Sujet : DPS

Audition de : Éric Staelens

En qualité de : responsable du DPS d’Ile-de-France

Par : Commission d’enquête parlementaire sur le DPS, Assemblée nationale (France)

Le : 31 mars 1999

Présidence de M. Guy HERMIER, Président

M. Eric Staelens est introduit.

M. le Président lui rappelle que les dispositions législatives relatives aux commissions d’enquête lui ont été communiquées. A l’invitation du Président, M. Eric Staelens prête serment.

M. le Président : Vous êtes membre du DPS ?

M. Eric STAELENS : Tout à fait.

M. le Président : Vous y avez des responsabilités ? Depuis combien de temps êtes-vous membre du DPS ?

M. Eric STAELENS : Depuis une quinzaine d’années.

M. le Président : Quelles sont vos responsabilités ?

M. Eric STAELENS : Je suis responsable de l’Ile-de-France. Pas du tout à l’échelon national, uniquement au niveau de l’Ile-de-France.

M. le Président : Pourtant, plusieurs personnes que nous avons auditionnées, un assez grand nombre, vous attribuent des responsabilités auprès de M. Bernard Courcelle allant au-delà de la région.

M. Eric STAELENS : Oui, le bureau central étant à Saint-Cloud, au siège, et étant sur l’Ile-de-France, j’ai été appelé, bien évidemment, à rencontrer M. Bernard Courcelle plus souvent que d’autres, en raison des obligations existant en région parisienne et de l’éloignement d’autres régions dont les responsables ne rencontraient pas M. Bernard Courcelle aussi souvent que moi. Mais je n’ai pas d’autorité au-delà de l’Ile-de-France, si l’on peut appeler cela une autorité.

Effectivement, j’ai été appelé à me déplacer sur la France. Après quinze ans de service, on est quand même plus connu qu’une personne qui n’est là que depuis un an. Voilà peut-être la raison pour laquelle on vous a indiqué ce genre de choses.

M. le Président : Quel est votre parcours personnel ?

M. Eric STAELENS : Politique ? Professionnel ?

M. le Président : Politique et professionnel.

M. Eric STAELENS : Au plan professionnel, je suis conducteur de travaux dans une entreprise de bâtiment de la région parisienne. J’ai toujours été dans le domaine du bâtiment.

M. le Président : C’est votre activité professionnelle aujourd’hui ?

M. Eric STAELENS : Tout à fait.

M. le Président : Vous n’avez jamais été permanent du parti ?

M. Eric STAELENS : Non, pas du tout. Je parle là de mon parcours professionnel. Je ne suis pas permanent au Front National, je ne suis que bénévole.

Au niveau politique, il y a quinze ans de cela, j’ai fait un passage par le RPR. J’étais sur la Seine-Saint-Denis, à Gagny très exactement, et j’ai aidé à la campagne du RPR local, en tant que militant et non pour la sécurité, simplement pour distribuer des tracts sur les marchés, comme bon nombre de militants. Ensuite, il y a à peu près une quinzaine d’années, je suis entré au Front National. J’ai fait la même chose. On m’a confié des tâches de sécurité. Peut-être avais-je la possibilité de diriger les équipes différemment des autres. C’est peut-être pour cela. Mais je suis bénévole et non permanent au Front National.

M. le Président : Quels étaient vos rapports avec M. Bernard Courcelle ?

M. Eric STAELENS : Excellents.

M. le Président : Que pensez-vous de ceux qui lui ont succédé ? M. Marc Bellier ? M. Jean-Pierre Chabrut ?

M. Eric STAELENS : Je connais bien M. Marc Bellier depuis longtemps, puisqu’il était avec M. Bernard Courcelle, et même avant M. Bernard Courcelle. Quant à M. Jean-Pierre Chabrut, il lui a succédé depuis à peine un mois si mes souvenirs sont bons. Je connaissais M. Jean-Pierre Chabrut il y a longtemps, quand il était militant dans la région du 16ème arrondissement.

M. le Président : Nous l’avons auditionné hier. Il a l’air de moins bien connaître le DPS que vous.

M. Eric STAELENS : Oui, cela ne fait qu’un mois qu’il en a pris la charge. Evidemment, il le connaît moins bien que moi. C’est vrai.

M. le Président : Avez-vous des rapports directs avec M. Jean-Marie Le Pen ?

M. Eric STAELENS : Non, en fonction de sa demande. Si je suis convoqué, je me rends à sa convocation, mais je n’ai pas de rapport direct.

M. le Président : Vous auriez pu avoir la responsabilité nationale du DPS ?

M. Eric STAELENS : Non, je suis salarié dans une entreprise de bâtiment qui me convient bien, comme je vous l’ai dit. Ce métier me plaît, je n’ai pas envie de prendre cette responsabilité. Elle ne m’a d’ailleurs pas du tout été proposée. Si cela avait été le cas, je l’aurais refusée.

M. le Président : Votre épouse a-t-elle été la secrétaire personnelle de M. Bernard Courcelle ?

M. Eric STAELENS : Oui.

M. le Président : Donc, la secrétaire du DPS ?

M. Eric STAELENS : Tout à fait.

M. le Président : On dit que vous avez eu des démêlés avec la justice. Pouvez-vous en dire plus ?

M. Eric STAELENS : Des démêlés avec la justice ? Je n’ai pas eu de démêlés avec la justice ! De quoi voulez-vous parler ?

M. le Président : Vous n’avez pas eu de procès ?

M. Eric STAELENS : Non. Je n’ai pas eu de procès avec la justice. Excusez-moi, mais je ne comprends pas très bien votre question. A quel sujet, ces démêlés ?

M. le Président : On dit que, dans votre activité professionnelle, vous avez eu des problèmes avec la justice.

M. Eric STAELENS : Oui, tout à fait. Au niveau professionnel, j’ai été gérant d’une société dans le département 93 qui s’appelait Coopébat. C’était une société coopérative ouvrière de production (SCOP) dont j’ai pris la direction. Et j’ai été en quelque sorte grugé. Je me suis retrouvé à prendre une entreprise qui n’allait pas bien, alors que le PDG de cette société m’avait tenu un propos contraire. J’ai donc été interdit de gérer pendant dix ans. Je me suis fait avoir.

Mais, au niveau politique, je n’ai pas eu de procès.

M. le Président : Interdit de gérer, mais vous continuez de gérer votre exploitation quand même ?

M. Eric STAELENS : Je ne suis pas gérant. Je n’ai pas le droit. Je suis salarié.

M. le Rapporteur : Dans quelle entreprise êtes-vous salarié ?

M. Eric STAELENS : Je suis salarié dans une société qui se trouve 17, avenue Gambetta, à Paris et qui s’appelle EGS. C’était une société qui m’appartenait et dont ma femme est gérante. Je n’en suis pas gérant. Je suis salarié.

M. le Rapporteur : Une société de bâtiment ?

M. Eric STAELENS : Tout à fait, monsieur.

M. le Président : Connaissez-vous le Groupe Onze France ?

M. Eric STAELENS : De nom seulement.

M. le Président : Et la société Normandy ?

M. Eric STAELENS : De nom également, mais je n’ai jamais travaillé avec ces gens-là.

M. le Président : Plusieurs personnes auditionnées nous disent que vous avez joué un rôle particulier dans la constitution des groupes-choc au sein du DPS ?

M. Eric STAELENS : Il n’y a pas de groupes-choc. Du moins je l’apprends. Les DPS sont tous des bénévoles. Nous assurons la sécurité des manifestations, mais nous ne sommes pas là pour faire partie d’un groupe-choc pour attaquer les opposants. Nous sommes là pour assurer la sécurité des gens présents et non pour faire quoi que ce soit d’autre. Pas du tout.

M. le Président : On le dit pourtant.

M. Eric STAELENS : On le dit, on le dit monsieur, mais ce n’est pas la vérité. Des groupes-choc ? Non, vraiment...

Un moment, on a parlé des UMI. On en a tous entendu parler à la télévision. Je n’ai jamais fait partie des UMI.

M. le Président : Vous n’avez jamais fait partie des UMI. C’est donc qu’elles existaient ?

M. Eric STAELENS : Non ! C’est ce que l’on a dit , c’est ce que j’ai entendu, comme vous, à la télévision.

M. le Président : Vous étiez à Montceau-les-Mines ?

M. Eric STAELENS : Non.

M. le Président : A Strasbourg ?

M. Eric STAELENS : J’étais à Strasbourg.

M. le Président : Salle Wagram ?

M. Eric STAELENS : J’étais salle Wagram. Plusieurs fois, puisqu’il y a eu plusieurs meetings dans cette salle. J’ai assuré souvent la sécurité sur Paris. Probablement plusieurs fois à Wagram.

M. le Président : Monsieur Robert, cela vous dit-il quelque chose ?

M. Eric STAELENS : Monsieur Robert, non... Robert, oui, c’est mon indicatif radio.

M. le Président : C’est votre pseudonyme ?

M. Eric STAELENS : Tout à fait. Mon indicatif radio.

M. le Président : Vous étiez à Wagram lors du dépôt de gerbe impromptu à l’Arc de Triomphe ?

M. Eric STAELENS : Tout à fait. J’étais en fin de cortège.

M. le Président : Que pensez-vous de cette opération ?

M. Eric STAELENS : Cela ne m’a pas convenu. C’est clair.

M. le Rapporteur : A votre sens, quels sont les risques que peuvent entraîner pour les services d’ordre la scission du Front National ? Entendez-vous toujours poursuivre l’ostracisme dont a fait preuve M. Bernard Courcelle à l’égard des mouvements néo-nazis très extrémistes comme les skinheads, le GUD ou le PFNE ?

M. Eric STAELENS : M. Bernard Courcelle fait ce qu’il veut. Je recevais, bien évidemment, des ordres pour intervenir en matière de sécurité, mais j’ai toujours agi en fonction de mon propre désir, à savoir que les skinheads ont toujours été exclus des défilés. D’ailleurs, des interpellations ont été faites par les forces de l’ordre aux défilés du 1er mai à plusieurs reprises. Cela a été notifié sur main courante.

M. le Rapporteur : Je reviens aux groupes-choc. Des groupes-choc ne sont pas forcément faits pour agresser. Un journaliste nous a dit : " Le groupe-choc avec lequel j’étais en contact était dirigé par M. Eric Staelens, responsable du DPS de l’Ile-de-France, qui dépendait directement de M. Bernard Courcelle. J’avais interrogé ce dernier à ce sujet. Il n’avait pas démenti l’existence de ces groupes-choc. Il en avait simplement nié l’organisation rigide. "

M. Eric STAELENS : Je ne sais pas qui a dit cela...

M. le Rapporteur : M. Bernard Courcelle.

M. Eric STAELENS : Concernant le journaliste...

M. le Président : C’est un journaliste.

M. Eric STAELENS : Un journaliste peut très bien fabuler et dire qu’il existe des groupes-choc. Il existe effectivement le 11ème Choc, mais c’est un régiment de parachutistes ! Nous ne sommes pas un régiment de parachutistes.

M. le Président : Comment était organisé le DPS en Ile-de-France ?

M. Eric STAELENS : Comme dans toute la France, dans toutes les régions : des militants qui sont là et donnent un coup de main pour assurer la sécurité. Il n’y a pas d’organisation précise. Lors de meetings ou lors de défilés, les militants, que nous connaissions pour certains, et d’autres qui viennent nous donner un coup de main - que nous connaissons aussi parce que l’on ne peut pas faire cela avec n’importe qui - se mettent à disposition du responsable, en l’occurrence moi aujourd’hui, et assurent la sécurité des abords pour éviter toute pénétration d’éléments hostiles.

M. le Président : Une personne, qui n’est pas un journaliste, nous a dit, que le principal responsable du DPS est M. Bernard Courcelle, qui est chargé de superviser ses activités, mais qu’en réalité, c’est vous-même qui, le plus souvent, dirigez les opérations du DPS lors des manifestations, rassemblements et réunions du Front National.

M. Eric STAELENS : Sur Paris, oui. C’est vrai. Nous avons chacun notre région. Je m’occupe de Paris. Je le disais tout à l’heure.

M. le Président : BBR, 1er mai...

M. Eric STAELENS : Oui, tous les meetings et réunions sur la région parisienne.

M. le Président : Vous vous déplacez aussi en province ?

M. Eric STAELENS : Oui, à Strasbourg notamment. Quand on a besoin de monde en plus, quand il y a une grosse manifestation, on fait effectivement des déplacements sur l’extérieur.

M. le Président : Vous avez donc un rôle plus particulier au sein du DPS, du fait de l’importance des manifestations que vous supervisez ?

M. Eric STAELENS : Non, pas particulièrement. Je prends en compte une zone et voilà, sous la directive de la personne qui nous reçoit. Si on va sur Strasbourg, c’est celui qui reçoit qui est responsable de la sécurité. Nous intervenons sur des zones précises, à sa demande.

M. le Président : Comment cela se passe-t-il en Ile-de-France avec la scission du Front National ?

M. Eric STAELENS : A priori, dans l’immédiat, il n’y a aucun problème. Tout se passe relativement bien puisqu’il n’y a pas eu d’accrochage de quelque ordre que ce soit, suite à la scission. Tout est calme. Tout va bien. Il n’y a pas de problème particulier.

M. le Président : Il n’a pas eu de défections ?

M. Eric STAELENS : Si, bien sûr. C’est cela aussi la liberté de choisir ! Les bénévoles choisissent leur parcours. Ils peuvent être mégretistes ou lepénistes. Bien évidemment, il y a eu des défections.

M. le Rapporteur : Quelle est votre passé militaire ?

M. Eric STAELENS : J’étais brigadier-chef dans le matériel, en tant qu’appelé. Je n’ai donc pas l’autorité d’un capitaine ou d’un commandant. Quand on dit que je suis responsable d’un groupe-choc, je ne pense pas que ce soit un ancien brigadier-chef du matériel qui puisse diriger un groupe-choc. Cela relèverait plutôt d’un ancien légionnaire ou d’un ancien parachutiste. Il serait plus apte à le faire.

M. le Rapporteur : Vous avez été désigné au matériel parce que vous étiez déjà un homme du bâtiment ?

M. Eric STAELENS : Non. J’ai été désigné pour y aller, point à la ligne. Je n’ai pas choisi mon régiment.

M. le Rapporteur : Vous aviez déjà une formation dans le bâtiment ?

M. Eric STAELENS : Oui, bien sûr. J’ai fait des travaux de bâtiment et de peinture au régiment. C’est peut-être pour cela que l’on m’a dirigé sur ce régiment.

M. le Président : Parmi les militants du DPS de la région parisienne que vous supervisez, personne n’a été en rapport, par exemple, avec des éléments de l’Union nationale des parachutistes, avec des professionnels de la sécurité fournis par la société Normandy ou le Groupe Onze France, pour organiser un groupe plus opérationnel au sein même du DPS ? Cela ne s’est jamais passé ?

M. Eric STAELENS : Si ce groupe avait existé, je l’aurais su puisque, comme vous le dites, je suis l’autorité au niveau du DPS. Je pense que si le groupe-choc avait existé, il aurait été arrêté et contrôlé, en quinze ans, par les forces de l’ordre, notamment lors de manifestations ou d’autres choses. Je pense que jusqu’ici, tous les militants du DPS se tiennent correctement puisqu’ils ne sont pas interpellés par les forces de l’ordre.

M. le Président : Quand on parle de groupe-choc, on ne parle pas forcément d’un groupe qui se comporterait de manière illégale mais qui serait, au sein du DPS, organisé de manière plus opérationnelle. Par exemple, à Montceau-les-Mines, vous avez vu certainement... Vous n’y étiez pas ?

M. Eric STAELENS : Non, je n’y étais pas.

M. le Président : ... Vous avez vu, comme nous, qu’une partie du DPS était dans un uniforme assez semblable à celui des CRS, et qu’il manoeuvrait, d’après ce que l’on nous a dit et qui est tout à fait convergent, avec une certaine maîtrise. Personne ne peut imaginer que cela se soit passé simplement par l’effet du hasard et qu’il s’agissait d’une simple rencontre de militants venus simplement par bonne volonté. Il y avait donc une certaine organisation, ce que l’on peut comprendre. Cela ne s’est jamais passé en Ile-de-France ?

M. Eric STAELENS : Non, nous n’avons jamais eu d’accrochage.

M. le Président : Je ne parle pas d’accrochage.

M. Eric STAELENS : Mais là, c’était quand même un accrochage. Ils se sont protégés. Ils ne sont pas intervenus en chargeant les gens qui étaient là. D’après ce que j’ai vu à la télévision, je les ai vus se protéger, et protéger le meeting de M. Bruno Gollnisch.

M. le Président : Ce n’est pas la question que je vous pose. Ces membres du DPS avaient été une quinzaine ou une vingtaine avec, je ne dirai pas un uniforme, pour ne pas vous choquez, mais...

M. Eric STAELENS : ... Des combinaisons de maîtres-chiens éventuellement...

M. le Président : ... En tout cas, des vêtements semblables et une certaine maîtrise de la manière d’assurer l’ordre.

M. Eric STAELENS : Tout à fait.

M. le Président : On peut donc imaginer, cela vient naturellement à l’esprit, que ces personnes n’étaient pas venues complètement par hasard, qu’elles s’étaient rencontrées et un peu entraînées.

M. Eric STAELENS : Non. Vous savez, quand vous êtes là depuis dix ou quinze ans pour certains, à force de prendre des coups, vous faites attention et vous vous protégez. On a automatiquement cette obligation de se protéger. C’est de l’automatisme : à force de prendre des coups, on se protège. On prend des casques.

M. le Président : Parmi ceux qui sont dans le DPS, certains font partie de sociétés de gardiennage ?

M. Eric STAELENS : Je n’en connais pas.

M. le Président : Il n’y a personne du Groupe Onze France dans le DPS d’Ile-de-France ?

M. Eric STAELENS : Non.

M. le Président : Jamais ?

M. Eric STAELENS : Jamais.

M. le Président : Je vous rappelle que vous avez prêté serment.

M. Eric STAELENS : Tout à fait.

M. le Président : Vous avez pris l’engagement de dire toute la vérité.

M. Eric STAELENS : Je vous le répète : je ne connais pas, au niveau du DPS d’Ile-de-France, de gens qui appartiennent au Groupe Onze. Je vous le répète. Et j’ai pris l’engagement, j’ai juré, je vous réponds.

M. le Président : Pourtant, d’autres responsables du DPS n’ont pas exclu, y compris M. Bernard Courcelle, qu’à titre personnel, naturellement...

M. Eric STAELENS : C’est lui que cela regarde. Moi, je vous réponds ce que je sais.

M. le Président : ... il y ait des personnes travaillant dans les sociétés de gardiennage de la région parisienne et participant au DPS.

M. Eric STAELENS : Sur l’Ile-de-France, je n’en connais pas.

M. le Président : Selon vous, il n’y en a pas ?

M. Eric STAELENS : Oui, affirmatif. Cela n’engage que les personnes qui ont répondu. Moi, je me suis engagé. Je vous réponds.

M. le Rapporteur : Connaissez-vous M. Jean-Marie Lebraud ?

M. Eric STAELENS : M. Jean-Marie Lebraud ? Oui, tout à fait.

M. le Rapporteur : Vous travaillez avec lui ?

M. Eric STAELENS : Non, il est dans la région Bretagne.

M. le Rapporteur : Et M. Patrick Leblond ?

M. Eric STAELENS : Pas Patrick Leblond, Patrick Blond.

M. André VAUCHEZ : Vous nous rappelez qu’à force de prendre des coups, il faut se protéger. Cela signifie - c’est vous qui le dites - que vous ne faites donc pas confiance à la police républicaine dans la protection qu’elle peut apporter à tout citoyen...

M. Eric STAELENS : Bien sûr que si !

M. André VAUCHEZ : ... fût-il manifestant, dans les règles de la République ? Vous me dites oui, mais ce n’est pas vrai puisque vous avez effectivement un service d’ordre qui est affecté principalement à défendre les manifestants qui sont dans le sillage du Front National. On ne peut pas comparer cela à un service d’ordre classique, que ce soit dans d’autres partis politiques ou dans les syndicats, où, très souvent, le service d’ordre est utilisé surtout pour éviter tout débordement de la masse des manifestants vers l’extérieur.

M. Eric STAELENS : C’est la même chose chez nous. S’il n’intervenait que contre les manifestants, il y a longtemps que les forces de l’ordre nous auraient interpellés, comme je l’ai dit tout à l’heure. Nous n’intervenons pas contre les manifestants. Nous sommes là pour assurer la sécurité de nos manifestants. Nous ne sommes pas là pour intervenir contre les gens qui viennent contre-manifester. Si tel était le cas, il y a longtemps que nous aurions été interpellés par les forces de l’ordre.

M. André VAUCHEZ : Il y a des cas, quand même, qui montrent que vous avez eu quelques actions, bien soulignées, même à Paris, et surtout dans certaines provinces où vous êtes intervenus alors que c’était plutôt à la police de faire cette besogne.

M. Eric STAELENS : Quand les forces de l’ordre sont en place, nous ne faisons rien.

M. André VAUCHEZ : Le DPS a plusieurs étages, ou plusieurs ordres, avec des tenues particulières, et puisque vous êtes sur Paris depuis longtemps, on ne peut pas ne pas se rappeler ce qui s’est passé au bord de la Seine, avec l’assassinat de Brahim Bouarram. Le criminel a-t-il fait partie un jour du DPS ? A-t-il pu oeuvrer pour des actions précises, spécifiques et ponctuelles du DPS ? Il nous a paru bizarre que l’intervention faite par le DPS, ou des responsables du DPS, qui ont apporté une certaine collaboration à la police républicaine, a fait que ce criminel a été trouvé assez rapidement, mais surtout qu’il faisait partie d’un groupe qui aurait emprunté un car du Front National. Il est difficile de ne pas penser que le DPS connaissait cette personne sans qu’il y ait eu avant des liens particuliers, ou alors cela voudrait dire que le DPS fiche toutes les personnes qui tournent autour des manifestations, et il y en a !

M. Eric STAELENS : Oh, là ! Il n’y a aucun fichage de qui que ce soit au DPS. C’est clair.

M. Fréminet, dont vous parlez, qui a été arrêté suite à cet assassinat et qui, me semble-t-il, est aujourd’hui emprisonné, n’a jamais fait partie du DPS, à ma connaissance, sachant que je m’occupe de l’Ile-de-France et que ce car venait du 51. Donc, à ma connaissance, M. Fréminet n’a jamais fait partie du DPS. Il n’était pas là pour intervenir au niveau du DPS. Il est venu en tant que militant du Front National pour défiler lors du 1er mai.

M. André VAUCHEZ : Un militant du Front National ?

M. Eric STAELENS : Je le suppose. Je ne connais pas personnellement M. Fréminet.

M. André VAUCHEZ : Vous étiez à Mantes-la-Jolie ?

M. Eric STAELENS : Non. Pas du tout. Quand il y a eu le... entre le président et Mme Annette Peulvast-Bergeal ? Non.

M. le Président : En février 1997, vous avez bien assuré, par contre, la protection d’un meeting du Front National à la Mutualité ?

M. Eric STAELENS : En février 97, j’étais probablement à la Mutualité. La date m’échappe, mais j’y étais probablement.

M. le Président : On nous a dit qu’il y avait soixante DPS, mobilisés en cinq équipes, sous votre direction. Il y avait eu des incidents assez sérieux avec un certain nombre de militants antifascistes qui brûlaient Présent et il y avait eu des blessés.

M. Eric STAELENS : Anti Front National ?

M. le Président : Vous organisez souvent les choses comme cela, en cinq équipes ?

M. Eric STAELENS : Une équipe est à l’intérieur, pour surveiller la salle ; une équipe aux accès qui vérifie les tickets d’entrée, pour les déchirer et les remettre aux personnes, comme dans tout meeting de tout parti politique où l’on paye l’entrée ; une équipe pour l’arrivée du président et une équipe à côté de la scène. Cela fait partie d’un système de sécurité normal et logique, analogue à celui de la CGT ou du PCF ; tous les services d’ordre le font.

M. le Président : Et une équipe qui s’occupe des contre-manifestants ?

M. Eric STAELENS : S’il y avait eu un accrochage à la Mutualité, encore une fois, il y aurait eu des arrestations.

M. le Président : Mais il y a eu un accrochage à la Mutualité.

M. Eric STAELENS : Personne n’a été arrêté ?

M. le Président : Il y a eu un blessé léger, en tout cas.

M. Eric STAELENS : Il n’y a eu personne d’arrêté chez nous. Je ne comprends pas.

M. le Président : Personne d’arrêté... C’est une autre question.

A Montceau-les-Mines, le DPS a assuré l’ordre pendant une heure et demie ; il y a eu des blessés, des deux côtés d’ailleurs. Il n’y a pas forcément eu de poursuites. Cela n’a pas empêché que le DPS se conduise comme il s’est conduit.

M. Eric STAELENS : Il y a eu des blessés au DPS à Montceau-les-Mines.

M. le Président : Oui, j’ai dit des deux côtés. Les poursuites sont une chose, les actions en sont une autre.

M. Eric STAELENS : Tout à fait.

M. le Président : Quelles étaient vos relations avec M. Gérard Le Vert ?

M. Eric STAELENS : Bonnes. M. Gérard Le Vert est passé chez M. Bruno Mégret. Elles sont bonnes. Je ne vois pas pourquoi elles ne le seraient plus.

M. le Président : Vous avez de bonnes relations aussi du côté de chez M. Bruno Mégret ?

M. Eric STAELENS : J’ai de bonnes relations avec M. Gérard Le Vert. Je le vois moins qu’avant puisqu’il y a eu une séparation, c’est normal.

M. le Président : Pourquoi normal ?

M. Eric STAELENS : Il est parti chez M. Bruno Mégret. Je suis resté avec le Président Jean-Marie Le Pen. Mais si j’étais appelé à revoir M. Gérard Le Vert, ce serait avec plaisir.

M. le Président : Connaissez-vous M. Frédéric Jamet ?

M. Eric STAELENS : Oui, c’est un politique, je crois, de chez nous.

M. le Président : Le responsable du Front National de la Police ?

M. Eric STAELENS : Pardonnez-moi, il y a deux Jamet. Je ne le connais pas. Je l’ai peut-être vu une ou deux fois, mais je n’ai pas de relations avec ce monsieur. Aucune.

M. le Président : Nous vérifierons.

M. Eric STAELENS : Mais, monsieur, vous m’avez demandé de jurer, vous me l’avez rappelé tout à l’heure et vous me l’avez redit une troisième fois. Je vous ai dit une troisième fois que j’ai répondu sous serment.

M. le Président : Nous vérifierons.

M. Eric STAELENS : Mais bien sûr, monsieur, vérifiez.

M. le Président : Nous serons amenés à rappeler au prochain responsable du DPS auditionné - je vous le dis puisque, de toute manière, nous avons vérifié que les uns et les autres, vous vous informez des différentes auditions - que le serment de dire toute la vérité est un serment réel...

M. Eric STAELENS : Mais, monsieur, je l’ai bien compris.

M. le Président : ... et que, par conséquent, si vous contrevenez au serment que vous avez prêté et que nous pouvons en faire la démonstration en fonction des informations qui sont les nôtres, ceci est passible de poursuites.

M. Eric STAELENS : J’ai bien lu votre courrier.

M. le Président : Vous pouvez en faire écho.

M. Eric STAELENS : Tout à fait.

M. le Président : Nous vous remercions.