Merci Madame la Chancelière, chère Angela,

Et je suis très heureux en effet d’être aujourd’hui à Berlin et de poursuivre les initiatives communes que nous menons sur plusieurs sujets.

Il y a quelques semaines vous étiez à Paris pour qu’ensemble nous puissions discuter avec la Chine, aujourd’hui nous traitons ensemble d’un sujet européen au premier chef et je pense que c’est aussi comme cela que nous concevons l’efficacité de la relation franco-allemande et notre volonté de faire ensemble.

Ce que nous avons voulu, c’est pouvoir dans un cadre informel réunir les pays des Balkans occidentaux et avoir une discussion ouverte sur les cas les plus sensibles et plus largement sur la stabilité de la région parce que nous considérons que c’est au premier chef une affaire européenne. Il y a beaucoup de partenaires concernés mais c’est aussi de facto notre stabilité qui en dépend. Et à ce titre, les derniers mois ont montré que les progrès sont possibles. Nous sommes une vingtaine d’années après des conflits qui ont profondément déchiré les Balkans et cette région, conflits comme vous le savez où la France a eu un rôle tout particulier et avec l’accord de Prespa, nous avons vu qu’il était possible de régler des différends qui semblaient indépassables. Et quand les dirigeants décident de s’impliquer - il faut là en effet remercier messieurs Borissov, Tsipras et Zaev - on arrive à trouver une solution très concrète.

Je vois deux priorités principales dans nos discussions d’aujourd’hui. La première, c’est évidemment de parler du cas très concret de la Serbie et du Kosovo avec la volonté qui est la nôtre que des discussions puissent reprendre. Nous n’avons pas l’intention de prescrire une solution à Belgrade et Pristina mais bien la volonté de regarder d’abord toutes les options possibles, d’essayer de dépassionner le débat et de permettre d’avancer sans tabous et sans qu’il y ait de crispations régionales qui ne naissent de quelque solution que ce soit. Mais la responsabilité, que nous avons tous, est de travailler ensemble pour que les deux parties reprennent le dialogue.

Le deuxième enjeu c’est de travailler ensemble, Allemagne et France, pour apporter une contribution concrète à la stabilité de la région. L’actualité n’est pas, comme l’a dit à l’instant Angela Merkel, à l’élargissement et la politique d’élargissement de l’Union européenne mais bien à une politique de stabilité que nous voulons avoir dans la région, ce qui implique pour la France aussi une stratégie de réengagement que je veux pouvoir présenter aujourd’hui à nos partenaires. En effet, alors que la France était très engagée dans la région dans les années 90, avec plus d’une centaine de soldats français qui y ont laissé leur vie, il y a eu un retrait français depuis les années 2000 et le retour de la paix.

Notre volonté, c’est de pouvoir oeuvrer ensemble à cette politique de stabilité autour de 4 axes principaux : le développement économique et social, la sécurité avec l’initiative que nous avons lancée il y a 18 mois, de lutte contre les trafics de petites armes et d’autres initiatives pour renforcer notre action commune contre le terrorisme, la criminalité organisée ou l’immigration irrégulière. Un troisième axe qui est la défense avec la prise de commandement fin mars de l’Opération européenne de maintien de la paix en Bosnie-Herzégovine et le renforcement de nos coopérations, et un quatrième axe avec la justice et le renforcement de notre coopération pour lutter contre la criminalité économique et financière.

Ces 4 axes, ce sont des axes où nous souhaitons nous réengager aux côtés de l’Allemagne dans les Balkans pour oeuvrer à leur stabilité indépendamment de tout autre agenda et parce que nous sommes aussi convaincus que cette stabilité passe par un agenda régional et une plus grande intégration et coopération entre les pays membres des Balkans. C’est aussi ce dont nous allons discuter ce soir, là où parfois des tensions se sont créées entre les uns et les autres qui ne bénéficient au fond à personne. Voilà à mes yeux les priorités de cet agenda.

Je remercie à nouveau Madame la Chancelière, chère Angela, pour son invitation et la réunion que nous allons avoir.