14.34. Le matin suivant le décès du Président Habyarimana, la Garde présidentielle commença à se déployer dans Kigali, regroupant les gens qui avaient été désignés pour être exécutés. Les radicaux du mouvement Hutu Power avaient toujours bien compris la nécessité de manipuler l’opinion publique, tant au Rwanda qu’à l’étranger. Cet objectif les aida à établir des listes de personnes à abattre en priorité. RTLMC et Radio Rwanda devinrent les outils directs du génocide, diffusant le nom et la cachette des victimes désignées. De cette façon, l’armée et les milices pouvaient traquer leurs victimes où qu’elles soient, d’un bout à l’autre du pays.

14.35. Les attaques visèrent plusieurs cibles. Dans un premier temps, le gouvernement intérimaire fixa son attention sur les membres du gouvernement et de l’opposition, tant nationale que locale, pouvant faire obstacle au bon déroulement du génocide. Dans un deuxième temps, il songea à éliminer les Hutu modérés, influents et donc perçus comme une menace. En troisième lieu, le gouvernement s’attaqua aux journalistes et aux militants des droits de la personne qui n’avaient pu être réduits au silence par d’autres moyens.

14.36. Les professionnels furent également la cible d’attaques. Certains avocats furent tués parce qu’ils avaient défendu des adversaires politiques ou parce qu’ils étaient associés à des causes controversées. D’autres avocats furent tués simplement parce qu’ils étaient Tutsi. Dans les premiers jours du génocide, certains fonctionnaires tentèrent d’utiliser le système judiciaire pour protéger des collègues menacés, mais en vain. Les bourgmestres relâchèrent sur-le-champ les génocidaires arrêtés, et les procureurs cessèrent rapidement de tenter d’amener les assassins, les violeurs ou les incendiaires devant les tribunaux.

14.37. Les Tutsi à l’emploi des organisations humanitaires ou internationales et des sociétés gouvernementales furent également inscrits sur la liste des personnes à assassiner, tout comme un grand nombre d’enseignants et d’administrateurs scolaires. Plusieurs de ces personnes étaient des leaders communautaires et avaient milité activement au sein de partis d’opposition.

14.38. Les milices Hutu s’attaquèrent également aux prêtres, aux religieuses et aux autres membres du clergé, en particulier à ceux qui étaient d’origine Tutsi ou qui abritaient des victimes désignées. De plus, les génocidaires assassinèrent également les prêtres reconnus comme des esprits libres susceptible d’influencer l’opinion, y compris l’opinion internationale.


Source : Organisation de l’Unité Africaine (OUA) : http://www.oau-oua.org