14. Depuis que la crise - dont les origines ont été décrites en détail dans le rapport de la Commission d’établissement des faits de Charm el-Cheikh dirigée par l’ancien sénateur George Mitchell - s’est déclenchée en septembre 2000, les parties n’ont cessé de s’affronter plus ou moins violemment ; au 7 mai 2002, 441 Israéliens et 1 539 Palestiniens avaient trouvé la mort. Au début de 2002, les parties étaient déjà prises dans l’engrenage d’une violence de plus en plus intense. Durant les premiers mois de l’année, la violence a encore redoublé pour atteindre son apogée aux mois de mars et avril, au cours desquels les attentats-suicide à la bombe de groupes palestiniens contre des Israéliens se sont faits plus fréquents et les Forces de défense israéliennes ont à deux reprises fait une série d’incursions dans des villes et villages palestiniens de Cisjordanie, notamment dans des zones se trouvant, du point de vue administratif et sur le plan de la sécurité, sous la responsabilité de l’Autorité palestinienne.

15. Le 12 mars 2002, après une série d’attentats terroristes perpétrés plus tôt dans le mois par des Palestiniens, et alors que la première vague d’incursions des Forces de défense israéliennes en Cisjordanie touchait à sa fin, j’ai informé le Conseil de sécurité qu’à mon avis, les tensions entre Israéliens et Palestiniens avaient atteint un paroxysme et la situation n’avait pas été aussi grave depuis 10 ans. J’ai demandé aux Palestiniens de mettre fin à tous actes de terrorisme et attentats-suicide, attaques ignobles qui desservaient leur cause. Et j’ai demandé aux Israéliens de mettre fin aux bombardements de zones civiles, aux exécutions extrajudiciaires, aux démolitions et aux humiliations quotidiennes infligées aux Palestiniens, faisant valoir que ces actes nuisaient gravement à la réputation internationale d’Israël et alimentaient la haine, le désespoir et l’extrémisme parmi les Palestiniens. Enfin, j’ai exhorté les dirigeants politiques des deux peuples
 le Premier Ministre Ariel Sharon et le Président Arafat - à engager leurs peuples sur une voie qui ne les mènerait pas à la catastrophe.

16. Les attentats terroristes palestiniens contre des Israéliens se sont poursuivis et l’armée israélienne a de nouveau fait des incursions dans des zones palestiniennes. Le 4 avril, une semaine après le début de la deuxième vague d’incursions en Cisjordanie
 l’opération Bouclier défensif des Forces de défense israéliennes -, j’ai à nouveau fait rapport au Conseil de sécurité et j’ai demandé à tous les membres de la communauté internationale de rechercher d’urgence le meilleur moyen d’intercéder auprès des parties pour les convaincre de faire machine arrière. Devant le Conseil, j’ai dit que le droit à la légitime défense ne donnait pas carte blanche à celui qui l’invoquait et que le fait d’agir en réaction à des actes de terrorisme ne dispensait pas Israël de respecter les obligations que lui imposait le droit international, pas plus qu’il ne l’autorisait à déclencher une crise, en matière de droits de l’homme et sur le plan humanitaire, dans le territoire palestinien occupé. J’ai dit aussi que l’Autorité palestinienne semblait croire qu’en ne faisant rien pour réprimer le terrorisme et en créant ainsi le trouble, le chaos et l’instabilité, elle ferait fléchir le Gouvernement et le peuple israéliens, ce à quoi je ne croyais pas. J’ai demandé au Gouvernement israélien de se conformer à la résolution 1402 (2002) du Conseil de sécurité et de retirer ses forces du territoire palestinien occupé depuis l’opération Bouclier défensif. Et j’ai exhorté le Président Arafat à faire preuve de détermination politique et à tracer pour son peuple une voie qui l’éloigne du terrorisme.

17. Plusieurs fois au cours de cette période extrêmement difficile, j’ai dit au Conseil de sécurité qu’à mon sens, bien que l’amertume et le désespoir soient à leur comble d’un côté comme de l’autre, nous devions tous nous accrocher à la conviction qu’un jour, et quel que soit le temps que cela prendrait, le conflit trouverait un règlement pacifique. Le retour à la table des négociations ne se ferait ni sans difficultés ni sans heurt, mais les deux parties devaient, avec l’aide de la communauté internationale, relancer le processus, sur la base des résolutions 1397 (2002) et 1402 (2002) du Conseil de sécurité, qui, ensemble, posaient les fondements d’un règlement permanent du conflit israélo-palestinien et définissaient des mesures à prendre immédiatement, en matière de sécurité et sur le plan politique, pour surmonter la crise en cours.

18. Entre le début du mois de mars et le 7 mai, Israël a été victime de quelque 16 attentats à la bombe, dont la plupart des attentats-suicide. Plus de 100 personnes ont trouvé la mort et des dizaines ont été blessées. Pendant toute cette période, le Gouvernement israélien et la communauté internationale ont à nouveau, comme ils l’avaient déjà fait auparavant, demandé à l’Autorité palestinienne de faire le nécessaire pour mettre fin aux attentats terroristes et pour que leurs auteurs soient arrêtés.

19. Au cours de la même période, les Forces de défense israéliennes ont lancé deux vagues d’incursions militaires, essentiellement en Cisjordanie, et procédé à des frappes aériennes contre la Cisjordanie et la bande de Gaza. La première vague a commencé le 27 février 2002 et a pris fin vers le 14 mars. Les incursions, destinées, selon Israël, à poursuivre des Palestiniens auteurs d’attaques contre des Israéliens et effectuées dans des zones civiles, notamment des camps de réfugiés, par des soldats de l’armée de terre et avec des hélicoptères de combat, des chars et des avions de chasse F-16, ont fait de nombreux morts parmi la population civile.

20. En deux jours, les 8 et 9 mars, 18 Israéliens ont été tués au cours de deux attaques palestiniennes séparées et 48 Palestiniens dans les raids israéliens qui ont suivi.

21. Les représailles infligées par l’armée israélienne à la suite des attentats terroristes étant souvent dirigées contre les forces de sécurité et les installations de l’Autorité palestinienne, celle-ci a vu ses moyens de prendre des mesures efficaces contre les groupes militants responsables d’attaques contre des Israéliens sérieusement affaiblis. Profitant de cette impuissance croissante, les groupes militants ont multiplié leurs attaques contre des civils israéliens, les auteurs laissant souvent des messages indiquant qu’ils avaient agi dans le but exprès de se venger des mesures de représailles infligées par les Israéliens et perpétuant ainsi le cercle vicieux de la violence, des représailles et de la vengeance.

22. C’est dans ce contexte qu’a été lancée l’opération Bouclier défensif, vague d’incursions de l’armée israélienne dépassant toutes celles des 10 dernières années. L’événement déclencheur fut un attentat terroriste commis le 27 mars dans la ville israélienne de Netanya qui fit 28 morts et 140 blessés. Depuis le Sommet de la Ligue des États arabes, j’ai condamné cet attentat, que j’ai qualifié d’ignoble, et dont j’ai ultérieurement dit, devant le Conseil de sécurité, qu’il mettait en péril la possibilité même de la coexistence. Le 29 mars 2002, le Cabinet israélien a publié un communiqué dans lequel il approuvait " un vaste plan d’action opérationnel contre le terrorisme palestinien " et, à cette fin, " la mobilisation de réserves à la mesure des besoins opérationnels ". L’objectif était " d’avoir raison de l’infrastructure terroriste palestinienne et d’éviter que ne se répètent les multiples attentats terroristes qui ont frappé Israël ".


Source : Organisation des Nations Unies : http://www.un.org