Tammam Salam

Tammam Salam face aux difficultés de la formation du gouvernement

Par Ghaleb Kandil

Le député Walid Joumblatt a puisé dans la culture des consuls, qui était en vigueur au XIXème siècle, un concept traditionnel de la pensée libanaise : l’impossibilité pour le Liban de vivre sans tutelle étrangère ou régionale. Lors de son interview télévisée, jeudi 4 avril, il a dit avec tristesse ; « Nous étions laissés à nous-mêmes » avant de raconter comment une « volonté » royale saoudienne a proposé le nom d’un nouveau Premier ministre après la démission de Najib Mikati, laquelle est aussi vraisemblablement intervenue suite à une « volonté » saoudienne. De nombreux analystes ont indiqué que le royaume wahhabite veut hériter du rôle syrien, alors que Walid Joumblatt construisait ses nouvelles orientations sur un taux record de haines et de rancœurs contre l’État syrien, répétant ce qu’il a entendu de son mentor saoudien, le prince Bandar Ben Sultan, ces deux dernières années.
La décision du 8-Mars et du Courant patriotique libre (CPL) de désigner Tammam Salam au poste de Premier ministre a constitué un coup dur aux paris du clan Hariri, des États-Unis et de l’Arabie saoudite de former un gouvernement non-politique sous prétexte de la principale tâche du prochain cabinet est l’organisation des élections, ou d’une équipe ministérielle formée par le 14-Mars et ses alliés centristes. Mais la manœuvre intelligente menée par le président de la chambre, Nabih Berry, sous le titre de rencontrer en milieu de chemin la « démarche consensuelle » de Joumblatt a imposé un autre agenda : une formule gouvernementale consensuelle.
Le fait que le 8-Mars et ses alliés aient finalement décidé d’appuyer Tammam Salam, et abandonné l’idée de proposer leur propre candidat, contribue à faire baisser la tension politique et sécuritaire, qui était entretenue ces deux dernières années par les groupes extrémistes salafistes, coachés et soutenus par le clan Hariri et le 14-Mars.
Mais les vraies difficultés vont commencer après la désignation du Premier ministre, car le véritable enjeu réside dans la répartition des portefeuilles, les caractéristiques et les tâches du prochain gouvernement.
Les divergences vont apparaitre dans les dossiers de la loi électorale et de la déclaration ministérielle. Sans doute que l’axe Washington-Riyad va demander à Tammam Salam de poursuivre sur le même chemin que les pseudo-centristes (Michel Sleiman, Najib Mikati et Walid Joumblatt), qui ont constitué, après le recul du 14-Mars, l’outil de la politique américano-saoudienne. Mais la contre-offensive générale de l’État syrien sur le champ de bataille va modifier les équations et l’ordre de priorités. Les raids et les bombardements des camps des terroristes installés en territoire libanais va devenir un des instruments de la contre-attaque syrienne. Et cela va contraindre l’État libanais à prendre des mesures sérieuses et concrètes sur le terrain, à l’instar de la Jordanie, qui a freiné ses ingérences et son soutien aux extrémistes après l’ultimatum de Damas.
Dans ce contexte, la période d’expédition des affaires courantes par le gouvernement de Najib Mikati pourrait durer longtemps si la formation du nouveau cabinet va se compliquer.

Les Frères musulmans pointés du doigt par les médias occidentaux

Un longue dépêche de l’Agence France-presse (AFP) fait la lumière sur l’hégémonie exercée par les Frères musulmans sur l’opposition syrienne et sur la suspicion qui existent entre les différentes composantes de cette opposition, ainsi que sur le flou qui entoure les réelles intentions de cette confrérie islamiste :
« Les Frères musulmans de Syrie, les mieux organisés parmi les adversaires de Bachar al-Assad, suscitent les critiques d’une partie de l’opposition qui les soupçonne de velléités hégémoniques, forts du soutien financier du Qatar.
Ces accusations, datant du début de la révolte et réfutées par la confrérie islamiste, ont éclaté au grand jour après l’élection le 19 mars par la Coalition de l’opposition d’un Premier ministre "rebelle", Ghassan Hitto, considéré comme "parachuté" par les Frères musulmans.
Près de 70 opposants syriens ont dénoncé, sans le nommer, la "domination de l’un des courants" de l’opposition et une "hégémonie flagrante de pays arabes et régionaux" sur la Coalition, en référence aux Frères musulmans, au Qatar et à la Turquie .
Une douzaine d’opposants ont aussi gelé leur appartenance à la Coalition, dont Kamal al-Labwani, libéral proéminent et l’un des plus virulents critiques de la confrérie.
"La décision au sein de la Coalition appartient aux Ikhwan. Ce sont eux qui contrôlent les comités liés à l’armement (des rebelles) et au secours", dénonce-t-il. "En apparence, ils sont peu nombreux au sein de la Coalition, mais ils ’achètent’ les autres membres grâce à l’argent qu’ils reçoivent de Doha et d’Ankara", affirme-t-il à l’AFP. "C’est du trafic d’influence".
Des reproches rejetés par Ali Al-Bayanouni, adjoint politique du chef de la confrérie pour, en exil à Londres. "Notre rôle est très exagéré au sein de la Coalition et nous ne sommes financés par aucun Etat", affirme cet ex-chef des Ikhwane à l’AFP, précisant que l’argent vient de "membres et de partisans syriens ou autres". "Nous représentons seulement 10% de la coalition, comment peuvent-ils dire que nous contrôlons tout ?".
Le conflit en Syrie s’éternise, mais les détracteurs de la confrérie redoutent déjà qu’elle récolte plus tard les fruits de la révolte comme en Egypte. "Dans tous les pays du ’Printemps arabe’, la révolution a été volée par les mêmes : les Frères musulmans. Nous mourons au front et eux récupèrent les postes", affirme auprès de l’AFP un combattant à Lattaquié (nord-ouest).
La confrérie a été fondée en 1928 en Egypte par Hassan al-Banna avec comme objectif une renaissance islamique et la lutte contre le modèle occidental, une doctrine diffusée dans d’autres pays. En Syrie, le mouvement, qui remonte aux années 30, a mené un soulèvement armé contre le régime de Hafez al-Assad, père de l’actuel président, avant d’être brutalement écrasé à Hama (centre) en 1982. Une loi toujours en vigueur condamne à la peine de mort tout membre de la confrérie.
Les Frères musulmans "estiment qu’ils sont les leaders naturels de la Syrie, qu’ils représentent la nation mieux que quiconque", affirme Joshua Landis, directeur du Center of Middle East Studies à l’Université d’Oklahoma. "Cette confiance en soi irrite les autres groupes (...), les Frères sont les vainqueurs présumés, c’est pour cela qu’ils sont visés".
Experts et opposants s’accordent à dire que les Ikhwane sont les mieux structurés, avec hiérarchie, bureaux, site internet et même récemment un journal. "Le Qatar et la Turquie les soutiennent en raison d’affinités idéologiques mais aussi parce que c’est le seul parti institutionnalisé qui aurait une chance d’organiser la Syrie" dans l’après-Assad, estime M. Landis.
"Ils sont organisés politiquement, militairement, financièrement, c’est pour cela qu’ils prennent le dessus", dit un combattant rebelle à Alep (nord).
Damas les accuse d’être instrumentalisés par le Qatar et la Turquie, où est basé leur chef - le Contrôleur général - Mohammad Riyad al-Chaqfa.
Malgré leur projet d’État civil fondé sur les droits de l’homme, "il y a une profonde suspicion qu’ils utilisent la démocratie pour arriver au pouvoir et qu’une fois que c’est fait, ils utiliseront les lois pour faire taire leurs critiques", souligne M. Landis.
 » (AFP)

Déclarations et prises de positions

Tammam Salam, Premier ministre désigné du Liban
« Je m’engage à faire sortir le Liban des divisions politiques qui se sont répercutées sur le plan de la sécurité, à éloigner les dangers nés de la situation tragique dans le pays voisin. Je souhaite former un gouvernement d’intérêt national pour le bien du Liban et adopter une loi électorale le plus vite possible qui garantirait une représentation équitable de toutes les parties. J’ai accepté la nomination, convaincu que mon devoir est d’œuvrer pour l’intérêt du pays, en coopération avec toutes les parties politiques. Je suis conscient qu’il s’agit d’une période sensible, qu’il y a des échéances importantes et j’espère poursuivre les consultations avec les dirigeants politiques dans les prochains jours en vue de former un nouveau gouvernement. »

Bachar al-Assad, président de la République arabe syrienne
« Je vis à Damas comme à l’accoutumée et non pas sur un navire de guerre russe ou en Iran. Si les troubles en Syrie débouchent sur la partition du pays, ou si les forces terroristes prennent le contrôle, cela fera inévitablement tache d’huile sur les pays voisins et engendrera un effet domino à travers tout le Proche-Orient et au-delà. L’agitation s’étendra à l’est, à l’ouest, au nord et au sud. Cela débouchera sur une situation d’instabilité pour des années et peut-être même pour des décennies. Les rebelles brandissent des mots d’ordre communautaires. Le conflit met aux prises les forces et les États qui veulent ramener leurs peuples dans le passé et les États qui veulent projeter leurs peuples vers un avenir prospère. Erdogan recrute des combattants grâce aux financements fournis par le Qatar. La Turquie sera brûlée par le feu syrien. Malheureusement, il ne voit pas cette réalité. Erdogan n’a pas prononcé une seule parole honnête depuis le début de la crise en Syrie. La Ligue arabe manque de légitimité. C’est une organisation qui représente les États arabes et non le peuple arabe. Elle manque de légitimité depuis longtemps parce que ces États arabes eux-mêmes ne représentent pas la volonté des peuples arabes. La France et la Grande-Bretagne ont commis des massacres en Libye avec le soutien et la couverture des États-Unis. Le gouvernement turc a du sang syrien jusqu’aux genoux. Est-ce que ces États se préoccupent vraiment du sang syrien ? »

Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie
« Je pense qu’il faut obtenir l’arrêt immédiat des hostilités, un cessez-le-feu bilatéral, et cesser les livraisons d’armes. On ne cesse de nous dire : ’La Russie fournit des armes à Assad’. Mais tout d’abord, il n’est pas interdit de livrer des armes aux gouvernements légitimes en place. Et ensuite, rien que par les aéroports limitrophes de la Syrie, comme le rapporte la presse américaine, notamment le New York Times sans doute, l’opposition a reçu, ces derniers temps, 3 500 tonnes d’armements et de munitions. Voilà ce qu’il faut arrêter. Il faut avant tout mettre les parties en conflit à la table des négociations pour qu’elles s’entendent entre elles sur le respect mutuel de leurs intérêts et sur leur participation dans l’administration future du pays. Et ensuite, il faut avancer vers l’application de ce plan avec les garanties de la communauté internationale. »

Michel Aoun, leader du Courant patriotique libre
« Le Liban vit à l’ombre d’un vide constitutionnel depuis que Michel Sleiman a été élu. M. Mikati, lui, a estimé que la prorogation du mandat du général Achraf Rifi à la tête des FSI est plus importante que le sort du gouvernement. Quant à M. Joumblatt, il est mentalement instable. J’ai rencontré dans ma vie beaucoup de druzes qui étaient tous polis, sauf Walid Joumblatt. Je ne sais pas à qui il ressemble. Il existe au Liban un combat entre le bien et le mal. Et, humblement, je représente le bien. »

Samir Geagea, chef des Forces libanaises (14-Mars)
« Tammam Salam est une personnalité modérée et jouit de qualités dont nous avons urgemment besoin en ce moment. Nous voulons la formation d’un gouvernement qui serait capable de résoudre les crises économique et sécuritaire. »

Ahmad Fatfat, député du Courant du futur
« Les forces du 14-Mars refusent de se soumettre à l’équation armée-peuple-résistance. Une majorité parlementaire a anéanti cette formule et parle actuellement de la Déclaration de Baabda. Les circonstances ne permettent pas la formation d’un gouvernement par une alliance entre le 14-Mars et le député Walid Joumblatt. Le 14-Mars est en faveur d’un gouvernement incluant toutes les parties sans qu’elles ne soient représentées directement. La décision du 14-Mars de nommer Tammam Salam à la tête du nouveau gouvernement démontre que ses membres jouissent d’un esprit consensuel. »

Grégoire III Laham, patriarche grec-catholique d’Antioche et de tout d’Orient
« Je lance un appel pathétique et plein d’amitié et d’espérance au nouveau pape : venez à l’aide de la Syrie qui ne peut plus supporter un plus long chemin de croix. Nous n’avons pas peur des musulmans ; nous avons peur de ce chaos qui prend racine de plus en plus au Moyen-Orient. C’est devenu un lieu de marchandises, la Syrie, un lieu d’où on ne fait qu’extraire de l’argent. Ca suffit les armes, les enlèvements tous les jours, les tueries ! Tout ce qui est démocratie, tout ce qui est liberté, tout ce qui est laïcité est perdu. Les gens n’en peuvent plus. »

Alexandre Loukachevitch, porte-parole du ministère russe Affaires étrangères
« La transformation de la Syrie en pôle d’attraction pour les terroristes internationaux est en train de devenir une réalité. Il s’agit d’une réalité effrayante. La Russie poursuivra ses efforts en vue du règlement le plus rapide possible de la situation en Syrie. »

Événements

• Le commandement de l’armée libanaise a annoncé dimanche avoir avorté dans la nuit de dimanche une tentative de trafic d’armes au profit d’organisations extrémistes à Aïn Zhalta, au Chouf. Selon le communiqué de l’armée, les hommes armés ont été démasqués et pris en flagrant délit, ce qui les a poussés à ouvrir le feu contre la patrouille qui a riposté. Un homme armé a été tué et un soldat blessé dans l’opération. Huit autres membres du groupe ont été arrêtés et les armes confisquées, précise l’armée qui a ouvert une enquête.

• Le bureau de presse du général Jamil Sayyed a rapporté que le Cour de cassation à Paris a confirmé la décision du juge d’instruction français concernant la traduction en justice de l’ancien ambassadeur du Liban en France, Johnny Abdo, devant le tribunal pénal pour diffamation.

• La Sûreté générale (SG) libanaise a indiqué que depuis octobre dernier, 340 000 nouveaux réfugiés syriens sont entrés au Liban. « Le Liban ne pourra pas venir seul à bout de la crise des réfugiés syriens. Il aura besoin de l’aide des pays arabes et de la communauté internationale », souligne une source de la SG.

• Le chef de la direction technologique et logistique de l’armée israélienne, Coby Barak, a déclaré hier que « a terre tremblera en Israël si les missiles du Hezbollah seront tirés vers l’intérieur du territoire, en cas de guerre avec le Liban ».

• Le Département d’État US a conseillé à ses ressortissants d’éviter de se rendre au Liban, mettant en cause la violence sectaire, les enlèvements et la tension à la frontière syrienne. « Les citoyens états-uniens vivant et travaillant au Liban doivent être conscients qu’ils prennent des risques en restant dans ce pays et devraient les réévaluer prudemment », affirme le Département d’État dans un communiqué. Le Département d’État indique qu’un brusque embrasement de la situation n’est pas exclu et que le gouvernement libanais ne sera pas capable de garantir la protection des citoyens et des visiteurs en cas de conflit. « Les accès aux frontières, aéroports, routes et ports peuvent être interrompus sans préavis, et des manifestations ont souvent lieu et peuvent dégénérer », ajoute le texte. Washington met aussi en garde contre les heurts confessionnels et les affrontements à la frontière libano-syrienne ». Les citoyens américains au Liban sont invités à suivre de près les événements en Syrie.

Revue de presse

As-Safir (Quotidien libanais proche de la majorité, 4 avril 2013)
Le patriarche maronite Mgr Béchara Raï, qui a renversé la table, a été le fer de lance de l’action engagée par les chrétiens de la majorité et de l’opposition pour enterrer la loi de 1960, au moment où les candidats de Walid Joumblatt s’apprêtaient à déposer leurs candidatures sur la base de cette loi. Joumblatt se retrouve donc dans l’embarras : tout dépôt de candidatures l’entraînera dans un face-à-face avec l’ensemble des chrétiens, et plus important encore, avec le patriarcat maronite. Après les « obsèques » de la loi de 1960, une chance a été donnée pour parvenir à une loi consensuelle dans un délai d’un mois pendant lequel « on coupera le moteur du projet orthodoxe ». Ceci signifie tout simplement que les élections ont été reportées car même si une nouvelle loi électorale est adoptée dès demain, le ministère de l’Intérieur aura besoin de six mois pour finaliser les préparatifs du scrutin. Mgr Raï a pris contact, pendant la réunion des partis chrétiens avec le président Sleiman et lui a annoncé qu’il dépêcherait auprès de lui une délégation de l’Assemblée des évêques pour l’informer de la teneur des échanges. Il s’agit d’une tentative de contourner la faille protocolaire due à l’absence de concertation en amont entre le patriarcat et Baabda.

An-Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
Samir Tueni, Paris (4 avril 2013)
Des sources diplomatiques françaises indiquent que Paris a modifié sa ligne vis-à-vis des demandes visant à inscrire le Hezbollah sur la liste européenne des organisations terroristes. La France y était défavorable pour plusieurs raisons : partie intégrante du tissu libanais, le Hezbollah est même représenté au Parlement, et Paris préfère que des individus -et non l’ensemble du parti- soient nommément désignés. Mais il semblerait que Paris ait reconsidéré sa position après que la justice chypriote eut révélé l’implication d’un membre du parti dans des opérations de surveillance en vue de mener un acte terroriste. Des révélations qui viennent s’ajouter aux conclusions de l’enquête sur l’attentat de Burgas.

An-Nahar (3 avril 2013)
Rosanna Bou Mouncef
De nombreuses sources politiques ne cachent pas leur crainte d’une crise longue et ouverte au Liban, en partie liée à la crise syrienne, qui est elle-même longue et ouverte. De plus, aucune majorité au Liban ne peut imposer sa vision à lumière de l’opposition exprimée par un camp politique. Le mécontentement affiché par le 8-Mars, qui a estimé que la démission de Najib Mikati a été ordonnée par ambassades, ou a pour but d’imposer de nouveaux rapports de force au Liban, suscite les interrogations suivantes : le 8-Mars permettra-t-il l’émergence de nouveaux équilibres ? Durcira-t-il sa position ? Ce camp n’est pas affaibli au point qu’il accepte de faire des concessions sur des questions qui sont au cœur de son discours politique.
Le 8-Mars baigne dans la confusion. Les conditions posées par le Hezbollah pour rééditer la formule armée-peuple-résistance se heurtent à des obstacles, cette équation ne disposant plus d’une majorité après que le président Michel Sleiman et le député Walid Joumblatt aient exprimé leur attachement à la « déclaration de Baabda ».
Dans ce contexte, le 14-Mars semble avoir repris en main un des clés essentielles du jeu politique libanais. Mais cela ne signifie pas que cette coalition n’est pas confrontée à des défis, car elle pourrait être incapable d’imposer l’organisation des élections à la date prévue conformément à la loi de 1960, ou de former un gouvernement neutre, comme elle le souhaite.

Al-Akhbar (Quotidien libanais proche de la majorité, 5 avril 2013)
Bassam Kantar
Le président français François Hollande s’est décidé : Georges Abdallah restera en prison jusqu’à la mort. Cette conclusion a nécessité trois mois d’hypocrisie diplomatique et de mises en scène impliquant les cours d’appel et de cassation et le tribunal d’application des peines (TAP). Mais le maquereau américain Barak Obama a de nouveau réussi à dompter la prostituée française et à porter un coup fatal au principe de libération conditionnelle. Pour la 8e fois consécutive, la France a donc décidé de garder Georges Abdallah, pris en otage à des fins de compromissions et de trocs. Bien que Me Jacques Vergès compte présenter une demande au juge du TAP pour s’enquérir de la séance prévue le 11 avril. il n’y a plus pratiquement aucun lieu d’espérer une avancée judiciaire permettant une sortie de prison de Georges Abdallah, qui devra attendre au moins un an avant d’avoir le droit de présenter sa 9e demande de libération conditionnelle.
Le verdict de la Cour de cassation a foudroyé la famille et les amis de Georges Abdallah, qui s’étaient rassemblés devant l’ambassade de France à Beyrouth. L’un des frères du militant, Joseph Abdallah a déclaré : « Ce verdict reflète la soumission de la justice française aux injonctions américaines, mais il ne poussera pas Georges et ses amis à renier leurs positions politiques, ni à abandonner la lutte pour sa remise en liberté ». Le verdict est un camouflet infligé au gouvernement libanais et à la présidence de la République. « Où est donc la dignité de la classe politique libanaise qui avait réclamé la liberté de Georges Abdallah ? Cette question s’adresse aux trois présidents et aux dirigeants des forces politiques », a-t-il lancé. Joseph Abdallah a accusé l’ambassadeur de France à Beyrouth, Patrice Paoli de « mensonge, du fait qu’il répandait l’optimisme parmi les Libanais, et se rendait dans la Békaa, au sud et au nord du pays tout en humiliant les forces politiques, qui acceptaient une telle humiliation sans broncher ». Il a par ailleurs annoncé l’arrêt des sit-in quotidiens devant l’ambassade de France, et appelé à un sit-in central jeudi prochain à midi, menaçant d’un rassemblement aux portes de l’ambassade, avant d’ajouter : « Nous empêcherons tout drapeau français de flotter au Liban, même au prix de notre sang ».

Al-Akhbar (5 avril 2013)
Hyam Kosseify
Les calculs politiques de Najib Mikati n’étaient pas pertinents : il a cru qu’il était incontournable sur l’échiquier politique libanais et qu’il serait de retour aux affaires avec le soutien indéfectible des puissances occidentales et arabes. Ces dernières ont toutefois prouvé que leur appui au gouvernement démissionnaire, loin d’être solide, n’était inspiré que par l’impératif de préserver la stabilité au Liban. Elles ont donc repris à leur compte ce que Paris avait déjà dit à Mikati en le recevant en février 2012 : « Nous recevons le chef du gouvernement libanais, quel que soit son nom ». La boucle a été bouclée jeudi : Najib Mikati était le garant de la stabilité du pays tant qu’il était Premier ministre, mais dans le cas contraire, l’alternative ne manquait pas et tous les gouvernements sont prêts à traiter avec son successeur.

Al-Akhbar (5 avril 2013)
Hassan Olleik
Le président de la République, Michel Sleiman, a vu d’un mauvais œil la réunion des chefs de file maronites mercredi à Bkerké. Il a exprimé ce mécontentement en s’abstenant de recevoir la délégation d’évêques maronites qui devait lui rendre visite. L’évêque Boulos Sayyah a toutefois déclaré à ce propos que « l’agenda chargé du président Sleiman ne permettait pas une telle visite ». La réunion au patriarcat maronite a annoncé aux chrétiens une bonne nouvelle en enterrant la loi de 1960, mais le Hezbollah en a été certainement plus ravi que les chrétiens eux-mêmes.

Al-Akhbar (4 avril 2013)
Ibrahim al-Amine
Le président Michel Sleiman a besoin qu’on lui rappelle qu’il n’a pas été élu par le peuple. Il n’a pas non plus, semble-t-il, tiré les leçons du passé. Il croit être en mesure de combler le vide législatif, exécutif, constitutionnel et judiciaire, et de décider lui-même quelle loi électorale convient aux Libanais, voire quel gouvernement doit superviser ces élections. Lorsque le gouvernement a démissionné, il a décidé qu’il lui était possible de convoquer de nouveau le Conseil des ministres et d’obliger le gouvernement d’expédition des affaires courantes à souscrire à sa proposition, pourtant rejetée, relative à la Commission de supervision des élections sans qu’il n’y ait besoin de recourir au vote. Le président essaye par ailleurs d’assurer les fonds nécessaires au ministère de l’Intérieur pour qu’il puisse procéder aux élections. Le Président, qui a ouvert les yeux sur la nécessité de respecter la Constitution, veut, en toute innocence, que les élections se déroulent à la date prévue. Mais dès lors que l’on ne s’est pas accordé sur une nouvelle électorale, pourquoi ne pas obliger les Libanais à se rendre aux urnes sur base de la loi existante, celle de 1960 ? Walid Joumblatt, lui, est un marchand ambulant qui cherche à écouler sa marchandise au meilleur prix après avoir fait la tournée des acquéreurs potentiels.

Ad-Diyar (Quotidien libanais proche du 8-Mrs)
(4 avril 2013)
L’Armée syrienne libre (ASL) commence à accélérer l’organisation de ses rangs à Tripoli, où elle a déployé ses éléments dans des appartements des régions de Malloulé, Bab el-Tebbané, Zahiriyé, Kobbé, al-Mina et al-Tall. Le quartier général de l’ASL dans la ville se trouve à Bab el-Tebbané. Le nouveau chef de l’ASL, qui n’est jamais encore apparu en public, est un général qui se fait appeler Abou Mohammad. La coordination entre les rebelles syriens et les groupes salafistes à Tripoli a commencé et les services de sécurité libanais sont au courant de toutes ces activités, ainsi que le Hezbollah, qui dispose de ses propres services de renseignements dans la région. Le commandement de l’ASL a commencé à inscrire les noms des recrues qui souhaitent rejoindre les unités militaires déployées à Denniyé et au Akkar, et qui pourraient être utilisées par les États-uniens s’ils souhaitent exercer des pressions sur le gouvernement et l’Armée libanaise. Washington a d’ailleurs demandé aux autorités libanaises de ne pas réprimer ou limiter la marge de manœuvre de l’ASL, soulignant que son attitude à l’égard du gouvernement libanais sera tributaire des agissements de ce dernier avec l’ALS. De même, les États du Golfe ont estimé que la facilitation des activités de l’ASL au Liban est une question de première importance pour eux.
Les éléments de l’ASL sont essentiellement regroupés dans la plaine de Wadi Khaled et à Akkar. Les drapeaux de l’opposition syrienne commencent à apparaitre, notamment à Halba, dans les anciens locaux des SR syriens. L’ASL érige également des check-points volants pour vérifier l’identité des passants et des automobilistes et surveille les va et viens en Syrie. À cet effet, elle a installé des postes d’observation près des passages frontaliers de Arida et Abboudiyé, au Liban-Nord.

Echourouq (Quotidien algérien, 4 avril 2013)
Une délégation gouvernementale syrienne est arrivée en Algérie pour discuter de l’éventuelle participation du pays africain aux efforts de médiation visant à mettre fin au conflit syrien. L’Algérie cherche à jouer le rôle de médiateur entre le régime de Bachar al-Assad et les rebelles afin d’arrêter la guerre. La délégation comprend cinq personnes, dont des membres du parti au pouvoir Baas, des officiers des services de sécurité et un représentant de l’administration de la province d’Alep, théâtre des combats les plus intenses entre l’armée régulière et les anti-Assad.
Contrairement aux pays du Golfe qui ont rappelé leurs ambassadeurs de Syrie, l’Algérie a maintenu son représentant à Damas et continue de fournir une aide humanitaire à la Syrie. Les efforts de médiation en Syrie sont confiés au diplomate algérien Lakhdar Brahimi, émissaire spécial de la Ligue arabe et des Nations unies. M. Brahimi était absent du dernier sommet de la Ligue arabe tenu au Qatar. Selon les médias, l’émissaire n’a pas assisté à la réunion en raison de divergences avec l’opposition syrienne et les pays la soutenant.

LebanonDebate.com (site libanais indépendant, 2 avril 2013)
De dangereuses informations que beaucoup préfèrent ne pas divulguer de crainte de leurs répercussions sur la situation sécuritaire et de peur qu’elles ne se transforment « en racisme silencieux » contre les réfugiés syriens commencent à être connues, même par chuchotement. Il semble que le fait de taire ces faits est désormais inutile. Selon des informations qui ont filtré, un dépôt d’armes, géré par neuf travailleurs syriens, a été récemment découvert dans le quartier de Basta-Tahta, à Beyrouth. Ces ouvriers étaient chargés de veiller sur le dépôt, selon des sources bien informées qui n’ont pas précisé s’ils agissaient de leur propre chef ou s’ils avaient été chargés de cette mission par des parties libanaises ou syriennes. Les mêmes sources n’ont pas indiqué si le propriétaire du dépôt était au courant des activités qui se déroulaient dans son local. Les investigations ont révélé que les travailleurs syriens transportaient par petites quantité les armes dans des matelas à des intervalles espacés afin de ne pas attirer l’attention. Des sources sécuritaires ont d’autre part rapporté qu’une cellule composée de 17 ressortissants syriens a été découvertes dans une région de la banlieue sud. Ce groupe était entièrement équipé et semblait attendre un ordre bien déterminé. Les sources n’ont pas précisé à qui est affiliée cette cellule ni le type d’armes dont elle disposait.

Ria Novosti (Agence de presse russe, 5 avril 2013)
Moscou estime que, sous pression de certains pays, le Secrétariat de l’Onu fait pratiquement échouer l’enquête sur les informations faisant état de l’utilisation d’une arme chimique en Syrie en mars dernier, déclare samedi le ministère russe des Affaires étrangères. « La conclusion s’impose selon laquelle, sous pression de certains pays, le Secrétariat de l’Onu adopte une position non constructive et inconséquente, en faisant pratiquement échouer l’enquête sur des informations concrètes et encore vérifiables concernant une utilisation éventuelle d’une arme chimique en Syrie le 19 mars dernier », lit-on dans le communiqué.
Le gouvernement syrien a annoncé mardi 19 mars que les rebelles avaient utilisé une arme chimique dans la province d’Alep, tuant 25 personnes et en blessant 110 autres. Les insurgés ont démenti ces informations, tout en accusant l’armée régulière d’avoir utilisé un missile de type Scud chargé d’agents toxiques.

Source
New Orient News