70. On trouvera ci-après une brève description des événements récents à Ramallah, Bethléem et Naplouse.

Ramallah

71. Au cours de l’opération Bouclier défensif, la première ville occupée par les Forces de défense israéliennes a été Ramallah. Elles y sont entrées le 29 mars et se sont retirées de la plus grande partie de la ville le 20 avril et du reste de celle-ci le 30 avril. L’incursion des Forces de défense israéliennes a revêtu à peu près les mêmes formes que dans d’autres villes : couvre-feu, coupures des liaisons téléphoniques, coupures d’eau et d’électricité dans presque toute la ville, obstacles mis à l’acheminement de l’aide humanitaire, mises en détention - mais le statut de Ramallah, qui est le centre administratif de l’Autorité palestinienne, semble avoir été un facteur déterminant dans le choix des mesures appliquées par les Forces de défense israéliennes.

72. Le Gouvernement israélien affirme que Ramallah a joué un rôle décisif dans les attaques terroristes perpétrées contre des civils israéliens en raison de la présence dans cette ville du quartier général de plusieurs forces de sécurité palestiniennes (la Force de sécurité nationale, la Sécurité préventive, la police civile et Force-17) et en raison aussi de la coopération entre les forces de sécurité et les factions armées. Selon les Forces de défense israéliennes, ces factions armées collaborent avec les forces de sécurité tout en bénéficiant de leur protection. Le Gouvernement israélien prétend que le Fatah, qui a son siège à Ramallah, et partage du personnel avec les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, est une organisation terroriste. Il affirme aussi que le Front populaire pour la libération de la Palestine utilise aussi Ramallah comme base d’opérations et que le Hamas fait de Ramallah une " station relais " pour les attentats-suicide. L’Autorité palestinienne nie toute implication de ses forces de sécurité dans les attaques terroristes.

73. Pendant l’opération militaire menée à Ramallah, les institutions civiles de l’Autorité palestinienne ont été fortement mises à mal. Des groupes de défense des droits de l’homme indiquent que ces institutions ont été spécialement visées par les Forces de défense israéliennes, et la Banque mondiale a affirmé dans un rapport que les bureaux de 21 ministères et organismes publics ont été à divers degrés saccagés. Selon l’Autorité palestinienne, si les Forces de défense israéliennes ont pénétré dans les bureaux de l’Autorité palestinienne c’était principalement pour recueillir des renseignements. L’Autorité palestinienne cite le fait que ce sont généralement des serveurs d’ordinateurs, des disques durs, des ordinateurs et des archives qui ont été pris à cette occasion, ce qui semble bien attester cet objectif. La Banque mondiale indique que ce sont surtout du matériel de bureau, des ordinateurs, des installations de stockage de données qui ont été détruits ; elle estime à 8 millions de dollars le coût, pour l’Autorité palestinienne, du remplacement ou de la réparation des équipements de bureau. En outre, l’Autorité palestinienne affirme que les Forces de défense israéliennes se sont employées à empêcher les ministères de fonctionner efficacement, affirmant que la destruction du matériel de bureau et des moyens de communication, l’enlèvement ou la destruction des archives et des données, dans les locaux des ministères, avaient un caractère systématique. Les archives des Ministères de l’éducation, de la santé et des finances et du Bureau central de statistique ont été enlevées durant l’opération et, à la date du 7 mai, n’avaient toujours pas été restituées. L’Autorité palestinienne et des organisations non gouvernementales citent des cas de vandalisme ou de vol de biens privés. Les Forces de défense israéliennes auraient également causé d’importantes destructions dans le complexe où réside le Président Arafat. Le Gouvernement israélien a nié que le personnel des Forces de défense se soit livré à des actes systématiques de destruction, de vandalisme ou de vol durant l’opération Bouclier défensif.

Bethléem

74. Le 2 avril, les Forces de défense israéliennes ont pénétré dans la ville de Bethléem, à bord de chars ou de véhicules blindés de transport de personnel. Des échanges de coups de feu ont eu lieu dans la ville les 2 et 3 avril. Les Forces de défense israéliennes affirment que des militants palestiniens ont tiré sur des soldats israéliens, à partir d’églises, tandis que l’Autorité palestinienne déclare que les FDI ont attaqué des civils ou des ecclésiastiques dans les locaux appartenant aux églises. Le 4 avril, selon les FDI, des militants palestiniens se seraient emparés de la basilique de la Nativité. L’Autorité palestinienne prétend que le 3 avril, 150 personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants, ont cherché refuge dans l’église. Les forces israéliennes ont entouré la basilique de la Nativité et la situation a été bloquée pendant 37 jours. Les Forces israéliennes se sont retirées de la ville le 10 mai, trois semaines après la fin officielle de l’opération Bouclier défensif et après la conclusion de négociations prolongées sur le sort des militants palestiniens qui avaient trouvé refuge dans la basilique.

75. Les Forces de défense israéliennes affirment que Bethléem était une base d’opérations pour les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, le Hamas, le Jihad islamique palestinien et le Front populaire pour la libération de la Palestine. Selon elles, cinq attaques contre les Israéliens, qui ont entraîné la mort de 24 personnes et fait des dizaines de blessés, trouvent leur origine à Bethléem entre le 18 février et le 9 mars 2002. Les FDI affirment que les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa ont revendiqué la responsabilité de quatre de ces attaques.

76. Un couvre-feu a été imposé à Bethléem et dans les villages voisins à partir du 2 avril, et dès le début de l’incursion, les Forces de défense israéliennes ont déclaré Bethléem zone militaire fermée. Entre le 2 avril et le 10 mai, les Forces israéliennes ont levé le couvre-feu dans plusieurs parties de la zone de Bethléem, tous les trois jours environ, pour un laps de temps de deux à quatre heures. Selon une organisation israélienne de défense des droits de l’homme, dans certains des villages proches de Bethléem, il a été difficile d’obtenir des soins médicaux durant les courts moments où le couvre-feu était levé car les habitants devaient se rendre jusqu’à Bethléem ou dans des villes plus importantes possédant hôpitaux ou cliniques. De ce fait, des femmes enceintes n’ont pu recevoir les soins prénatals indispensables et les personnes souffrant de maladies chroniques n’ont pu recevoir les soins indispensables ou se procurer les médicaments voulus. Dans le village d’al-Walaja, le couvre-feu n’a pas été levé entre le 2 avril et le 10 mai.

Naplouse

77. Les Forces de défense israéliennes sont entrées à Naplouse le 3 avril 2002 et en sont parties le 21 avril. Des combats intenses auraient eu lieu dans divers quartiers de la ville, mais surtout dans la vieille ville. Ils auraient fait, selon la plupart des estimations, entre 70 et 80 victimes parmi les Palestiniens, dont environ 50 civils. Les FDI ont perdu quatre soldats durant l’occupation de la ville. Naplouse semble être la ville où les dégâts physiques causés aux biens auraient été les plus importants durant l’opération Bouclier défensif. Des dégâts importants ont été causés à la vieille ville, dont certaines parties avaient été réparées avec l’aide de l’UNESCO. Selon la Banque mondiale, la reconstruction de Naplouse coûterait environ 114 millions de dollars, soit plus du tiers du coût total des travaux de reconstruction de toutes les villes touchées par les effets de l’opération Bouclier défensif.

78. Après avoir encerclé Naplouse, le 3 avril, les Forces de défense israéliennes ont pénétré dans la ville, à l’aide d’hélicoptères de combat, de chars, de véhicules blindés de transport de personnel et de soldats d’infanterie. Entre le 6 et le 11 avril, c’est dans le dédale de ruelles de la vieille ville que les combats ont été les plus intenses ; des bouteurs blindés ont été utilisés pour détruire des bâtiments afin d’ouvrir un passage aux chars. Le 11 avril, le gros des combats avait cessé. Les FDI ont imposé un couvre-feu le 3 avril et l’ont intégralement levé le 22 avril. Il a été temporairement levé le 10 avril pendant une heure, puis par la suite, tous les deux jours environ, pendant deux ou trois heures.

79. Les Forces de défense israéliennes prétendent que Naplouse est le centre où sont organisées les attaques terroristes perpétrées en Israël et que des groupes installés dans la ville dirigent l’activité des militants dans tout le nord de la Cisjordanie. Elles tiennent ces groupes pour responsables en 2002 de 19 attaques qui ont fait 24 morts et 313 blessés. Selon les FDI, les divers groupes de militants coopèrent : le Jihad islamique organise les attaques, le Hamas confectionne les explosifs, et Fatah/Tanzim fournit les candidats à l’attentat-suicide.

80. À l’issue de l’opération Bouclier défensif et des incursions antérieures, les Forces de défense israéliennes affirment qu’elles ont repéré 18 laboratoires de fabrication d’explosifs, 7 laboratoires de fabrication de roquettes Qassam, 10 ceintures d’explosifs et des centaines de kilos d’explosifs dans la vieille ville de Naplouse et dans le camp de réfugiés de Balata, voisin de la ville. Elles disent avoir repéré des tunnels utilisés pour dissimuler et pour faire passer des armes dans la vieille ville et découvert des caches d’armes dans les maisons du maire de Naplouse et du commandant de la police de la ville.

81. Les associations de défense des droits de l’homme et de secours humanitaires signalent que la population de Naplouse a été particulièrement touchée par la gravité des combats, mais aussi par le couvre-feu. Plusieurs quartiers importants de la ville ont été privés d’eau, d’électricité et de téléphone durant l’opération. On signale aussi que les Forces israéliennes ont rigoureusement entravé les déplacements du personnel médical et des ambulances. D’importantes destructions ont eu lieu à Naplouse : des immeubles d’habitation, de nombreux autres bâtiments, des établissements religieux et des sites d’importance historique ont été détruits. Selon les responsables de l’Autorité palestinienne au niveau local, 64 immeubles de la vieille ville, dont 22 immeubles d’habitation, ont été gravement endommagés ou détruits, et 221 bâtiments ont été endommagés.


Source : Organisation des Nations Unies : http://www.un.org