Chers amis,

Il s’agit là d’une présentation longue et détaillée, et je vous remercie de votre patience. Il y a cependant un autre sujet que j’aimerais aborder brièvement, et c’est un sujet qui préoccupe profondément le Conseil de sécurité depuis longtemps, à savoir les violations des droits de l’homme commises par Saddam Hussein.

À la base de tout ce que j’ai dit, à la base de tous les faits et de tous les comportements que j’ai décrits, figure le mépris de Saddam Hussein pour la volonté du Conseil de sécurité, son mépris de la vérité et, ce qui est encore plus accablant, son mépris total de la vie humaine. Son utilisation de l’ypérite et de gaz neurotoxique contre les Kurdes en 1988 est l’un des actes les plus atroces du XXe siècle. Cinq mille hommes, femmes et enfants sont morts. Sa campagne contre les Kurdes de 1987 à 1989 a compris un grand nombre d’exécutions sommaires, des disparitions, des détentions arbitraires, l’épuration ethnique et la destruction de quelque 2.000 villages.

Il a aussi effectué des opérations d’épuration ethnique contre des chiites irakiens et contre les Arabes des marais dont la culture a été florissante pendant plus d’un millénaire. L’État policier de Saddam Hussein élimine sans pitié toute personne qui ose exprimer son opposition. L’Irak a plus de cas de disparitions forcées que tout autre pays : des dizaines de milliers de personnes ont été portées disparues ces dix dernières années.

Rien ne montre plus clairement les intentions dangereuses de Saddam Hussein, et la menace qu’il fait peser sur nous tous, que sa cruauté délibérée envers ses concitoyens et les pays voisins. Il est clair que Saddam Hussein et son gouvernement ne s’arrêteront pas en si bon chemin tant que rien ne les arrêtera.

Depuis plus de vingt ans, Saddam Hussein poursuit son ambition de dominer l’Irak et le reste du Moyen-Orient à l’aide des seuls moyens qu’il connaît : l’intimidation, la coercition et l’annihilation de tous ceux qui risquent de se trouver sur son passage. Pour lui, la possession des armes les plus meurtrières du monde constitue le grand atout, celui qu’il doit détenir pour réaliser son ambition.

Nous savons que Saddam Hussein est résolu à conserver ses armes de destruction massive, qu’il est déterminé à en produire davantage. Vu les agressions qu’il a commises par le passé, vu ce que nous savons de ses plans grandioses, vu ce que nous savons de ses relations avec les terroristes et vu sa détermination à se venger de ceux qui s’opposent à lui, devrions-nous prendre le risque qu’il emploie un jour ces armes à un moment, dans un lieu et d’une manière de son choix, à un moment où le monde serait dans une position beaucoup plus faible pour réagir ?

Les États-Unis ne peuvent pas faire courir ce risque à leur population, et ils ne le feront pas. Il n’est pas possible de laisser Saddam Hussein posséder des armes de destruction massive pendant quelques mois ou quelques années de plus, dans le monde de l’après-11 septembre.

Chers collègues,

Il y a trois mois, le Conseil de sécurité a reconnu que l’Irak continuait de faire peser une menace sur la paix et la sécurité internationales et que ce pays était et demeurait en violation substantielle des ses obligations en matière de désarmement.

À l’heure actuelle, l’Irak fait toujours peser une menace et est encore en violation substantielle de ses obligations. En fait, parce qu’il n’a pas saisi sa dernière chance de dire la vérité et de désarmer, l’Irak s’est mis dans une position où il viole encore plus ses obligations et où il se rapproche du jour où il subira de graves conséquences pour son mépris persistant du Conseil de sécurité.

Chers collègues,

Nous avons une obligation envers nos concitoyens. Nous avons une obligation envers cet organe de veiller à ce que nos résolutions soient respectées. Nous avons rédigé la résolution 1441 afin de ne pas entrer en guerre. Nous l’avons rédigée pour tenter de préserver la paix. Nous l’avons enfin rédigée pour donner à l’Irak une dernière chance.

L’Irak n’a pas jusqu’ici saisi cette dernière occasion.

Nous ne devons pas nous dérober devant ce qui nous attend. Nous ne devons pas faillir à notre devoir et ne pas assumer nos responsabilités envers les citoyens des pays qui sont ici représentés.

(Fin de la transcription)

Traduction française : Département d’État. Images du diaporama : Maison-Blanche.

Discours intégral du secrétaire d’État des Etats-Unis, Colin Powell, au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies, le 11 février 2003 :
1 – Démenti et fraude (Denial and deception)
2 – Armes biologiques (Biological weapons)
3 – Armes chimiques (Chemical weapons)
4 – Armes nucléaires (Nuclear weapons)
5 – Missiles (Delivery systems)
6 – Terrorisme (Terrorism)
7 – Violation des droits de l’homme (Human rights violations)