Dimanche 25 juillet 1999

(43e jour d’administration du Kosovo par l’UNMIK)

 Bernard Kouchner promulgue le " Règlement numéro 1 ", premier acte législatif de l’UNMIK.

 Rencontre des ministres des Affaires étrangères albanais, bulgare et macédonien à Sofia. Le communiqué final mentionne : (1) la volonté des trois États de supprimer les visas entre eux sur le modèle de l’espace Schengen, (2) la reconstruction doit concerner l’ensemble des Balkans et prioritairement les États les plus affaiblis par la guerre, (3) la Table ronde sur la reconstruction devrait tenir sa première réunion en Albanie, celle sur la démocratie devrait se réunir en Macédoine, tandis que la Bulgarie accueillerait de manière permanente un Centre d’information sur la démocratie, (4) le maintien de forces de l’OTAN en Macédoine et de l’ONU en Albanie est indispensable à leur stabilité.

Lundi 26 juillet 1999

(44e jour d’administration du Kosovo par l’UNMIK)

 Dans une interview au journal slovène Mladina, Hashim Thaqi déclare que l’UÇK n’acceptera pas que le Kosovo devienne une république autonome au sein de la fédération de Yougoslavie et combattra jusqu’à l’indépendance. Il précise que le but n’est pas de réaliser la Grande Albanie. Enfin, il indique que son gouvernement provisoire ne reconnaît plus le dinar yougoslave mais uniquement le mark allemand.

 La Commission internationale du Danube évalue à 90 millions de dollars la remise en état de la voie navigable.

 Rencontre des ministres des Finances albanais, bulgare et macédonien à Saint Naum (Macédoine). Le communiqué final insiste sur la priorité accordée à la construction du 8e corridor dans sa totalité (c’est-à-dire à la fois l’autoroute, le chemin de fer, le pipe-line et les fibres optiques).

 Le ministre de la Défense albanais, Luan Hajdaraga, dresse le bilan de l’action des forces armées albanaises au cours des six derniers mois. Il se félicite de la coopération avec l’UÇK, qui avait été niée jusque là. Il indique que les Armées albanaises doivent se mettre aux normes de l’OTAN en vue de leur rapide intégration.

 Au cours du procès du général Blaskic, le procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, Gregory Kehoe, révèle que l’actuel président croate, Franjo Tudjman, a lui-même conçu et supervisé le plan d’éradication des musulmans bosniaques, en 1993. La Croatie dément ces allégations mais n’entend pas pour autant cesser toute collaboration avec le Tribunal. Les analystes observent qu’une inculpation de Franjo Tudjman pour crime contre l’humanité donnerait lieu à des sanctions économiques contre la Croatie. Laquelle serait beaucoup plus vulnérable que la Serbie.

 Dans le contexte du pacte de stabilité, reprise du dialogue greco-turc à Ankara. Les délégations sont uniquement composées de haut-fonctionnaires. Dans un premier temps, elles listeront l’ensemble des sujets de contentieux.

 Visite du Premier ministre adjoint russe, Valentina Matvienko, en Grèce. Les entretiens portent sur la préparation du sommet de Sarajevo et sur les contrepoids éventuels à la main mise économique américaine sur les Balkans. Signature d’un accord de coopération économique.

 Signature d’un accord de coopération de défense entre l’Arménie et la Roumanie.

Mardi 27 juillet 1999

(45e jour d’administration du Kosovo par l’UNMIK)

 A la demande de la délégation serbe, la seconde réunion du Conseil provisoire du Kosovo est annulée en raison des obsèques de 14 serbes assassinés. La première réunion avait été boycottée par la LDK d’Ibrahim Rugova.

 Visite de condoléances de Bernard Kouchner à l’archevêque orthodoxe Arteminje, au monastère de Gracanica. Puis, obsèques des 14 villageois serbes assassinés à Gracko. Le service funèbre est présidé par le patriarche serbe Pavle.

 Visite du Premier ministre et du ministre des Affaires étrangères grecs au Kosovo. Inspection du contingent militaire grec.

 Pour renverser Milosevic, dix-sept personnalités serbes préparent un " scénario de Bucarest " (par analogie avec la chute de Caucescu).

 Human Rights Watch publie un rapport sur les atrocités commises au Kosovo.

 Arrestation en Albanie et extradition immédiate vers l’Italie de Guizeppe Muolo, le parrain de la Sacra Corona Unita.

Mercredi 28 juillet 1999

(46e jour d’administration du Kosovo par l’UNMIK)

 Conférence des donateurs pour le Kosovo à Bruxelles. Plus de cent États et organisations intergouvernementales sont sollicités pour trouver 2 milliards de dollars pour la reconstruction, dont 245 millions pour les actions d’urgence avant l’hiver. Les principaux donateurs sont : les États-Unis (500 millions de dollars), le Japon (200 millions), l’Allemagne (190 millions) et le Royaume-Uni (145 millions).

 L’Assemblée générale des Nations Unies débloque les 200 millions de dollars prévus pour le budget provisoire de l’UNMIK.

 Réouverture de la Radio Télévision de Pristina, sous les auspices de l’OSCE et de l’UNMIK. Les émissions ont débuté avec un message de Bernard Kouchner, traduit en albanais, serbe et turc.

 Arrivée d’un détachement des Émirats arabes unis à Thessalonique. 400 hommes débarquent par avion, tandis que leur matériel arrive par bateau.

 Rencontre, à Athènes, des chefs d’état-major militaire en vue de la prévention des crises par l’intervention d’une brigade multinationale du sud-est européen. L’Albanie, la Bulgarie, la Grèce, la Macédoine et la Slovénie participaient au sommet, les États-Unis, l’Italie, la Roumanie et la Turquie y assistaient.

 Visite de Madeleine Albright en Italie. Le secrétaire d’État demande aux Alliés de rester unis dans la paix comme ils le furent dans la guerre.

Jeudi 29 juillet 1999

(47e jour d’administration du Kosovo par l’UNMIK)

 Visite de Madeleine Albright au Kosovo. Accueil à Sarajevo par le général Sir Michael Jackson, commandant de la KFOR, et par Bernard Kouchner, chef de l’UNMIK. Répondant aux journalistes, Mme Albright ne réitère pas ses déclarations sur la lenteur de l’UNMIK et déclare avoir compris la difficulté de sa tâche. Rencontre avec Rexhep Qosja, président du Mouvement unitaire démocratique, puis avec Hashim Thaqi, Premier ministre du Gouvernement provisoire kosovar. Mme Albright déclare " Nous allons construire un Kosova libre et démocratique ".

 Selon Hashim Thaqi, cité par Kosovapress, des troupes paramilitaires serbes continueraient à opérer des exactions au Kosovo contre les Albanais.

 Arrivée d’un nouveau détachement russe à Thessalonique. 4 bateaux accostent, transportant 400 hommes et leur matériel.

 Les délégations albanaise, macédonienne et turque se déplacent ensemble pour participer au sommet de Sarajevo.

 Ouverture du sommet de Sarajevo relatif au Pacte de stabilité en Europe du sud-est. 4 000 soldats de la SFOR assurent la sécurité des 56 délégations nationales. Le secrétaire général des Nations Unies est représenté par Carl Bildt. La RFY n’a pas été invitée. Le Monténégro est admis comme observateur, le Kosovo n’est pas représenté. Les présidents croate et bosniaque, Franjo Tudjman et Alija Izetbegovic, signent un accord de paix reconnaissant leurs frontières mutuelles.

 Le général Clark sera relevé de ses fonctions avant l’expiration de son mandat et remplacé par le général Joe Ralston. Cette décision est interprétée par les uns comme une sanction du suprême commandeur pour avoir créé un état-major parallèle et avoir tenté d’amplifier la guerre. Pour d’autre, il s’agit d’une rivalité entre armes, qui se clôt par la nomination d’un général de l’Air Force.

 Le quotidien mooniste, The Washington Times, publie un article du député républicain de New York, Benjamin Gilman, établissant un parallèle entre le Kosovo et Chypre et demandant à la Turquie de mieux comprendre ses intérêts.

Vendredi 30 juillet 1999

(48e jour d’administration du Kosovo par l’UNMIK)

 Réunion des secrétaires généraux de chancellerie pour formaliser le texte de déclaration finale du sommet de Sarajevo. Le document initial est amendé d’une part pour ne pas humilier inutilement la Yougoslavie, d’autre part pour ne pas exclure une aide directe au Monténégro et au Kosovo si Milosevic reste au pouvoir.

 Clôture du sommet de Sarajevo. Cette conférence avait été conçue par les Allemands pour positionner l’Union européenne dans la reconstruction et équilibrer le rôle de l’ONU pendant la guerre. Ce projet bâclé ne débouche sur aucune décision notable et encourage la prolifération de structures intergouvernementales pour gérer la région.

 Le Conseil atlantique confirme le maintien de troupes de l’OTAN en Albanie. La mission AFOR 2 pourrait rassembler 2 000 hommes sous commandement italien.

 Retour d’Ibrahim Rugova au Kosovo.

 Le député britannique George Galloway organise à Londres un séminaire sur

l’impact des armes à uranium appauvri. Huit ans après la dispersion de 300 tonnes d’uranium appauvri en Irak, on constate un taux de malformations génétiques, de cancers et de leucémies comparable à celui relevé à Hiroshima dans la décennie suivant le bombardement nucléaire. De telles pathologies devraient être bientôt observables en Yougoslavie et parmi les populations limitrophes.

Samedi 31 juillet 1999

(49e jour d’administration du Kosovo par l’UNMIK)

 Visite du ministre grec de la Défense, Akis Tsohatzopoulos, en Albanie.

 Visite de Tony Blair au Kosovo et en Macédoine.

Dimanche 1er août 1999

(50e jour d’administration du Kosovo par l’UNMIK)

 Les troupes russes de la KFOR placent le chef d’état-major de l’UÇK, Agim Ceku, en garde à vue pendant deux heures. Il déambulait avec ses quatre gardes du corps, vêtus d’uniformes mais dépourvus de laissez-passer.

 Plasticage de la cathédrale orthodoxe de Pristina.

 Bernard Kouchner déclare à l’agence Reuters que, selon le Tribunal pénal international, les divers charniers découverts au Kosovo renferment environ 11 000 corps. Le TPI dément être à l’origine de cette information. Bernard Kouchner indique alors que son estimation se fonde sur des rapports en cours de vérification.