EXPOSE DE M. FIGARES

M. Figares indique que l’A.S.B.L. Nouvelle Acropole existe en Belgique depuis 18 ans. Son activité présente un caractère irréprochable. Elle n’a à ce jour jamais été poursuivie ni pour préjudice individuel, ni pour une quelconque infraction à la loi. Son financement est transparent et ses comptes sont publics.

L’A.S.B.L. Nouvelle Acropole souhaite mettre un terme aux malentendus résultant de documents diffusés sur l’association, qui sont non seulement très anciens (certains auraient plus de 30 ans et les plus récents plus de 15 ans), mais surtout contestés de longue date par l’association, notamment le prétendu " Manuel du dirigeant " dont le fondateur du mouvement, J.-A. Livraga, auteur supposé de ce document, conteste l’authenticité depuis près de 20 ans.

==== 1° Activités de l’A.S.B.L. Nouvelle Acropole

a) Le témoin indique que les activités de l’association visent à développer l’autonomie et le discernement de la personne à travers la réflexion et l’étude philosophique, ainsi qu’en témoigne l’étude menée par le sociologue Antoine Faivre (publiée dans Pour en finir avec les sectes, Cesnur-Di Giovanni, 1996). Celui-ci déclare notamment que " cette philosophie serait de nature à stimuler des modes de pensée qui permettent aux individus de choisir librement les conduites de vie adaptées à chacun et à chaque cir-constance, compte tenu des limites de son propre jugement " (p. 240) et que " Nouvelle Acropole ne paraît nullement suivre (...) une démarche d’embrigadement (...) " (p. 241). En effet, Nouvelle Acropole, par son enseignement éclectique, combat tout asservissement de la pensée.

b) Nouvelle Acropole a contesté officiellement le Commission d’enquête parlementaire française paru en 1995. Après sa publication, l’association a reçu le soutien d’éminentes personnalités, parmi lesquelles le sociologue Edgar Morin qui témoigne " de la qualité humaine et intellectuelle " de Nouvelle Acropole.

c) Selon M. Figares, les membres de l’association sont bien intégrés socialement et, loin d’être coupés de leur environnement, renforcent au contraire leurs relations sociales et familiales. Les témoignages des familles d’élèves anciens et actuels de l’association en témoignent.

d) L’association n’a pas de communauté de vie ni de biens. Seuls peuvent participer à ses activités des individus majeurs. Elle ne propose aucune activité pour les enfants.

e) Les membres sont libres de leur participation à l’association. Ils peuvent la quitter à tout moment selon leur choix. Ici aussi, les témoignages d’anciens élèves de l’association le prouvent.

f) Aux dires du témoin, la participation financière des membres n’a aucun caractère exorbitant. L’association n’a pas de but lucratif et ses recettes en 1995 - déposées au greffe du tribunal de première instance de Bruxelles pour les trois sièges de l’association en Belgique, à savoir Bruxelles, Liège et An-vers - se sont élevées à 2,4 millions de francs bel-ges, dont 50 % proviennent des cotisations, 20 % des dons et les 30 % restants d’autres sources comme la vente de publications, les frais de participation aux activités culturelles, etc. Nouvelle Acropole ne possè-de aucun patrimoine immobilier en Belgique.

==== 2° Principes et fondements

a. A propos de la société

g) M. Figares indique que la démarche de l’asso-ciation se fonde sur la vision platonicienne selon laquelle c’est l’individu qui est le moteur de la société par sa propre amélioration et moralisation.

h) Le fondateur de l’association, Jorge A. Livraga, s’est toujours élevé contre la violence individuelle et sociale. Sur ce dernier chapitre, il s’est toujours oppo-sé aux idées de révolution, de table rase, au terrorisme et aux méthodes violentes de toutes sortes, contraires, selon lui, à l’existence d’un Etat de droit et d’une justice sociale authentique.

i) Il a défendu les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité et de la démocratie, ainsi que le prouve la charte fondatrice de l’association : " Nouvelle Acropole apporte une réponse inscrite depuis sa fondation en 1957 dans les trois principes de sa Charte internationale, très proches, dans un sens de ceux de la Révolution française, à la différence qu’ils se présentent dans un ordre inversé et s’accompagnent de valeurs complémentaires, indispensables à leur intégration dans le comportement humain :

1) La Fraternité : réunir des hommes et des femmes de toutes croyances, races et conditions sociales autour d’un idéal de fraternité universelle.

2) L’Egalité : éveiller à une vision globale par l’étude comparée des philosophies, des sciences, des religions et des arts.

3) La Liberté : développer les aptitudes de l’individu pour qu’il puisse s’intégrer à la nature et vivre selon les caractéristiques de sa propre personnalité (cf. Fernand Schwartz, Quelles valeurs pour demain ?, in Revue Nouvelle Acropole France, n° 106, mars-avril 1989 et Dossier Révolution française, in Revue Nouvelle Acropole France, n° 107, mai-juin 1989).

Si M. Livraga a critiqué les dysfonctionnements, notamment dans les régimes démocratiques douteux d’Amérique latine des années 1960, il a toujours réaffirmé, selon l’orateur, son respect des idéaux démocratiques.

a) M. Livraga a orienté sa réflexion vers la nécessaire moralisation des responsables politiques, réflexion qui prend toute son importance au regard de l’actualité.

b) A sa suite, tant le président de l’association belge, à savoir l’orateur, que le directeur européen de Nouvelle Acropole (NA), Fernand Schwarz, ont réaffirmé à plusieurs reprises leur attachement aux valeurs démocratiques et leur souhait de contribuer à ce qu’elles deviennent réalité. L’intervenant cite à ce propos un article dont il est l’auteur et qui a été publié dans Ciné Télé-Revue du 18-24 novembre 1994 :

" Nouvelle Acropole est un mouvement humaniste international, présent dans cinquante pays au monde, dont la vocation est de permettre à des hommes de toutes ethnies, cultures, religions et origines sociales de mieux vivre ensemble. Son action est culturelle, philosophique et non politique. En tant que mouvement de pensée défenseur des idéaux de liberté, de fraternité et de solidarité, elle a depuis toujours dénoncé les extrémismes de gauche et de droite comme étant source de violences et d’exclusion. Nouvelle Acropole n’a jamais fait l’objet d’aucune plainte ni engendré la moindre victime. Elle ne détient aucune force paramilitaire ni subversive et a toujours respecté les lois de notre pays. "

b. L’association est apolitique

c) M. Figares déclare que l’association n’a aucun rapport avec la scène politique. Elle conteste formellement les amalgames abusifs qui l’assimileraient à un mouvement d’idéologie d’extrême-droite, voire néo-fasciste. Ses positions sur ce sujet sont sans ambiguïté.

d) L’association lutte activement contre les résurgences totalitaires, notamment nazies, et les tendances révisionnistes, en organisant expositions, séminaires et voyages de la mémoire sur les lieux de l’holocauste, comme le voyage organisé à Auschwitz pour le cinquantième anniversaire de la libération des camps nazis.

e) Face aux dérives antisémites, elle soutient la communauté juive et a reçu à plusieurs reprises des remerciements de la part des consistoires belge et français.

c. Le fonctionnement de l’association est respectueux des lois

f) M. Figares affirme que l’association belge adopte un fonctionnement démocratique respectueux des principes de I’Etat fédéral belge, ainsi qu’en attestent ses statuts publiés au Moniteur belge.

g) Ses activités respectent l’ordre public. Les affirmations concernant une quelconque tendance ou activité paramilitaire sont fausses.

h) Cependant, des rumeurs, dont les sources pourraient émaner d’instances officielles, prétendent associer Nouvelle Acropole à certaines affaires de triste mémoire, notamment le cas du Westland New Post (WNP). En effet, la presse a affirmé à plusieurs reprises que des membres du WNP l’ont également été de Nouvelle Acropole. L’intervenant dément for-mellement ces rumeurs. Il reconnaît néanmoins qu’à la fin des années 1970, deux ou trois jeunes, qui fréquentaient l’association depuis quelques mois, ont présenté avec beaucoup de sérieux un projet de " défense de l’Occident des hordes communistes ", projet complètement aberrant. L’intervenant les a priés de ne plus participer aux activités de Nouvelle Acropole. Plus tard, la presse révélait qu’ils étaient des sympathisants du WNP.

Enfin, le témoin rappelle les conclusions de l’étude menée par Antoine Faivre au sujet de l’association qui révèlent " non seulement que Nouvelle Acropole n’a jamais fait l’objet de poursuites mais aussi qu’aucun des critères retenus par la commission parlementaire (française) pour définir la notion de sectes ne paraît devoir s’appliquer à elle. " (o.c., p. 244).

QUESTIONS

==== 1° Implantation du siège mondial de l’organisation à Bruxelles. Structure de Nouvelle Acropole Belgique et nombre d’adhérents

M. Figares expose que le choix de Bruxelles pour l’implantation du siège mondial s’explique essentiellement pour des raisons administratives. En 1990-1991, Bruxelles est devenu un centre international qui rendait assez facile l’implantation de fondations internationales. Le secrétariat général de l’association se trouve par contre à Paris et à Madrid.

Aucune société ou organisation ne dépend de Nouvelle Acropole Belgique. Toutefois, il existe des associations constituées en A.S.B.L. qui participent des buts de la Nouvelle Acropole, surtout dans le domaine de la bienfaisance. C’est ainsi qu’une A.S.B.L. met en oeuvre un programmme éducatif en Colombie pour essayer de sortir des familles de la violence et de la drogue et pour parrainer des enfants, en particulier à Medellin. Cette association a reçu l’agrément du Ministère de la Coopération au Développement. Les dons des parrains font l’objet d’une exonération fiscale.

Il existe également un service traiteur (Allô-Bergine), créé en 1995, qui ne pratique pas d’activités commerciales dans le sens propre du terme - c’est presque privé - et qui soutient effectivement le financement de Nouvelle Acropole.

L’association " Les Compagnons " avait la même finalité, c’est-à-dire une participation au financement de Nouvelle Acropole, par le biais de travaux ménagers. Mais après quelques mois, étant donné les capacités insuffisantes des bénévoles et la complexité administrative, elle a été dissoute.

Actuellement, l’organisation compte une cinquantaine de membres en Belgique. Il y a plusieurs catégories de membres. Les membres dirigeants (conseil d’administration, etc.), les membres effectifs qui participent à l’assemblée générale et les membres non effectifs qui suivent les activités régulières de l’association, sans avoir manifesté le souhait d’appartenir à l’assemblée générale. Ces derniers n’ont donc pas le droit de vote.

Nouvelle Acropole comptait environ 8 000 membres répartis dans 44 pays, lors de la dernière assemblée générale internationale.

En réponse à la question de savoir si Nouvelle Acropole a une hiérarchie très structurée, M. Figares précise que son association est effectivement organisée de manière hiérarchique, mais uniquement dans le sens où elle compte un président, un secrétaire, un trésorier, un conseil d’administration et une assemblée générale, les membres formant la base des non-effectifs. Il s’agit d’une organisation parfaitement cohérente.

Le Président fait ensuite état d’un extrait du Manuel du dirigeant (la Hache d’Or) de J.-A. Livraga : " Aussi, une fois les décisions prises, le dirigeant doit les appliquer en un minimum de temps et sans hésitations. Les pleurnicheries de la personnalité doivent être écrasées sans pitié ; (...). Le Dirigeant doit être dur et ne pas se faire de concessions ... ".

M. Figares précise que Nouvelle Acropole conteste formellement les textes auxquels il est fait allusion. Ces textes ont été volés dans les archives de l’association en Belgique. M. Figares ajoute que son association possède une bibliothèque avec des livres et des documents scolastiques d’auteurs externes à l’association. Elle possède également des dossiers rédigés par des personnes qui l’ont attaquée ou critiquée.

Les documents volés ne sont pas de M. Livraga, qui a lui-même officiellement contesté l’authenticité de cet ouvrage.

En fait, il s’agirait de notes prises en 1969 en Uruguay par des étudiants, au cours de séminaires. Ultérieurement, ces notes ont été déformées, traduites à plusieurs reprises et, enfin, elles sont entrées en possession d’associations anti-sectes qui les ont diffusées.

Pour ce qui est du jugement du tribunal de grande instance de Paris du 10 novembre 1982, qui a débouté la Nouvelle Acropole d’une action en diffamation qu’elle avait portée à l’encontre de M. Woodrow, journaliste du Monde, ainsi que de l’" Union des associations de défense de la famille et de l’individu " et du " Centre de documentation contre les manipulations mentales ", M. Figares fait remarquer que ce jugement a été infirmé le 16 octobre 1984. Mais personne n’en a parlé, pas même le rapport Vivien, paru en avril 1985. Des huissiers de justice ont notifié ce jugement aux associations précitées.

Le président de la commission voudrait toutefois s’assurer que cette infirmation ne porte pas exclusivement sur des questions de dispositif ou de montant des dommages et intérêts liés à la condamnation.

Selon M. Figares, l’action menée par Nouvelle Acropole, depuis 18 ans en Belgique et environ 40 ans dans le monde, en faveur de la tolérance (notamment par des actions de soutien à la communauté juive), en vue de permettre aux hommes de toutes cultures et races de mieux vivre ensemble, est plus importante que la consultation d’un faux document.

==== 2° Le corps de sécurité de l’association : une organisation paramilitaire ?

M. Figares conteste l’existence d’une organisation paramilitaire au sein de la Nouvelle Acropole.

Confronté à la couverture et à l’éditorial du bulletin n° 1 de décembre 1977 du corps de sécurité, M. Figares indique que ce bulletin a été écrit par J.-M. Massé en vue de nuire à son association. Ce dernier l’a d’ailleurs reconnu dans une lettre adres-sée le 23 janvier 1978 à M. Schwarz, directeur européen de Nouvelle Acropole, après que celui-ci lui ait donné congé de l’association pour motif que la publication visée ne répondait aucunement à l’esprit de Nouvelle Acropole (lettre du 17 janvier 1978).

Quant à la photo de Fernand Schwarz diffusée par le VSD d’avril 1992 et par la télévision (Canal Plus, février 1996 et Antenne 2, septembre 1996), avec un commentaire le présentant comme effectuant un exercice militaire, M. Figares rappelle qu’Antenne 2 a été obligée de présenter un droit de réponse et explique que cette photo est extraite d’un manuel de Hatha Yoga dans lequel sont enseignés des exercices respiratoires non-violents. Selon le témoin, des sociologues qui ont vu les documents originaux, réprou-vent cette forme de manipulation.

M. Figares conteste également l’authenticité des chants de marche, soi-disant extraits du " Chansonnier acropolitain " de Nouvelle Acropole. Selon lui, ce genre d’information est diffusé par des mouvements antisectes et des journalistes utilisant des méthodes de travail qui les empêchent de mener à bien une réflexion approfondie sur son association.

Mis en présence d’une déclaration d’un des hauts dirigeants de Nouvelle Acropole figurant dans la re-vue " Almena " selon laquelle ce dernier affirme que Hitler est l’un de ses personnages historiques préférés, M. Figares déclare ne plus se rappeler de cette affaire. Il ajoute que s’il s’agit d’un dirigeant de Nouvelle Acropole, il est sûrement rayé de la liste des membres depuis longtemps.

Selon les statuts de Nouvelle Acropole, lorsqu’un membre adopte une attitude contraire aux principes de l’association, il est radié.

D’autre part, le témoin observe que si un membre d’une association quelconque fait des déclarations contraires aux principes de celle-ci, cela ne justifie pas pour autant une mise en cause de l’organisation dans son ensemble.

M. Figares est ensuite confronté à une déclaration du fondateur de Nouvelle Acropole, J.-A. Livraga publiée dans la Revue Nouvelle Acropole France (n° 107, mai/juin 1989, p. 7) selon laquelle " la guerre terminée, les dirigeants des pays vaincus sont déclarés " criminels de guerre ". L’être humain n’a guère évolué depuis le Paléolithique. En effet, si les vainqueurs avaient été les vaincus de l’Axe, les " criminels de guerre " auraient été Churchill, Staline, Roosevelt ou Truman ". A la question de savoir pourquoi M. Livraga n’a pas été exclu du mouvement à la suite d’une telle déclaration, M. Figares répond qu’il est difficile de porter un jugement sur un texte retiré de son contexte. L’orateur estime qu’il s’agit d’une simple constatation, précisant que si l’issue de la guerre avait été autre, il est probable que l’histoire aurait été écrite différemment.

==== 3° Le recours à une série de symboles chargés d’une connotation fasciste tels que l’aigle, le salut à la romaine, le port d’uniformes, ...

M. Figares explique que la pratique du salut à la romaine est liée au domaine des croyances, des gestes rituels et des symboles vrais. Ces aspects intéressent Nouvelle Acropole puisqu’elle essaye de réhabiliter la pensée de l’imaginaire. Il précise encore que Nouvelle Acropole étudie beaucoup de thèmes sans pour autant en faire des points de doctrine.

Quant aux uniformes bruns et noirs, M. Figares dément formellement l’existence d’uniformes para-militaires au sein des forces vives de Nouvelle Acropole, dont il fait d’ailleurs partie. Il s’agit de membres engagés qui décident d’agir au bénéfice de la société (lutte contre les incendies, action de protection civile et de civisme citadin, comme le nettoyage des trottoirs, l’élimination des déchets, etc.). A ces occasions, les membres portent des salopettes de travail semblables à celles des brigades anti-incendies. Il ne s’agit en aucun cas d’uniformes militaires. Pourtant cela a déjà donné lieu à maintes reprises à des associations et des comparaisons avec des mouvements paramilitaires. Nouvelle Acropole réagit à chaque fois par des droits de réponse contre de pareils amalgames.

Au sein des forces vives, chaque activité est dirigée par la personne ayant les compétences et les qualifications requises pour l’activité en question. La dernière action internationale a été organisée par Nouvelle Acropole dans les montagnes des Abruzzes en Italie.

S’agissant de l’aigle, l’orateur observe que c’est un symbole qui a été repris par beaucoup d’Etats de droit. Ce symbole ne revêt aucune connotation négative. Ce n’est pas parce que les nazis ont détourné une symbolique historique qu’il faut renoncer à tous ces symboles appartenant au patrimoine culturel de l’humanité. M. Figares ne voit pas en quoi le choix de tels symboles donnerait à son organisation une étiquette contraire à son action.

M. Figares est ensuite mis en présence d’un second extrait de l’article de J.-A. Livraga paru dans la Revue Nouvelle Acropole France (n° 107, mai/juin 1989, p. 6) : " Les USA s’arment précipitamment, bien que le Président Roosevelt dût feindre d’être une " colombe " pour accéder au pouvoir. Il est un admirateur personnel de Staline, son épouse va le mettre en contact chaque fois plus avec des groupes petits mais puissants, comme le " lobby juif ". "

Le témoin indique qu’une étude des textes de Nouvelle Acropole a été menée par la cellule révisioniste belge du consistoire israélite, dirigée par M. Moïse Rahmani. A la demande du témoin, cette cellule a analysé des textes publiés en cette matière, notamment ceux de Nouvelle Acropole Belgique, sui-te aux critiques émises par la presse à l’occasion du voyage de membres de Nouvelle Acropole à Auschwitz (ils auraient évité de prononcer le mot " juif "). Le professeur George Schnek, président du consistoire central israélite de Belgique, a déclaré formellement que ces critiques n’étaient pas fondées et que les attaques du groupe de presse Rossel étaient abusives.

L’orateur tient à souligner qu’il est d’origine juive. Il s’oppose totalement à toute anecdote ou tout emploi de mots, en ce compris le terme " lobby ", dans un contexte péjoratif ou négatif. Il appuie la communauté juive parce qu’il considère qu’elle est un symbole - probablement le plus frappant - des peuples exclus et exterminés par la barbarie de la société occidentale. Il estime qu’il est normal qu’un groupe humaniste comme Nouvelle Acropole essaye d’appuyer cette communauté par diverses activités (voyages à Dachau et Auschwitz, participation à une semaine internationale menée par le grand rabbin d’Italie Elio Toaff, auquel était invité F. Schwarz, également juif d’origine).

A la question de savoir si Nouvelle Acropole est partisan du renforcement des dispositifs légaux en ce qui concerne la lutte contre les milices privées à caractère fasciste, M. Figares répond par l’affirmative.

==== 4° Le mouvement Nouvelle Acropole a-t-il des activités ou visées politiques ?

En réponse à la question de savoir si Nouvelle Acropole a effectivement organisé, en France, des débats publics et des colloques où les intervenants étaient, pour la plupart, de l’extrême droite, du GRECE et du Front National, M. Figares indique qu’il y a une vingtaine d’années, M. Fernand Schwarz est arrivé en France sans vraiment connaître la mouvance idéologique et associative qui exis-tait dans ce pays. Il a été invité à participer à de nombreux colloques pluridisciplinaires organisés par des groupes les plus divers. Trois ou quatre ans plus tard, ces cercles ont, d’une manière ou d’une autre, dévoilé leurs objectifs. Publiquement et à maintes reprises, M. Schwarz a fait savoir qu’il prenait ses distances à l’égard de ces cercles et, depuis lors, il n’a plus jamais eu de contacts avec des groupes semblables.

En ce qui concerne la participation de M. Schwarz à un colloque en 1987, placé sous la présidence d’honneur du recteur de l’académie de Lyon, initiative patronnée par l’institut d’études indo-européennes de l’université de Lyon III (entièrement composé de membres du GRECE) et de Nouvelle Acropole, M. Figares tient à préciser que M. Schwarz n’a fait que répondre à une invitation émanant de l’université de Lyon, comme de nombreux autres professeurs et sociologues n’appartenant pas à la mouvance d’extrê-me droite.

M. Figares pense que l’information fausse selon laquelle J.-P. Allard, membre du GRECE, effectue-rait régulièrement des conférences à Nouvelle Acro-pole a été diffusée par TF1 en avril-mai 1996. Ce programme, selon lui, diffamatoire, serait un montage conçu non seulement contre La Nouvelle Acropole mais aussi contre d’autres groupes.

L’orateur rappelle encore que Nouvelle Acropole a participé à des colloques et des séminaires partout dans le monde, où se trouvaient des communistes, des membres de l’extrême gauche et de l’extrême droite. Il s’agissait de colloques pluridisciplinaires. Ce n’est pas parce que Nouvelle Acropole est invitée à ceux-ci qu’elle devient nécessairement associée à ces mouvements.

==== 5° Assemblée générale 1996 de Nouvelle Acropole au château de la cour Pétral, un des sièges français de l’association

Un reportage télévisé diffusé par TF1 montre les mesures de précaution exceptionnelles prises par Nouvelle Acropole lors de cette assemblée générale : barrages filtrants, filatures, support aérien et prise en chasse de voitures suspectes, repérage et contrôle des journalistes présents notamment.

En réponse à la question de savoir pourquoi Nouvelle Acropole, une association en principe apolitique, se livre à ce genre de contrôles, M. Figares fait remarquer que les supports aériens ont en fait été mis en place par l’équipe de télévision elle-même.

Il précise qu’il ne s’agit pas d’un château mais d’une abbaye en voie de restauration par l’association.

La réunion a rassemblé de 500 à 600 personnes provenant d’une trentaine de pays, logeant en dehors de cette propriété dans un centre hôtelier qui se trouvait à proximité. Il fallait déplacer les personnes parfois deux, trois, quatre fois par jour pour les séan-ces de travail, etc. Il s’imposait donc de mettre sur pied un service de surveillance minimum et il est normal, dans une propriété de 5 hectares, de recourir à l’usage de walkies-talkies.

Nouvelle Acropole a attaqué TF 1 en justice en raison des informations erronées qui ont été diffu-sées. Parmi les informations citées, il est question de l’infiltration des services de sécurité français, ainsi que de l’Aérospatiale. Les journalistes soulignent également l’immensité du patrimoine mobilier et im-mobilier que possèderait l’organisation de par le monde, et plus particulièrement en Belgique. En fait l’organisation internationale Nouvelle Acropole (Bel-gique) ne possède aucun patrimoine immobilier et ne loue qu’une partie des édifices filmés à Bruxelles et à Liège. Seule la maison que l’association a occupée à Anvers a été louée dans son entièreté. Il en va de même pour le siège italien, situé dans un petit appartement loué au cinquième étage d’un édifice donnant sur la piazza Colonna où se trouve le parlement italien. Les prises de vue des journalistes pouvaient laisser croire que Nouvelle Acropole possède l’ensemble des bâtiments de cette place.

Nouvelle Acropole compte à peine 50 membres en Belgique et 450 en France, et non des milliers comme il est dit erronément. En outre, M. Figares nie formellement être à la tête d’un " centre fort de formation musclée ", comme les journalistes l’ont affirmé.

M. Figares indique que NA Belgique a déjà organisé ce type de réunion. Toutefois, comme le nombre de participants était beaucoup plus restreint (environ trois cents), cela s’est passé à l’hôtel Sheraton, qui a lui-même assuré la sécurité.

==== 6° Mode de recrutement

M. Figares affirme qu’en Belgique, Nouvelle Acropole ne procède à aucune forme de recrutement mais se contente d’informer le public de ses activités civiques, culturelles et sportives, notamment par la publication de programmes d’activités, des affiches ... Les personnes intéressées sont libres de répondre à cet appel informatif.

Le règlement de Nouvelle Acropole stipule que les mineurs ne peuvent pas participer aux activités de l’association. Si c’est le cas, ceux-ci doivent être accompagnés d’au moins un de leurs parents ou, le cas échéant, présenter une lettre signée par l’un d’eux Mais en principe et au vu de la situation actuelle, l’entrée de mineurs est d’office refusée.

==== 7° Conditions d’adhésion à Nouvelle Acropole

M. Figares répond que les personnes qui désirent devenir membres de Nouvelle Acropole sont celles qui fréquentent les activités culturelles de l’association. Le statut dispose que " quiconque désire faire partie de l’association devra adresser sa demande à l’assemblée des associés. Celle-ci statue au scrutin secret sur cette demande. Sa décision ne doit pas être motivée. Quiconque est admis comme membre de l’association accepte, par son adhésion, de se soumettre aux statuts de l’association. ".

Aux yeux du témoin, il est normal que, lorsque qu’un membre non effectif demande son adhésion, Nouvelle Acropole prenne ses précautions afin de savoir s’il n’adhère pas à des idéologies ou à des tendances contraires à ses principes. Si tel était le cas (membre d’un parti d’extrême droite par exemple), il ne serait pas accepté.

==== 8° Statuts et objectifs de l’organisation

L’article 3 des statuts de l’organisation internationale Nouvelle Acropole (Belgique) indique que l’objet de l’organisation est de " contribuer à l’enseignement des sciences, des religions, des arts et de la philosophie spiritualiste, afin d’éloigner les menaces du matérialisme sous toutes ses formes ainsi que la dissolution des moeurs et des institutions traditionnelles ".

Prié d’indiquer ce qu’il faut entendre par " dissolution des moeurs ", M. Figares explique que Nouvelle Acropole considère que toute civilisation est fondée sur une mentalité, en d’autres termes, une vision du monde, avec des textes qui corroborent cette vision du monde et qui correspondent à ses valeurs. Celles-ci se reflètent dans les moeurs, les coutumes et l’histoire de la civilisation, considérées comme correctes et souvent reprises par la loi comme principes adhérant à cette mentalité ou à cette culture.

Il est évident, selon l’orateur, que lorsque l’on parle des moeurs et des principes traditionnels, l’on vise ce qui semble être à la base de l’éthique de l’espèce humaine.

D’après lui, les institutions traditionnelles sont représentées par la famille, l’Etat, les moeurs et coutumes d’un pays, l’Eglise, les institutions politiques, tandis que les valeurs traditionnelles sont l’éthique, la dignité, la fraternité, etc.

Partout en Europe, beaucoup d’affaires mettent en danger les principes fondamentaux de la démocratie. Il serait donc très utile, déclare le témoin, de renforcer ces valeurs traditionnelles pour barrer certaines tendances actuelles de retour à la barbarie.

En vue de lutter contre la dissolution des moeurs, Nouvelle Acropole prône une éducation axée prioritairement - c’est là qu’intervient l’influence platonicienne - sur l’éthique, la moralité des individus. En ces matières, l’éducation ne doit pas s’arrêter à 20 ou 25 ans après l’obtention d’un diplôme.

Nouvelle Acropole estime qu’il y a un dysfonctionnement au niveau des structures de l’éducation dans l’ensemble des pays occidentaux. En ce qui concerne l’éducation morale - qui a fait l’objet de débats importants dans divers pays -, elle déplore une lacune dans les outils pédagogiques permettant, en cette matière, une éducation beaucoup plus impor-tante que la formation intellectuelle. En effet, si cette dernière n’est pas négligeable, elle n’est pourtant pas suffisante.

Se référant à l’exemple des intellectuels, des universitaires qui ont participé aux horreurs de la période nazie, l’orateur est partisan d’un renouvellement des structures, particulièrement au niveau de l’éducation et exprime le souhait de développer une méthodologie permettant d’inculquer et d’entretenir les principes d’une éthique fondamentale, notamment chez tous nos responsables politiques.

M. Figares rappelle que Nouvelle Acropole est une organisation internationale composée d’environ huit mille membres dans le monde. La plupart agissent et réfléchissent dans des pays occidentaux mais également dans quelques pays " périphériques " de la culture occidentale : le Japon, la Turquie et Israël. Le souci fondamental de ces huit mille personnes est d’apporter une réflexion pour essayer de trouver des alternatives, à très longue échéance, dans ce domaine.

L’orateur ne croit pas que la civilisation occidentale et ses principes soient éternels. En effet, toute civilisation connaît des cycles historiques, des renouvellements et des changements. Dans cette optique, si un jour la civilisation occidentale est amenée à transmettre ses valeurs pour les sociétés à venir, il serait normal de préserver l’essentiel de ce qui a été notre quête et conquête.

Dans ce contexte, M. Figares rappelle que Nouvel-le Acropole marque un grand intérêt pour la pensée imaginaire et le monde des symboles dans la mesure où elle estime que la pensée imaginaire et le sacré font partie de la conscience humaine (cf. Mircéa Elia-de, Durkheim, ...). Selon M. Figares, il est urgent de développer le sacré car il figure toujours de façon inhérente parmi les éléments propres au mental et à l’imaginaire, que la " raison raisonnante " n’embrasse pas.

Pour Nouvelle Acropole, le mental - le terme anglais " mind " a un sens plus large - ne comprend pas seulement la raison. Il est aussi composé de l’élément imaginaire qui est essentiel pour tendre vers une évolution, dans le sens positif du terme.

Quant aux symboles, certains symboles changent dans l’histoire humaine, d’autres sont plus durables. Il faut étudier l’histoire pour pouvoir déterminer quels sont ceux qui appartiennent à la conscience collective (cf. Jung).

En réponse à une question, M. Figares indique par ailleurs que son association ne tient pas à prendre position pour tout ce qui fait référence à la vie privée, en ce compris le recours à une interruption volontaire de grossesse. Nouvelle Acropole laisse à chaque personne le droit de prendre en charge les éléments relevant de sa vie privée. Elle ne considère en tout cas pas que l’avortement fasse partie de ce qu’il faut entendre par " barbarie " ou " dissolution des moeurs ".

==== 9° Le concept de l’élitisme

Si l’élitisme revêt la connotation négative qu’on lui donne généralement, M. Figares le considère comme tout à fait condamnable. Par contre, s’il s’agit d’une élite dans le sens spirituel, éthique et moral du terme (mère Teresa, Malraux), il l’estime positif .

Selon l’orateur, les membres de Nouvelle Acropole ne constituent pas une élite mais travaillent pour le devenir dans le sens éthique et spirituel expliqué ci-dessus. Comme indiqué ci-dessus, leur objectif pour les sociétés à venir consiste à renforcer la formation et le développement des éléments éthiques inhérents à l’âme humaine, de manière à s’opposer à toutes les formes de barbarie.

Enfin, en réponse à une question, M. Figares indique que, sur le plan institutionnel, Nouvelle Acropole n’entretient aucune relation avec les mouvements rosicruciens ou les templiers.


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be