Il est très facile pour un avion pirate de saboter l’infrastructure d’un grand aéroport, de mettre les pistes hors service, de provoquer des explosions dans les terminaux, de faire sauter des avions au sol, etc. Selon les conventions internationales, lorsqu’un aéronef entame la procédure d’atterrissage mais n’a pas auparavant demandé le survol de l’espace aérien d’un État et l’approbation d’atterrissage à cet aéroport, il devient un aéronef criminel. Par conséquent, l’avion est automatiquement intercepté par des avions de chasse. Lorsque l’aéronef est un appareil appartenant à un État, c’est à dire militaire, des garde-côtes ou de la police, l’État auquel il appartient est considéré comme un agresseur. Toutes les conventions internationales obligent les États signataires à punir la tentative d’acte illégal.

En comparaison, le pont et le détroit de Kertch sont soumis aux mêmes règles. L’incident du 25 novembre est bien connu et il n’est pas besoin d’y revenir. La réaction de l’envoyé spécial états-unien en Ukraine, Kurt D Volker, était celle de quelqu’un qui ne respecte aucune convention internationale : « La Russie limite le déploiement du trafic maritime en attaquant et en empêchant les navires ukrainiens pacifiques de se rendre dans un port ukrainien ». Il est remarquable que la Russie ait perdu quelques heures à pourchasser et à tenter de dissuader les vedettes rapides « pacifiques » de l’armée ukrainienne à l’entrée du détroit de Kertch, et à essayer de résoudre le problème par des moyens diplomatiques. En revanche, lors des deux guerres du Golfe, des avions militaires US ont bombardé et fait couler « préventivement » une centaine de navires iraquiens dans les eaux territoriales iraquiennes avant que ceux-ci n’apprennent que la flotte états-unienne était sur le point de commencer à envahir l’Iraq.

L’hélicoptère russe de reconnaissance et d’attaque KA-52, qui surveille l’évolution de la situation dans la région du détroit de Kertch, est équipé du canon 2A42-1, de calibre 30 mm, cadencé à 500 projectiles/minute et de deux blocs UB-32/57, avec 64 missiles réactifs S-5 M. Si la Russie avait adopté la même attitude que les États-Unis, les deux petits navires ukrainiens armés, mais non blindés, avec un déplacement de 50 tonnes, auraient été pulvérisés et auraient coulé dès la première minute.

Certaines controverses sont en train de naître :

 Deux des trois petits navires ukrainiens impliqués (Berdyansk et Nikopol) appartiennent à la classe Gyurza-M et sont basés au port d’Odessa. Depuis juillet 2018, deux autres navires de la même classe (Lubny et Kremenchuk) ont été livrés à la marine militaire ukrainienne, à partir du port militaire de Berdiansk dans la mer d’Azov. Les navires de la classe Gyurza-M sont construits dans l’usine d’armement Kuznya na Rybalskomu au centre-ville de Kiev. Une usine contrôlée par le milliardaire-président de l’Ukraine, Petro Porochenko. Les quatre navires ont été transportés de l’usine à leurs bases sur la route à l’aide de remorques de voitures. Pourquoi l’Ukraine a-t-elle forcé les choses maintenant ?

 Le 5 novembre, un avion russe Su-27 a intercepté un avion de reconnaissance états-unien ELINT EP-3 volant à proximité des eaux territoriales de la Crimée. Le 19 novembre, un avion de reconnaissance israélien Gulfstream G-550 Nachshon Aitam (indicatif du vol 537) a survolé la mer Noire autour du détroit de Kertch. L’incident survenu dans le détroit de Kertch a été surveillé pendant toute la journée par des avions de reconnaissance états-uniens SIGINT. L’un d’entre eux, de type RC-135V, série 64-14841, indicatif JONAS 21, basée dans la baie de Souda (Crète), a évolué sur le rivage de la mer Noire, près de la Crimée. Un second aéronef, un drone de haute altitude de type RQ-4B, série 11-2047, avec l’indicatif FORTE10, a volé à l’est de l’Ukraine près de la mer d’Azov. Le RQ-4B est exploité à partir de la base navale états-unienne de Sigonella (Sicile).

À la suite des exercices de l’Otan Trident Juncture 18, le porte-avions états-unien USS Harry Truman a été redirigé vers la mer Méditerranée. Il y a formé un groupe de frappe (CSG) avec trois destroyers de la classe Arleigh Burke et un croiseur de la classe Ticonderoga. L’USS Harry Truman a à son bord 90 avions de combat et hélicoptères et a déjà lancé un exercice de combat non planifié. Le CSG est appuyé à partir de la base de Sigonella par un avion de reconnaissance P-8A série 168859, qui surveille la zone de la Méditerranée orientale, de la mer Égée et de la mer Noire. À cette même fin, le CSG avait utilisé le même avion de reconnaissance EP-3 de la série 157316, indicatif AS17, qui a été intercepté par les Russes le 5 novembre sur la côte de Crimée et qui avait décollé de la baie de Souda (Crète).

Les « théoriciens du complot » disent que ce n’est pas une coïncidence, l’incident du détroit de Kertch aurait été préparé à l’avance, il s’agirait donc d’un acte prémédité. Les États-Unis poussent l’Ukraine par derrière pour susciter une réaction militaire de la Russie, offrant ainsi l’occasion aux formations CSG autour du porte-avions Harry Truman de frapper les cibles militaires russes dans la péninsule de Crimée. Une fois de plus, seule la modération de la Russie à empêché l’escalade qui aurait engendré une possibilité d’intervention de la part des États-Unis.

Traduction
Avic
Réseau International