Bien qu’il jouisse d’une réputation d’intellectuel dans les rangs du Front national, Bernard Antony, alias Romain Marie, est avant tout un croisé : multipliant les interventions, les structures, les déclarations fracassantes, disposant de QG un peu partout en France, et de contacts un peu partout dans le monde, il poursuit inlassablement son combat pour la Chrétienté.

Né le 28 novembre 1944 à Tarbes, il milite très jeune dans la mouvance de l’Algérie française au point, qu’à l’âge de quinze ans, il aurait été incarcéré quelques mois en raison de ses liens supposés avec l’OAS-Métro-Jeune. Puis il rejoint les comités Tixier-Vignancourt et entre, en 1966, au mouvement Jeune Révolution. C’est pendant cette période qu’il forme sa vision du monde dans la mouvance solidariste.

Après des études de lettres, et un bref interlude dans l’enseignement privé, il fait carrière dans le Groupe pharmaceutique de Pierre Fabre à Castres, ville dont il devient conseiller municipal de 1989 à 1995. Pierre Fabre, lui-même mécène de l’extrême droite, en fait son directeur des relations humaines (1978-84), fonction où il acquiert une très bonne connaissance des milieux syndicaux dont il fait également bénéficier l’Union patronale Midi-Pyrénées. En 1995, il quitte Castres pour Toulouse où il tente de se forger une stature régionale. Ne parvenant pas à ses fins, il revient à Castres où il ambitionne de se présenter aux élections législatives de 1998 dans la 3e circonscription du Tarn. Négligeant la vie politique locale, il considère ses mandats électifs comme autant de tribunes pour médiatiser sa croisade. Il dispose néanmoins de relais à Castres, notamment au sein du 8e RPIMA dont l’ancien dirigeant, le colonel Jean-Marc Denier, est élu municipal (FN). Il s’appuie également sur Marie-Christine Boutonnet, secrétaire départementale du parti lepéniste.

Il lance le mensuel Présent en 1975, crée le Centre Charlier en 1979, le Comité Chrétienté Solidarité en 1980, année où il anime également avec Jean Madiran et François Brigneau un Comité de boycott des Jeux olympiques de Moscou. En 1982, Présent devient quotidien tandis que Bernard Antony s’en retire progressivement et lance un nouveau mensuel, Reconquête. En 1988, il fonde l’AGRIF, Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne, un nom que les frontistes ne comprennent vraiment que lorsqu’on leur explique que c’est l’anti-MRAP et l’anti-LICRA. Il crée le Comité Clovis en 1995.

Ces différentes structures font de lui un interlocuteur incontournable, à la charnière de la droite nationaliste et des catholiques intégristes : engagé initialement au CNIP (dont il fut l’un des dirigeants en Midi-Pyrénées), il ne rejoint le FN qu’en 1983, et se trouve immédiatement propulsé sur la liste de Jean-Marie Le Pen aux élections européennes. Il y est élu en 6e position en 1984, réélu en 1989 et 1994. Depuis 1986, il est également membre (et secrétaire, puis président), du groupe FN au conseil régional de Midi-Pyrénées.

Au sein du FN, il prend en charge le secteur de l’action et de la formation culturelle, comme président de l’IFAC (Institut de formation et d’action culturelle), devenu IAC. Une manière comme une autre, pour ses collègues du Front National, de mettre en valeur ses compétences tout en l’éloignant des centres décisionnels.

Bernard Antony se réclame de José Antonio Primo de Rivera (fondateur de la Phalange espagnole), et de Corneliu Zelea Codreanu (fondateur de la Garde de fer, qui dépassa dans les exactions antisémites les SS eux-mêmes). Très anticommuniste, antimaçonnique et homophobe, il voudrait promouvoir contre le syndicalisme de classe une société corporative inspirée de la doctrine sociale de l’Église catholique.