HENRY KISSINGER

Le soir des attentats, l’ancien secrétaire d’État de Richard Nixon et Gerald Ford, Henry Kissinger, a publié une tribune sur le site Internet du Washington Post : " Détruire le réseau ". Il y présente le terrorisme non pas comme le mode d’action de certains groupes politiques, mais comme un système qu’il convient désormais de détruire à la racine. Selon lui, ce ne sont pas seulement les auteurs des attentats qui doivent être châtiés, mais toutes les organisations terroristes, tous les gouvernements impliqués qui doivent payer un " prix exorbitant ".
 " Destroy the Network ", The Washington Post, 11 septembre
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WILLIAM S. COHEN

Au lendemain des attentats, l’ancien secrétaire à la défense de Bill Clinton, William S. Cohen, affirme que les Américains ne céderont pas à la peur et ne se replieront pas sur eux-mêmes comme les terroristes souhaitent les y contraindre. Les USA ont besoin de la collaboration de tous leurs alliés pour cette guerre sainte, et ils jugeront la fidélité de leurs alliés à la qualité de leur coopération. Les Américains doivent se préparer à une attaque biologique quitte à restreindre certaines libertés. Après avoir combattu le fascisme et le communisme, les Etats-Unis seront victorieux du terrorisme grâce à leur courage, leur foi, leur unité et leur détermination.
 " American Holy War ", The Washington Post, 12 septembre
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ROY GODSON

Roy Godson, un analyste de la CIA qui fut impliqué dans l’Inrangate, souligne que l’on avait été prévenu : depuis plusieurs années des rapports officiels dénonçait le danger d’une " guerre asymétrique ". Heureusement les présidents Bush père et Clinton ont commencé à orienter l’effort militaire vers les menaces non traditionnelles. Ils ont reçu le renfort discret et efficace de Tony Blair. Pour Roy Godson, il ne faut plus raisonner en termes de conflits inter-étatiques. De nombreux gouvernements, la Colombie par exemple, ne contrôlent pas leurs territoires et abritent malgré eux des terroristes. La menace est culturelle et commence dans la société américaine elle-même. Il faut que l’État US intervienne dans les mosquées pour en expulser les éléments radicaux. La lutte contre le terrorisme suppose un engagement de la société civile qui concerne chaque citoyen.
 " Clancy is a better guide than von Clausewitz ", The Daily Telegraph, 13 septembre
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GARY HART

L’ancien co-président de la Commission sur la sécurité nationale au XXIe siècle, Gary Hart, rappelle la conclusion du premier volume de son rapport (1999) : " [L’Amérique deviendra] de plus en plus vulnérable à des attaques hostiles sur son sol, et notre supériorité militaire ne nous protégera pas complètement. Des Américains périront sur le sol américain, peut être en grand nombre ". La Commission avait proposé la création d’une Agence nationale de sécurité du territoire qui aurait coordonné quarante administrations sous l’autorité du président. Il n’a pas été donné de suite à ce projet parce que la tradition américaine est de ne pas autoriser l’armée fédérale à agir sur le territoire national. Seule la Garde nationale, milice fédérée placée sous les ordres des gouverneurs, le peut. C’est cette opposition entre les deux types d’armées américaines qui doit être résolue pour garantir la sécurité sans atteindre aux libertés.
 " We said America would face such an attack ", The Times, 13 septembre
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CHRISTOPHER HITCHENS

L’écrivain et leader de la gauche laïque américaine, Christopher Hitchens, s’interroge sur la déclaration de Georges Bush selon lequel les attentats ne sont pas seulement des actes de terrorisme, mais des actes de guerre. Une phrase étrange qui suppose la connaissance précise d’un adversaire étatique alors même qu’on ne disposait pas d’information sur les auteurs du crime. Hitchens s’interroge également sur le mode opératoire des terroristes et remarque que le déploiement de la Garde nationale (équivalent US de Vigipirate) n’aurait rien changé aux événements s’il avait eu lieu avant le 11 septembre. Son but n’est pas d’augmenter la sécurité, mais de montrer que nous sommes en guerre.
 " So is the war ? ", The Guardian, 13 septembre
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EHUD BARAK

Le général Ehud Barak, ancien Premier ministre d’Israël, rappelle que le terrorisme a déclaré la guerre au monde entier et que le monde entier doit s’unir pour lui répondre. Au delà de la responsabilité personnelle de Ben Laden, le camp terroriste est bien connu et les États qui le soutiennent sont identifiés : l’Iran, l’Iraq, la Libye, le Soudan et la Corée du Nord. Si les terroristes ne connaissent pas de frontières, les pays qui aiment la paix ne peuvent en connaître aussi. Sous la conduite des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la Russie, et avec les États arabes modérés, ils doivent livrer une bataille décisive qui est une bataille de civilisation.
 " Democratic unity is the only answer to terrorism ", The Times, 13 septembre
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SIR MICHAEL HOWARD

L’historien Sir Michaël Howard s’afflige des propos du président Bush qui manifestent une profonde incompréhension de la situation. Il relève que les terroristes ne sont pas des " lâches " puisqu’ils ont accepté de donner leur vie pour leur cause et que rien ne permet d’affirmer qu’ils ont bénéficié du soutien " d’États-voyous " pour perpétrer leur crime. Il s’étonne que Georges Bush ait cru qu’ils espéraient pousser les USA " au chaos et à la reddition ", et que l’on puisse " déclarer la guerre au terrorisme " quand on ne mène de bataille que contre des individus. Pour Sir Howard le terrorisme est une arme de pauvres qui peut être utilisée pour affirmer sa détermination, démoraliser son adversaire, ou le provoquer à réagir de manière disproportionnée. Et s’il s’agit d’une provocation, la réaction du président Bush est précisément celle espérée par les terroristes. Si les Européens ne le modèrent pas, le président américain ne tardera pas à susciter toujours plus de haine contre les USA.
 " Terrorism has always fed off its response ", The Times, 14 septembre
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OLIVER NORTH

Le colonel Oliver North, héros controversé de la lutte anticommuniste au Nicaragua et président de l’Alliance pour la liberté, raconte le courage des citoyens américains face aux attentats. Disant tout haut ce que pense tout bas l’Amérique profonde, il affirme qu’Oussama Ben Laden est bien le chef d’orchestre de cette opération. Il partage son émotion devant la solidarité des membres de l’OTAN qui ont fait d’eux-mêmes jouer l’article 5 de la Charte, car une attaque contre l’un est une attaque contre tous. Et il exprime son dégoût devant la couardise des parlementaires démocrates qui refusent de voter les pouvoirs spéciaux au président Bush.
 " Coordinated carnage ", The Washington Times, 16 septembre
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WESLEY CLARK

Pour le général Wesley Clark, ancien suprême commandeur des forces de l’OTAN dans la guerre du Kosovo, il n’est plus temps pour les demi-mesures. Il ne faut pas s’attendre immédiatement à un vaste déploiement de forces, mais prioritairement à l’élimination méthodique des terroristes, cellule par cellule, partout où ils se trouvent dans le monde. Soit par les polices alliées, soit par des forces spéciales projetées dans des pays complices ou incapables d’agir eux-mêmes. Bien entendu tout cela devra être réalisé dans les limites du droit international. Toujours dans l’urgence, il faut se préparer à d’autres attaques éventuelles, y compris nucléaires et biologiques. Tout ceci requiert une force décisive pour mener un nouveau type de guerre.
 " An Unfamiliar Approch to Warfare ", The Washington Post, 15 septembre
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HENRY KISSINGER

L’ancien secrétaire d’État de Richard Nixon et Gerald Ford, Henry Kissinger, désigne la guerre contre le terrorisme comme le prochain défi que l’Amérique et de la démocratie doivent gagner après avoir vaincu le communisme. Cette guerre ne concerne pas seulement l’Amérique, mais aussi ses alliés de l’OTAN, et d’une manière plus générale tous ceux qui veulent se prémunir du chantage de groupes terroristes. Les services occidentaux, voire russes, doivent identifier tous les groupes terroristes, et ils doivent tous être placés hors d’état de nuire, indépendamment de leur responsabilité dans cet attentat ou dans d’autres.
 " A War to free the future from fear ", The Los Angeles Times, 15 septembre
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SHLOMO GAZIT

Le général Shlomo Gazit, ancien chef du Renseignement militaire israélien, analyse la faillite des services de renseignement américain. Selon lui, elle s’explique d’abord par l’absence de conscience de la menace terroriste comme priorité de défense. Mais aussi par les règles morales qui régissent les agences US et qui doivent être immédiatement changées.
 " The failures that did or did not happen ",The Jerusalem Post, 17 septembre
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PAUL BREMER III

L’ambassadeur Paul Bremer, ancien président de la Commission nationale sur le terrorisme, souligne que le terrorisme évolue depuis plusieurs années vers des actions de plus en plus meurtrières. Certains groupes, dont celui de Ben Laden, sont déjà en possession d’armes de destruction de masses. Pour leur répondre l’administration américaine reste empêtrée dans la distinction entre sécurité intérieure (Justice Department) et sécurité extérieure (Department of State). Comme les autres conflits bureaucratiques, elle ne pourra être dépasée que par la création d’un Bureau national de l’anti-terrorisme à la Maison-Blanche. Une attention particulière devra être portée à l’immigration, en effet certains terroristes ont obtenu des autorisations de séjour qui auraient dû leur être refusées.
 " The changing face of terrorism ", The Washington Times, 18 septembre
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