Né le 13 avril 1919, Roland Goguillot (alias Gaucher) commença son engagement politique à gauche, dans la Fédération des étudiants révolutionnaires, puis aux Jeunesses socialistes ouvrières où il fut formé à la stratégie léniniste de combat. En 1939, il voit dans le pacte germano-soviétique une alliance objective entre deux régimes " forts " luttant de concert contre le " mondialisme juif ". Il entre au RNP de Marcel Déat en mars 1942, où il devient rapidement un des dirigeants des Jeunesses nationales populaires (JNP), et s’engage sans réserve pour l’établissement du " nouvel ordre européen ". Il commence sa carrière de journaliste au National-Populaire, dont il fut chargé à la Libération de liquider le fichier des abonnés. Il y écrivait par exemple que " la législation anti-juive pèche par de grands défauts. Elle n’est pas suffisante, elle n’est pas appliquée " (cité par Le Monde, 07/03/92). Emporté par la logique collaborationniste, il en franchit toutes les étapes et, selon Les Carnets de Marcel Déat, accompagne Philippe Pétain dans sa fuite à Sigmaringen, le 31 octobre 1944, pour échapper à " l’invasion anglo-améri-caine ". Des événements qu’il justifie aujourd’hui en affirmant avoir été envoyé en mission [par qui ?] pour ramener Marcel Déat en France et fonder des maquis anti-gaullistes et anti-communistes. Condamné à cinq ans de prison à la Libération, il en sort cependant fin août 1948. Il est alors recyclé par les réseaux de Georges Albertini (Institut d’histoire sociale), dont il avait fait la connaissance en maison d’arrêt, et qui était directement lié aux services américains. Face à la nouvelle donne internationale, il consacre désormais son action à la lutte contre le bolchévisme avec l’appui objectif de l’ennemi américain. Il reprend le journalisme, à Est-et-Ouest (d’Albertini), puis à L’Auto-Journal (1960-65), Minute (1965-84, grand reporter), National Hebdo (1985-93, directeur de publication), Le Crapouillot (1991-94, directeur de publication). Parallèlement, il participe au mouvement de Poujade, au comité Tixier-Vignancour, cofonde le FN en 1972, est l’un des dirigeants du PFN, avant de rejoindre à nouveau le FN en 1979. Il en sera un membre actif de 1981 à 1993, exerçant divers mandats électifs, dont celui de député européen de 1986 à 1989, de conseiller régional de Picardie (élu en 1986) puis de Franche-Comté (élu en 1992), poste qu’il occupe toujours, bien qu’en rupture de banc avec le FN depuis les " révélations " sur son passé, en 1992-93. Il s’est logiquement retrouvé dans l’équipe du journal Militant, dont le rédacteur en chef est Jean Castrillo, ancien SS qu’il rencontra en prison, à Épinal, en 1945. Aujourd’hui, ce militant historique du fascisme français se trouve isolé dans son combat : après l’effondrement de l’Axe et la chute du stalinisme, il ne se reconnait plus que dans la dictature nationale-populiste serbe.