre au point d’un projet commun pour pouvoir traiter les développements en Syrie et les relations avec les Frères Musulmans, à la lumière des évènements vécus par les pays arabes. Selon

les mêmes sources, les points de vue ont convergé sur le fait que l’option militaire et sécuritaire ne permettra pas de résoudre la crise en Syrie, et qu’il n’y a pas d’alternative à la solution politique réformiste, conformément à l’initiative russe, laquelle est soutenue par la Chine et l’Iran.

Hassan Nasrallah aurait affirmé à la délégation que le commandement syrien cherche à parvenir à des solutions pratiques et à être ouvert à l’opposition nationale, si cette dernière sera prête à accepter les solutions politiques et ne misera pas sur l’étranger, ajoutant dans ce cadre, qu’il faudrait parvenir à un accord politique similaire à l’Accord de Taëf.

Les deux parties ont également convenu de coopérer afin de trouver les moyens propices à l’amélioration des relations entre l’Iran d’une part et les pays arabes et les Frères Musulmans de l’autre, qui doivent reposer sur une base de confiance très solide.

Pour ce qui des relations entre le Hamas et le Syrie, les mêmes sources ont affirmé que les bureaux du mouvement sont toujours ouverts à Damas, et que Hamas a opté pour une position neutre vis-à-vis des événements en Syrie, ajoutant, cependant qu’il est prêt à contribuer aux efforts visant à parvenir à une solution politique.

An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars) Rosanna Bou Mounsef (16 mars 2012)

Le patriarche Béchara Raï a adopté sur la crise syrienne, pour la seconde fois en quelques mois, des positions qui ont provoqué un choc sur la scène libanaise mais aussi et surtout chez les pays occidentaux, qui se sont inquiétés des propos du père de l’Eglise maronite. Les premières prises de positions du patriarche sur ce plan ont été faites depuis Paris, en septembre, à l’issue de son entretien avec le président Nicolas Sarkozy. Plus récemment, les ambassadeurs en poste au Liban se sont posés des questions au sujet de certaines déclarations qui peuvent être interprétées comme appuyant le régime syrien. Les déclarations creusent davantage les clivages interchrétiens et donnent lieu également à des réactions, plus ou moins prononcées des autres communautés religieuses. C’est ce qui justifierait une révision dans l’objectif de remédier aux lacunes et de mettre fin à la polémique au cœur de laquelle se retrouve le patriarcat maronite depuis quelque temps.

An Nahar (16 mars 2012) Habib Chlouk

Lors de sa visite en France, en septembre dernier, le patriarche Béchara Raï n’a pas pris des positions en faveur ou contre un régime déterminé, mais il a plutôt parlé de principes. Il a affirmé dans ce cadre : « Nous sommes avec les réformes dans n’importe quel pays, en particulier en Syrie, et le peuple syrien impose ces réformes. Nous avons souffert de la Syrie durant sa présence au Liban ». Il a dit aux Français que le patriarche est contre la violence, et les a prévenus : « Attention de nous amener là où est arrivé l’Irak », c’est-à-dire à une guerre civile, entre sunnites et alaouites en Syrie. « Les actes de violence et les régimes extrémistes sont plus dictatoriaux et nuiront à tous. Ils peuvent même aboutir à la partition, chose que nous n’acceptons pas. Il ne s’agit pas là d’une position, mais d’une lecture politique ».

En ce qui concerne le Hezbollah, il ne fait pas de doute que Mgr Raï considère que les armes de la Résistance posent un problème au Liban, car elles ont été la cause de la dissension dont est victime le pays. Il a ajouté qu’il y a une différence entre celui qui porte une arme et celui qui ne porte pas une arme, « ceci veut dire que le premier citoyen est différent de l’autre ». Mais selon lui, la solution n’est pas seulement libanaise. « Nous ferons notre possible », a-t-il dit, mais la communauté internationale est responsable de l’occupation israélienne des territoires libanais et de la non application des résolutions des Nations unies. Elle est aussi responsable de l’application des résolutions relatives aux Palestiniens, leur retour à leur pays et la création d’un Etat palestinien. Le renforcement de l’Etat libanais et de l’armement de l’armée sont également la responsabilité de la communauté internationale.

Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la majorité-15 mars 2012)

Nasser Charara

La prochaine visite au Liban d’un responsable américain, prévues pour la seconde moitié de mars, s’accompagnera de pressions américaines sans précédent, qui s’articuleront autour des trois axes : isoler le Hezbollah sur le plan politique ; intensifier les pressions sur l’Armée libanaise pour la forcer à se positionner aux frontières nord et à accorder des facilités à l’opposition syrienne ; rouvrir le dossier de la banque libano-canadienne, en reprochant à l’Etat libanais de ne pas avoir répondu aux questions américaines sur les comptes de cette banque et l’identité de leurs titulaires, ainsi que sur son rôle dans l’infiltration illégale des capitaux du régime syrien et de capitaux iraniens dans le secteur bancaire libanais.

Un diplomate libanais à Washington évoque un discours frisant la menace directe à l’encontre du Liban. Washington demanderait aux autorités politiques et militaires libanaises de se positionner face à l’armée syrienne le long des frontières nord et de soutenir l’opposition syrienne. L’administration américaine établit donc un lien entre l’octroi d’armes à l’Armée libanaise et l’utilisation de ces armes au service d’un objectif bien déterminé : protéger les réfugiés syriens contre ce nouvel ennemi qu’est le régime syrien, et défendre ses frontières.

L’administration américaine craint que le Hezbollah ne parvienne à faire obstruction à la volonté libanaise de protéger les réfugiés syriens. A l’heure actuelle, l’objectif international ne consiste pas à ramener Saad Hariri au pouvoir mais à isoler le Hezbollah au Liban, même au sein de son environnement politique où il entretient des alliances, et ce par un discours politique qui le présente de plus en plus comme faisant obstruction à la volonté de l’Etat, du gouvernement et du peuple libanais.

Al Akhbar (14 mars 2012)

Elie Chalhoub

La mission de Kofi Annan à Damas donne lieu à un optimisme prudent en Syrie. Entre quatre murs, on entend dire que l’ancien secrétaire général des Nations unies a présenté, en s’entretenant avec le président Bachar al-Assad, un projet qui est le même que le projet arabe, avec en moins la clause sur la démission du président. Ce dernier aurait salué toutes les médiations, se disant prêt à engager un dialogue avec l’opposition et à parvenir à un accord, mais comment mettre en œuvre un tel accord avec la présence des groupes armés ? Pourrez-vous garantir qu’ils se conforment à cet accord ? Il faudra également identifier les parties qui financent et arment les groupes en question. Si Damas n’a pas

immédiatement répondu aux propositions d’Annan, c’est parce qu’il souhaite en coordonner les détails avec Moscou, en raison de l’absence de confiance vis-à-vis des Nations unies et d’Annan lui-même. Des soupçons qui ont été renforcés par les informations de presse selon lesquelles l’émissaire arabo-international

aurait quitté Damas à destination du Qatar. N’aurait-il pas été plus logique qu’Annan, en sa qualité de représentant de la Ligue arabe et de l’Onu, rencontre le secrétaire général de la Ligue Nabil al6Arabi ou Ban Ki-moon ?

Après les élections législatives prévues le 7 mai prochain, il est envisagé de former un gouvernement de gestion de la crise, présidé par une personnalité de la ville d’Alep, qui sera ainsi récompensée pour sa fidélité au régime.

Des efforts sont engagés pour restructurer les 17 services de sécurité, et les relier à trois commandements, chacun selon son domaine de compétence : le ministère de l’Intérieur, le chef d’état-major de l’armée, et la présidence de la République. Le tout formera un Conseil de sécurité nationale, qui rendra des comptes à la Commission parlementaire de la Sécurité et des Renseignements, comme dans les pays occidentaux.

Médiarama (Bulletin de presse libanais -Mediaramalb.wordpress.com)

Le mouvement du 14-Mars a célébré d’une manière différente l’anniversaire de « l’intifada de l’indépendance », renommée « Révolution du cèdre » par l’ancienne secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice. La salle couverte du Biel a remplacé la Place des martyrs, les grandes foules enthousiastes venues de tout le Liban ont cédé la place à des invités munis de cartons, et les « jeunes militants indépendants et non partisans » - la plupart d’entre eux figurent cependant sur la payroll du secrétariat général du 14-Mars- ont remplacé les grosses pointures politiques à la tribune. Quelles que soient les explications données pour justifier ce « nouveau look », force est de constater que le septième anniversaire du 14-Mars 2005 était, cette année, tristounet et modeste, de la bouche de militants de bases, notamment ceux de la Gauche démocratique qui a boycotté l’événement. Comparée aux années précédentes, cette célébration constitue un pas en arrière. Elle s’ajoute à d’autres déconvenues, comme l’exil volontaire de son principal leader Saad Hariri, la sortie du pouvoir –occupé pendant 5 ans-, l’affaiblissement des alliés occidentaux, la perte du précieux soutien –même indirect- que constituait l’ancien patriarche Nasrallah Sfeir, considéré comme le chef spirituel des chrétiens du 14-Mars.

L’explication avancée selon laquelle la formule 2012 est dictée par le souci de redonner à la société civile la place qui lui revient pour être en phase avec le printemps arabe n’a pas convaincu les analystes et les observateurs. Pas plus que le document politique présenté hier, et qui vient s’ajouter aux autres chartes du 14-Mars, tellement nombreuses que les militants ne savent plus où donner de la tête. Intitulé « de l’intifada de l’indépendance à l’intifada de la paix », cette nouvelle charte relève que « le régime syrien, qui a œuvré par tous les moyens depuis les années 70 du siècle dernier à mettre la main sur le Liban, affronte aujourd’hui une contestation populaire sans précédent dans son histoire moderne ».

Ainsi, tous les maux du Liban viennent de l’étranger. Aucun dysfonctionnement du système politique libanais n’est relevé, et aucun mécanisme n’est proposé pour réaliser cette « intifada de la paix ». En somme, il s’agit d’un nouveau document qui vient s’insérer entre deux chartes, et qui sera oublié aussitôt la cérémonie terminée.

Maariv (Quotidien israélien-15 mars 2012) Ben Caspit

Des sources politiques bien informées assurent que huit des 14 ministres du cabinet de sécurité en Israël sont en faveur d’une frappe préventive contre les installations nucléaires iraniennes, même sans avoir obtenu au préalable le feu vert américain. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’a consulté ni le cabinet de sécurité ni le « Forum des Huit », un cabinet composé de ses ministres les plus proches, depuis son retour d’une visite à Washington le 7 mars, ce qui inquiète les opposants à une frappe.

Parallèlement, le général Benny Gantz, chef d’état-major, est parti jeudi pour le Canada puis les États-Unis, où il doit s’entretenir avec ses homologues et des responsables gouvernementaux, militaires et de sécurité de la coopération militaire et des défis de sécurité communs, selon un communiqué militaire. Le général Gantz avait déjà rencontré en janvier son homologue américain, le général Martin Dempsey, lors de la visite en Israël de ce dernier, qui avait plaidé pour des concertations continues entre Israël et les États-Unis et réaffirmé l’alliance entre les deux pays.

Source
New Orient News