C’est à tort que l’on oppose systèmatiquement nazisme et homosexualité en évoquant les "Triangles roses". La réalité est beaucoup plus complexe.

Adolf Hitler et Ernst Röhm, le fondateur du NSDAP, en 1933.

Le fondateur du parti nazi, le NSDAP, n’est pas Adolf Hitler, mais Ernst Röhm. Celui-ci était publiquement homosexuel. Dans le contexte de l’opposition de la Reichswehr, et de la rivalité entre SA et SS, Adolf Hitler sacrifia les SA. Il les fit assassiner lors de "la nuit des longs couteaux". Pour justifier son crime, Hitler évoqua la sexualité "dégénérée" de Röhm.

Par la suite, une campagne de castration puis d’extermination des homosexuels fut menée dans le grand Reich. Mais simultanément l’imaginaire nazi ne cessa de développer une esthétique homosexuelle, comme pour sublimer ces meurtres originels. Elle est particulièrement évidente dans la propagande des jeunesses hitlériennes, et dans la statuaire d’Arno Brecker.

Michaël Kühnen (1956-1991), leader historique et Führer auto-proclamé du renouveau du nazisme en Europe, a interprété l’échec du III° Reich en fonction de « l’erreur » de la "nuit des longs couteaux". Il a reconstruit les avatars du NSDAP sur la ressurection des SA. Il était donc fondé à réconcilier homosexualité et nazisme.

Michaël Kühnen (au centre) avec deux camarades de l’Aktionsfront Nationale Sozialisten, en 1978.

Michaël Kühnen a débuté ses activités criminelles à l’âge de 14 ans, en 1970. Engagé volontaire en 1977 dans la Bundeswehr, il en fut exclu en 1979, et condamné à 4 ans de prison, dont 3 ans fermes, pour incitation à la haine raciale et apologie du nazisme. A sa libération, en 1982, il fonda l’Aktionfront Nationaler Sozialisten/Nationaler Aktivisten (ANS-SA) à Hambourg. Cette organisation fut interdite en 1983 et il fut condamné à 8 mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve. Ce sursis fut supprimé en 1984, et il s’enfuit en Suisse, puis en France. Les principaux membres de l’organisation clandestine furent arrêtés (ils étaient environ 260), y compris leur député, Arndt-Heinz Marx, dans le cadre d’une instruction pour torture et assassinat. Son camarade, Michel Caignet, le fit héberger en banlieue parisienne chez un ancien membre de la division Charlemagne. Expulsé de France vers la RFA, il fut condamné à 3 ans et 4 mois de prison ferme en 1985. Libéré à nouveau en 1988, il structura son mouvement clandestin en Allemagne orientale, notamment après la chute du mur de Berlin. Le journaliste Michaël Schmidt lui consacra un film, La peste brune. Il est mort du sida le 25 avril 1991, à l’âge de 35 ans, à la clinique municipale de Kassel.

C’est avec Michel Caignet et Jürgen Mosler que Michaël Kühnen fonda l’Europaïsche Bewegung (Mouvement européen), une organisation internationale néonazie implantée en Allemagne, Belgique, Danemark, France et Pays-Bas.

Michel Caignet a traduit en français les Lettres de prison, et l’opuscule Homosexualité et national-socialisme de Michaël Kühnen. Selon l’auteur, parce qu’ils sont rares les homosexuels actifs seraient destinés à former une élite guerrière au service de la horde. Les homosexuels passifs seraient, quant à eux, condamnés, selon l’antique loi germanique, à être noyés dans les marais. (Ce qui implique que la sexualité des guerriers ne peut-être assouvie que par des masturbations mutuelles ou le viol des mâles étrangers). Néanmoins, le chef de la horde choisira comme bras droit un homosexuel passif, qu’il sauvera ainsi d’une mort certaine. Ce dernier ne pourra donc pas trahir son chef sans perdre la vie. Il sera chargé de l’exécution des basses oeuvres, et sera corvéable à merci, jusque et y compris pour l’assouvissement des besoins physiologiques du chef.

(c) Projet Ornicar, juillet/aout 1993

L’infiltration néofasciste et néonazie dans la minorité gay