Réunis le 17 juin 1994 à Paris à l’occasion de la seconde Journée internationale du cannabis et constatant les dégâts effarants de sa prohibition, en particulier l’absurdité de sa répression qui mène des milliers de personnes en prison, nous tenons à faire savoir, calmement mais solennellement, que nous avons soit consommé du cannabis, soit aidé à en faire usage.

Les données médicales et scientifiques établissent clairement qu’il existe des différences entre les produits inscrits sur la liste des stupéfiants.

L’alcool et le tabac sont sanitairement et socialement plus dangereux : le cannabis et ses dérivés doivent être immédiatement retirés du tableau des stupéfiants. Leur prohibition tient à l’affirmation jamais prouvée : les drogues douces mènent aux drogues dures.

Sans entrer dès aujourd’hui dans le débat sur la légalisation de toutes les drogues, nous tenons à faire savoir à l’opinion publique et à la justice de notre pays que si le cannabis continue à être prohibé, l’usage que nous en faisons ou que nous favorisons nous fait tomber sous le coup de la loi.

En conséquence, nous demandons à être inculpés. Ou bien que tous ceux qui sont actuellement emprisonnés pour cette raison soient immédiatement libérés.

Texte proposé par le professeur Léon Schwartzenberg à l’issue de la conférence du 17 juin 1994.