1. LE PRINCIPE DE BASE

II/B.1. L’épisode belge se situe de fin 1984 début 1985 à l’arrestation de M. Joseph Maltais le 9 décembre 1988. Au maximum il dura 4 ans. Il fut un élément de l’exode qui a commencé à l’équinoxe du printemps de 1984.

II/B.2. C’est pourquoi les quelques dizaines de sans grade qui ont fait fonctionner le groupe en Belgique (entre 30 et 50) s’y trouvaient en mission temporaire. Ceux qui n’exerçaient pas une fonction dirigeante n’y restaient généralement qu’entre quelques jours et quelques mois.

II/B.3. Il y avait cependant un élément nouveau dans cette installation en Belgique ; un changement de référence.

Michel Tujas s’en est expliqué dans une lettre. Il convenait de délaisser désormais le folklore de l’indianisme et d’adopter des racines culturelles plus européennes. La vie et le message de François d’Assise permettaient de découvrir en ce saint de notre culture, un modèle aussi sauvage, aussi nature et marginal qu’on peut rêver. Engagé, équilibré, féroce, tendre et inspirant. Il n’y avait plus besoin de chercher ailleurs. Un autre dit dans une lettre : on ressuscite miaou, le chat sauvage, qui va effacer Mickey Mouse, le souriceau espiègle et rusé de Walt Disney.

II/B.4. Aussi les multiples institutions qui vont être constituées en Belgique sont placées sous une double allégeance.

La première est le Conseil mondial des peuples (CMP). Prétendument, il existerait depuis 1936 et son président aurait été élu à l’unanimité pour 16 ans lors d’un congrès à Paris et à Tokio en 1984. On sait déjà qu’il s’agit du professeur Maolin Tiam ... autrement dit Joseph Maltais.

La deuxième, c’est le Centre oecuménique franciscain. M. Joseph Maltais y prend le nom de Frère Tiam Maolin et le titre de ministre général. Jean-François Penouilh porte le nom de frère François de Souza. Il est ministre régional. Michel Tujas devient le frère Mendiondo Tujas et Michel Pont, le révérend Pont Spoerry. Tous trois font référence au nom de leur mère.

Cette prétention de constituer un centre oecuménique franciscain sera contestée avec vigueur par l’église romaine et spécialement par l’ordre des frères mineurs. Pourtant, dira-t-on dans le groupe, l’esprit de Saint-François n’est pas un monopole de l’église catholique romaine. On invoquera la rencontre solennelle d’Assise du 27 octobre 1986 au cours de laquelle ils auraient été traités en disciples reconnus de Saint-François d’Assise.

Le pasteur namurois, Francis Dessart, se dit responsable en Belgique des Franciscains récolets regroupés pour leurs activités oecuméniques sous la houlette de l’église évangélique internationale.

2. LES ORGANISMES DEPENDANT DU CMP

II/B.5. Il serait fastidieux de reprendre en détail toutes les institutions patronnées par le Conseil mondial des peuples et reprises sur les documents qu’il publie. Il y en a 17 suivies de etc. Ce ne sont souvent que des enseignes sans consistance. Il vaut mieux se limiter aux institutions belges ayant une existence juridique. Deux A.S.B.L. ont été constituées en 1986 avec référence au Conseil mondial des peuples et à sa filiale SOS Déserts (celle-ci serait une A.S.B.L. sénégalaise, a-t-on prétendu) (c 19, p. 78/4).

II/B.6. La première est Re-Sources. C’est une A.S.B.L. constituée le 15 août 1986 dont les statuts ont été publiés en annexe du Moniteur belge du 30 octobre 1986 sous le numéro 29880/86. Les fondateurs sont : Bernard Olivier, le docteur Edmond Van Monckhoven-Verlaine (il s’agit de Eric Van Monckhoven) et le frère Robert Tujas Mendiondo (Michel Tujas).

De cette A.S.B.L. dépendent directement :

a) Famille Assistance installée au Boulevard Poincaré 29-31 à Anderlecht. C’est le service banque et assurance. Il est dirigé par Michel Tujas (le frère franciscain spécialisé dans les opérations financières). Le 10 décembre 1986, il est agréé officiellement par la Caisse d’épargne " la Famille ". Après le retrait de cette agréation, fin février 1987, il traite directement avec le Crédit communal de Belgique, avec les AG et avec les mutualités neutres. Dans des locaux de Famille Assistance il existe une agence de voyages. Finalement, celle-ci sera tenue par une A.S.B.L. distincte du groupe. Famille Assistance était chargée également de l’aspect financier des soins donnés aux membres du groupe par une dentiste, Mme Vivane. Celle-ci disposait gratuitement d’un cabinet dentaire Rue Froissart loué par Re-Sources. Elle s’occupa enfin des débuts de l’office du plein emploi (OPE).

b) Cristal 3 (Centre de Recherche et d’Information sur les Stratégies et les Techniques Alimentaires) C’est le service chargé de la fabrication et de la vente des produits de boulangerie diététique, cuits de manière artisanale dans deux fours à bois au Boulevard Poincaré à Anderlecht. Parfois, ce service s’appelle Tigan-Or. Cristal 3 ou Tigan-Or a fourni du pain et autres produits de boulangerie à divers magasins spécialisés.

c) " Les restaurants " ou plutôt le réfectoire de la Rue de l’Esplanade. Quant au restaurant " la Pizza ", 6 Square du Baston à 1050 Bruxelles, il était constitué en A.S.B.L. distincte.

II/B.7. La Saponaire a été constituée en A.S.B.L. par acte du 15 octobre 1986 (Moniteur belge du 13 novembre 1986, n° 30400/86) pour gérer quelques pe-tits salons lavoirs repris à ses exploitants antérieurs. On trouve dans les statuts de la Saponaire la participation d’une A.S.B.L. Clubs Relance et d’une A.S.B.L. Chambre Syndicale des Professions du Vêtement et de la Musique (Provemoir) car le groupe s’est occupé quelque temps de la vente de vêtements de seconde main, par exemple à Schaerbeek, Rue du Brabant 146.

II/B.8. Cette organisation n’a jamais été rentable dans aucune de ses branches. Les clients de la boulangerie étaient friands des produits Cristal 3 ou Tigan-Or. Ils en réclamaient à leurs détaillants. Mais ceux-ci ne parvenaient pas à passer commande dans les délais parce que personne ne répondait au téléphone ou parce que le numéro avait changé. De même, les clients de Famille Assistance se plaignaient de n’être reçus au guichet du Boulevard Poincaré que par éclipse. Plus souvent pour déposer que pour retirer de l’argent. La désorganisation systématique des branches productives de l’organisation était patente.

II/B.9. En 1988, avec l’arrivée au Boulevard Poincaré de M. Gustave Keteleer, l’organisation qui vient d’être décrite sera doublée par une nouvelle A.S.B.L.. Elle ne se substitue pas entièrement aux services plus anciens mais les concurrence. C’est la Confédération européenne (CO-EUR) A.S.B.L. constituée le 31 mars 1988 publiée en annexe au Moniteur Belge du 9 juin 1988 sous le numéro 8259/88). On trouve des noms imposants et plusieurs personnalités parmi les membres fondateurs (C 1, sous farde 9). Le président est le prince Alexis de Faucigny-Lucinge et Coligny Bogaerts (Château de Sainval à Tilff). Cette A.S.B.L. dont le siège est au 30 Boulevard Poincaré à Anderlecht a constitué dix sections :

1. Les fédérations économiques européennes (FEE).

2. La trésorerie générale.

3. La générale d’achats.

4. Coeur-plus (c’est le charroi).

5. Servitel.

6. L’office du plein emploi (OPE).

7. Les universités nouvelles européennes (UNE). On parle aussi des universités nouvelles internationales ou transnationales de la paix.

8. L’organisation pour le développement, l’agriculture, la coopération et l’équipement (ODACE).

9. Les Clubs Relance.

10. Servisoft : c’est la division informatique de Coeur.

1. LES ORGANISMES DEPENDANT DU CENTRE FRANCISCAIN

II/B.10. Le centre oecuménique franciscain va prendre sous sa protection diverses institutions.

II/B.11. Trois A.S.B.L. protestantes créées par le pasteur namurois M. Francis Dessart, présenté comme un propagandiste de la troisième voie, préconisée par le colonel Kadafi dans son livre vert. Plusieurs centaines d’exemplaires de ce livre étaient entrepo- v.z.w., de Chambre Syndicale des Professions du Vêtement et de la Musique (Provemoir), want de beweging sés dans les locaux de ces A.S.B.L. au Boulevard Poincaré. M. Dessart aurait créé en 1984 une A.S.B.L. " Centre européen de Recherches et d’Etudes de la troisième théorie universelle ", a-t-on écrit mais sans en apporter la preuve.

Ces trois A.S.B.L. sont :

1. Le collège oecuménique Albert Schweitzer, A.S.B.L. instituée le 10 novembre 1986 et publiée aux annexes du Moniteur du 8 janvier 1987 sous le numéro 134147.

2. La fondation protestante Edgard Delsaut, A.S.B.L. constituée le 15 novembre 1986 et publiée aux annexes du Moniteur du 8 janvier 1987 sous le numéro 107/187.

3. L’église évangelique internationale de Belgique. A.S.B.L. constituée le 9 février 1987 et publiée aux annexes du Moniteur du 9 avril 1987 sous le numéro 4948/87. Cette A.S.B.L. se présente comme filiale de l’International Evangelical Church des USA, laquelle est membre du conseil oecuménique des Eglises.

II/B.12. Le centre interuniversitaire Albert Schweitzer n’a pas été constitué en A.S.B.L.. C’est un laboratoire installé lui aussi au Boulevard Poincaré à Anderlecht. Il est dirigé par le docteur Fulvio Gioanetto. Cette création directe de Joseph Maltais prend parfois le titre de laboratoire de biologie végétale et cytogénétique parfois celui de laboratoire des ecosystèmes désertiques parfois celui de Faculté de nutrition et de Médecine de l’université Albert Schweitzer.

Ce centre a travaillé en collaboration d’une part avec l’INIEX et d’autre part avec l’UCL. Mais ces relations n’ont pas duré. Ainsi l’UCL s’est plainte de ce que le centre lui aurait subtilisé un microscope électronique d’une valeur de 100 000 francs et qu’un prêtre zairois, docteur en sciences médicales de l’UCL, aurait travaillé pour le centre sans avoir reçu l’indemnisation convenue.

En réalité, le père Mulamba Lowa, docteur en sciences médicales à l’UCL a reçu en grandes pompes le dimanche 12 juillet 1987 au château de Sainval à Tilff le prix Sharan-Prasad. Ce prix lui a été remis par M. Ousseynou Niang, responsable sénégalais, secrétaire général de l’Union des villes africaines, président de SOS déserts transcontinental. Ce prix destiné à honorer les travaux de son bénéficiaire sur la prévention et le traitement des maladies tropicales était constitué par une bourse accordée par la fondation Edmond Luc Dumoulin Lekuche et la fondation européenne pour la vie associative (la FEVA). Cette bourse prétendument de 1 million de francs représentait en réalité 12 mensualités de 35 000 francs pour venir collaborer pendant un an au centre Albert Schweitzer.

L’abbé Lowa aurait reçu finalement 200 000 francs le 16 décembre 1987 après bien des réclamations.

4. LES ORGANISMES FINANCIERS

II/B.13. Outre les quelques A.S.B.L. précitées on a déjà évoqué la fondation Dumoulin Lekuche et la FEVA. Les statuts de l’une ou de l’autre ne semblent pas avoir été soumis à l’approbation du gouvernement et publiés conformément à la loi. Elles sont donc inexistantes.

II/B.14. Il en est de même des banques étrangères dont de temps à autre M. Joseph Maltais se prétend le propriétaire.

II/B.15. Le dossier révèle l’existence de la Standard Pacific Bank ayant son siège au Vanuatu, (anciennement Nouvelles-Hébrides). Il en sera question plus loin.

II/B.16. La fondation Pont-Spoerry. M. Pont Michel Henry Robert est né à Royan (France) le 19 mars 1948. Il est le fils de Maurice et de Thérèse Spoerry. Photographe professionnel, il s’est associé avec M. Nègre Jean-Pierre. Ils ont exposé et publié sous le nom Nègre-Pont. Un livre de photographie exposé à la Galerie Régine Lussan, 7, Rue de L’Odéon et intitulé " Après-Midi " est signé Michel Nègrepont. On aurait pu croire qu’il s’agissait là d’un nom d’artiste d’autant que sa carte d’identité mentionne Pont, dit Nègrepont Michel. Toutefois, des pièces découvertes lors des perquisitions au château de Sainval à Tilff laissent penser que M. Jean-Pierre Nègre aurait bien été l’associé de M. Michel Pont.

M. Michel Pont est en relation suivie avec Ecoovie depuis 1979. Il a travaillé comme photographe à Syndergie Graphicoop au 23 Rue Clauzel Paris 9 e . A l’époque il a été impliqué dans une affaire de pédophilie à la suite de la découverte de photos représentant des enfants nus, prises par lui. En 1980, il entre à Ecoovie et devient le compagnon de William Norman. En 1983 il est condamné par défaut à 3 mois d’emprisonnement et à l’interdiction d’émettre des chèques durant 5 ans. Il fera opposition en mai 1985.

II/B.17. C’est à cette époque qu’est constituée à l’île de Man la fondation Pont-Spoerry. Rien dans les antécédents de cet homme ne permet de penser qu’il aurait pu accumuler un capital et le destiner à des oeuvres charitables.

II/B.18. L’acte de constitution date du 19 mars 1984. Il sera reformulé le 19 mars 1987. La fondation sera représentée par 3 trustees statutaires dont le révérend Michel Robert Pont-Spoerry demeurant à 1070 Bruxelles, Boulevard Poincaré 30.

II/B.19. M. Joseph Maltais s’est fait inscrire à l’hôtel Métropole le 29 janvier 1988 en exhibant la carte d’identité de Pont dit Nègrepont Michel, professeur d’université, Paris 13 e , Rue Dunois 6. Entendu par la gendarmerie le 8 avril 1988, il exhibera encore cette carte d’identité et signera le procès-verbal du nom de Pont Michel.

II/B.20. D’après les statuts, la fondation a été constitué par le révérend Michel Robert Pont ainsi que par Henry R. et Charles H. Pont. qui seraient les frères du premier. Or, Michel Pont, dont le père s’appelle Maurice, n’a qu’un frère Etienne et une soeur Martine. Henry Pont semble bien être le nom que Joseph Maltais empruntait lorqu’il présentait Michel comme son frère. Il a d’ailleurs prétendu dans plusieurs actes que cette fondation était sa propriété personnelle.


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be