Le 15 janvier 2003, les États-Unis ont requis le soutien de l’Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord (OTAN) pour envahir l’Irak. Mais, le 21 janvier, la France et l’Allemagne, considérant que l’ONU ne s’était pas encore prononcée, ont contraint l’Alliance à ajourner la réunion au cours de laquelle une position commune devait être élaborée.

Le département de la Défense a alors mis en garde la « vieille Europe » et souligné que Washington entendait s’appuyer sur les États d’Europe centrale et orientale, si le soutien requis ne lui était pas accordé.

Poursuivant son offensive diplomatique, Washington a déplacé le litige de l’OTAN vers l’Union européenne. Huit chefs d’État et de gouvernements, à la fois membres de l’Alliance et de l’Union, ont publié une tribune libre commune pour se désolidariser du couple franco-allemand. En réponse, le Parlement européen a adopté une résolution contre la guerre.

Historiquement constituée pour que le bouclier américain défende l’Europe occidentale face à l’Union soviétique, l’OTAN est en quête de sens depuis l’effondrement de l’URSS et la dissolution du Pacte de Varsovie. Alors que l’administration Clinton souhaitait en faire un outil d’intégration des États d’Europe centrale et orientale au système économico-politique occidental, l’administration Bush a tenté d’utiliser l’OTAN, lors du sommet de Prague, pour imposer une normalisation des armements et s’arroger le monopole de leur vente. Dès lors, la question plusieurs fois repoussée devenait inévitable : quel intérêt la France et l’Allemagne ont-elles encore à s’aligner derrière le Pentagone ?

Documents :
 Déclaration conjointe franco-allemande
 Tribune libre des huit chefs d’État et de gouvernement
 Tribune libre d’Alain Madelin
 Résolution du Parlement européen

Analyse :
 Tribunes libres internationales, numéro 78. « La crise irakienne divise l’Europe entre atlantistes et indépendantistes »