Les villes tombées aux mains du FN ont des points communs qu’il ne faut pas négliger : il est arrivé au pouvoir dans un contexte de médiocrité du personnel politique local, quand ce n’est pas d’abandon total du terrain politique. A ceci s’ajoutait la faiblesse, des réseaux militants et associatifs (à l’exception de Vitrolles), un manque cruel de moyens, l’absence quasi généralisée de subventions, les lenteurs des administrations, des collectivités locales et de l’Etat parfois la mauvaise volonté manifeste de faire avancer des dossiers, etc ...

 Des attaques sur tous les fronts

Il n’y a pas de différence fondamentale de gestion entre les différentes villes tenues par le FN. Toutes subissent les attaques du FN sur les mêmes fronts : personnel communal, écoles, cantines scolaires, centres sociaux, subventions aux associations, politiques culturelles, cadre de vie, menaces, pressions, climat délétère dans les services municipaux, violences, procès, mise en place de l’association Fraternité Française au détriment de l’action communale, pourrissement de la vie des quartiers par abandon de services publics comme l’enlèvement des ordures ménagères, mise au pas d’associations au création de nouvelles associations avec soutien financier...

 La mise sous tutelle

Les municipalités FN ont, dès leur arrivée au pouvoir, mis en application la notion de " fraternité nationale " prônée par B. Mégret avec la mise en place de boutiques " Fraternité française " dans chacune des villes. Les services sociaux dirigent les demandeurs vers cette association, subventionnée par la ville. Par son statut associatif Fraternité française n’est pas tenue d’utiliser les mêmes critères d’attribution d’aide que les communes. Parallèlement, à Marignane, le maire D. Siméoni a refusé l’aide apportée auparavant aux Restos du coeur par le prêt d’un camion et d’un local. Quant à Vitrolles, B. Mégret a annoncé (France 2, Polémiques du 15 février 1998) qu’il n’y aurait pas d’emploi-jeune à Vitrolles.

 Censures

La culture est en première ligne des attaques FN. Elle doit être au service de l’idéologie FN. A Orange, Je maire adjoint à la culture a supprimé des livres proposés par la bibliothécaire pour imposer ceux qui sont conformes à l’idéologie promue par le Front. A Marignane Libération, La Marseillaise et l’Evènement du Jeudi ont cédé la place à Présent, Rivarol et National Hebdo, tandis qu’à Toulon, Marek Halter était interdit de Fête du Livre et le groupe NTM interdit de spectacle. A Orange, le maire J. Bompard invite le groupe Fraction Hexagone qui chante " Une balle pour les sionistes, une balle pour le cosmopolitisme et une balle pour la police ".

 Restriction des libertés

Les libertés sont restreintes, en particulier pour les étrangers ou leurs amis français : refus de signer les certificats d’hébergement demandés par les administrés, mariages binationaux bloqués. Ainsi sont déniés aux concitoyens de ces villes le droit de recevoir chez eux des amis étrangers ou la liberté d’épouser la personne de leur choix. A Orange, sous prétexte de maintenir la propreté de la voirie, le maire interdit la distribution de tracts anti-FN. Ce qui, on en conviendra aisément, permet à J.-Y. Le Gallou, secrétaire national du FN de déclarer " dans ce pays assez totalitaire, les villes FN sont un espace de liberté locale, comme lntemet à l’échelle mondiale ".

 Bilan financier et "moralisation"

Le bilan financier des villes FN confirme que les promesses pré-électorales du FN n’engageaient pas leurs auteurs : à Orangeet-à Toulon, le FN a augmenté les impôts eta oublié de @ercontre le chômage qui s’est accru de 2,6 % à Toulon et de 21 % dans le bassin d’emploi d’Orange.

Quant à la moralisation, l’élection de B. Mégret à Vitrolles, et celle de J.-M. Le Chevallier à Toulon pour les législatives, ont été invalidées alors que le secrétaire général d’Orange et le responsable du cabinet du maire de Toulon ont été mis en examen pour " affaires ". De même, dès leur arrivée aux commandes des villes, les élus se sont empressés de réserver des parts du gàteau pour leur proches : le neveu de la femme du maire d’Orange préside l’Office de tourisme et sa femme s’occupe du reste des organismes et des associations relevant de la mairie. A Toulon, madame Le Chevallier préside tout le secteur éducation et jeunesse, et à Vitrolles, madame Mégret fait fioure de prète-nom à son époux.

Argumentaire pour lutter contre le FN, par le MRAP