De violents combats, mettant aux prises plusieurs milliers d’hommes de part et d’autres, ont éclaté, début septembre dans le sud - est de l’Etat Shan. Ils opposaient les troupes de la MTA (Mong Tai Army, armée du "roi de l’opium" Khun Sa) à celles de la minorité wa, implantée aux confins de l’Etat Shan et du Yunnan chinois. Cette reprise des hostilités entre Khun Sa et le Southern Command du l’UWSA (United Wa State Army) - qui constituait l’ossature des troupes du Parti communiste birman, jusqu’à son implosion, en l989, suivie d’un cessez le feu avec le SLORC (State Law and Order Restauration Council, la junte au pouvoir à Rangoon) - , est la conséquence de la fermeture depuis un an (La Dépêche Internationale de Drogues n°37) - plus étanche qu’à l’accoutumée - par les Thai de leur frontière avec l’Etat Shan. La reprise de ce conflit, sur une grande échelle cette fois, fait inconstestablement le jeu des militaires birmans. En effet, la narco-dictature en place depuis l988 s’efforce de revenir en grâce aux yeux des Etats-Unis, en proclamant son intention de combattre énergiquement le trafiquant de drogues Khun Sa. Cela s’avère d’autant moins coûteux qu’elle parvient à sous - traiter la partie la plus ingrate des opérations - l’épuisante attaque des avant - postes éparpillés sur des pitons dans la jungle - à l’armée irrégulière des Wa, qui, du même coup risque d’autant moins de reprendre les hostilités contre Rangoon. Les accrochages entre les troupes de Khun Sa et les Wa sont connus depuis une dizaine d’années, provoqués par leur volonté concurrente de contrôler les voies d’accès de l’héroïne à la frontière nord - ouest de la Thaïlande. Ces combats avaient connu une nette accalmie en l993 et 1994, ni les Wa, ni la MTA voulant faire le jeu du SLORC en s’affaiblissant mutuellement. Cela a conduit Khun Sa à étendre sa zone d’influence plus à l’est, pour atteindre la frontière laotienne, afin d’ouvrir une voie alternative d’exportation de l’héroïne. Cela n’était possible qu’en empiétant sur le territoire wa. De son côté, le SLORC est en train de récolter les fruits de sa stratégie qui consistait à repousser Khun Sa vers les zones contrôlées par les Wa (rédaction de La Dépêche Internationale des Drogues).

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 47