La victoire de la Syrie, un pari réaliste

Par Ghaleb Kandil

Loin de toute exagération, et avec modestie, le commandement syrien observe les changements qui se produisent dans le monde, et dont le mérite revient en grande partie à la résistance de la Syrie face à la guerre militaire, économique et médiatique complexe, dont elle est victime.
La solidité des équilibres internationaux est due aux résultats stratégiques du dernier bras de fer enclenché après l’annonce par les États-Unis de leur intention de frapper la Syrie. Le commandement syrien estime que l’initiative de la Russie sur l’arsenal chimique visait, avant tout, à faire échec au plan d’agression US, et n’a pas abouti à des accords globaux contraignant Washington et ses alliés à cesser leur soutien aux terroristes. L’arrêt de l’appui de l’Occident, de la Turquie et des pétromonarchies aux extrémistes n’a pas eu lieu, bien que cette demande figure en tête de l’agenda politique et diplomatique de la Russie. Depuis qu’elle a accepté de participer à la conférence de Genève 2, la Syrie n’a reçu aucune indication allant dans ce sens. Pendant ce temps, le camp adverse se fissure et la confusion gagne ses rangs, car l’Arabie saoudite, la Turquie et le Qatar avaient fondé tous leurs calculs sur « la frappe d’Obama », qui n’a finalement pas eu lieu. L’initiative chimique russe les a complètement pris au dépourvu et ils sont victimes d’une véritable hystérie, surtout après la multiplication des informations sur des contacts secrets entre certains pays arabes et occidentaux et le gouvernement syrien afin de préparer les virages politiques.
C’est ce qui explique, sans doute, l’annonce, ce dimanche, par le Conseil national syrien (CNS, proche de la Turquie et du Qatar), de son refus de participer à Genève 2. « Le CNS, qui est le plus grand bloc politique au sein de la Coalition nationale syrienne, a pris la ferme décision (...) de ne pas aller à Genève vu les circonstances actuelles » sur le terrain en Syrie, a affirmé le chef du Conseil Georges Sabra. « Cela veut dire qu’il ne restera pas au sein de la Coalition si celle-ci y va », a-t-il ajouté. « Si la Coalition décide d’y aller, nous, nous n’irons pas », a martelé M. Sabra. Fin septembre, le chef de la Coalition syrienne, le pro-saoudien Ahmad Jarba, avait affirmé au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon que la Coalition était disposée à envoyer une délégation à cette conférence, selon un porte-parole de l’Onu.
Ce développement illustre les dissensions entre les différentes composantes de ladite opposition syrienne et entre leurs sponsors régionaux et internationaux.
En revanche, la confiance règne entre la Syrie et ses partenaires internationaux et internationaux, notamment la Chine, la Russie, l’Iran et la Résistance. Damas fait face aux défis en s’appuyant sur le soutien ferme de ses alliées, qui lui fournissent l’aide stratégique nécessaire pour assurer sa résistance sur les plans militaire, économique et politique. Ils savent pertinemment que les nouveaux équilibres internationaux sont le fruit direct de la résistance de la Syrie à la guerre universelle qui l’a vise depuis deux ans et demi. Cette aide renforce l’immunité de l’État syrien face à l’agression takfiriste et au chaos qu’elle entraine dans son sillage. Et aujourd’hui, la version syrienne des événements en Syrie commence à se frayer un chemin, même dans les pays occidentaux les plus belliqueux : l’État syrien se bat non pas contre son peuple ou contre une opposition armée, mais contre des mercenaires extrémistes et barbares, venant de 80 pays, et véhiculant la pensée obscurantiste d’Al-Qaïda. Les médias occidentaux ne parviennent plus à cacher cette réalité et commencent à se faire l’écho des horreurs perpétrées par ces gangs assoiffés de sang. Le président syrien Bachar al-Assad a personnellement expliqué, dans des interviews dernièrement accordées à un grand nombre de médias occidentaux, le danger que constitue ces groupes pour la paix et la stabilité internationales. Résultat : une écrasante majorité hostile à toute guerre contre la Syrie s’est dégagée au sein des opinions publiques de tous les pays occidentaux, selon des sondages réalisés par de prestigieux instituts.
La confiance du commandement syrien vis-à-vis de ses alliés n’a d’égal que sa confiance dans son armée et dans ses capacités à multiplier les succès sur le terrain. Cette armée a fait preuve d’une solidité exemplaire, qui se nourrit de sa loyauté et d’un fort soutien populaire. Un soutien dont ne peuvent plus se prévaloir les rebelles armés, de plus en plus isolés de la population, qui resserrent les rangs autour de l’État, lequel continue de verser les salaires à tous les fonctionnaires publics, et à assurer à son peuple tous les services, y compris dans le domaine de l’éducation, avec l’organisation des examens officiels à plus de 4 millions d’élèves. C’est ce qui explique le retour, ces deux derniers mois, de 93 000 réfugiés du Liban et de 100 000 de Jordanie.
Le commandement syrien est confiant dans les capacités de son armée de libérer toutes les régions du joug des gangs extrémistes-qaïdistes. Tout en insistant sur le caractère inévitable et inaliénable de cet objectif, il se refuse à fixer des calendriers et des dates, laissant aux militaires le soin de décider de la nature des opérations, conformément aux impératifs du terrain.
Pendant ce temps, l’État syrien multiplie ses efforts dans le but d’isoler les mercenaires extrémistes, en établissant les contacts avec les dissidents souhaitant revenir sur le droit chemin et en renforçant l’Armée de défense nationale.

Déclarations et prises de positions

Michel Aoun, leader du Courant patriotique libre
« Najib Mikati n’a pas le pouvoir de résoudre des questions d’ordre national. Il a été le champion de la fuite devant ses responsabilités. Nous avons remarqué aussi une fuite en avant de nos partenaires devant les difficultés, et nous avons été le parti qui a fait face avec courage à tous les obstacles. Nos ressources naturelles ne sont pas à partager entre individus, confessions ou autres. Elles doivent servir au développement, elles visent à empêcher nos enfants d’émigrer. La justice couvre certains députés impliqués dans des scandales. Les Libanais doivent s’unir à ceux qui combattent la corruption au lieu de pleurer sur leur sort. »

Naïm Kassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah
« Nous reconnaissons à la bande du 14-Mars son succès dans la paralysie du pays et de ses institutions. Ce sont eux qui empêchent la formation du cabinet, dans l’attente des changements régionaux et des directives en provenance du Golfe. Quelles que soient leurs tentatives de lancer aux autres des accusations, tout le monde sait que nous voulons un cabinet national rassembleur sans conditions. Eux souhaitent un cabinet de fait ou monochrome. Cette revendication n’est pas viable. S’ils pouvaient lui donner corps, ils l’auraient fait. Mais ils ne représentent pas la majorité parlementaire et ne peuvent pas trancher sans leurs partenaires nationaux. Évitez aux gens davantage de misères et tendez votre main pour une coordination en faveur d’un cabinet rassembleur pour alléger les soucis du pays. La région et ses affaires sont au frigo, et si vous attendez des développements positifs dans votre intérêt, c’est vous qui allez y entrer à votre tour. C’est donc vous qui assumez la responsabilité totale du blocage. »

Boutros Harb, député libanais (14-Mars)
« Il n’est pas permis que le président de la République soit amené à céder sa prérogative la plus importante, qui est celle de donner son accord à la formule gouvernementale. De même qu’il n’est pas permis que le Premier ministre désigné abandonne son pouvoir de former le cabinet en collaboration avec le président. Si cela s’était produit auparavant dans le cadre de l’accord de Doha, du fait de l’intervention des armes non légales dans le jeu politique, cela ne signifie pas qu’il nous faut refaire la même chose aujourd’hui. »

Événements

• Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a inculpé une cinquième personne, Hassan Habib Merhi, dans le cadre du procès contre les assassins présumés de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, a indiqué jeudi le TSL. Le juge « a confirmé un acte d’accusation à l’encontre de Hassan Habib Merhi, qui est accusé d’avoir été impliqué dans l’attentat du 14 février 2005 à Beyrouth », a indiqué le TSL dans un communiqué. Selon les informations disponibles, M. Merhi, dont l’acte d’accusation avait été confirmé en juillet de manière confidentielle, fait également partie du Hezbollah. Âgé de 47 ans, il est accusé de « plusieurs crimes, dont celui de complot en vue de commettre un acte de terrorisme », selon le TSL. Selon l’acte d’accusation, M. Merhi a « coordonné la préparation » d’une fausse vidéocassette montrant un Libanais du nom d’« Abou Adass » revendiquant faussement l’attentat au nom d’une organisation islamiste.
Le Hezbollah accuse le TSL d’être le fruit d’un complot israélo-américain visant à le détruire et a exclu la remise des quatre premiers suspects, qui doivent être jugés par défaut, c’est-à-dire en leur absence.

• À l’issue du séminaire tenu par le secrétariat général du bloc du Changement et de la Réforme au couvent Mar Youhanna à Beit Méry, sous la présidence de Michel Aoun, le député Ibrahim Kanaan a énoncé les recommandations adoptées. « Le bloc appelle à l’élection d’un président chrétien fort et rejette la prorogation du mandat du chef de l’État actuel Michel Sleiman », a dit M. Kanaan. Abordant la question des chrétiens d’Orient et les conséquences du printemps arabe sur leur situation, le bloc parlementaire a dénoncé leur oppression notamment en Syrie, en Irak, en Palestine et en Égypte. « Le sort des chrétiens d’Orient est lié à celui des musulmans », a indiqué Ibrahim Kanaan. « Nous appelons à la tenue d’une réunion islamo-chrétienne pour faire face à l’oppression religieuse », a-t-il ajouté. Le bloc a en outre appelé à la formation d’un gouvernement et à l’adoption d’une loi électorale qui assure la juste représentation de toutes les composantes libanaises.

• La justice libanaise a annoncé l’arrestation et le placement sous mandat de dépôt d’un colonel syrien déserteur, soupçonné d’enrôler des Libanais pour aller combattre en Syrie et de planifier des attaques contre l’armée syrienne. Le colonel Ahmad Amer a été arrêté au port de Tripoli, « alors qu’il rentrait d’Istanbul où il s’est réuni avec des responsables de l’opposition syrienne », a indiqué une source à l’AFP sous le couvert de l’anonymat. « Un CD et une clé USB en sa possession ont été saisis après qu’il s’eut avéré qu’ils contenaient des cartes de postes militaires de l’armée syrienne », a-t-elle précisé. « Après interrogatoire, le juge d’instruction militaire, Fadi Sawwan, a délivré un mandat de dépôt contre le colonel Ahmad Amer pour avoir enrôlé des Libanais pour aller combattre en Syrie et pour planifier des attaques contre des positions militaires de l’armée régulière syrienne », a indiqué la même source. Selon la loi, la justice peut poursuivre ceux qui sont soupçonnés de commettre des crimes en territoire étranger en cas d’arrestation sur le sol libanais.

• Citant des sources informées, le quotidien Al-Akhbar rapporte que le chef du bureau politique du mouvement Hamas, Khaled Machaal, n’est pas venu à Beyrouth, contrairement à certaines informations qui ont circulées. La visite est d’autant plus difficile que les relations entre son mouvement et le Hezbollah ne se sont pas améliorées de manière à permettre un entretien entre Machaal et le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah.

• Un colonel de réserve Israélien a été frappé à mort et une femme a été blessée dans une attaque commise dans leur maison située dans une colonie en Cisjordanie. « Ils ont été frappés avec des instruments contondants » dans la colonie de Brosh, a déclaré le porte-parole de la police Micky Rosenfeld, ajoutant qu’une attaque perpétrée par des Palestiniens semblait une hypothèse « incontestable ». Le mois dernier, un soldat israélien a été abattu par balle dans la ville d’Hébron, au sud de la Cisjordanie. L’armée attribue cette attaque à un tireur palestinien, mais aucun suspect n’a été arrêté.

Revue de presse

As-Safir (Quotidien libanais proche du 8-Mars)
Nabil Haitham et Elie Ferzli (11 octobre 2013)
Pour Walid Joumblatt, l’image est désormais plus claire sur les plans libanais, régional et international. L’analyse qu’il fait du dossier syrien et du dialogue américano-iranien le pousse à conseiller aux parties concernées de ne pas sous-estimer les développement à ce niveau, dont les retombées n’épargneront personne au Liban et dans la région. Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) affirme avoir souhaité que certains n’aient pas cru, avec le lancement du mouvement de contestation en Syrie, que l’argent pourrait fabriquer une révolution, au point de jouer toutes leurs cartes en misant sur la chute dans trois mois de Bachar al-Assad. Puis les dates se sont succédé et Assad est encore là. Même si le président syrien se présente aujourd’hui à l’élection présidentielle, il sera réélu. M. Joumblatt n’exclut pas que la conférence de Genève-2 soit l’occasion de s’entendre sur une sortie de crise en Syrie, mais elle sera probablement suivie de Genève-3, Genève-4 et peut-être d’autres encore.
Le chef du PSP pense que le dossier de la présidentielle est ouvert au Liban. Il va falloir s’entendre sur la manière de gérer cette phase de transition en minimisant les pertes et en évitant au Liban des soubresauts sécuritaires ou économiques. Sur ce plan, M. Joumblatt mise sur le rôle de l’Arabie saoudite au Liban, tout en constatant que le Riyad s’est éloigné de ce dossier probablement pour des raisons liées à la conjoncture régionale. Ce repli saoudien a des retombées négatives, pense-t-il, parmi lesquelles la montée en puissance des phénomènes extrémistes au détriment des forces modérées.
Selon M. Joumblatt, il est impératif de former un gouvernement, dans les plus brefs délais et toutes les forces sont appelées à faciliter cette mission, bien que Joumblatt en fasse assumer la responsabilité au 14-Mars compte tenu des conditions qu’il pose avant de se rétracter. Joumblatt estime que la formule des « 3x8 » n’est plus viable, même s’il a été l’un des premiers à la défendre. La solution idéale pourrait consister à adopter la formule « 9+9+6 » qui accorde un tiers de blocage au Hezbollah et à ses alliés et au 14-Mars sans qu’aucune partie ne puisse prétendre tirer les ficelles au sein du gouvernement.
Par ailleurs, M. Joumblatt n’est pas en faveur d’une prorogation du mandat du président Michel Sleiman, et refuse que le président soit élu à la majorité simple, dans la mesure où une telle procédure porterait préjudice aux chrétiens.
W. Joumblatt rejette un gouvernement de fait accompli, qui sera un Cabinet contraire au pacte national et à la Constitution du point de vue du président Nabih Berry. Un tel gouvernement ne pourra donc pas gouverner, ni d’ailleurs combler le vide présidentiel si l’on arrive à l’échéance présidentielle sans que les élections ne puissent avoir lieu. En revanche, l’actuel gouvernement d’expédition des affaires courantes répond à tous les critères juridiques ainsi qu’à ceux imposés par le pacte national, le plus important étant qu’aussi bien les parties intérieures qu’extérieures y voient un Cabinet constitutionnel qui a remporté la confiance du parlement.

As-Safir (10 octobre 2013)
Ghassan Rifi et Hasnaa Saadé
Le chef du Courant des Marada, le député Sleiman Frangié, a estimé que la poursuite de la confrontation régionale et internationale sur la terre syrienne va se traduire, au Liban, par la poursuite du vide gouvernemental, qui pourrait se propager à la première magistrature de l’État, au printemps prochain. « Tout maronite libanais est candidat à la présidence de la République jusqu’à ce qu’il prouve le contraire », dit-il. Le pragmatisme politique le pousse à dire que la question n’est pas de savoir s’il est candidat ou pas mais de connaitre les rapports de force. « Les réalités libanaises, syriennes et régionales ne permettent pas aujourd’hui l’élection d’un candidat du 14-Mars ou du 8-Mars, déclare le leader de Zghorta. De même que la prorogation du mandat du président Michel Sleiman est exclu pour les mêmes raisons. C’est pour cela que le vide à la présidence de la République est le plus probable l’année prochaine ».
M. Frangié estime que 2014 sera année charnière. « La région, et peut-être le monde entier, se trouvent à un tournant historique, dit-il. Si notre camp politique, qui s’étend de Beyrouth à Moscou en passant par Damas et Téhéran l’emporte, cela aura des répercussions sur le partage de l’influence régionale et le Liban ne sera pas en dehors de cette équation. Si nous sommes vaincus, nous féliciterons nos adversaires. Je ne changerais pas ma position. Si mon camp politique perd son pari, je perdrais avec lui. Je suis profondément convaincu que le Liban ne peut pas survivre sans toutes ses communautés ».
Et M. Frangié de poursuivre : « Les États-uniens commencent à reconnaitre l’influence russo-iranienne dans la région alors que les Arabes, Saoudiens en tête, n’ont pas encore reconnu les changements. Lorsque les acteurs régionaux s’entendront, le calme reviendra au Liban (…) Les chrétiens puisent leur protection de leur attachement à l’arabité et de leur adhésion aux causes de la région, notamment au niveau du conflit israélo-arabe. Je rejette la neutralité et je suis attaché à la résistance. Après la guerre épique de 2006, personne au Liban ou à l’étranger n’ose plus toucher aux armes de la Résistance ».

As-Safir (10 octobre 2013)
Elie Ferzli
Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, est confiant que les fermes de Chebaa reviendront dans le giron de l’État libanais. Toutefois, il est sûr que ce n’est pas la Résistance qui les récupèrera « mais le nouveau pouvoir syrien, car le régime actuel va tomber tôt ou tard ». « Il n’y a aucun doute là-dessus, tous le savent, y compris les Russes », assure-t-il. Selon M. Geagea, « il suffit que le Liban et la Syrie signent un document attestant de la libanité des fermes de Chebaa, qui serait ensuite envoyé aux Nations unies, pour que cette région tombe sous la coupe de la résolution 425 de l’Onu. Israël sera alors contraint de se retirer. » « C’est le contraire qui s’est produit. La Syrie a refusé de signer un document, ce qui a privé le Liban de son droit de récupérer cette région », déclare-t-il.
Et M. Geagea de poursuivre : « Nous voulons que les Libanais et les générations futures profitent du pétrole alors que d’autres veulent le transformer en nouvelles lignes de démarcation avec Israël. Cela n’aboutira certainement pas à la défaite d’Israël. Le dossier du pétrole est utilisé pour donner une légitimité aux armes illégales et à l’axe de la résistance ».
Le chef des FL a rejeté ce qu’il a appelle l’équation de (sayyed Hassan) « Nasrallah, c’est-à-dire les installations pétrolières libanaises contre les installations pétrolières israéliennes ». « Cela équivaut à confisquer le droit du peuple et de l’État libanais à défendre leurs droits, surtout qu’ils disposent de suffisamment d’outils diplomatiques et juridiques pour le faire. Je suis concerné par le pétrole plus qu’eux mais cela ne signifie pas que je doive porter les armes pour le défendre », conclue-t-il.

As-Safir (8 octobre 2013)
Ghassan Rifi
Le vice-président du Parlement, Farid Makari, a appelé au téléphone portable son ancien allié, le chef du Courant des Marada, le député Sleiman Frangié, après une longue rupture depuis 2005 (…) La conversation a duré quelques minutes et n’a pas porté sur des questions politiques. Les deux hommes ont convenu de rétablir le contact et de se rencontrer, dès que les circonstances le permettront.
Ce geste illustre le mécontentement de Makari vis-à-vis des agissements de certains partis de son propre camp politique et de nombreux alliés, notamment dans son fief du Koura. Lors de ses rencontres publiques et privées, Makari insiste sur son attachement à la ligne politique de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et affirme se tenir en permanence aux côtés de Saad Hariri. Mais cela ne l’empêche pas de faire preuve d’indépendance et de se repositionner politiquement au risque de provoquer des divergences avec ses alliés, notamment les Forces libanaises (FL), et un rapprochement avec ses adversaires, plus particulièrement le président de la Chambre Nabih Berry. Il est clair que Makari en a assez des agissements des Forces libanaises à son égard. Les faits indiquent que les relations avec le chef des FL, Samir Geagea, ont commencé à se diriger vers la rupture (…) après l’élection partielle du Koura. Lors de cette consultation, Makari a appuyé à fond le candidat des FL, Fadi Karam. Mais les Forces libanaises se sont comportées comme si la victoire de ce dernier était le résultat de leur popularité croissante et n’ont accordé aucun crédit au vice-président de la Chambre. Aussi, les observateurs n’ont-il pas été surpris lorsqu’il a présenté les candidatures de son fils Nabil, du directeur de son cabinet Nabil Moussa et de son proche Michel Hélou pour les élections législatives (avant qu’elles ne soient reportées, ndlr). Il voulait donner l’impression qu’il était prêt à présenter une liste complète pour prouver sa popularité dans sa région, face aux FL.
Farid Makari estime que la vision politique de ses alliés est très loin des réalités libanaises et ne sert pas l’intérêt national, voire elles sont susceptibles de mener le Liban vers la guerre civile. Tout cela l’a poussé à se repositionner sur l’échiquier politique.

An-Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
Ibrahim Bayram (9 octobre 2013)
Ces derniers jours, et pendant certains voyages du président Michel Sleiman à l’étranger, des propos lui ont été attribués selon lesquels le Hezbollah aurait entamé le retrait progressif de ses troupes du champ de bataille syrien et qu’il ne reste en Syrie qu’un petit nombre de combattants. Ces propos présidentiels ont laissé entrevoir de nouveaux développements permettant de dire que le Liban s’engage sur la voie de la neutralité et de la distanciation à l’égard de la bataille qui fait rage sur la scène syrienne. Mais très vite, les informations en provenance de Syrie ont fait état d’une bataille féroce menée par l’armée syrienne pour reprendre le contrôle d’une localité d’une importance stratégique, située sur la route de l’aéroport de Damas, et qui sert de verrou à plusieurs régions. Il s’agit de Chébaa, dans la Ghouta du Nord. Il est apparu, ultérieurement, que les unités du Hezbollah ont joué un rôle de premier plan dans l’offensive qui a repoussé les rebelles de l’opposition. Le parti a perdu cinq de ses meilleurs cadres militaires dans ces combats acharnés. Malgré cette preuve, des voix ont continué à prétendre que le retrait du Hezbollah de Syrie était achevé ou en cours.
Plusieurs données prouvent clairement que le Hezbollah n’a pas encore entamé la phase de la réflexion sur le moyen de sortir de Syrie et n’a jamais examiné cette question en interne, et cela pour plusieurs considérations. D’abord, les raisons qui ont poussé le Hezbollah à prendre part aux affrontements en Syrie —tout en étant conscient du prix de sa décision sur tous les plans— restent de mise. En des termes plus précis, le Hezbollah ne peut pas tourner le dos à ce qui se passe en Syrie, alors qu’il voit de près l’afflux de combattants arabes et étrangers de plus de 80 pays. Ces derniers n’ont jamais caché leur objectif d’édifier un émirat d’inspiration salafiste, qui se promet d’affronter le Hezbollah sur ses propres terres. De plus, le Hezbollah estime que la période qui a suivi l’entente russo-américaine, qui a écarté le danger d’une frappe contre la Syrie, a laissé apparaitre des données favorables au régime syrien et à ses alliés. Ainsi, les choix pris par le parti, et que certains ont qualifié d’aventure non calculée, ont prouvé leur pertinence (...) Le commandement du Hezbollah peut dire à sa base populaire, qui était inquiète, que ses paris ont réussi et que ses décisions étaient bien calculées. Le retrait de Syrie ne fait absolument pas partie du lexique du Hezbollah.

Al-Akhbar (Quotidien libanais proche de la Résistance)
Nicolas Nassif (11 octobre 2013)
Le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a mis l’accent sur l’insistance du président de la République, Michel Sleiman, sur la formation d’un nouveau gouvernement susceptible de satisfaire toutes les parties et d’obtenir la confiance du parlement. « Telle est la vision du président », qui vise à faire sortir le pays de l’impasse dans laquelle il se trouve actuellement, dit le ministre.
M. Charbel a appelé de ses vœux la mise en place d’un Cabinet semblable au premier gouvernement présidé par Najib Mikati en 2005, lequel est resté au pouvoir pendant 100 jours, assurant la supervision des élections législatives. Pour M. Charbel, il n’y a aucun inconvénient à ce qu’une mission similaire soit confiée au futur gouvernement jusqu’à la fin du mandat du chef de l’État, de sorte qu’il soit capable de gérer la période transitoire. Le gouvernement n’a aucun rôle à jouer dans l’échéance présidentielle, a-t-il considéré, soulignant toutefois qu’il lui incombera la tâche de maintenir la sécurité et la stabilité et qu’il lui appartiendra de préparer le climat propice à la convocation du parlement en vue de l’élection du Président de la République.
Revenant sur le dossier présidentiel, le ministre Charbel assure que la prorogation du mandat du président Sleiman sera inéluctable dans l’hypothèse où le nouveau gouvernement ne verra pas le jour avant l’échéance présidentielle. « La prorogation, c’est mauvais, mais le vide à la présidence est pire », dit-il, ajoutant, qu’« en l’absence du gouvernement, nous nous retrouverons face à ces deux options, le mauvais et le pire, la prorogation ou le vide. Je ne puis qu’opter pour le premier, et ce dans le souci d’éviter une catastrophe. Le président Sleiman refuse la prorogation. Il l’a déclaré à plusieurs reprises. Mais le vide est pire ». Il poursuit : « Le président Sleiman sera in fine contraint de se plier à cette solution afin de prémunir le pays contre une crise » qui s’avère être plus compliquée. « L’intérêt de l’État prime son avis personnel. Il doit accepter la prorogation si le chemin de la formation du gouvernement continue d’être parsemé d’embûches. La prorogation s’imposera, qu’il le veuille ou pas ».
Le ministre de l’Intérieur a considéré par ailleurs, qu’outre l’absence d’un nouveau gouvernement, l’incapacité des différents protagonistes à se mettre d’accord sur un nouveau Président de la République, serait lui aussi un facteur rendant inévitable la prorogation du mandat de Sleiman

Al-Akhbar (11 octobre 2013)
Nasser Charara
Les dépôts bancaires de quelques 100 000 Libano-Américains ne bénéficieront plus au Liban de la protection assurée par la loi du secret bancaire, les comptes des binationaux Libano-Américains devant être placés sous la loi américaine dite Fatca (Foreign Account Tax Compliance Act), qui vise à renforcer la lutte contre l’évasion fiscale des contribuables américains. Des sources bancaires considèrent que l’application de ladite loi aura d’importantes répercussions sur les Libano-Américains résidant dans les pays du Golfe ou en Afrique. Cette mesure, expliquent-elles, aura un impact sur les transferts financiers vers le Liban. En outre, les dépositaires libano-américains en Afrique sont issus dans leur grande majorité de la communauté chiite. Par conséquent, l’application de cette loi permettra de continuer de poursuivre les Libanais, en invoquant le gel des sources de financement du Hezbollah. L’Union européenne prépare à son tour une loi similaire qui sera appliquée dans tous les pays membres de l’UE ainsi que sur les Libanais détenant une nationalité européenne.

Al-Joumhouria (Quotidien proche du 14-March)
(7 octobre 2013)
Deux mois d’enquête, menée par des agents de la SG, dont certains avaient infiltré les milieux extrémistes, ont permis l’arrestation de trois suspects membres de ce réseau, de nationalité libanaise et syrienne. Selon des sources de sécurité, ces terroristes projetaient de commettre des actes « dangereux et sales ». Leur objectif était de prendre pour cible des lieux religieux et des personnalités politiques du 8 et du 14-Mars, dans le but d’entrainer les Libanais dans un conflit interne. Les suspects comptaient faire exploser de petites charges de 200 à 500 grammes dans le centre-ville de Beyrouth, dans la banlieue sud, à Tarik Jdidé et à Achrafiyé, ainsi que dans d’autres régions à l’extérieur de la capitale, pour occuper les forces de sécurité, afin de donner l’impression que le pays sombre dans un conflit communautaire.
Les trois membres du réseau appartiennent à un groupe affilié à Al-Qaïda et œuvraient depuis plusieurs mois à la préparation d’actes terroristes dont des explosions visant des lieux publics très fréquentés, tels que les malls et les lieux de rassemblement, pour créer une déstabilisation et un chaos. Les trois suspects ont été surveillés et filés pendant un mois entier, ainsi que leurs lignes de téléphone et les contacts qu’ils effectuaient.
Les enquêteurs ont découvert avec les suspects des matières explosives, acheminées d’un pays arabe par voie terrestre —l’Irak ou la Syrie— ainsi qu’un pistolet muni de silencieux.
Les trois suspects ont fait des aveux complets lors de leur interrogatoire et ont été déférés devant la justice militaire sur ordre du commissaire adjoint du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Dany Zeenny. Les matières explosives, le matériel de communication et l’arme munie d’un silencieux saisis sur eux ont également été remis à la justice.

L’Orient-Le Jour (Quotidien francophone libanais proche du 14-Mars)
Elie Masbounji (11 octobre 2013)
En marge de sa participation au séminaire parlementaire contre la peine de mort qui s’est clôturé hier à l’Assemblée nationale française, le député Ali Fayad (Hezbollah), a été accueilli au Quai d’Orsay et s’est entretenu avec des responsables des zones Liban et Proche-Orient. Un échange de vues, qualifié d’utile par le parlementaire libanais et qui a porté sur les derniers développements sur la scène locale : crise politique, situation dans le sud du pays, les conséquences de la guerre en Syrie et la position du Hezbollah sur ces diverses questions. M. Fayad a clarifié les positions de son parti, notamment sur la crise gouvernementale libanaise, les relations cordiales entre la Finul et la population au Liban-Sud, le soutien du Hezbollah au régime syrien, sous l’angle des conséquences négatives de l’engagement militaire de pays arabes et étrangers sur le terrain auprès de la rébellion syrienne. Il a entendu dans ce contexte un exposé de la position française sur la situation au Liban et en Syrie, insistant sur certains points de détail et répondant à des questions sur d’autres points intéressant ses hôtes français.
Le député invité (pris en charge par le Quai d’Orsay lui-même, alors que les autres députés étaient les invités de l’ambassade de France au Liban) a signalé une évolution dans la position française après les attitudes de Paris telles qu’exprimées il y a environ un an, ajoutant que la diplomatie française tient compte, bien entendu, du nouveau cap de la communauté internationale dans le processus de règlement de la crise syrienne, à savoir favoriser une solution politique plutôt que recourir à la force. Il a précisé à cet égard que lors de ses entretiens il a affirmé que le Hezbollah est en faveur d’une solution politique en Syrie sans aller jusqu’à soutenir la conférence de Genève proposée par les grandes puissances. M. Fayad a conclu qu’il faudra encore attendre pour savoir qui participera à Genève 2 et sur quelles bases les négociations seront engagées.
L’invitation du Quai d’Orsay à un député du « Hezbollah » est en elle-même un signe d’assouplissement de la politique française vis-à-vis de la conjoncture syro-libanaise, estiment des parlementaires français, la France ayant récemment accepté d’ajouter la branche militaire de ce parti à la liste européenne des organisations terroristes.

L’Orient-Le Jour (10 octobre 2013)
Le « lobby » en faveur des chrétiens d’Orient s’est concrétisé lors d’une audition à l’Assemblée nationale des fondateurs de ce mouvement, le Chredo (Coordination des chrétiens d’Orient en danger). Cette séance, à l’initiative d’un groupe de parlementaires de toutes sensibilités, notamment Mme Valérie Pécresse, députée des Yvelines, a permis aux dirigeants du mouvement de dévoiler ses propositions, à savoir demander aux parlementaires français d’intervenir pour que la France agisse aux niveaux national, européen et international afin de défendre la présence chrétienne en Orient et d’arrêter l’hémorragie d’un exode forcé qui s’amplifie de jour en jour. Le Chredo est animé par M. Patrick Karam, un Libanais né en Guadeloupe, conseiller politique de l’UMP, conseiller régional d’Île-de-France et expert en géopolitique. Il comprend des personnalités civiles et religieuses représentant des partis politiques, et de nombreuses communautés et Églises chrétiennes libanaises, syriennes, égyptiennes, irakiennes, jordaniennes
et palestiniennes.

Agence France-Presse (11 octobre 2013)
Au moins 190 civils ont été tués dont 67 exécutés, et 200 pris en otage dans des villages alaouites en Syrie par des groupes jihadistes et rebelles début août, rapporte Human Rights Watch dans un rapport diffusé vendredi.
Dans son rapport de 105 pages, l’ONG indique avoir mené une enquête sur place et interrogé 35 personnes, y compris des survivants de l’attaque menée par des rebelles contre dix villages alaouites le 4 août dans la province de Lattaquié, fief du président Bachar el-Assad. Ce jour-là, au moins 190 civils ont été tués, dont 57 femmes et 18 enfants, selon l’ONG, qui a compilé une liste de noms de ces victimes.
Parmi eux, au moins 67 ont été exécutés alors qu’ils n’étaient pas armés ou tentaient de fuir, selon HRW qui a rassemblé des éléments montrant qu’il s’agissait de civils non-combattants, n’ayant rien fait qui puisse menacer, ou laisser croire qu’ils menaçaient les assaillants.
Selon HRW, au moins 20 groupes ont participé à l’opération au cours de laquelle ils ont conquis ces dix villages, repris le 18 août par les troupes du régime. Mais d’après l’ONG, les cinq principaux "organisateurs" et "exécuteurs" de l’attaque du 4 août étaient des groupes jihadistes comme l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), le Front Al-Nosra -tous deux affiliés à el-Qaëda- et Jaich al Mouhajirine wal Ansar, mais aussi des groupes rebelles islamistes comme Ahrar al Cham et Souqour al-Izz.
L’EIIL et Jaish al-Mouhajirine wal Ansar retiennent toujours plus de 200 civils comme otage, en majorité des femmes et des enfants, indique en outre l’ONG.
Ce qui est moins clair est le rôle des combattants de l’Armée syrienne libre (ASL), la branche armée de la principale coalition de l’opposition, qui est soutenue ouvertement par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et les pays sunnites du Golfe. Dans une vidéo mise en ligne le 11 août et filmée, semble-t-il, dans la province de Lattaquié, le chef de l’ASL, Salim Idriss, déclare que ses hommes ont pris part "dans une large mesure" à l’offensive.
Mais Lama Fakih, qui a enquêté pendant plusieurs jours en septembre pour HRW dans la province de Lattaquié, et a parlé à cette occasion à des habitants, à des miliciens, des soldats, des médecins et des responsables, a dit ne pas être en mesure de confirmer si l’ASL était présente le 4 août lorsque les atrocités ont été commises.
"Ces combattants ont lancé l’attaque le 4 août, le premier jour de la fête du Fitr marquant la fin du moins du ramadan (jeûne musulman). Ils ont franchi les positions de l’armée gardant la zone et sont entrés dans plus de 10 villages alaouites", indique HRW, citant entre autres Barouda, Nbeité, Blouta, Abou Makké.
Des villageois ont raconté à l’ONG comment ils ont tenté de fuir alors que les combattants "ouvraient le feu sans discernement, et dans certains cas, tirant délibérément sur les résidents". "Dans certains cas, les combattants ont exécuté ou abattu des familles entières", poursuit-elle.
"Ces abus (...) sont une opération planifiée contre la population civile dans ces villages alaouites", a estimé Joe Stork, le directeur par intérim de HRW pour le Moyen-Orient, l’ONG estimant qu’il s’agit de "crimes contre l’Humanité".

The Jerusalem Post (Quotidien israélien, 8 octobre 2013)
Yaacov Lappin
Les ennemis d’Israël, y compris le Hezbollah, ont 200 000 roquettes et missiles pointés sur Israël, a affirmé le ministre de la Défense passive Gilad Erdan, mardi, dans une conférence de l’Université Bar Ilan.
Environ 30 % de la population d’Israël est vulnérable aux attaques, a indiqué Erdan, précisant que dans n’importe quel scénario de guerre à grande échelle, le front intérieur israélien sera la cible de milliers de roquettes pendant trois semaines et que chaque point dans le pays pourrait être ciblés par le Hezbollah. « Dans une maisons sur dix au Liban sont stockés un lance-roquettes ou des armes », a déclaré Erdan . « Ils ont conçu des maisons de manière à ce que le toit s’ouvre et se referme pour que les lance-roquettes puissent faire feu. En outre, les stocks de missiles de haute précision du Hezbollah sont en croissance, et l’organisation terroriste tentera de cibler les endroits les plus douloureux pour Israël, comme les sites d’infrastructures, les installations de gaz naturel, les centres de production d’électricité et d’autres installations. » « Nos ennemis veulent briser le moral des Israéliens pour qu’ils cessent de croire que nous pouvons avoir une vie normale ici », a-t-il ajouté.
Auparavant, Giora Eiland, ancien chef du Conseil national de sécurité et chercheur principal à l’Institut d’études sur la sécurité nationale, a déclaré : « En 2006, nous avons essayé de faire quelque chose d’impossible en frappant les lance-roquettes. Si demain il y a une troisième guerre du Liban, le résultat sera pire si nous essayons de faire la même chose. Nous-mêmes ainsi que le Hezbollah se sont améliorés tactiquement (…) Ni le Hezbollah, ni la Syrie, ni l’Iran, ni les Américains ne veulent voir la destruction du Liban. Si la guerre finit par éclater, le fait de traiter le Liban comme un ennemi mettrait fin au conflit en trois jours et non pas en trois semaines. Cela implique le bombardement de ponts et d’autres cibles », a-t-il dit.

Le Figaro (Quotidien français, 9 octobre 2013)
Pierre Rousselin
L’affaire syrienne et le rapprochement qui s’annonce entre les États-Unis et l’Iran marqueront-ils le décrochage de la diplomatie de la France, après celui de notre économie ?
Les deux choses sont liées. Ce n’est qu’en arrêtant le recul de sa compétitivité que la France maintiendra son « rang » dans le monde. Mais notre pays s’est toujours donné un rôle supérieur à son poids réel. Encore faut-il pour cela avoir une doctrine bien définie. Ce n’est plus le cas.
Les révoltes arabes nous ont pris à contre-pied comme la fin de la Guerre froide avait surpris la diplomatie de Mitterrand. À nouveau, la France a le plus grand mal à s’adapter à un changement pourtant inéluctable.
Dans l’affaire iranienne comme dans le dossier syrien, la France a adopté des positions en pointe. À cause du risque de prolifération, si Téhéran se dote de l’arme nucléaire, mais aussi pour des raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec nos intérêts nationaux. Certains ont voulu effacer l’impression négative laissée aux États-Unis par notre opposition à la guerre en Irak. Ce raisonnement nous a entrainés en Afghanistan, dans une guerre perdue d’avance.
Depuis le début des révoltes arabes, Paris veut se racheter de l’appui accordé aux régimes autoritaires de la région. Il faut, bien sûr, soutenir la démocratisation. Mais sans que la mauvaise conscience impose un « droits-de-l’hommisme » moralisateur qui l’emporte sur toute autre considération.
Seul à vraiment vouloir « punir » Bachar el-Assad après le massacre aux du 21 août, François Hollande a dû en rabattre lorsque l’accord russo-américain a écarté toute « punition » pour faire tout le contraire : élever le dirigeant syrien au rang de partenaire reconnu dans le processus d’élimination de son propre arsenal chimique.
La « responsabilité de protéger » est un élément de la légalité des Nations Unies, mais elle ne peut s’y substituer. Le recours à la force n’est légitime que s’il est conforme à la loi internationale, ou alors c’est le système de l’ONU —auquel la France est si attachée, à cause de son siège de membre permanent— qui est remis en cause.
À l’heure où Washington a abandonné l’interventionnisme de George W. Bush et cherche à s’extraire du Moyen-Orient, Paris s’accroche à un activisme dépassé. Le retour à la diplomatie de la Russie dans le dossier syrien et la perspective de négociations substantielles avec l’Iran doivent être l’occasion pour la France de réviser ses positions, sous peine de risquer la marginalisation.
Se faire l’avocat des droits de l’homme est une composante essentielle de l’action de la France. Mais cet impératif ne doit pas nous pousser à soutenir n’importe quelle opposition aux dictatures. Le réalisme exige que la propagation de nos valeurs ne se substitue pas à la défense d’intérêts nationaux que l’on semble soudain avoir le plus grand mal à définir au Moyen-Orient.

Ria Novosti (Agence de presse russe, 9 octobre 2013)
La hausse du nombre de Britanniques combattant en Syrie risque d’entraîner une recrudescence des activités terroristes au Royaume-Uni, estime le chef des renseignements britanniques MI5 Andrew Parker.
« Depuis 2000, nous observons une ou deux tentatives d’attentat majeur par an, et il me semble que cette situation ne va pas changer dans les prochaines années. Un nombre croissant d’affaires dont nous nous occupons sont d’une manière ou d’une autre liées à la Syrie », a indiqué M. Parker s’exprimant au Royal United Services Institute.
« Il s’agit en premier lieu de personnes qui se sont rendues du Royaume-Uni en Syrie pour participer aux hostilités », a-t-il expliqué.
Selon lui, certains Britanniques engagés dans les combats en Syrie pourraient y revenir « encore plus radicaux qu’il ne l’étaient auparavant ».
D’après le centre de recherche IHS, depuis janvier 2012, de 5 000 à 10 000 étrangers, dont entre 750 et 1 000 ressortissants de l’Union européenne, se sont rendus en Syrie pour prendre part aux combats.

Source
New Orient News