Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs
Monsieur le Sénateur,

Je suis très heureux de pouvoir répondre à votre question particulièrement grave, compte tenu de l’intérêt que vous manifestez déjà depuis longtemps sur ce sujet. Il est vrai que la réunion de vendredi est particulièrement importante pour la France, pour le Conseil de sécurité et pour le monde. C’est pour cela que monsieur le président de la République a souhaité que notre pays soit représenté par le ministre des Affaires étrangères, qui sera lui-même présent pour entendre le rapport de MM. Blix et El Baradeï. Je crois que c’était un premier signe très important pour montrer l’implication de la France pour soutenir le travail que font les inspecteurs.

Quelle est notre vision du sujet ? D’abord, nous voulons défendre la conception que nous avons, nous la France, avec d’autres, du monde, de ce monde multipolaire qui respecte la diversité et qui respecte les autres, y compris ses propres alliés, et qui a l’intention de défendre ce droit au respect. Vous étiez, Monsieur le Sénateur, avec moi en Inde ; vous avez vu combien les responsables indiens, mais aussi le peuple indien, étaient attentifs à cette position de la France, qui, dans le monde, aujourd’hui, parle au nom de la paix.

Je crois qu’il est très important, également, de bien affirmer que notre premier objectif, c’est d’obtenir le désarmement de l’Iraq et nous pensons que c’est par la stratégie du développement des inspections que nous pouvons obtenir cet objectif. De ce point de vue là, nous sommes très attachés à la résolution 1441 et à ses conséquences. Nous l’avons dit par la personne du ministre des Affaires étrangères, qui, au Conseil de sécurité, a dit que s’il y a besoin de moyens supplémentaires pour les inspections, nous pourrons mettre ces moyens à la disposition des inspecteurs. C’est très important, puisque nous voyons que tout ceci entraîne un changement d’attitude de l’Iraq et que ce changement va dans le bon sens. Il y a donc pour nous un élément très stratégique dans cette réunion de vendredi.

Mais au-delà de cela, ce qui est très important, c’est que nous défendions cette idée de droit de la communauté internationale qui se rassemble à l’ONU. C’est la source du droit ; c’est pour nous la source de la règle et c’est comme ça que l’on peut éviter un certain nombre de graves dysfonctionnements. Car on sait très bien qu’une guerre peut toujours partir en dehors de l’ONU, mais que toutes les paix passeront, dans l’avenir, par l’ONU. Et nous sommes très attachés à cette vision de l’avenir.

Donc, il est clair que nous continuons à penser qu’il nous faut obtenir le désarmement, mais que la guerre qui ne peut jamais être heureuse est une guerre que nous devons chercher à garder dans la stratégie de l’ultime option, du dernier recours, de l’extrémité dernière pour faire en sorte que la force puisse être utilisée que quand tous les autres moyens ont pu être utilisés.

Je voudrais dire à nos amis américains - puisque ce sont nos amis américains -, cette belle et forte phrase de Benjamin Franklin, qui était, je crois, au cœur même de cette conviction qui est aujourd’hui celle de la France : "il n’y a jamais de bonne guerre mais il n’y a non plus jamais de mauvaise paix". Les conclusions du Conseil de sécurité seront présentées mardi, à l’hôtel Matignon, à l’ensemble des présidents de groupe et aux présidents des assemblées ; nous rendrons compte de la situation et nous ferons part de nos informations et de nos analyses, mardi matin, de manière à ce que le Parlement soit informé de tout ce qui se passe aujourd’hui sur la scène internationale.