Valérie Amos (centre), sous-secrétaire générale pour les Affaires humanitaires et coordinatrice de l’Aide d’urgence, informe le Conseil de sécurité sur la situation en Syrie. A sa droite, Zainab Hawa Bangura, représentante spéciale du Secrétaire général sur les violences sexuelles durant les conflits.
UN Photo/Rick Bajornas

La séance est ouverte à 10 h 10.

Adoption de l’ordre du jour

L’ordre du jour est adopté.

La situation au Moyen-Orient

Le Président (parle en anglais) : En vertu de
l’article 37 du règlement intérieur provisoire du Conseil,
j’invite les représentants du Liban, de la République
arabe syrienne et de la Turquie à participer à la présente
séance.

En vertu de l’article 39 du règlement intérieur
provisoire du Conseil, j’invite la baronne Valerie Amos,
Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires
et Coordonnatrice des secours d’urgence ; M. António
Guterres, Haut-Commissaire des Nations Unies pour
les réfugiés ; Mme Zainab Hawa Bangura, Représentante
spéciale du Secrétaire général chargée de la question
des violences sexuelles commises en période de conflit ;
et Mme Leila Zerrougui, Représentante spéciale du
Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de
conflit armé, à participer à la présente séance.

Au nom du Conseil, je souhaite la bienvenue à
M. António Guterres, qui participe à la présente séance
par visioconférence depuis Genève.

Le Conseil de sécurité va maintenant aborder
l’examen de la question inscrite à son ordre du jour.

Je donne maintenant la parole à la baronne
Valerie Amos.

Mme Amos (parle en anglais) : La situation
en Syrie est une catastrophe humanitaire, et c’est la
population qui paie le prix de l’incapacité à mettre fin
à ce conflit. Les parties au conflit se retranchent de
plus en plus dans la rhétorique et la réalité de la guerre,
dans le plus grand mépris des conséquences sur la vie
des populations. Le Conseil a été incapable de forger le
consensus nécessaire pour trouver une solution politique
à cette crise.

La destruction d’infrastructures essentielles, dont
des écoles et des hôpitaux, la dévaluation de la monnaie,
l’augmentation du prix des denrées alimentaires, les
pénuries de carburant et d’électricité et le manque d’eau
sont ressentis par la majorité des Syriens. Les besoins
augmentent rapidement et sont les plus graves dans les
zones de conflit et les zones contrôlées par l’opposition.
Selon les derniers chiffres, 6,8 millions de personnes
sont dans le besoin, 4,25 millions sont déplacées à
l’intérieur du pays et 1,3 million ont cherché refuge
dans les pays voisins. L’effondrement économique a
entraîné l’effondrement des capacités de la population
à faire face à cette situation. Les besoins augmentent de
manière spectaculaire en même temps que les obstacles
qui empêchent d’accroître l’assistance humanitaire.

En conséquence, la question qui se pose, à nous
tous ici autour de cette table, est la suivante : quand estce
que ne pas en faire assez devient trop peu et quand
est-ce que continuer à faire trop peu devient une partie
du problème ?

Les principales villes de Syrie ont été ravagées
par le conflit : Dayr al-Zawr, Hama, Homs et Idlib sont
en ruines. Un convoi interorganisations de l’ONU qui
traversait la ligne de front à Alep la semaine dernière
a constaté la destruction extraordinaire de la ville.
Des quartiers entiers n’ont plus d’eau courante par
manque d’électricité. Les ordures s’accumulent, ce
qui fait craindre la multiplication des maladies avec
l’approche des chaleurs de l’été. On craint de plus en
plus des épidémies de diarrhées et même de choléra si
les services de base ne sont pas rétablis au plus tôt. Le
groupe s’est rendu dans un hôpital d’Alep qui aurait
traité plus de 3500 victimes de guerre. Il n’y a pas de
banque du sang et parfois, les médecins opèrent sans
anesthésie ou même sans fil de suture. L’hôpital et son
personnel sont souvent touchés pendant les combats.
Mais notre description est loin de donner au
Conseil une véritable idée des horreurs quotidiennes.
Nous avons entendu des témoignages selon lesquels
des maisons auraient été brûlées avec des familles à
l’intérieur, et des personnes auraient été visées par des
bombes et tuées alors qu’elles faisaient la queue pour
acheter du pain. C’est la réalité en Syrie aujourd’hui.

Les enfants sont parmi ceux qui souffrent le plus.
Plus de 3 millions d’entre eux ont déjà été touchés, dont
2 millions de déplacés internes. Des enfants ont été
assassinés, torturés et soumis à des violences sexuelles.
Beaucoup n’ont pas assez à manger. Des millions d’entre
eux ont été traumatisés par les horreurs qu’ils ont vues.
La brutalité du conflit ne détruit pas seulement le
présent de la Syrie, mais aussi son avenir.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les
réfugiés présentera un exposé au Conseil sur la situation
des plus de 1,3 million de Syriens réfugiés dans les pays
voisins. Comme lui, je suis préoccupée par l’impact
croissant de la crise des réfugiés sur les pays voisins,
en particulier le Liban, la Jordanie et la Turquie. Nous
devons augmenter d’urgence notre aide à ces pays pour
qu’ils puissent maintenir leurs frontières ouvertes.
Je me suis rendue en Syrie à quatre reprises au
cours de l’année écoulée. Ma dernière visite date de
janvier, et j’ai pu signaler au Conseil les domaines où
nos relations avec le Gouvernement syrien s’améliorent,
notamment l’accord permettant aux organismes
humanitaires des Nations Unies et à nos partenaires
d’avoir accès à toutes les régions du pays, et l’accord
visant à accélérer les procédures administratives en vue
de faciliter une intervention humanitaire efficace.

Je suis au regret de devoir informer le Conseil que,
depuis ma visite en janvier, les entraves bureaucratiques
se sont multipliées et limitent nos capacités d’action.
Vingt et un visas sont en attente, dont beaucoup depuis
plus de deux mois. Tous les convois d’aide ont besoin
d’un préavis de 72 heures, et il faut parfois échanger
jusqu’à 10 notes verbales pour faire approuver un seul
convoi. Récemment, la liste agréée des organisations
non gouvernementales (ONG) est passée de 110 à 29.
Seules quatre autres ONG ont été agréées cette année et,
compte tenu des difficultés administratives, une seule
d’entre elle est opérationnelle.

L’accord relatif à l’ouverture de centres des
Nations Unies dans six villes principales a été accordé
il y a plus de six mois, mais ce n’est que récemment qu’il
est devenu réalité dans deux villes, et des discussions
devraient se poursuivre pour deux autres villes. Alors
que les ONG sont autorisées à accepter des fonds
de l’ONU, chaque projet est examiné en détail par le
Ministère des affaires étrangères, et, en conséquence,
des projets qui devaient recevoir un financement en
février au titre du Fonds central pour les interventions
d’urgence attendent toujours d’être approuvés par le
Ministère des affaires étrangères.

L’importation de 22 véhicules blindés, essentiels
pour la sécurité du personnel, attend toujours d’être
approuvée. Ces dernières 24 heures, nous avons été
informés que chaque camion nécessite un permis signé
par deux ministres pour être autorisé à passer par les
points de contrôle du Gouvernement. Si je dis aux
membres du Conseil qu’un convoi qui va de Damas à
Alep passe par 50 points de contrôle, dont la moitié
sont tenus par le Gouvernement, l’impossibilité de cette
demande leur paraîtra évidente. Nous ne pouvons pas
travailler dans ces conditions.

La poursuite du conflit et la prolifération des
groupes armés ont créé en Syrie un climat extrêmement
imprévisible et dangereux, ce qui compromet les
opérations des organisations d’aide. Au cours des deux
derniers mois, l’accès aux personnes qui sont le plus
dans le besoin a diminué. Homs est un bon exemple. En
février et mars, 276 000 personnes dont les besoins sont
particulièrement pressants ont effectivement été privées
de toute assistance lorsque le Gouvernement a mis un
terme aux opérations interzones du Croissant-Rouge
arabe syrien. Nous avons constaté des restrictions
similaires à Rif Damas, Alep, Deraa et ailleurs. Ces
villes étaient toutes destinées à recevoir l’appui de
missions interzones menées par l’ONU, mais, du fait
des restrictions d’accès, le niveau de l’aide fournie est
largement inférieur aux besoins.

Dans le cas d’Alep, il importe de souligner que
contrairement à certaines idées largement répandues,
les flux d’aide traversant la frontière turque ont
considérablement diminué ces deux derniers mois. Le
principal point de passage, à Kilis, par lequel transiterait
50 % de l’aide, a enregistré une baisse d’environ
20 camions par jour, par rapport à un rythme de passage
de 50 à 80 camions par jour il y a deux mois. L’unité
de coordination de l’aide, branche humanitaire de la
coalition syrienne, a des capacités et un accès limités.
Nous ne parvenons donc pas jusqu’à ceux qui ont le
plus besoins de notre aide, à savoir les 2,5 millions de
personnes qui vivent à Alep et au nord de la ville. Le
renforcement de la coordination de l’aide ne doit pas se
faire aux dépens du Croissant-Rouge arabe syrien.

Les données dont nous disposons montrent que
les populations qui se trouvent dans les zones contrôlées
par l’opposition sont celles dont les besoins sont les
plus urgents. Nous avons le devoir et la responsabilité
d’essayer de les atteindre. Durant la récente visite que
j’ai effectuée en Turquie, j’ai été horrifiée d’entendre
que des enfants meurent de faim dans ces zones. Nous
devons acheminer l’aide jusqu’à ces zones difficiles à
atteindre. Il est difficile d’y parvenir en traversant des
zones du fait de contraintes bureaucratiques.

Le Conseil doit envisager d’autres formes
d’acheminement de l’aide, notamment les opérations
transfrontières, car de trop nombreuses vies sont
perdues. Quand je dis au Conseil que le trajet de Damas
à Alep est long de 310 kilomètres, avec les 50 points
de contrôle que j’ai mentionnés, les membres doivent
se souvenir de ce que j’ai dit à propos du fait que les
ministres doivent maintenant signer un document
autorisant le passage de chaque camion – le trajet de
Kilis à Alep n’est long que de 56 kilomètres.

Dans tout le pays, les convois humanitaires sont
régulièrement attaqués ou visés par des tirs, et leur
personnel est victime d’intimidations ou d’enlèvements.
Par exemple, le 21 mars, un convoi de l’Organisation
mondiale de la Santé (OMS), qui transportait une
assistance médicale destinée à 80 000 personnes, a été
détourné par un groupe armé alors qu’il se rendait de
Tartous à Alep, et toutes les fournitures ont été volées.
Pourtant, en dépit de cette menace, les travailleurs
humanitaires continuent de s’acquitter de leur mission
cruciale.

Je tiens à rendre un hommage particulier au
travail accompli par les volontaires du Croissant-Rouge
arabe syrien. Ils font montre d’un dévouement, d’une
impartialité et d’un courage incroyables depuis le
début du conflit. Nombre d’entre eux n’hésitent pas à
risquer leur vie chaque jour pour aider les populations
qui en ont besoin, qu’elles se trouvent dans des zones
contrôlées par le Gouvernement ou l’opposition.

Dix-huit ont été tués en accomplissant leur mission
humanitaire. Compte tenu du réseau dont il dispose
dans tout le pays et de sa capacité à négocier l’accès à
presque toutes les zones touchées, le Croissant-Rouge
arabe syrien est un partenaire inestimable de l’ONU
et des autres organisations humanitaires présentes en
Syrie. Il l’a encore prouvé durant la mission menée à
Alep le weekend dernier, lorsque ses volontaires ont
été accueillis des deux côtés de la ligne de front. Nous
devons tous appuyer le Croissant-Rouge arabe syrien.
La Syrie en a besoin.

La présence et l’action des organismes des
Nations Unies en Syrie ont connu un profond
changement qualitatif et quantitatif, notamment avec
la création d’un centre à Homs. Le déploiement d’un
coordonnateur résident principal de l’aide humanitaire
chargé de superviser l’action dans ce domaine a
enfin été approuvé par le Gouvernement et devrait se
concrétiser dans les semaines à venir. En mars, l’aide
alimentaire fournie par le Programme alimentaire
mondial a atteint près de 2 millions de personnes dans
tout le pays, dont un grand nombre se trouvent dans
des zones contrôlées par l’opposition. L’UNICEF et
ses partenaires sont parvenus à fournir de l’eau potable
à plus de 5 millions de personnes, et leur objectif est
d’en fournir à 5 millions de personnes supplémentaires
dans les mois à venir en chlorant l’eau et en réparant
les systèmes urbains et ruraux d’approvisionnement en
eau. L’OMS et ses partenaires appuient la fourniture
de services de santé primaires et secondaires à environ
2,7 millions de Syriens. L’Office de secours et de travaux
des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans
le Proche-Orient continue d’aider les 400 000 réfugiés
palestiniens, dont un grand nombre risquent de devoir
se déplacer à l’avenir.

Je signale également une légère amélioration
de la situation financière depuis le dernier exposé
que j’ai présenté au Conseil. Près de la moitié du
1,5 milliard de dollars nécessaire pour couvrir les
besoins humanitaires de la Syrie jusqu’en juin a été
reçue, et les 300 millions de dollars promis par le
Gouvernement koweïtien en janvier ont récemment été
alloués – versement bienvenu et opportun de la part de
l’Émir du Koweït. Je prie les États Membres qui n’ont
pas encore versé les contributions financières promises
à la conférence de le faire de toute urgence.

Je ne saurais trop insister sur la gravité de la
situation en Syrie. Je n’ai pas de réponse à donner aux
Syriens que j’ai rencontrés et qui me demandent pourquoi
le monde les a abandonnés. Alors que la situation
humanitaire sur le terrain devient chaque jour plus
désastreuse, les limitations sur le terrain nous ont forcés
à nous rapprocher dangereusement d’une suspension de
certaines opérations humanitaires capitales.

Nous approchons du point de non-retour.

Les membres de la communauté internationale, en
particulier les membres du Conseil, doivent d’urgence
s’unir pour venir en aide au peuple syrien. Le Conseil de
sécurité doit en priorité trouver des moyens de réduire
le niveau de violence et de mettre un terme au carnage.
Les parties doivent se rappeler qu’elles ont l’obligation
de protéger les civils et de respecter le droit international
humanitaire. Les conséquences des violations de ces
règles doivent être clairement expliquées à tous les
acteurs concernés. La protection des installations et du
personnel de santé et des patients doit notamment être
assurée à tout moment. Les parties doivent démilitariser
les hôpitaux et, durant les hostilités, prendre toutes
les précautions nécessaires pour éviter de toucher des
installations ou du personnel de santé.

Le Conseil doit également demander aux parties
de garantir un accès sûr et sans entrave des organismes
d’aide aux populations qui en ont besoin dans toutes
les régions de la Syrie. Il n’est pas acceptable que les
travailleurs humanitaires continuent d’être pris pour
cible alors qu’ils tentent de secourir la population. Si
certaines routes ne sont pas sûres, les parties ont la
responsabilité d’en trouver d’autres, notamment en
traversant les frontières internationales.

Nous attendons tous du Conseil qu’il garantisse
la paix et la sécurité des peuples du monde. Je lance
cet appel non seulement au nom du peuple Syrien, mais
également de tous les acteurs qui tentent de l’aider.
Nous perdons espoir. Nous ne pouvons pas faire notre
travail correctement. Nous attendons du Conseil qu’il
prenne les mesures nécessaires pour mettre un terme à
ce conflit brutal.

Le Président (parle en anglais) : Je remercie
Mme Amos de son exposé.

Je donne maintenant la parole à M. Guterres.

M. Guterres (parle en anglais) : Je tiens, tout
d’abord, à remercier le Conseil de sécurité de me donner
une nouvelle occasion de lui décrire la crise des réfugiés
syriens.

En relisant le texte de ma dernière intervention,
qui date de février, je suis presque tenté de limiter ma
présente déclaration à 10 secondes. Tout ce que j’ai dit
la dernière fois demeure vrai, mais la situation s’est
considérablement aggravée. Si rien n’est fait sur le plan
politique, la situation va continuer d’empirer dans les
mois à venir.

En décembre, les réfugiés fuyaient la Syrie à un
rythme d’environ 3 000 par jour. Ce nombre est passé
à 5 000 en janvier, et 8 000 personnes traversent les
frontières syriennes chaque jour depuis février, ce qui
représente au total 400 000 nouveaux réfugiés depuis
mon dernier exposé il y a sept semaines.

À la date d’hier, si l’on ne compte que ceux qui ont
été recensés ou qui attendent de l’être, 1 367 413 Syriens
étaient réfugiés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Si l’on y ajoute les personnes déplacées, un quart des
habitants de la Syrie ont dû quitter leurs maisons. Le
sort des réfugiés palestiniens demeure aussi dramatique
qu’au moment de mon dernier exposé.

Cependant, ces statistiques brutes ne
traduisent guère les terribles souffrances d’un peuple,
l’effondrement progressif d’un État et la destruction
physique d’un pays.

Soyons très clairs : il n’existe pas de solution
humanitaire à la crise syrienne. C’est pourquoi il
est tellement tragique qu’il n’y ait pas le moindre
progrès vers un règlement politique. Nous sommes par
conséquent forcés, nous, les travailleurs humanitaires,
de continuer de planifier l’impossible. Avec nos
60 organisations partenaires et les pays d’accueil, le
Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
prépare actuellement la cinquième version de notre plan
d’intervention régional afin d’aider le nombre toujours
croissant des réfugiés. Valerie Amos, la Coordonnatrice
des secours d’urgence, conduit de son côté des efforts
analogues pour actualiser le plan d’aide humanitaire à
l’intérieur de la Syrie.

Ce processus se poursuit mais les chiffres
préliminaires dont nous disposons pour la planification
sont terrifiants. Si rien ne change, il pourrait y avoir au
rythme actuel jusqu’à 3,5 millions de réfugiés syriens
d’ici la fin de cette année, et jusqu’à 6,5 millions de
personnes pourraient avoir besoin d’aide humanitaire à
l’intérieur du pays. Cette situation n’est pas seulement
effrayante, elle risque de devenir intenable. Il n’y a pas
moyen de répondre correctement aux énormes besoins
humanitaires que ces chiffres représentent et il est
difficile d’imaginer comment un pays peut endurer
autant de souffrances.

Je sais que, en tant que Haut-Commissaire pour
les réfugiés, je devrais limiter mes observations à la
portée de mon mandat. En tant que citoyen du monde,
toutefois, je ne peux m’empêcher de demander s’il n’y a
pas une façon de faire cesser ces combats pour ouvrir
la porte à une solution politique. Mais tandis que nous
continuons d’attendre qu’un miracle se produise, il est
de notre devoir de faire tout ce qui est en notre pouvoir
pour protéger, assister et respecter la dignité de tous
les Syriens qui ont cherché à se mettre en sécurité à
l’étranger, principalement en Jordanie, au Liban, en
Turquie et en Iraq.

Pour que cela soit possible, tous les acteurs
humanitaires concernés ont besoin d’un soutien
financier incommensurablement plus élevé que les
budgets dévolus par les donateurs habituels à l’aide
humanitaire. Avec mes collègues de l’UNICEF, du
Programme alimentaire mondial et du Bureau de la
coordination des affaires humanitaires, j’ai demandé
aux gouvernements et aux parlements d’établir des
mécanismes de financement extraordinaire pour faire
face à la crise syrienne. Je suis également extrêmement
reconnaissant au Gouvernement du Koweït de la
généreuse contribution qu’il a faite récemment aux
organismes d’aide multilatérale et j’espère que d’autres
suivront cet exemple. Nous ne pouvons laisser tomber le
peuple syrien. Le peuple syrien, qui s’est toujours montré
extrêmement généreux dans son accueil des réfugiés
de Palestine et d’Iraq, en partageant systématiquement
ses ressources avec eux, a maintenant besoin de notre
soutien.

La Syrie, c’est bien davantage qu’une crise
humanitaire. Dans ma dernière intervention devant
le Conseil, j’ai parlé du risque réel que le conflit
ne s’étende à toute la région et que la situation ne se
transforme en catastrophe humanitaire, politique et
sécuritaire totale qui déborderait complètement les
capacités internationales d’intervention.

La première mesure qui s’impose pour éviter
cette escalade est de fournir un soutien massif, au
niveau de la communauté internationale, aux deux
pays en particulier qui subissent le plus fort impact du
conflit syrien et de l’afflux de réfugiés qu’il a provoqué,
à savoir : la Jordanie et le Liban.

Tous les voisins de la Syrie ont besoin de la
solidarité internationale et l’on ne doit pas oublier que la
Turquie, en particulier, consent un énorme investissement
financier de plus de 750 millions de dollars rien
qu’en aide directe à plus de 300 000 réfugiés syriens.
Toutefois, la Jordanie et le Liban, qui accueillent
chacun environ un tiers de la population de réfugiés
immatriculés dans la région, doivent recevoir un soutien
tout particulièrement solide.

Pour le Liban, la crise syrienne est devenue une
menace existentielle. La population a augmenté de
plus de 10 %, rien qu’en comptant les réfugiés syriens
immatriculés. La plupart d’entre eux sont installés dans
les régions les plus pauvres du pays. Si l’on tient compte
des réfugiés qui ne se font pas immatriculer et des
travailleurs migrants syriens, certains estiment même
que les Syriens représenteraient maintenant jusqu’à un
quart de la population libanaise.

Les réfugiés sont logés dans des familles locales
et dispersés dans près de 1200 villes et villages. Certains
foyers libanais accueillent plus de 25 Syriens sous
leur toit. La sagesse politique des dirigeants libanais a
permis de maintenir jusqu’à présent le pays en dehors du
conflit syrien. Mais les incidents le long de la frontière
posent un problème sérieux au Liban. Outre qu’il doit
faire face aux conséquences économiques désastreuses
des troubles internes de son voisin, le Liban n’a reçu
aucun soutien international direct depuis des mois. Il
faut d’urgence y remédier. La solidarité internationale
doit être à la mesure de l’énorme effort consenti par le
pays pour adapter sa réponse à l’importance de la crise
syrienne et pour gérer les conséquences vertigineuses
qu’elle a sur l’économie libanaise et le délicat équilibre
social et politique du pays.

Le conflit voisin met également à rude épreuve
la Jordanie. Complètement tributaire des importations
d’énergie, l’économie jordanienne, avec la pénurie d’eau
qui est en train de se transformer en problème majeur,
connaissait déjà des difficultés avant que les troubles
n’éclatent en Syrie. Mais la situation est devenue de plus
en plus précaire depuis 2011. Comme dans le cas du
Liban, la crise syrienne a provoqué une chute importante
des recettes provenant du commerce, du tourisme et de
l’investissement étranger, qui a été encore aggravée par
les conséquences d’un afflux très important de réfugiés.

Les indicateurs économiques de la Jordanie
sont inquiétants, avec des niveaux de déficit public
et extérieur insoutenables, et le pays a dû appliquer
de sévères mesures d’austérité. J’en appelle à la
communauté internationale pour qu’elle apporte à la
Jordanie le soutien financier considérable dont celleci
a besoin, étant entendu qu’il lui faut pour s’adapter
économiquement à la situation une marge de manoeuvre
suffisante pour empêcher tout excès d’agitation sociale
de nature à mettre entièrement en péril la stabilité du
pays.

Je sais par expérience, dans le cadre de
mon propre pays, ce que signifie l’austérité et les
conséquences qu’elle a sur la société. Mais en Jordanie,
le contexte régional est infiniment plus fragile qu’en
Europe du Sud et les risques sociaux et politiques sont
incomparablement plus élevés.

Il est crucial d’aider les voisins de la Syrie à faire
face aux retombées humaines de ce terrible conflit
si l’on veut préserver la stabilité de toute la région. Il
ne s’agit pas juste d’une nouvelle crise de réfugiés :
ce qui se passe en Syrie et dans les pays voisins est
potentiellement plus lourd de conséquences, sur un
rayon beaucoup plus large, et même à l’échelon mondial.

En maintenant leurs frontières ouvertes à des milliers de
réfugiés fuyant leur pays jour après jour, la Jordanie, le
Liban, la Turquie et les autres rendent un extraordinaire
service à la communauté internationale. Ne pas donner
à ces pays le soutien dont ils ont besoin pour pouvoir
continuer d’offrir un asile à tant de Syriens en détresse
tiendrait non seulement de l’abandon d’un peuple et de
toute une région, mais également de l’aveuglement total
du monde à ses propres intérêts.

Le Président (parle en anglais) : Je remercie
M. Guterres de son exposé.

Je donne maintenant la parole à Mme Bangura.

Mme Bangura ( parle en anglais) : Je vous
remercie, Monsieur le Président, de cette occasion qui
m’est donnée d’informer le Conseil de sécurité ainsi que
de l’appui sans faille que vous continuez d’apporter à la
lutte contre la violence sexuelle liée aux conflits.

Je suis venue aujourd’hui faire un plaidoyer au
Conseil au nom des victimes de la violence sexuelle en
Syrie. Ces victimes ont subi des viols, des tortures et des
humiliations. Elles sont soit déplacées à l’intérieur du
pays soit réfugiées. Elles ne peuvent se faire entendre, et
elles ne figurent dans aucune statistique. Nous estimons
qu’elles se comptent par centaines, parmi les survivants,
mais il s’agit peut-être de la partie émergée de l’iceberg.
Les femmes et les filles des populations déplacées
par le conflit nous expliquent que la violence sexuelle, y
compris le viol, sont l’une des principales raisons pour
lesquelles elles ont fui leur foyer et quitté le pays. On
nous rapporte que des filles sont violées devant leur
père, que des femmes sont violées devant leur mari.
Nous savons que tant les forces gouvernementales que
les combattants de l’opposition enlèvent des femmes
pour obtenir des renseignements, en les utilisant
parfois comme moyen de pression pour faire libérer des
prisonniers. Dans un conflit de plus en plus sectaire,
où les violations sont de plus en plus militarisées, la
présence de combattants étrangers venus se joindre aux
groupes armés de l’opposition, y compris de combattants
affiliés à des groupes islamistes, a accru la vulnérabilité
des civils et le risque de viols de représailles à leur
encontre.

En début d’année, en février, lors d’une séance
d’information au Conseil de sécurité, j’ai attiré l’attention
des membres sur les cas de violence sexuelle mis en
exergue dans le rapport de la commission internationale
d’enquête sur la Syrie. La commission a constaté de
nombreux cas de violences sexuelles commises par les
forces gouvernementales et les chabbiha, qui recourent
notamment à la violence sexuelle dans le cadre des
détentions, ciblent les membres de la famille des
combattants de l’opposition, et violent des femmes et
des filles lors de fouilles de maisons et aux points de
contrôle, autant d’actes pouvant constituer des crimes
contre l’humanité ou des crimes de guerre.

La Commission, dans son rapport de mars, a
signalé que ces phénomènes généralisés de violences
sexuelles se poursuivaient. À titre d’exemple, un cas a
été signalé dans lequel entre 25 et 60 femmes ont été
débarquées de force d’un bus et détenues par les forces
gouvernementales, qui, selon de multiples témoignages,
leur auraient infligé des sévices sexuels.

La pratique systématique de la violence sexuelle
en détention, dans le cadre d’une politique organisée
contre les femmes, les hommes et même les enfants,
est également épouvantable. Un garçon de 14 ans a
été menacé de viol pendant son interrogatoire, tandis
qu’une fille de 14 ans, dont la mère avait des liens
avec l’opposition, a été enlevée dans la rue par quatre
hommes, dont deux étaient en uniforme militaire. La
jeune fille a été retenue captive pendant plusieurs jours.
Pendant son interrogatoire, elle a été frappée avec un
câble électrique, a reçu des injections et a subi des
brûlures de cigarette sur sa poitrine. Elle a été privée de
nourriture et d’eau pendant de longues périodes, puis a
été violée par quatre hommes. Après avoir été libérée,
la jeune fille a été conduite hors du pays. Depuis, elle a
tenté à trois reprises de se suicider.

Quels crimes ont commis ces enfants ? Le garçon
aurait pu être notre fils ; l’adolescente aurait pu être
notre fille. Nous savons que la guerre peut parfois être
cruelle, mais l’on ne pourra jamais accepter qu’elle soit
menée sur le corps de femmes et d’enfants – en les
humiliant, en les punissant et en les soumettant à la
terreur absolue.

En réponse à l’exposé que j’avais fait au Conseil
de sécurité en février, le Gouvernement syrien m’a
fait part, dans une lettre, des détails de certains cas
d’enlèvements, d’actes de violence sexuelle et de
torture ainsi que d’autres violations graves des droits de
l’homme perpétrés par les combattants de l’opposition,
et m’a fourni des informations sur les arrestations
de certains des auteurs de ces actes par les forces de
sécurité syriennes. La Fédération internationale des
ligues des droits de l’homme a interrogé un Syrien
qui avait assisté à l’enlèvement d’une jeune fille par
des éléments de l’Armée syrienne libre. La fille a été
violée puis tuée. Son corps a été jeté devant sa maison,
l’acte étant prétendument attribué à l’armée syrienne.

J’engage vivement les chefs de l’Armée syrienne libre et
d’autres groupes armés à mettre fin à ces violations, à
donner des directives claires aux officiers responsables
par l’intermédiaire de la chaîne de commandement
afin de prévenir la violence sexuelle, et de tenir pour
responsables ceux qui commettent, ordonnent ou
tolèrent ces crimes.

Je demande en outre instamment au Président Al-
Assad, dans les termes les plus forts, de faire en sorte
que toutes les personnes détenues par le Gouvernement
soient traitées humainement, conformément au droit
international humanitaire et des droits de l’homme.

Je réitère mon appel aux autorités syriennes pour
qu’elles enquêtent sur toutes les allégations de violences
sexuelles et fassent répondre de leurs actes tous les
responsables.

Les responsables que j’ai évoqués savent que
le monde les surveille. Ils savent que la communauté
internationale tiendra les auteurs de ces actes odieux
pour responsables. Ils peuvent livrer de fausses
informations et mentir, mais le message que je leur
adresse est clair : il se peut que la justice soit retardée,
mais elle ne sera pas déniée. Nous les poursuivrons par
tous les moyens, nous les retrouverons, et un jour nous
les traduirons en justice.

C’est une terrible vérité que la violence sexuelle
mutile les survivants non seulement physiquement,
mais aussi psychologiquement et socialement, laissant
des séquelles profondes et durables. En raison de la
stigmatisation qui frappe les victimes, les crimes sont
rarement signalés. Les victimes sont exposées aux
crimes d’honneur commis par les membres de leur
famille ou courent le risque d’être mariées de force
à leurs violeurs. Les survivantes ont le sentiment
qu’elles préfèrent être tuées plutôt que violées. En effet,
beaucoup d’entre elles ont essayé de se suicider.

En nous efforçant de mettre fin aux conflits, nous
ne devons pas oublier nos obligations envers les victimes
de violences sexuelles. Elles ont besoin de soutien pour
reconstruire leur vie, notamment d’un accès urgent aux
services médicaux d’urgence, y compris les services de
prévention de la grossesse, du VIH et d’autres infections
sexuellement transmissibles, ainsi que d’une assistance
juridique et d’une aide sociale. L’ONU et certaines
organisations non gouvernementales partenaires mettent
en place des services et des mécanismes d’orientation
et de coordination dans certains pays voisins, mais un
appui plus important et un financement plus ciblé sont
nécessaires. L’une des priorités est d’établir des centres
médicaux dans les zones frontalières pour soigner les
blessures de guerre, y compris celles résultant d’actes
de violence sexuelle. Il est également impératif que les
services destinés aux victimes soient disponibles et
accessibles à l’intérieur de la Syrie.

Comme nous venons de l’apprendre de mes deux
collègues, des milliers de personnes fuient la Syrie
chaque jour vers les pays voisins en quête de sécurité
et de protection, mais elles restent vulnérables. Dans
plusieurs camps de réfugiés, une tendance navrante
au mariage forcé des jeunes filles syriennes a vu le
jour, les familles cherchant à alléger le fardeau des
personnes à charge pesant sur leurs maigres ressources.

Cependant, je me réjouis d’entendre qu’au moins dans
un camp de Jordanie les familles rejettent les offres de
mariage faites par des étrangers et préfèrent retarder le
mariage de leurs filles compte tenu de l’instabilité de la
situation. Les allégations de traite de jeunes femmes et
de filles deviennent également plus fréquentes, tandis
qu’une grave pénurie de services médicaux et d’aide
psychologique persiste.

Il y a également en Syrie des individus moins
visibles et moins écoutés, mais qui n’en sont pas moins
vulnérables – à savoir les Syriens déplacés dans leur
propre pays, dont beaucoup, comme l’a indiqué ma
collègue, Mme Amos, restent hors de portée de l’aide
internationale et échappent à l’attention des médias.
Que savons-nous des violations des droits de l’homme
commises contre les femmes et les enfants déplacés ?
Quelles mesures pouvons-nous mettre en place pour
prévenir et combattre les violences sexuelles perpétrées
contre eux ?

Comme je l’ai vu récemment en Somalie, la nature
précaire des camps et zones d’installation de personnes
déplacées, la présence d’hommes armés à l’intérieur et
autour de ces camps, et le fait que la population du camp
se compose essentiellement de femmes célibataires, de
familles dirigées par des femmes et de veuves signifie
qu’elles sont des proies faciles aux violences sexuelles.

Il est impératif que le Gouvernement permette l’accès
aux observateurs des droits de l’homme pour qu’ils
témoignent, ainsi qu’aux prestataires de services pour
qu’ils soient en mesure de s’occuper des victimes de
violences sexuelles.

Maintenant que nous avons vu et discuté, il est
temps d’agir concrètement. Ma détermination à lutter
contre la violence sexuelle liée aux conflits est renforcée,
et j’ai l’intention de me rendre en Syrie dès que possible.
Pour ma part, j’ai l’appui du Conseil de sécurité et le
soutien, exprimé dans une déclaration signée la semaine
dernière, du Groupe des Huit. C’est pourquoi, au nom
des victimes, j’exhorte une fois de plus les membres
du Conseil de sécurité et les gouvernements ayant une
influence sur les parties au conflit à faire montre de leur
engagement et leur détermination de manière concrète
en mettant fin au carnage et en protégeant le peuple
syrien, en particulier les femmes et les enfants.

Le Président (parle en anglais) : Je remercie
Mme Bangura de son exposé.

Je donne maintenant la parole à Mme Zerrougui.

Mme Zerrougui (parle en anglais) : Je voudrais
commencer par vous remercier, Monsieur le Président,
de me donner l’occasion de prendre la parole devant
le Conseil de sécurité aujourd’hui. Le conflit syrien,
qui entre maintenant dans sa troisième année, est une
catastrophe pour la population civile. Les enfants sont
ceux qui ont le plus souffert et par les moyens les plus
effroyables. L’urgence, c’est la crise qui éprouve les
enfants. Plus de 3 millions d’enfants à l’intérieur de la
Syrie sont actuellement touchés, dont près de 2 millions
sont déplacés à l’intérieur du pays. En outre, plus de
600 000 enfants sont réfugiés dans la sous-région.

Même si nous ne pourrons jamais connaître
l’ampleur des violations commises contre les enfants
tant que le conflit continuera de faire rage, des milliers
d’enfants ont été tués et des milliers d’autres blessés et
mutilés dans les combats en cours. Des enfants ont été
tués dans leurs maisons et dans leurs écoles ; d’autres
sont morts en essayant d’atteindre des hôpitaux ou en
se cachant dans des abris. L’utilisation d’armes à sousmunitions
a fait perdre mains, bras ou jambes à des
centaines d’enfants. Il est également préoccupant de
voir que les enfants ayant besoin de soins médicaux
d’urgence n’ont souvent pas accès à une assistance
médicale adéquate. Plus de la moitié des établissements
de santé de la Syrie sont endommagés ou ne peuvent
pas être atteints en toute sécurité, et environ 40 % des
hôpitaux ne sont pas en état de fonctionner.

De nombreux enfants ont raconté comment ils
avaient passé des jours dans des hôpitaux de fortune et
avaient dû voyager dans des conditions très difficiles
pour atteindre les hôpitaux situés dans des zones sûres
ou dans les pays voisins. Depuis le début du conflit,
le système éducatif a été profondément touché, car de
nombreuses écoles sont soit occupées par les parties
belligérantes soit endommagées ou détruites. En outre,
nous avons reçu des informations selon lesquelles des
enseignants ont soit été tués, ou ont reçu des menaces
et ont dû fuir. Selon des chiffres récents, environ
2 500 écoles ont été endommagées ou détruites, et
environ 2 000 écoles sont utilisées pour héberger les
personnes déplacées. Dans certaines régions, cela fait
plus de 18 mois que les enfants ne vont pas à l’école. Dans
le gouvernorat d’Alep, le taux de fréquentation scolaire
est tombé à 6 %. L’insécurité a particulièrement porté
atteinte à la scolarisation des filles. Des générations
futures de Syriens sont privées du droit d’apprendre en
paix.

Comme je l’ai déjà indiqué, les enfants réfugiés
à l’intérieur de la Syrie se trouvent dans une situation
difficile. Des enfants palestiniens et d’autres enfants
réfugiés ont été tués ou ont été contraints de fuir leurs
foyers et vivent dans des camps de déplacés dans des
conditions difficiles. Seuls 35 % d’enfants palestiniens
peuvent aller à l’école aujourd’hui, et beaucoup ont fui
vers les pays voisins parce qu’ils craignent pour leur
sécurité. Lorsque je me suis rendu à Damas en décembre
dernier, j’ai rencontré de nombreux enfants palestiniens
déplacés qui vivent dans le camp de Yarmouk, dans des
conditions épouvantables. Aujourd’hui, la situation sur
le plan de la sécurité à Yarmouk est précaire, et je ne
peux m’empêcher de penser à ces enfants et à la peur et
l’angoisse qu’eux-mêmes et leurs familles connaissent
chaque jour.

Dans le contexte du conflit actuel, qui semble
interminable, les enfants courent un risque croissant
d’être recrutés et utilisés, directement ou indirectement,
par toutes les parties au conflit. Mon Bureau a recueilli
des informations faisant état de l’utilisation par des
groupes d’opposition d’enfants – qui parfois ont à peine
10 ans – comme porteurs, messagers ou combattants.

Mon Bureau a également reçu des informations selon
lesquelles des enfants auraient été utilisés comme
boucliers humains par les forces gouvernementales.
J’appelle toutes les parties à prendre immédiatement
des mesures pour mettre un terme à toute implication
d’enfants dans le conflit.

L’usage disproportionné de la force et le fait que
les combats se déroulent en grande partie dans des zones
civiles, sans aucune mesure de précaution et à l’aide
d’armes frappant aveuglément et sans discrimination,
ont des effets graves sur les enfants victimes de
bombardements et d’autres violences, mais aussi d’une
manière plus générale sur le tissu social qui protège
les enfants, leurs familles et d’autres personnes qui
s’occupent d’eux. J’ai personnellement été témoin des
cas de destructions extrêmes dans des zones civiles à
Homs et Rif Dimachq au cours de ma dernière visite. En
outre, ces terribles violences ont de graves répercussions
sur les enfants en Syrie et auront des effets durables
sur l’avenir du pays. Lors de ma dernière visite, tous
les enfants et les familles avec qui j’ai eu l’occasion de
m’entretenir racontaient des histoires horribles de mort
et de destruction – un cycle de violence sans fin.

Je suis ici non seulement pour parler au Conseil
des conséquences terribles du conflit sur les enfants en
Syrie, mais aussi pour le prier d’en faire davantage pour
que toutes les parties assument leurs responsabilités
et protègent les enfants en Syrie. Mes collègues ont
expliqué en détail comment l’ONU et ses partenaires
disposent d’une marge de manoeuvre de plus en plus
réduite pour fournir une assistance vitale. Cependant,
nous poursuivons nos efforts en faisant ce qu’il faut et
ce que nous pouvons, dans des circonstances difficiles.

J’ai eu des entretiens le Gouvernement et les forces
d’opposition ; ils m’ont tous donné des assurances à ce
sujet, mais la marge de manoeuvre pour donner suite à ces
engagements est de plus en plus réduite. En particulier,
je voudrais demander au Conseil de rappeler à toutes les
parties la responsabilité qui leur incombe de prévenir
les violations à l’encontre des enfants en période de
conflit et de prendre publiquement des engagements à
cet égard.

Le Gouvernement doit s’engager à prendre
toutes les précautions nécessaires pendant les combats
pour éviter que des enfants ne soient tués ou blessés,
à s’abstenir d’utiliser des armes lourdes dans des
zones civiles, à cesser immédiatement d’avoir recours
à des boucliers humains et à enquêter sur toutes les
allégations à cet égard. En outre, le Gouvernement doit
assurer la sécurité de tous les établissements sanitaires
et éducatifs dans les zones sous son contrôle.

Les forces de l’opposition doivent honorer
leurs engagements à respecter le droit international
humanitaire applicable et, en particulier, coopérer avec
les Nations Unies concernant leur engagement à régler
la question des enfants qui servent dans leurs rangs.
Une action urgente de la part du Conseil en faveur
de ces enfants ne saurait attendre un jour de plus, car
chaque jour qui passe emporte d’innombrables vies.

Le Président (parle en anglais) : Je donne
maintenant la parole au représentant de la République
arabe syrienne.

M. Ja’afari (République arabe syrienne) ( parle
en arabe) : Monsieur le Président, tout d’abord, je
voudrais vous remercier de la compétence avec laquelle
vous dirigez les travaux du Conseil de sécurité ce moisci.
Par la même occasion, je voudrais remercier tous les
orateurs qui ont fait des exposés au cours de la présente
séance.

Aujourd’hui, le peuple syrien célèbre le soixanteseptième
anniversaire de l’indépendance de la Syrie,
indépendance arrachée aux colonisateurx français. Je
voudrais saisir l’occasion que m’offre ma présence à
la table du Conseil de sécurité pour rendre hommage à
l’âme du premier martyr qui est tombé en luttant contre
le colonisateur, Youssef Al-Azmeh, qui était alors
Ministre de la défense. Je tiens à l’assurer que l’héritage
qu’il a légué au peuple syrien est en de bonnes mains.
Comme chacun le sait, les habitants de ma patrie,
la Syrie, rejettent l’occupation, la domination et la
servitude. Quiconque s’imagine, même pour un instant,
nous faire revenir en arrière, se nourrit d’illusions. En
effet, le peuple syrien, qui a à son actif des milliers
d’années d’histoire, ne laissera quiconque – aussi
grand et puissant qu’il soit, agissant ouvertement
ou clandestinement, ancien ou nouveau, proche ou
éloigné – porter atteinte à sa souveraineté, à sa dignité,
à son indépendance politique et son unité nationale.
Même si les citoyens syriens expriment leur patriotisme
différemment, ils sont tous déterminés à rester unis face
à toute tentative visant à porter atteinte à la dignité de
la Syrie, à son indépendance politique et à ses principes
nationaux bien établis.

Permettez-moi de remercier Mme Valerie Amos,
Mme Margaret Chan, Mme Ertharin Cousin, M. António
Guterres et M. Anthony Lake pour l’appel qu’ils ont
lancé dans le New York Times du 15 avril au nom de
l’Organisation des Nations Unies. Nous nous félicitons
du sentiment humanitaire qu’ils ont exprimé envers la
Syrie et son peuple. Nous aurions souhaité que cet appel
aborde les questions fondamentales qui sont à l’origine
des souffrances du peuple syrien, ainsi que la question
des mesures unilatérales, coercitives et illégales qui lui
sont imposées. Nous aurions également souhaité que cet
appel mentionne l’impact sur les Syriens des dangers,
des défis et des menaces résultant de la propagation
du terrorisme international sur le territoire syrien, et
les conséquences de ce terrorisme aveugle telles que
les massacres, les déplacements de populations et la
destruction non seulement des infrastructures et des vies
humaines, mais aussi de tout ce que la Syrie représente
dans la région, à savoir, la coexistence, l’harmonie
sociale, la tolérance religieuse et la diversité ethnique et
culturelle. Le rôle de la Syrie est de maintenir l’équilibre
dans une région du monde instable et sensible. Les
nombreux atouts de la région sont foulés au pied par
la convergence meurtrière de l’ignorance des Arabes et
des intérêts d’Israël et de ses protecteurs.

La crise syrienne a mis au jour les graves
défaillances du système de relations internationales
et des mécanismes d’application des principes du
droit international et des dispositions de la Charte
des Nations Unies. Tous les défis et dangers auxquels
les Syriens sont confrontés sont examinés selon une
politique de deux poids deux mesures sans précédent et
dans un climat d’hypocrisie politique scandaleux. Il est
désormais bien clair que les mécanismes internationaux
fonctionnent d’une manière sélective. Le terrorisme
aveugle qui frappe mon pays trouve parmi nous des
partisans zélés : ceux qui cherchent à lui donner une
légitimité dans les médias, ainsi qu’au plan politique et
diplomatique. Ils légitiment ce terrorisme en prétextant
qu’il relève d’un mouvement dans mon pays, tout en
prétendant lutter contre ce même terrorisme au Mali,
dans le Sahel et en Libye.

D’autres aussi défendent et cherchent à légitimer
le statut légal du blocus économique qui asphyxie mon
pays et entraîne la détérioration des conditions de vie de
sa population, tandis que l’Union européenne envisage
d’acheter du pétrole syrien, qui appartient de droit au
peuple syrien, à des groupes terroristes qui contrôlent
des puits de pétrole. Je voudrais saisir cette occasion pour
dire que le Gouvernement syrien signalera au Conseil
tous ceux qui financent le terrorisme dans mon pays en
achetant à des groupes terroristes du pétrole volé ou de
quelque autre manière que ce soit. Nous les accuserons
de financer le terrorisme au lieu de l’éliminer.

C’est pourquoi nous tenons à dire ici aujourd’hui
que rien ne saurait justifier le fait que des gouvernements
occidentaux feignent de ne pas voir que certains de
leurs citoyens terroristes s’infiltrent en Syrie pour
prendre une part active à l’effusion de sang qui frappe
mon pays. Le peuple syrien ne pardonnera plus ceux
qui ont permis à des milliers de terroristes et jihadistes
d’Europe et d’autres pays occidentaux – de l’Australie
aux États-Unis d’Amérique – commandités par des
agences de renseignement bien connues, de se rendre
dans des camps d’entraînement situés aux frontières de
la Syrie avec la Turquie, le Liban et la Jordanie avant de
passer en Syrie pour se livrer à des actes de destruction
et de sabotage et tuer des innocents. Nous n’oublions
pas le partenariat d’Israël avec des groupes takfiris,
salafistes et terroristes, lequel permet à ces groupes
armés de traverser la ligne de séparation pour pénétrer
dans le Golan syrien occupé où leurs blessés se font
soigner dans des hôpitaux israéliens avant de retourner
en territoire syrien, encore une fois en traversant la
ligne de séparation.

Ces États et parties cherchent, au travers des
actions que je viens d’évoquer, à nuire à la souveraineté
de la Syrie, ainsi qu’à son rôle et à son statut à l’ONU en
menant des actions illégales et immorales. Les experts
politiques et juridiques auront peut-être le temps
d’examiner le cas de la Syrie, un des États Membres
fondateurs de l’ONU, et ce à quoi il a été soumis de la
part de ces « magouilleurs ».

Mon gouvernement rappelle les obligations qui
sont les siennes à l’égard de l’ONU conformément au
plan d’intervention humanitaire de 2013 qui a permis
de fournir une assistance humanitaire à plusieurs
régions de la Syrie, y compris la zone d’A’zaz située à
1 kilomètre environ de la frontière turque. Nous menons
ces actions en coopération avec l’ONU dans le cadre de
la résolution 46/182 de l’Assemblée générale.
La capacité du Gouvernement syrien à respecter
pleinement le plan d’intervention humanitaire a été
entravée par un financement insuffisant et par les
conditions imposées. Les engagements annoncés par les
donateurs dans les médias, y compris les engagements
pris à la réunion de Koweït en janvier et lors de
plusieurs autres forums internationaux, n’ont toujours
pas été tenus. Nous savons tous que le Bureau de la
coordination des affaires humanitaires n’a reçu que 34 %
du financement nécessaire. Cela confirme ce que nous
n’avons cessé de répéter, à savoir que ces promesses de
contribution ne sont rien d’autre que de la propagande
médiatique promue par ceux qui profitent de cette crise
et par ceux qui propagent des mensonges.

En réponse à la coopération du Gouvernement
syrien, certaines parties, connues de tous, exigent
de manière éhontée de continuer à soutenir le cycle
de la violence dans mon pays en finançant des
groupes terroristes affiliés à Al-Qaida, ce qui menace
évidemment la paix et la sécurité en Syrie, dans la région
et dans le monde. De nombreux rapports indiquent que
la conscience de certains gouvernements a été achetée
à coups de pétrodollars et que ces gouvernements ont
permis le passage par leurs frontières d’armes destinées
à des groupes responsables d’actes de terrorisme
aveugles dans mon pays. Ces armes sont achetées par
des pétrodollars du Qatar et d’Arabie saoudite provenant
de plusieurs sources bien connues de tous. Ces armes,
qui viennent de dépôts libyens, arrivent clandestinement
en Syrie depuis les pays voisins, selon le rapport final
(S/2012/163) du Groupe d’experts sur la Libye créé par
la résolution 1973 (2011). J’ai avec moi un exemplaire de
ce rapport qui mentionne la contrebande d’armes depuis
la Libye et d’ailleurs grâce au financement des Émirats
arabes unis, du Qatar et de l’Arabie saoudite. Ce rapport
n’a pas été établi par mon gouvernement, mais par les
propres experts du Conseil.

Je tiens à souligner qu’il incombe exclusivement
au Gouvernement syrien de protéger sa population civile,
conformément aux principes du droit international et
d’une manière qui permet de préserver la souveraineté,
l’indépendance et l’intégrité territoriale du pays et
de lui rendre sa place en tant qu’acteur constructif et
dynamique sur la scène internationale.

La propagande grossière et excessivement
agressive que certains gouvernements cherchent à
promouvoir vise à justifier leurs tentatives de s’ingérer
dans les affaires intérieures de la Syrie – en violation
de sa souveraineté – en invoquant des prétextes tels
que des interventions humanitaires, l’imposition de
zones d’exclusion aérienne, l’ouverture de couloirs
humanitaires sûrs et le concept de la responsabilité de
protéger.

Certains États qui accueillent des réfugiés syriens
cherchent à exacerber la crise des réfugiés syriens en les
empêchant de retourner sur leur terre natale et misent sur
leurs souffrances, en dépit du fait que le Gouvernement
syrien ne cesse d’appeler les gouvernements de ces États
à laisser les Syriens qui le désirent rentrer chez eux.

S’agissant de la violence sexuelle, je tiens à
rappeler la déclaration que j’ai prononcée hier, 17 avril,
au nom de mon pays devant le Conseil de sécurité
(voir S/PV.6948). Je tiens à ajouter que tout au long de
son histoire, la Syrie n’a jamais connu de crimes aussi
odieux que ceux perpétrés aujourd’hui par des voyous
et des bandits jihadistes. Les femmes syriennes étaient
autrefois fières de l’environnement sûr qui leur permettait
de tenir leur rôle naturel au sein de la société. La Syrie
était classée au troisième rang mondial pour la sécurité.

Cependant, le phénomène complexe du sabotage s’est
introduit en Syrie et a détruit ce mode de vie dans le
pays. Des groupes terroristes armés véhiculant des
idéologies wahhabite, salafiste et takfiriste importées
de pays du Golfe riches en pétrodollars sont arrivés en
provenance de pays voisins. Ces groupes, qui reçoivent
un appui financier, militaire et médiatique considérable,
des informations et des armes de la part de certains
Arabes d’une autre époque caractérisée par l’ignorance
et la collusion avec l’Occident, en partenariat avec
Israël, s’efforcent de manière délibérée et systématique
de saboter la sécurité et la sûreté des Syriens, y compris
des femmes et des enfants.

Des dizaines de rapports politiques et
médiatiques, ainsi que les témoignages de groupes
non gouvernementaux bien connus, ont montré que ces
groupes terroristes armés recrutent des enfants. Ils les
forcent à prendre les armes, à participer à des actes de
terrorisme et à exécuter les ordres des dirigeants des
groupes armés, qui leur enjoignent de commettre des
meurtres et des actes de sabotage contre des biens
publics et privés. À cela s’ajoutent les incendies, les
pillages et la destruction de plus de 3 000 écoles et
jardins d’enfants, de dizaines d’hôpitaux et de centaines
de laboratoires – 1 500 laboratoires, à Idlib et Halab,
ont en fait été déplacés en Turquie –, pratiques au sujet
desquelles nous avons adressé une plainte officielle
au Conseil. Cela représente une atteinte flagrante aux
droits d’une génération entière d’enfants à l’éducation et
à l’acquisition des connaissances qui leur permettraient
de contribuer à l’édification du pays dans l’avenir.

Au cours des attaques délibérées menées par
des groupes terroristes armés contre des institutions
scolaires et des enseignants en Syrie, des preuves ont
été réunies que des personnes ont été directement ou
indirectement menacées et que leurs enfants n’ont pu
se rendre à l’école, parce que des groupes terroristes
bombardent des écoles au moyen d’engins explosifs
improvisés ou ciblent délibérément des écoles avec
des missiles. Ces incidents se sont répétés au début de
l’année scolaire en Syrie.

La République arabe syrienne respecte depuis
2003 ses obligations au titre de la Convention relative
aux droits de l’enfant et de son Protocole facultatif
concernant l’implication d’enfants dans les conflits
armés.

Malheureusement, aucun orateur n’a mentionné les
attentats terroristes suicides qui frappent fréquemment
des villes syriennes. Ils n’ont pas mentionné l’attaque
contre l’Université d’Alep et l’assassinat des étudiants
en ingénierie et en architecture à Damas. Tous ces
incidents ne sont pas à mettre à l’actif de fantômes ; ils
sont l’oeuvre de groupes terroristes financés et soutenus
par des étrangers et entraînés à l’étranger. Il n’existe
pas en Syrie de fantômes qui commettent des actes de
terrorisme.

Alors que les États continuent de renforcer leurs
sociétés sur la base de la diversité, du pluralisme, de
l’harmonie et de la citoyenneté véritable, nous sommes
confrontés à des puissances solides et subversives qui
tentent de briser le contrat social dans notre région,
laquelle est connue pour sa diversité, sa richesse et sa
pluralité, en promouvant une culture fondée sur les
divisions entre religions, sectes et factions, ainsi que
sur l’idée qu’il faut massacrer les personnes en fonction
de leur identité. Ces puissances cherchent à chasser une
grande partie de nos sociétés à l’extérieur de leur terre
natale. Il n’y a pas de membre chrétien de la société
iraquienne en Iraq, ni aucun Chrétien en Palestine.

Ceux qui conspirent contre mon pays sont sur le point
de parvenir à expulser nos citoyens chrétiens.
Ces problèmes revêtent une grande importance
dans le cadre des travaux du Conseil de sécurité. Des
centaines d’églises ont été incendiées en Syrie, en Iraq
et dans d’autres endroits. Des centaines de mosquées
ont été détruites. Tous ces actes sont enregistrés dans
les archives terroristes de YouTube. Certains acteurs
accusent le Gouvernement d’avoir commis ces actes
odieux.

À cet égard, je tiens à souligner que la Syrie
n’autorisera pas la mise en place d’un nouvel Accord
Sykes-Picot au détriment des peuples de notre région.
La Syrie demeurera le maillon le plus fort dans sa lutte
contre toute tentative d’imposer une nouvelle réalité
étrangère à notre région et à ses peuples, qui vivent
en harmonie et coexistent depuis des siècles et qui ont
appris à l’humanité que le fait d’appartenir à une terre
natale et de la respecter suscite les émotions les plus
fortes et les plus durables.

Pour terminer, je tiens à affirmer que nous en
avons assez. Après deux ans de spéculations sur le
sort de la Syrie et le sang de ses citoyens, des mesures
sincères doivent être mises en place pour aider mon
pays, mon peuple et mon gouvernement à avancer vers
un règlement politique approuvé par l’ONU dans ses
résolutions 2042 (2012) et 2043 (2012), ainsi que dans
le communiqué de Genève (S/2012/522, annexe). Mon
gouvernement préconise un règlement politique de la
situation sur la base d’un dialogue national ouvert dirigé
par les Syriens, dans le cadre duquel l’ensemble du
peuple syrien est représenté. Ce dialogue permettra au
peuple de faire entendre sa voix aux niveaux national,
régional et international et de faire savoir au monde
entier qu’il en a assez et que le monde doit cesser de
manipuler un pays dont les citoyens n’ont jamais fait
preuve que de bonté et d’amour à l’égard des citoyens du
monde entier tout au long de leur histoire.

Il y a un an, j’ai pris la parole devant le Comité
contre le terrorisme et j’ai attiré l’attention du Conseil
sur la présence de terroristes d’Al-Qaida en Syrie,
mais personne ne m’a accordé la moindre attention.

Aujourd’hui, en revanche, nous venons d’entendre qu’il
y aura une coopération entre Al-Qaida en Iraq et Al-
Qaida en Syrie. Ce que nous avions dit il y a un an était
donc correct et notre lecture de la carte politique était
également correcte.

Heureusement, M. Guterres a dit que la crise
en Syrie n’était pas humanitaire pour l’essentiel. Cela
est vrai : la crise syrienne est une crise humanitaire
et politique essentiellement. Si nous ne traitons pas
la dimension politique principale de la crise, nous ne
serons pas en mesure d’aider le peuple syrien au niveau
humanitaire. Certes, il y a une crise humanitaire en
Syrie ; nous l’avons dit et redit. Toutefois, nous avons
besoin d’une lecture juridique correcte de ce qui se passe
dans le pays, d’une lecture qui mette fin à l’arrogance
de certaines Puissances qui sont très bien connues de
tous, et aux violations du droit international dont elles
se rendent coupables.

Les entrées d’armes en contrebande dans le pays
sont signalées au Conseil de sécurité depuis maintenant
plus d’un an et demi. Ces armes, transportées par
bateau depuis la Libye via le Liban et la Turquie, ont
été confisquées et le Conseil en a été informé, mais
personne n’a levé le petit doigt. Des milliards de dollars
sont consacrés au financement du terrorisme au moyen
des pétrodollars du Golfe, au vu et au su de tout le monde.
Des armes sont achetées en Croatie, avec des fonds
fournis par l’Arabie saoudite, transportées en Jordanie
puis, via la Turquie, jusqu’en Syrie. Mais personne
ne réagit. Nous parlons ici des souffrances indicibles
d’enfants et de femmes, et c’est important et significatif.

Nous espérons que la crise prendra fin et que tous les
criminels – Syriens ou non – seront traduits en justice.

Qu’en est-il de ceux qui dépensent des milliards
de dollars pour financer le terrorisme ? Qu’en est-il de la
résolution, adoptée par ce qu’il est convenu d’appeler la
Ligue des États arabes pour financer le terrorisme – de
cette résolution adoptée par un Sommet arabe pour
financer le terrorisme ? La Ligue prétend avoir un
envoyé spécial, Lakhdar Brahimi, lequel rechercherait
une solution pacifique. Comment peut-il rechercher
une solution pacifique quand la Ligue des États arabes
finance le terrorisme en Syrie ?

Je voudrais faire encore une observation, en
m’excusant de prendre tout ce temps.

Il y a deux jours, je regardais Al-Arabiya, la
chaîne saoudienne. La chaîne recevait un terroriste
chef d’un groupe islamiste affilié à Al-Qaida. Elle
faisait intervenir ce terroriste d’Istanbul et poursuivait
un dialogue avec lui depuis cette ville. À la question
du journaliste, qui demandait « Que ferez-vous des
minorités syriennes si vous l’emportez ? », il a répondu :
« Nous les jugerons au tribunal de la charia ». Interrogé
sur ce qu’il voulait dire par là, il a répondu que « soit
les individus qui appartiennent à ces minorités se
convertissent à l’Islam et payent un impôt, soit nous les
passerons au fil de l’épée ». Ce terroriste, qui se trouve
à Istanbul, était donc l’invité de la chaîne saoudienne
Al-Arabiya. Beaucoup de gens l’ont vu, beaucoup
de personnes innocentes en Libye et en Tunisie, qui
viennent en Syrie tuer et se faire tuer, l’ont regardé.

C’est là une bonne image de ce qui se passe en Syrie et
je soumets cette anecdote à l’attention et à l’examen du
Conseil.

Le Président (parle en anglais) : Je donne
maintenant la parole au représentant du Liban.

M. Salam (Liban) (parle en arabe) : Je voudrais
d’abord, Monsieur le Président, vous féliciter de votre
accession à la présidence du Conseil et du travail
effectué au cours du mois d’avril. Je suis convaincu que,
compte tenu de la crise et des souffrances que votre
pays, le Rwanda, a connues au cours de son histoire
contemporaine, vous saurez mieux que personne la
tragédie humaine que traverse le pays frère de Syrie.

Je tiens à remercier Mme Valerie Amos,
M. António Guterres, Mme Zainab Hawa Bangura et
Mme Leila Zerrougui de leurs importants exposés.

Plus de deux années se sont écoulées depuis le
commencement de la crise en Syrie, et les douloureuses
statistiques citées par les représentants de l’Organisation
des Nations Unies et de ses diverses institutions
témoignent non seulement de l’ampleur de cette
catastrophe humanitaire mais également de l’incapacité
de la communauté internationale de prendre les mesures
nécessaires pour mettre fin à l’engrenage de la violence et
à l’intensification des massacres ainsi qu’aux violations
des droits de l’homme et aux attaques de civils occupés
à leurs tâches quotidiennes. Le Conseil et l’Organisation
des Nations Unies ont la responsabilité de veiller à ce
que les souffrances de ces personnes soient reconnues.

Le peuple frère de Syrie – ces hommes, ces femmes, ces
enfants et ces vieillards, où qu’ils se trouvent – vit sans
cesse sous la menace des bombardements, quand il n’a
pas été déplacé ou n’a pas dû se réfugier dans les pays
voisins. Toutes ces personnes méritent une vie meilleure
qui réponde à leurs aspirations et à leurs espérances,
une vie dans laquelle leur dignité et leurs droits soient
respectés.

Le Liban n’a cessé de réitérer depuis le Conseil sa
ferme position de principe à l’appui de la souveraineté
et de l’intégrité territoriale de la Syrie, ainsi que la
politique libanaise de distanciation, qui vise à préserver
l’unité et la stabilité. Cette politique, qui a été appuyée
aux niveaux national et international, ne représente pas
une distanciation du Liban par rapport au peuple syrien
dans la crise humanitaire qu’il traverse. Comme l’a dit
le Ministre libanais des affaires sociales en août dernier
au Conseil (voir S/PV.6826), le Liban n’a jamais pris
ses distances avec le droit international ou la légalité
internationale. Il est également demeuré fidèle aux liens
historiques, géographiques, les liens de voisinage et de
parenté, qui relient le peuple libanais au peuple syrien.

Le Liban n’a pas oublié que le peuple syrien avait
accueilli des centaines de milliers de réfugiés libanais
pendant l’agression barbare d’Israël contre le Liban
durant la guerre de juillet 2006.

Comme le Conseil le sait, le nombre de réfugiés
syriens au Liban qui ont été immatriculés ou ont reçu
de l’aide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour
les réfugiés atteignait environ 416 000 personnes à la
date du 12 avril. Ce nombre ne prend pas en compte
les dizaines de milliers de personnes qui ne sont pas
enregistrées auprès du Haut-Commissariat. Selon les
statistiques de l’Office de secours et de travaux des
Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le
Proche-Orient, au 31 mars, plus de 35 000 déplacés
palestiniens étaient arrivés au Liban en provenance
de Syrie, sachant que plus de 3 000 réfugiés arrivent
chaque jour. Nous nous attendons à ce que ce chiffre
atteigne 1,2 million d’individus avant la fin de l’année.
En outre, le nombre de personnes touchées par ces flux
de personnes – en incluant les Syriens, les Palestiniens
et les Libanais revenant de Syrie, en plus de familles
d’accueil libanaises – atteindra 2,5 millions d’ici à la
fin de l’année.

Selon les statistiques de l’organisme des Nations
Unies, environ 34,8 % de ces réfugiés ont des besoins
particuliers, 22,9 % d’entre eux étant des enfants en
situation précaire et environ 10 % étant dans un état
de santé grave. Et n’oublions pas que près de la moitié
des réfugiés au Liban et dans les pays voisins sont des
enfants et des jeunes.

Nous n’avons cessé, avec d’autres, de lancer des
avertissements quant aux conséquences de cette crise
interminable, non seulement sur la Syrie, mais aussi
sur les pays voisins. Les répercussions des hostilités en
Syrie, qui ont pris des dimensions militaires, ont atteint
les frontières du Liban, menaçant ainsi la sécurité de
mon pays. Nous condamnons ces violations, quelles
qu’en soient l’origine ou la raison.

Quant au grave problème des réfugiés qui découle
de la crise, la société libanaise et sa composition
commencent à s’en ressentir. Il a également des
conséquences considérables aux plans socioéconomique
et de la sécurité, étant donné que la majorité des réfugiés
vivent dans les régions les plus pauvres de mon pays.

En conséquence, une pression croissante s’exerce sur
le marché du travail et l’on note une augmentation de
la demande des ressources de base, comme les denrées
alimentaires, ainsi que l’inflation concomitante et une
augmentation des loyers.

Je voudrais rappeler aujourd’hui que le Liban ne
fermera jamais ses frontières à qui que ce soit, individus
ou familles, qui, fuyant les horreurs de la violence et
de la destruction, viennent chercher refuge dans notre
pays. Nous ne renverrons personne venu se réfugier
chez nous.

Le Liban demeure résolu à fournir une assistance
à tous les réfugiés syriens et à pourvoir à tous leurs
besoins essentiels en termes de protection, de logement,
de nourriture, de soins de santé et d’éducation. Mais le
Liban est en droit de demander aux États voisins et à
la communauté internationale de partager ce fardeau,
étant donné que notre pays est le plus petit en termes
de taille et celui qui dispose du moins de ressources,
alors même que c’est le pays qui accueille le plus grand
nombre de réfugiés syriens. Ce nombre atteindra très
bientôt près d’un quart de la population libanaise, ce qui
représente le taux d’accueil le plus élevé parmi tous les
pays qui reçoivent des réfugiés.

Le fait est, comme ont pu le constater les
représentants de l’ONU et de ses organismes, que le
Liban ne pourra pas fournir les soins nécessaires aux
réfugiés si les chiffres continuent de croître comme ils
le font actuellement, que les réfugiés soient des Syriens,
des Palestiniens ou même des Libanais de retour de
Syrie. Le Liban ne sera pas en mesure d’y faire face
sans une aide accrue de la communauté internationale.

Parmi les personnes qui se sont exprimées sur
la situation, citons la représentante régionale du Haut-
Commissariat pour les réfugiés, Mme Ninette Kelley,
qui, au début du mois, a déclaré, à propos l’aide, que
« Les programmes sont en place, le personnel
est prêt, mais les fonds font défaut. Avec un tel
manque de financement, des programmes vitaux
comme l’aide alimentaire, la distribution d’eau
potable, la scolarisation des enfants, les soins
de santé et la fourniture d’un abri aux réfugiés
nouvellement arrivés sont tout simplement
impossibles ».

En outre, M. Étienne Labande, chef des opérations
du Programme alimentaire mondial au Liban, a déclaré
que « Dans un mois, avec les fonds actuellement
disponibles, plus de 400 000 réfugiés syriens au Liban
ne recevront plus d’aide alimentaire ».

Le Haut-Commissaire pour les réfugiés,
M. António Guterres, qui participe à la présente séance,
a bien résumé la situation quand il dit que
(l’orateur poursuit en anglais)
« Le Liban a besoin d’un soutien massif ; il ne
peut pas y arriver tout seul. »

(l’orateur reprend en arabe)
Je tiens à réitérer l’appel lancé par le Président du
Liban, M. Michel Sleiman, au sommet de Doha le mois
dernier sur la tenue d’une conférence internationale sur
les réfugiés syriens. Il a dit que la conférence ne devait
pas uniquement recueillir les dons qui avaient déjà été
promis à la conférence du Koweït, mais devait permettre
de trouver un moyen de partager le fardeau des coûts,
conformément au principe de la responsabilité partagée,
et ce afin de réduire les conséquences néfastes que le
flot de réfugiés a sur la paix et la sécurité intérieures et
régionales. Le Président du Liban a réitéré ce message
au début du mois, lorsqu’il a encouragé la création de
camps sur le territoire syrien, loin des zones de combat
et sous la protection des Nations Unies. Nous exhortons
le Conseil à envisager cette possibilité.

Enfin, le Liban souhaite joindre sa voix à celles des
responsables des Nations Unies – Mme Valerie Amos,
Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires ;
Mme Ertharin Cousin, Directrice exécutive d u
Programme alimentaire mondial ; M. António Guterres,
Haut-Commissaire pour les réfugiés , M. Anthony
Lake, Directeur général de l’UNICEF ; et Mme Margaret
Chan, Directrice générale de l’Organisation mondiale
de la Santé – pour exhorter le Conseil à agir,
(l’orateur poursuit en anglais)
« Au nom de tous ceux qui ont tant souffert, et de
tous les autres dont l’avenir est en jeu : Ça suffit !
Usez de votre influence, dès maintenant, pour
sauver le peuple syrien et sauver la région de la
catastrophe. »

Le Président (parle en anglais) : Je donne
maintenant la parole au représentant de la Turquie.

M. Çevik (Turquie) ( parle en anglais) : Monsieur
le Président, tout d’abord, je voudrais vous remercier
d’avoir organisé cette séance d’information, qui nous
donne l’occasion d’attirer de nouveau l’attention de la
communauté internationale sur la gravité de la situation
humanitaire en Syrie. Nous avons suivi avec beaucoup
d’inquiétude les exposés des chefs des principaux
organismes humanitaires des Nations Unies.

Cela fait deux ans maintenant que le peuple
syrien lutte pour une Syrie libre et démocratique, alors
que le régime syrien continue de prendre pour cible
son propre peuple sans discrimination et par tous les
moyens possibles, y compris en utilisant des missiles
balistiques. Les attaques qui se poursuivent sans
interruption non seulement font beaucoup de morts,
mais détruisent également le patrimoine historique et
culturel et l’infrastructure économique de la Syrie.

La situation humanitaire en Syrie se détériore
de jour en jour. Selon des chiffres récents publiés par
l’ONU, le nombre de réfugiés a atteint 1,3 million, et il
y a 4,5 millions de personnes déplacées et 6 millions de
personnes qui ont besoin d’aide humanitaire d’urgence.

D’après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour
les réfugiés, le nombre de réfugiés pourrait atteindre
3,5 millions d’ici la fin de l’année si la communauté
internationale n’agit pas d’urgence.

La communauté internationale a la responsabilité
morale d’appuyer le peuple syrien dans sa lutte, et
cela doit être fait d’urgence, collectivement et avec
détermination, étant donné que la situation humanitaire
ne cesse de se détériorer et représente une menace grave
pour la paix et la stabilité régionales.

L’appel collectif lancé cette semaine par les
responsables des organismes humanitaires des Nations
Unies donne l’alerte à la communauté internationale
et rappelle une fois de plus la nécessité de revoir les
stratégies visant à résoudre la crise. C’est un appel lancé
à tous les acteurs afin qu’ils fassent preuve de créativité
et agissent immédiatement pour élaborer une stratégie
efficace permettant de sauver le peuple syrien et la
région de la catastrophe.

Nous sommes toujours convaincus qu’un
règlement et une transition politiques sont les meilleurs
moyens de mettre fin à cette effusion de sang, tout en
préservant l’intégrité territoriale et l’unité politique de
la Syrie. La communauté internationale, en particulier
l’ONU, a un rôle crucial à jouer à cet égard. Toutefois,
en attendant ce règlement, nous devons être réalistes
et adopter une démarche axée sur les résultats pour
nous attaquer au problème humanitaire, principale
conséquence de la crise politique.

En Turquie, nous n’épargnons aucun effort pour
faire face aux conséquences de la crise syrienne. Nous
avons accueilli plus de 190 000 Syriens dans 17 camps,
en plus de 100 000 personnes au moins qui ont trouvé
refuge dans différentes villes et localités turques. Nous
faisons de notre mieux pour répondre à leurs besoins
quotidiens dans tous les domaines, y compris la santé et
l’éducation. Par ailleurs, le Croissant-Rouge turc fournit
de l’aide humanitaire à la frontière avec la Syrie dans la
transparence, conformément aux principes humanitaires
et à la légitimité internationale.

En moyenne, le nombre de réfugiés qui traversent
la frontière chaque jour vers les pays voisins atteint
8 000, voire 14 000 lorsqu’il y a des combats intenses.
Il y a six mois, ce nombre n’était que de 2 000 environ.

La livraison de l’aide à travers les lignes de
front devient de plus en plus compliquée, et le régime
s’oppose souvent à la livraison de certains articles
humanitaires, tel que le matériel chirurgical. Cette
politique irresponsable ne fera que provoquer d’autres
flux de réfugiés. Le Conseil doit envisager d’autres
méthodes d’acheminement de l’aide, notamment les
opérations transfrontalières.

Les pays voisins ne peuvent pas et ne doivent
pas relever seuls ces défis urgents ; il ne faut pas le
leur demander. La situation n’est plus tenable, et les
méthodes actuelles ne permettent pas d’assurer un
accès humanitaire sûr et sans entrave. La communauté
internationale, sur la base du principe du partage de la
charge, doit mener une action collective. Les promesses
de fournir un appui financier ne suffisent pas.

Nous estimons qu’il est grand temps pour la
communauté internationale d’examiner des moyens
inédits de régler le problème des personnes déplacées
à l’intérieur du territoire syrien et de trouver d’autres
destinations pour ceux qui décident de quitter la Syrie
parce qu’ils se sentent menacés.

Cet appel a été repris par de nombreux dirigeants
éminents dans la région, qui subissent les mêmes
pressions. Il est grand temps que la communauté
internationale, et certainement les Nations Unies,
prennent en considération ces préoccupations légitimes.

Sinon, nous risquons de nous retrouver dans une situation
de crise beaucoup plus grave que celle à laquelle nous
avons fait face jusqu’à présent.
Pour terminer, je voudrais réaffirmer notre
appui aux aspirations légitimes du peuple syrien à
vivre dans la dignité, ainsi que notre détermination
de continuer à faire tout notre possible pour faire face
à la crise humanitaire de l’autre côté de la frontière.

Nous voudrions également rappeler à la communauté
internationale son obligation d’agir de toute urgence,
avec détermination et de façon responsable, avant qu’il
ne soit trop tard.

Nous regrettons que la tribune du Conseil de
sécurité ait été utilisée pour diffuser des informations
erronées et trompeuses. Le Conseil, ainsi que la
communauté internationale par le biais des médias,
ont sûrement entendu les points de vue cohérents des
participants au sujet des politiques du régime syrien. On
ne peut pas occulter les faits présentés par le biais d’une
tentative vaine de soutenir la thèse opposée.

La Turquie continuera de faire preuve de solidarité
envers le peuple syrien, dont les vues ne peuvent pas
être entendues de cette tribune.

Le Président (parle en anglais) : Il n’y a pas
d’autre orateur inscrit sur ma liste. J’invite à présent les
membres du Conseil à poursuivre le débat dans le cadre
de consultations.

La séance est levée à 12 h 10.