En début d’année 1993, U Saw Lu, chargé des relations internationales de l’UWSP (United Wa State Party), était venu en Thaïlande solliciter une aide matérielle technique auprès d’organisations internationales (La Dépêche Internationale des drogues n 21) afin de lancer dans les zones sous contrôle Wa une étude de faisabilité de cultures de substitution au pavot à opium. Cette démarche est restée sans effet, les organismes spécialisés de l’ONU, PNUD et PNUCID, ne pouvant traiter qu’avec les gouvernements, en l’occurrence le SLORC. A cette occasion, les Wa avaient justement démontré comment les généraux birmans détournaient à leur profit l’aide internationale destinée à promouvoir des cultures de substitution dans les zones frontières. Sans perspective de développement, les Wa verrouillent leurs positions militaires, et à ce titre maintiennent leurs implantations le long de la frontière thaïlandaise pour contrôler des voies d’exportation du tek et de l’héroïne, d’autant qu’ils s’opposent toujours sur le terrain aux troupes shan de la MTA (Mon Tai Army) du célèbre seigneur de la drogue Khun Sa. Les bases Wa situées sur les montagnes Sam Sao, Loi Lem et Sanju constituent le commandement sud, dirigé par Zui Li. Les effectifs varient entre 1 500 et 3 000 hommes, et sont répartis entre la brigade 171 et les forces spéciales. Les Wa affirment disposer de 30 000 hommes en armes, mais des recoupements plus réalistes ramènent les effectifs de chacune de leurs quatre brigades de combat à environ 1 500 hommes (brigade 417, colonel Aye loun ; brigade 214, colonel Chao Wang Kuang ; brigade 418, colonel Lok Kai ; brigade 171, colonel Tin Kwang Ming) tandis que la brigade 420 (colonel Aye Palaung), qui assume la fonction logistique, dispose de 3 000 hommes. Au total, avec les trois bataillons de forces spéciales, d’artillerie et de protection du quartier général de Pang Shang, le nombre de combattants de l’UWSA (United Wa State Army) ne dépasse guère les 10 000 hommes. Les Wa admettent prélever des taxes sur la drogue, mais prétendent ne pas être impliqués dans son trafic : en fait, ils assurent la sécurité des raffineries gérées de façon autonome par différents clans. Les Wa sont en conflit ouvert avec le grand trafiquant Khun Sa, mais sont, en revanche, étroitement liés à Li Min Shin, (ex-garde rouge et chef militaire du PCB, Parti communiste birman, recyclé dans la drogue) dont le territoire s’étend de l’est de Kengtung à la frontière laotienne (ex-division 815 du PCB), ce qui n’empêche nullement ce dernier de livrer de l’opium brut aux raffineries de Khun Sa. Les Wa restent par ailleurs très discrets sur le rôle des frères Wei Shao dans leur organisation. Un des trois frères, membre de l’état-major du secteur sud (frontière avec la Thaïlande) est actuellement chargé du recrutement et de l’entraînement des nouveaux soldats, essentiellement des montagnards lahu des environs de Mong Ton et Mong Hsat, dans le sud-est de l’Etat shan. Cet enrôlement bénéficie de l’accord tacite des militaires du SLORC, qui tiennent de nombreuses garnisons dans la région, ce qui confirme la validité des accords de cessez-le-feu passés entre les Wa et la junte birmane au pouvoir, en 1989, après l’implosion du PCB. L’implication des officiers birmans dans le trafic de drogue reste donc totale (correspondant de l’OGD dans le Triangle d’or).

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 27