A partir du moment où l’on se plonge (se noie) dans ce livre, onl e lit d’une traite. Il s’agit là, d’un livre NECESSAIRE. Nécessaire pour l’auteur (il suffit de lire pour comprendre) et nécessaire pour le lecteur qui "n’a pas peur de savoir". Quand on dit nécessaire, on situe ce livre exactement au même plan que le livre de Primo Levi "Si c’est un homme", avec peut-être un petit plus, c’est une femme qui affirme sa féminité et sa maternité à toutes les pages de son livre. Un autre petit plus serait qu’il s’agit d’une africaine qui nous parle de l’Afrique.

Dans celui-ci, il y a plus qu’un témoignage, beaucoup plus. Par exemple, à un moment, elle arrive naturellement à une confusion totale entre les interhamwés et les soldats français. C’est le titre, n’aie pas peur de savoir. Yolande Mukagasana utilise largement le livre de Jean-Paul Gouteux, Un génocide secret d’Etat, pour la dénonciation historique du rôle de la France mais ce n’est qu’un aspect de ce qui est écrit. Et il ne s’agit pas de savoir si d’autres ont eu un parcours pire que le sien. Elle raconte le sien et elle dit clairement que si elle peut se mentir à elle-même, il lui est impossible de mentir à un autre survivant...(J.L.M.)

(" N’aie pas peur de savoir ", Yolande MUKAGASANA, Collection J’ai lu, Robert Laffont, 1999)