Mesdames, Messieurs,

J’ai souhaité à l’issue de ces trois jours en Argentine, pour une visite bilatérale, à l’invitation du président MACRI, et puis ce G20 rendre compte des éléments qui me paraissent les plus importants. Sur la partie bilatérale, nous avons eu l’occasion avec le président MACRI de nous exprimer et je pourrai y revenir en fonction de vos questions.

Je veux ici souligner combien ce G20 se tenait dans un contexte particulier où le multilatéralisme, alors qu’il est sans doute plus important que jamais quand on regarde les sujets commerciaux, climatiques et les grandes transformations qui sont devant nous, le multilatéralisme donc traverse une véritable crise et est bousculé par des tensions multiples. A cet égard, ce G20 a permis des échanges intenses sur plusieurs sujets d’importance et a permis d’obtenir des résultats concrets.

Sur le commerce, nous avons acté, comme j’en avais exprimé le souhait fin mai dernier à Paris à l’OCDE, un agenda de réformes de cette organisation en fixant une échéance pour le prochain G20 en juin au Japon, une méthode et les ministres de l’Economie et des Finances auront donc un travail intense à poursuivre dans les prochains mois. Nous pensons très profondément que cette modernisation de l’Organisation mondiale du commerce est en effet absolument indispensable et que le travail à l’OCDE pour moderniser l’OMC fait partie, justement, des prochaines étapes indispensables pour améliorer notre multilatéralisme en la matière.

Les travaux de ces derniers jours ont montré sa nécessité et il y a eu une véritable convergence sur ce point. Nous avons d’ailleurs confirmé un attachement unanime à un système multilatéral, fondé sur des règles, ce qui, là aussi, était un point important.

Sur le climat, notre ligne rouge était le soutien des 19 membres, c’est-à-dire le G20 hors Etats-Unis d’Amérique, à l’accord de Paris ; nous l’avons, de même qu’un engagement à fixer des règles nouvelles lors de la COP 24, qui commence dès demain à Katowice, et la reconnaissance de l’alerte majeure que représente le récent rapport du GIEC. Sur le sujet du climat, là aussi, nous avons eu des discussions intenses ; aucun recul n’est advenu durant ce G20, ce qui était la crainte de beaucoup. Nous avons réussi à remobiliser fortement les initiatives, d’une part avec une déclaration plus explicite encore qu’il y a un an sur, en particulier, le processus ministériel de fixation de nos objectifs et de rehaussement de nos objectifs ; ensuite, nous avons eu plusieurs discussions pour préparer la COP en Pologne, et je souhaite vivement que tous les Européens puissent affirmer le rehaussement de leurs engagements à cette occasion. Et enfin, nous avons pu clarifier des éléments de financement avec le Secrétaire général des Nations unies et la Banque mondiale en la matière, en particulier à l’égard de quelques pays comme la Turquie qui étaient très demandeurs de ce point, ce qui était normal.

Sur le climat, je souhaite aussi souligner deux sujets, je dirais au-delà de la négociation du communiqué, qui étaient à mes yeux importants : nous avons signé, les ministres des Affaires étrangères entre la France, la Chine et avec le Secrétaire général des Nations unies ont signé, un texte réaffirmant notre engagement commun et fixant des lignes communes plus ambitieuses que celles qui existent sur le plan multilatéral ; ce qui montre d’une part l’engagement chinois en la matière et le bon travail en franco-chinois que nous avions en particulier relancé en janvier dernier.

D’autre part, nous avons tenu une réunion avec le Premier ministre de la Jamaïque et le Secrétaire général des Nations unies pour arrêter une méthode de travail conjointe puisque, vous le savez, en septembre 2019, se tiendra à New-York un nouveau sommet sur le climat à l’initiative du Secrétaire général et la Jamaïque et la France ont ensemble la responsabilité de la mobilisation des financements publics et privés et donc nous avons arrêté à la fois un calendrier et une méthode sur ce point.

Sur le climat aussi, donc comme sur le commerce, je considère que ce G20 est au rendez-vous de nos attentes et que nous avons pu obtenir les avancées souhaitées.

D’autres éléments qui étaient des priorités françaises ont été actés par tous : la priorité à l’éducation des jeunes filles dans nos politiques de développement ; vous le savez, c’est une priorité de l’agenda français et nous avons, en début d’année, à Dakar, participé en le coprésidant avec le président SAAL, au partenariat mondial pour l’éducation et à une nouvelle levée de fonds qui a permis d’avancer sur ce point. Deuxièmement, la reconstitution du Fonds mondial contre le VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme, dont la France accueillera la conférence à Lyon en 2019 et qui fait partie, là aussi, d’un de nos engagements forts en matière de santé.

Le grand message de ce sommet, c’est aussi que l’Europe se fait entendre et fait entendre sa voix quand elle est ferme et unie. J’ai en effet sollicité, avant le début de ce G20, une réunion de coordination avec l’ensemble des pays membres et invités européens et les institutions européennes, pour que nous puissions préciser, sur le commerce, le climat et plusieurs autres sujets, des positions communes. C’est, je crois, un élément qui a permis à la fois de témoigner de notre crédibilité collective, de notre volonté d’avancer et je crois profondément que si l’Europe ne défend pas ses intérêts et ses valeurs ensemble, nos pays deviennent inaudibles. Et je crois très sincèrement que ces résultats que je viens d’évoquer ont aussi été permis grâce à l’unité européenne.

C’est la première fois qu’un G20 s’est ouvert sur une telle coordination à notre initiative, pour porter un message commun. Je considère que c’est extrêmement important.

L’Europe doit porter aussi plus d’ambitions en matière climatique comme en matière commerciale ; nous souhaitons aller plus loin. C’est pourquoi nous serons moteurs sur le travail de modernisation de l’Organisation mondiale du commerce. C’est aussi pourquoi je souhaite que l’Union européenne annonce son engagement à la hausse d’ici à 2020 quant à sa contribution à l’Accord de Paris. C’est ce que les Européens devraient parvenir à faire dans les prochains jours à Katowice.

Je veux souligner que cette action résolue, internationale et européenne, n’est en aucun cas superfétatoire ou un luxe pour notre pays ; elle est directement dans l’intérêt de la France et des Français, parce qu’elle contribue à un agenda international que nous avons fixé, où nous défendons à la fois nos intérêts et nos valeurs, et nous aurons à les défendre l’année prochaine puisque la France aura à présider le G7 qui se tiendra à la fin du mois d’août à Biarritz, et ce G20 a aussi permis une coordination avec nombre de nos partenaires à la fois membres du G7 ou partenaires que nous souhaitons associer selon les formats à Biarritz et là aussi permis une passation de témoin avec le Canada.

Mais de manière très concrète, je veux ici vous dire que les avancées que nous avons obtenues en matière commerciale, ce sont des choses concrètes, tangibles pour nos filières industrielles et commerciales et quand je parle de commerce avec le président MACRI, je défends l’ouverture des marchés, la protection de nos filières agricoles et ce qui est l’intérêt de notre économie. Quand je parle du climat avec le président chinois et le partenariat que j’évoquais, je défends évidemment l’Accord de Paris mais c’est le prolongement direct de notre ambition climatique et des transformations que la France opère pour elle-même. Quand nous nous coordonnons autour de la table sur des sujets comme l’énergie pour obtenir les cours du pétrole les plus bas possibles - ce qui était l’une des discussions de ce G20 - c’est évidemment aussi pour l’intérêt de nos concitoyens. Quand nous parlons de la stabilité de grands acteurs communs avec le Premier ministre japonais, nous parlons d’industrie et d’emplois en France.

Il n’y a pas deux planètes ou deux mondes ; défendre les intérêts de la France, c’est être présent et combatif partout et c’est ce combat concret, des résultats, que nous avons ici porté durant ces deux jours de G20 et auparavant dans cette visite bilatérale et que je continuerai à porter avec la même clarté et le même engagement.

Je voudrais pour conclure avoir trois mots : d’abord un mot de remerciement pour le président MACRI, mot de remerciement et de félicitations car non seulement il nous a formidablement accueillis mais il a réussi à faire de ce G20 un véritable succès, par son engagement et sa présidence. Un mot de condoléances ensuite pour le peuple américain à la suite de l’annonce du décès du président BUSH. J’ai adressé mes condoléances personnelles et les condoléances de la Nation française au président TRUMP mais je souhaite ici le faire aussi publiquement.

Enfin, un dernier mot sur le contexte français et parce que je ne répondrai, conformément à mes habitudes, à aucune question sur ce point : ce qui s’est passé aujourd’hui à Paris, n’a rien à voir avec l’expression pacifique d’une colère légitime. Aucune cause ne justifie que les forces de l’ordre soient attaquées, que des commerces soient pillés, que des bâtiments publics ou privés soient incendiés, que des passants ou des journalistes soient menacés ou que l’Arc de Triomphe soit souillé. Les coupables de ces violences ne veulent pas de changement, ne veulent aucune amélioration ; ils veulent le chaos. Ils trahissent les causes qu’ils prétendent servir, et qu’ils manipulent. Ils seront identifiés et tenus responsables de leurs actes devant la justice. Dès demain matin, à mon retour, j’ai convoqué une réunion avec le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur et l’ensemble des services compétents. Je respecterai toujours les contestations ; j’entendrai toujours les oppositions, mais je n’accepterai jamais la violence.