Nous, hommes et femmes de toutes les régions de l’ex-Yougoslavie, considérons :

 que la guerre dans nos pays n’est pas une guerre ethnique ou religieuse mais une guerre qui oppose des régimes nationalistes ; une guerre contre la démocratie,

 que les mécanismes électoraux de ces dernières années sont illusion dans la mesure où les libertés individuelles sont restreintes ou supprimées et que la propagande et la terreur ont bâillonné l’opinion publique,

 que tout projet de partition de territoire crée autant de conflits qu’il n’en résout, et qu’en particulier l’intégrité de la Bosnie doit être maintenue.

Nous, hommes et femmes de toutes les régions de l’ex-Yougoslavie, sommes convaincus :

 qu’une solution durable au conflit n’est d’abord possible que par l’action des citoyens et citoyennes, qui, sur place ou en exil, savent que seule la démocratie permet une coexistence pacifique de nos richesses culturelles et de l’héritage de nos traditions,

 que la paix dans l’ex-Yougoslavie est impossible sans changements démocratiques à Belgrade et à Zagreb,

 que le caractère multiethnique, multiculturel et laïc de la Bosnie-Herzégovine doit être préservé.

Nous, hommes et femmes de toutes les régions de l’ex-Yougoslavie, appelons la communauté internationale :

 à modifier sa politique à l’égard de nos pays et à privilégier une approche globale de l’ensemble des problèmes,

 à appuyer, sur place, la résistance de ceux qui, refusant la dictature de la guerre, croient dans le pouvoir de la démocratie, et à coopérer avec eux,

 à soutenir les organisations démocratiques de Bosnie-Herzégovine,

 à coopérer avec la nouvelle diaspora politique de l’ex-Yougoslavie, porteuse d’idées démocratiques et pluralistes.

Nous, hommes et femmes de toutes les régions de l’ex-Yougoslavie, sommes convaincus que la paix et la stabilité exigent :

 une condamnation de toutes les personnes directement ou politiquement responsables de crimes de guerre ou de crimes contre la paix,

 une reconnaissance mutuelle des nouveaux Etats dans leurs frontières héritées de l’ex-Yougoslavie, à mesure que ceux-ci se fondent sur une démocratie effective, garantissant la liberté d’expression et la liberté de toutes les personnes,

 une reconnaissance absolue des droits de l’homme et de la femme et un respect de toutes les minorités vivant dans ces nouveaux Etats,

 que la solution au problème du Kosovo doit prendre en considération le fait que celui-ci était une entité fédérale et que son abolition en 1990 par la Serbie est un acte illégal.

Nous, hommes et femmes de toutes les régions de l’ex-Yougoslavie, appelons les démocraties internationales à soutenir la démocratie dans notre pays :

 en s’associant à la mise en place d’élections démocratiques,

 en contribuant au redressement économique des nouveaux Etats, fondé sur les principes d’une économie de marché,- en développant la coopération et le processus d’intégration entre tous les pays des Balkans.

Nous, hommes et femmes de toutes les régions de l’ex-Yougoslavie, rappelons que la guerre dans notre pays est une guerre contre la démocratie, une guerre contre toutes les démocraties.


Faik Dizdarevic - Sarajevo (ancien ambassadeur de l’ex-Yougoslavie, secrétaire général de l’association Sarajevo).

Ivan Djuric - Belgrade (ancien candidat à la présidence de la Serbie, président du Mouvement pour les libertés démocratiques).

Tarik Havelic - Sarajevo (président du conseil politique du Parti libéral de Bosnie-Herzégovine).

Rada Ivekovic - Zagreb (philosophe et écrivain).

Muhamed Kullashi - Pristina (professeur d’université).

Nikola Petrovic Njegos - prince du Monténégro (président de l’association Zbor, président de la biennale de Cetinje).

Zarko Papic - Belgrade (ancien ministre et ancien ambassadeur de l’ex-Yougoslavie).

Boszidar Slapsak - Ljubljana (professeur d’université).

Vidosav Stevanovic - Belgrade, Kragujevac (écrivain).