37. D’après un rapport établi par les organismes des Nations Unies dans le territoire palestinien occupé, les deux vagues d’incursion ont eu les effets suivants sur la situation humanitaire et sur le développement :

a) Entre le 1er mars et le 7 mai 2002 et durant la période qui a suivi immédiatement, 497 Palestiniens au total ont été tués au cours de la réoccupation de la zone palestinienne " A " par les Forces de défense israéliennes ;

b) Les autorités sanitaires palestiniennes et la Société du Croissant-Rouge palestinien ont signalé qu’au cours de la même période 1 447 personnes avaient été blessées, dont 538 par balles réelles ;

c) Les couvre-feux imposés 24 heures sur 24 dans les grandes villes, camps de réfugiés, petites villes et villages ont affecté environ un million de personnes, dont 600 000 pendant une semaine ; 220 000 résidents de zones urbaines ont subi des couvre-feux plus longs, sans accès à des fournitures vitales ou à des secours d’urgence ;

d) Les bouclages internes et externes rigoureux continuent à paralyser l’activité économique normale et les mouvements de personnes et de marchandises dans toute la Cisjordanie ; dans la bande de Gaza, des bouclages internes d’une durée sans précédent de 38 jours ont divisé la bande en trois zones périodiquement isolées ;

e) Les couvre-feux prolongés, dont l’effet a été aggravé par de fortes restrictions sur la circulation commerciale de fournitures, ont rendu très précaire la situation en matière de sécurité alimentaire dans le territoire palestinien occupé : plus de 630 000 personnes, soit à peu près 20 % des résidents, ont été considérées vulnérables sur ce plan ;

f) On a constaté de plus en plus de pénuries de vivres dans diverses régions du territoire palestinien occupé, le marché de Gaza étant particulièrement affecté. Les restrictions des importations alimentaires ont entraîné une légère augmentation du niveau général des prix des vivres en Cisjordanie et une augmentation considérable (pouvant atteindre de 25 à 30 %) du coût des aliments de base dans la bande de Gaza ;

g) Plus de 2 800 logements de réfugiés ont été endommagés et 878 maisons démolies ou détruites au cours de la période considérée, laissant plus de 17 000 personnes sans abri ou avec des logements à remettre en état ;

h) Les logements autres que ceux de réfugiés à Naplouse, Ramallah, Bethléem, Djénine et Tulkarem et dans un certain nombre de villages voisins ont subi des dommages allant de dommages mineurs à des dommages structurels ;

i) Dans huit districts de Cisjordanie, les élèves n’ont pas pu aller à l’école. On estime qu’au cours de la période couverte par le rapport, ils ont perdu 11 000 jours de classe et 55 000 heures de cours ;

j) Sur les 50 écoles palestiniennes endommagées par les opérations militaires israéliennes, 11 ont été entièrement détruites, 9 vandalisées, 15 utilisées comme des postes militaires avancés et 15 autres comme des centres d’arrestation et de détention de masse.

38. Même avant l’opération militaire récente, la situation économique et sociale en Cisjordanie et dans la bande de Gaza était critique. Selon une évaluation du Bureau du Coordonnateur spécial des Nations Unies, au cours des 18 mois d’affrontements et de restrictions imposées à la liberté de mouvement avant la période de mars et avril, la production intérieure avait baissé de plus de 20 %, le chômage avait atteint un niveau sans précédent, le revenu par habitant avait baissé de 30 % et le taux de pauvreté de quelque 45 % de la population palestinienne avait plus que doublé.

39. S’il est difficile d’établir avec précision l’ampleur des effets socioéconomiques des incursions, il ressort des informations préliminaires que les difficultés auxquelles la population est en proie ont considérablement augmenté. L’effet principal des incursions sur le plan économique a été un arrêt presque total des activités productives des principaux centres industriels et commerciaux, centres de services privés et publics et du secteur de la construction en Cisjordanie. Les activités de ces centres et secteurs représentent au moins 75 % de la valeur des biens et services produits en Cisjordanie. L’arrêt de la production a entraîné des pertes de revenu immédiat pour les employés et les propriétaires d’entreprises commerciales, ainsi que des pertes de recettes fiscales pour l’Autorité palestinienne. En outre, les fournisseurs et les acheteurs dans les zones urbaines directement affectées ont des liens économiques étroits avec les zones rurales ; l’isolement des uns a d’importants effets adverses sur les autres. Il en va de même pour les relations entre les entreprises commerciales à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.

40. Outre qu’ils n’ont eu accès à aucun service médical, d’éducation ou autre au cours de l’opération Bouclier défensif, les Palestiniens n’ont pas eu accès à leurs lieux de travail, ce qui a réduit leurs possibilités de gagner leur vie. Les ménages ont vu fondre leurs revenus et leurs économies, et le déclin important des niveaux de vie enregistré au cours des derniers 18 mois s’est encore aggravé. En conséquence, la Cisjordanie connaîtra des niveaux de pauvreté encore plus élevés à court terme et à moyen terme.

41. La Banque mondiale estime à 361 millions de dollars des États-Unis le coût total de la reconstruction de l’infrastructure civile de l’Autorité palestinienne suite aux dommages physiques et institutionnels résultant des incursions en Cisjordanie en mars et avril 2002.

42. Si l’ONU n’a pas pour mandat de suivre la situation en Israël et de faire rapport à ce sujet, comme elle le fait pour le territoire palestinien occupé, il est clair que la violence, et spécifiquement les attaques terroristes, ont causé des souffrances énormes pour la population et affecté l’économie du pays.


Source : Organisation des Nations Unies : http://www.un.org