Le brigadier-général Maung Aye, chef de l’Eastern Command, basé à Taunggyi, la capitale de l’Etat shan, a été promu, le 31 mars, lieutenant général, commandant en chef de l’armée birmane et chef d’état-major adjoint. Cette promotion récompense un officier supérieur qui s’est illustré depuis plus de cinq ans dans la gestion d’intérêts contradictoires, ayant finalement abouti à la restauration de l’influence de Rangoon sur une vaste zone que l’armée birmane ne contrôlait plus depuis des décennies. Ce succès avait un prix : le développement massif de la culture de pavot et la disparition quasi totale du bois de tek. En l989, Maung Aye prend une part déterminante dans les négociations avec les troupes de l’ex-Parti communiste de Birmanie (PCB) qui se sont mutinées contre leur direction et l’ont obligée à fuir en Chine. Cette négociation, menée pour l’essentiel avec les troupes appartenant à la minorité wa, avait pour objet d’éviter que les importants stocks d’armes et de munitions détenus par le PCB tombent entre les mains des partisans du mouvement démocratique sauvagement réprimé par l’armée à l’automne 1988 et des autres minorités ethniques en guerre contre Rangoon. En contrepartie, les Wa ont conservé leurs armes et ont obtenu une complète licence pour développer "leurs affaires", ce qui a provoqué un boom de la production et de l’exportation d’héroïne. Malgré ces accords les Wa se sont révélés des alliés encombrants. Ainsi, au début de l’année, ils ont appuyé la revendication d’une large autonomie pour les minorités, présentée devant la Convention nationale par Yo E La, un leader des Lahu, une ethnie de l’est de l’Etat shan. Les Wa se plaignent également que la dictature n’ait pas tenu ses engagements en matière de développement économique des régions où vivent les minorités ralliées. Le SLORC et ses commandants régionaux comme Maung Aye, se sont en effet surtout distingués en bradant les richesses naturelles du pays. Ainsi, en l988, les opérations menées par des compagnies forestières thaïlandaises qui ont abouti à la quasi disparition des forêts de tek dans le nord-est de la Birmanie, sont le résultat des contacts privilégiés de Maung Aye tant avec les généraux thaïlandais qu’avec Khun Sa (correspondants OGD, Far Eastern Economic Review).

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 20