La MILS attache une importance particulière à l’action du ministère de l’Education nationale dans le domaine de la prévention et de la lutte contre le sectarisme. Non seulement parce que la mission de formation des élèves et des étudiants relève des compétences de l’Education nationale mais aussi en raison du poids moral, démographique et budgétaire de ce ministère. A cet égard, l’existence d’un réseau de cadres rectoraux chargés du suivi des phénomènes sectaires constitue un élément fondamental de la lutte contre le sectarisme dès lors que son activité s’inscrit dans une démarche non isolée mais transversale (en liaison constante avec les réseaux relevant d’autres ministères, notamment via les cellules de vigilance préfectorales). Si les premiers correspondants de la cellule chargée de la prévention des phénomènes sectaires (CPPS) ont été désignés en 1997, les derniers ne l’ont été que tardivement (en décembre 2000). Ils n’ont pu bénéficier d’une formation sur ces questions particulièrement sensibles.

Le ministère de l’Education nationale peut, en outre, compter sur la vigilance civique de plus d’un million d’enseignants et de cadres inquiets du prosélytisme sectaire et soucieux de contribuer à armer les esprits contre toute dérive. Ces personnels sollicitent en permanence la Mission pour obtenir des informations fiables et des interventions de terrain dans les établissements scolaires publics et privés.

S’agissant de l’éducation aux droits de l’Homme, le ministère de l’Education nationale se situe encore en première ligne, au travers des cours d’éducation civique mais aussi par des cours dispensés par l’ensemble des communautés éducatives. En décembre 2001, le ministère de l’Education nationale a décidé l’affichage de la Déclaration universelle des droits de l’Homme dans les établissements scolaires. La Mission se félicite de cette décision qui va bien au-delà d’une pure symbolique et dont l’intérêt avait été souligné par les grandes associations de défense des droits de l’Homme et du citoyen. Il serait souhaitable que la Convention internationale des droits de l’enfant soit "elle aussi" systématiquement affichée.

Afin de mieux garantir la validité d’action péri ou post scolaires, le ministère agrée depuis de longues années un certain nombre d’associations, permettant ainsi aux parents d’élèves de discriminer entre des propositions éducatives faites à leurs enfants.

En ce qui concerne les associations qui viennent au secours des victimes et organisent à leur niveau la prévention des risques sectaires, le ministère de l’Education nationale reconnaît les deux principales, organisées au plan national et présentes aussi bien sur le territoire métropolitain qu’Outre-mer. Il concourt à leur action par des subventions affectées à des objets précis.

Enfin, l’organisation régulière de salons de l’Education où la MILS tient un stand et auquel elle participe activement, constitue une initiative heureuse dont le succès ne se dément pas. Elle permet en outre aux grandes associations nationales d’apporter publiquement leurs réflexions et favorisent les échanges, fructueux, avec nombre de visiteurs étrangers, éducateurs et parents, qu’intéressent les formes et le contenu de l’Education nationale française.

Le Conseil d’orientation de la Mission a évoqué à maintes reprises la nécessaire sensibilisation des futurs professeurs des écoles aux dangers des dérives sectaires. Il demande instamment qu’elle soit systématisée par le ministère de l’Education nationale avec la MILS et, le cas échéant, les associations spécialisées.

De même, le Conseil d’orientation, qui le demande depuis deux ans, a souhaité que soit poursuivie une réflexion approfondie sur le cas d’enseignants, heureusement fort peu nombreux, qui ne font aucun prosélytisme en classe mais affichent publiquement dans la périphérie de l’école, leur appartenance militante à des mouvements sectaires dangereux. La protection de l’enfance doit en effet être garantie au regard des dispositions de la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989 qui, ratifiée par la France, s’impose à la législation.

Il est apparu enfin au Conseil d’orientation que le rôle de la Cellule chargée de la prévention des phénomènes sectaires dans l’Education nationale devrait être mieux connu et réactivé.

Au cours de l’année écoulée, l’attention de la Mission a été attirée sur certains problèmes posés par des récurrences sectaires au niveau de l’enseignement supérieur.

Elle a dû réagir, par exemple, à la demande d’enseignants qui l’avaient directement saisie, contre des conférences tenues en milieu universitaire par un mouvement à caractéristiques sectaires confirmées. Des relations ont été établies avec la direction de la Cité universitaire en cause pour prévenir le renouvellement de ces intrusions. La Mission s’est félicitée de la promptitude et du souci de vigilance de cette direction.

Plus gravement, la Mission a été alertée à plusieurs reprises sur des travaux, dits de recherche, engagés dans un contexte peu compatible avec la rigueur universitaire. Elle a attiré l’attention sur les risques qu’une labellisation de certaines publications contestables fait courir à la réputation d’excellence des universités et de la recherche françaises, phénomène ayant déjà fait l’objet de protestations nombreuses de la communauté universitaire.

Elle tient à souligner, en contrepoint, l’excellence de plusieurs travaux de recherche portant sur l’analyse de mouvements sectaires transnationaux, telle que la Scientologie, ou donnant un éclairage indispensable, dépassionné et non contesté, sur des organisations à ramifications multiples s’inspirant d’une même idéologie, comme la galaxie anthroposophique.

Pour la première fois, la MILS a été invitée à s’exprimer devant le centre d’études interdisciplinaires des faits religieux de l’Ecole des hautes études en sciences sociales avec laquelle elle souhaite poursuivre un dialogue rendu d’autant plus nécessaire que les points de vue exprimés ont été jusqu’à ce jour parfois contrastés.

Enfin, l’université de Paris1 a pris l’initiative d’organiser une journée de prévention pour les étudiants. Une telle action, extrêmement bienvenue, devrait pouvoir être menée dans la plupart des universités du territoire.